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Theme : la vie communautaire et le problème de la déscolarisation des filles dans la commune de Sinendé.

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par Moussa TAMOU YATAOU
Université Nationale dà¢â‚¬â„¢Abomey-Calavi Bénin - Maîtrise es sociologie-anthropologie 2006
  

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2- COMMENTAIRE

Ces chiffres et graphiques dévoilent l'aspect genre de la déscolarisation et confirment le caractère géographique du phénomène. Il ressort que ces abandons sont plus importants chez les filles, particulièrement chez celles des localités rurales. Pour ces dernières, le taux d'abandon scolaire est élevé, avec une prépondérance dans certaines classes du cycle scolaire (CE2 et CM1). Rappelons que les filles qui parviennent en classe de CE2, de part leur âge (généralement entre 9 et10 voire 11ans) sont fortement sollicitées dans les activités de production des ménages (corvée d'eau, cuisine, travaux champêtres, entretien des petits enfants, vente de marchandises, etc.). Aussi, c'est surtout à cet âge qu'elles sont victimes des convoitises des garçons pour le "kuro kanabu" (demande de main). La communauté les perçoit déjà comme de futures épouses et les parents, en ce moment là, commencent à penser à leur vie conjugale. C'est ce qui explique l'accroissement de la déscolarisation des filles au CE2 et CM2.

D'une façon générale, la déscolarisation des filles avant la fin du cycle varie de façon croissante, non seulement d'un milieu urbain à un milieu rural, mais aussi d'une ethnie plus ouverte à la culture occidentale à une ethnie plus conservatrice des valeurs socioculturelles locales. Lors des enquêtes il a été relevé que l'école est perçue en milieu rural comme une innovation culturelle qui provient des centres urbains supposés être à un niveau plus élevé d'adoption de cette culture. Les bariba étant de très loin majoritaire dans les chefs lieux d'arrondissement par rapport aux peulhs, ils apparaissent alors mieux adaptés à cette culture. C'est ce qui explique les écarts observés plus haut sur plan ethnique.

Il faut aussi signaler que lors des différentes réunions de groupe, les communautés locales ne se sont jamais plaintes du phénomène de la déscolarisation des filles. Ce sont les partenaires au développement de ces localités (agents de projets, ONG, etc....) qui attirent leur attention sur le problème.  

L'identification et l'analyse quelques facteurs déterminants du phénomène permettront une meilleure compréhension de la déperdition scolaire des filles. Il s'agit des facteurs locaux inhérents au système de vie communautaire qui ont un impacte certains sur l'école en général et particulièrement sur l'évolution de la fille au primaire.

2-1- Les facteurs liés aux pesanteurs socioculturelles

2.1.1- Les représentations sociales :

MOSCOVICI (1963), cité par Aimé GNIMADI (Rapport 2001/Recherche-action sur la scolarisation des filles à Sinendé.) a défini la représentation sociale comme l'élaboration d'un objet social par une communauté avec l'objectif d'agir et de communiquer. De façon plus explicite, Elejabarrieta (1996) indique que « une représentation sociale est l'activité collective d'interprétation et de construction produisant une connaissance dont les contenus cognitifs, affectifs et symboliques jouent un rôle primordial dans la façon quotidienne de penser et d'agir des personnes constituant un groupe social ». C'est, la connaissance de sens commun. Pour être fonctionnelle et pratique, permettre une compréhension de la réalité et orienter les comportements quotidiens, la connaissance apportée par les représentations sociales doit être publique, circuler collectivement et s'inscrire dans le discours quotidien des personnes. Il sera évoqué ici, dans le cadre de la présente étude, deux types de représentations sociales à savoir :

2.1.1.1- Les représentations sociales sur le rôle et l'avenir des filles en milieu paysan.

Dans les milieux paysans baatonu, la fille, à l'image de ses consoeurs d'ailleurs, dès sa naissance est prédestinée à un certain nombre de rôles sociaux que lui assigne la communauté dans un esprit collectif de servitude à l'égard de l'homme, (le sexe masculin). Elle a donc le devoir non seulement d'assurer son rôle primordial et biologique de reproduction, mais aussi et en même temps d'assurer celui de production à travers les travaux champêtres, les activités ménagères telles que, la cuisine, l'entretien de la maison, des enfants (grands comme petits) et de son mari. Tout cela, dans le respect des moeurs et coutumes traditionnelles des `'baatombu''. Partout et dans toutes les familles le meilleur souhait qu'un paysan puisse formuler à sa fille, même si cette dernière est écolière, se résume généralement à cette phrase : « Que Dieu te donne un bon mari et t'exhorte à lui rester serviable et respectueuse avec beaucoup d'enfants ». Lorsqu'il s'agit d'un garçon élève on lui souhaite très souvent de devenir un haut cadre, un grand fonctionnaire qui peut à l'avenir défendre les intérêts du village. Dans tous les cas le paysan n'a jamais souhaité un modèle paysan à son garçon élève. On lui prévoit généralement un avenir radieux à l'école, contrairement aux filles pour qui l'espoir selon eux n'est souvent pas reluisant en raison de leur statut de future épouse et mère. Pour la majorité des personnes que ont été enquêtées, l'avenir pour les filles à l'école ne promet pas grand-chose et est perturbateur des normes sociales préétablies. Ainsi la répartition des réponses par rapport à ce point se présente comme suit :

Seulement 16 personnes soit 08% des 200 enquêtés à ce sujet prévoient un avenir de cadre supérieur pour les filles contre 154 personnes soit 77% en faveur des garçons pour la même question. Cette tendance est renversée lorsqu'il s'agit de la question liée aux avantages incertains de la scolarisation. A ce niveau 133 soit 66,5 % des personnes interrogées se sont prononcées pour une réussite incertaine des filles à l'école contre 2 personnes soit 1% pour les garçons.

S'agissant de l'avenir des filles liées aux fonctions des catégories moyennes (institutrice, agents d'encadrement du développement rural, sage-femme, animatrice de projet, etc.) exercées dans leur localité, 22personnes soit 11% se sont prononcées en faveur des filles contre 20personnes soit 10% pour les garçons.

2.1.1.2-Les représentations sociales des paysans sur l'école en milieu rural

La communauté paysanne `'baatonu'' reconnaît à l'école sa fonction éducatrice avec pour mission non seulement d'assurer l'émancipation et l'épanouissement de l'individu, mais aussi de garantir le développement de la localité. Selon les paysans, l'école est une institution qui éclaire les esprits, qui offre l'emploi et qui transforme l'être humain aussi bien physiquement que psychologiquement en changeant son comportement et sa mentalité originelle. Elle lui inculque des habitudes et pratiques du monde moderne. Cette perception de la communauté paysanne sur l'école est dans le même temps couplée de celle selon laquelle l'école contrarie le système d'éducation traditionnelle déjà en place. Cela signifie que l'école est source de rupture avec les origines et d'abandon ou de dénaturation des moeurs et coutumes traditionnelles.

Selon ces paysans, même si l'école a une mission sociale bienfaisante, elle participe à la perturbation d'un ordre social pré-existant et aussi, pour ce qui est de la situation actuelles du rapport éducation/emploi, au désoeuvrement des jeunes. Cette position des paysans indique que l'école ne tient pas compte des réalités socio-culturelles des apprenants.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle