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Etude géographique de la sécurité alimentaire dans le nord-ouest de la côte d'Ivoire.

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par Mamadou KONE
Université Felix Houphouët Boigny - Diplome dà¢â‚¬â„¢Etude Approfondi 2009
  

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2-La question de l'alimentation dans la pensée géographique

Pour un géographe, il est légitime de s'étonner qu'il n'existe pas une Géographie de

l'alimentation vu le caractère «carrefour » de la discipline et la fertilité des déclinaisons

auxquelles elle conduit en matière de recherche. Si tel n'est pas le cas, nous pouvons néanmoins nous contenter de quelques brillantes contributions. Ainsi, l'alimentation des hommes n'a jamais été un grand sujet de réflexion pour les géographes. L'alimentation ou plutôt les produits agricoles, ont été appréhendés par la géostatistique depuis près de cinquante ans. La faim dans le monde, a été exploitée par le biais de la géopolitique (Brunel, 2002) donnant un sens particulier aux chiffres fournis par les organisations internationales tentées par le comparatisme. En effet, lorsque nous parcourons l'évolution de la science géographique, nous remarquons que la question de l'alimentation n'a pas été aussi absente qu'on ne le croirait (Fumey, 2008). Quelques géographes ont saisi assez tôt l'enjeu que représentait la question. Cette prise de conscience se retrouve distillée dans les différents courants de la Géographie (Régionale, Rurale, Géopolitique, Economique, etc.) qui ont intégré le sujet dans leur objet d'étude, que ce soit à l'échelle mondiale, régionale ou nationale. Les plus connus à ce jour se sont entre autres, Santos De Castro et Sorre. Considérés comme des précurseurs de la « géographie alimentaire », ces auteurs ont développé des points de vue assez différents. Par exemple, Sorre (1943) a mis l'accent sur les conditions de la vie humaine et les facteurs qui participent à l'influence de la vie de sur la terre. Partant de là, il a considéré que la géographie se doit, dans son analyse des phénomènes (humains) de « prendre en compte la dimension écologique humaine et le problème de l'alimentation» qu'elle étudie. Mieux, il dit que: « notre discipline, la géographie est en possession de méthodes souples et fécondes pour prendre une vue d'ensemble des rapports complexes et mouvants». Sans qu'il ne le dise explicitement, nous ressentons chez Sorre cette idée selon laquelle la Géographie doit appréhender les phénomènes de façon systémique, dans leur « complexité ». C'est dans ce sens qu'il est, dans le domaine alimentaire, un des précurseurs de l'approche par système dans l'étude de l'alimentation. Une approche qui sera remise au goût du jour par la Banque Mondiale au début des années 1990 quand elle préconise une prise en charge de la question alimentaire non plus par la seule production de céréales mais par l'approche de la « sécurité alimentaire ». Toutefois, en préconisant une approche systémique en géographie, Sorre (opcit) se rapproche et diverge en même temps de Castro. Dans son ouvrages intitulé ``Géographie de la faim'' reconnaît la dimension globale (dimension écologique) de la question alimentaire mais suggère une lecture politique d'inspiration socialiste, de rapport de classes. Ce faisant, Castro récuse les analyses géographiques qui ont privilégié les rapports «homme-nature » dans le domaine de l'alimentation. Classé le plus souvent dans la catégorie des auteurs de la Géographie du Développement, Castro tire son originalité par une analyse fondée sur les impacts (la surexploitation des ressources naturelles, la famine, l'exode) d'une forme d'alimentation dominante et ne néglige aucun facteur qu'il soit politique, économique, physique ou social.

A partir des années 1950 et 1960, l'alimentation se retrouve au coeur des préoccupations des

responsables politiques notamment en Europe et en Chine. A leur tour, les géographes s'emparent de plus en plus du sujet et élaborent différentes approches pour mieux le connaître. Successivement, seront développées trois approches en fonction des courantes dominantes de la pensée géographique : l'approche tropicaliste développée par l'école de la géographie rurale, l'approche culturelle par l'école de la géographie humaine et l'approche par filière par l'école économique. Ces différentes approches montrent simplement que les géographes ont compris l'importance de la place de l'alimentation dans la société moderne industrielle. Dans le fond, si l'on observe les régions de déploiement et les thématiques abordées, on se rend compte qu'elles reflètent aussi les méthodes et les stratégies mises en oeuvre ici et là pour répondre à la demande alimentaire. De ce point de vue, elles renseignent sur la perception et la représentation qui ne sont pas les mêmes selon les continents et les pays que les populations ont avec l'alimentation. La géographie rurale en soumettant l'approche tropicaliste pour comprendre les problèmes alimentaires dans les pays du Sud, appelle à l'analyse du milieu, des rapports entre les hommes et leur milieu naturel. Il s'agit d'une approche assez déterministe qui fait du milieu naturel (sols, climat, hydrographie, etc.) une contrainte ou une potentialité selon les aptitudes de la population et que l'agriculture représente l'activité dominante du système alimentaire. Dans les pays où encore cette forme d'agriculture est en vigueur, on considère que l'autosuffisance alimentaire est la condition mère du développement économique et social. Développée dans les années 1960, l'approche tropicaliste a véhiculé l'idée des limites qui existeraient et contraindraient l'utilisation de ces mêmes ressources (cette idée est intensément reprise dans les milieux écologistes). Poussée plus loin, cette idée contiendrait la fin de l'agriculture celle de l'alimentation. Mais, Raffestin (1980) nous éloigne d'un tel scénario lorsqu'il dit que ces ressources qui sont supposées «finies» un jour sont en fait des « ressources renouvelables qui nécessitent de la part de l'homme une gestion précise et correctement régulée pour que fonctionnent les écosystèmes agricoles ». La complexification de l'alimentation et des modes de consommation conduit donc la science géographique à s'intéresser non plus aux produits alimentaires mais au «comment » et au « pourquoi » qui sous-tendent les formes d'alimentation rencontrées dans le monde. En agissant ainsi, la géographie pose l'alimentation comme un «objet» socio-spatial d'étude, relié à un territoire et qui se transforme en fonction des dynamiques sociales. Dans cette perspective, la pratique agricole et alimentaire devient le produit des rapports socio-économiques qui se déroulent dans un espace. Donc, pour l'étudier, la géographie s'est affranchie de ses outils classiques et les éléments sociaux, culturels et historiques qui influent sur une population donnée. Cette façon d'appréhender l'alimentation s'appelle la géographie de la représentation et de la perception. C'est une approche culturaliste de l'alimentation qui a utilisé des méthodes quantitative et qualitative de recherches, méthodes empruntées à d'autres disciplines comme les statistiques, la sociologie et la psychologie. Autre vision géographique de l'alimentation, c'est l'approche par filière. Développée par la Géographie économique, elle s'intéresse davantage à l'accroissement de la production agricole et à l'efficacité de la production de l'agro-industrie. Elle dépasse ou réduit (c'est selon) les approches initiées par la Géographie Rurale et par la Géographie Humaine. Elle considère l'alimentation comme un objectif économique, un marché qu'il faut atteindre grâce au développement d'une ou de plusieurs filières du secteur agricole en s'appuyant sur les avancées technico-scientifiques. C'est une vision spécialisante de l'agriculture dont le développement a abouti dans beaucoup de pays à l'uniformisation de l'alimentation et des modes de consommation. Les tenants de cette approche perçoivent le monde comme un grand territoire qui est fait d'échanges et de commerces, et au sein duquel l'agriculture représente un secteur économique avec ses filières et sous-filières au même titre que l'industrie et les services. Dans tous les cas, de nos jours, quelle que soit l'approche préconisée, il est extrêmement difficile de réduire l'étude de la question alimentaire et ses rapports à l'agriculture à une seule grille de lecture. Les différents angles d'analyse que la géographie propose sans compter celles d'autres disciplines comme la sociologie, le droit, l'économie et l'anthropologie témoignent le caractère complexe et global du sujet.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille