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Theme : la vie communautaire et le problème de la déscolarisation des filles dans la commune de Sinendé.

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par Moussa TAMOU YATAOU
Université Nationale dà¢â‚¬â„¢Abomey-Calavi Bénin - Maîtrise es sociologie-anthropologie 2006
  

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2.1.2- L'influence de la religion sur la scolarisation des filles

Si certaines pratiques religieuses des chrétiens tels que le catéchisme et la lecture de la bible sont favorables à l'école formelle française, il n'en est pas de même pour celles de la religion musulmane pratiquée par la majorité de la population de Sinendé (58% selon l'Atlas Monographique des Communes du Bénin). Dans cette religion, tous les enseignements sont donnés en langue arabe et en langue locale dans des cadres restreints non formels. Dans ces écoles coraniques, la différenciation sociale de la fille et sa subordination au sexe masculin sont claires et rigoureuses. L'objectif visé pour les filles dans ces écoles à emploi du temps nocturne (entre 19h-30' et 21h-30'), c'est d'amener celles-ci à devenir de bonnes épouses, fidèles, serviables et dignes de leur religion. Etre une bonne épouse suppose, selon la déclaration de la plupart des 200 personnes enquêtées (83%), être sous le toit d'un mari dès l'âge de la puberté sans avoir commis un acte sexuel avant le mariage et rendre heureux son mari en lui restant fidèle, en lui donnant des enfants et en lui accordant une soumission totale.

2.1.3- Le phénomène du mariage forcé

Le phénomène du mariage forcé, bien que progressivement délaissé par les parents dans les chefs- lieux d'arrondissement, est toujours en vigueur dans les villages environnants et dans toutes les petites agglomérations. Le fait social qui le justifie est le mariage coutumier appelé `' Kuro kparu `' par les `'baatombu''. Le processus qui conduit au `'Kuro kparu'' comporte généralement quatre (04) étapes, à savoir : le "kuro damaru", le "kuro kanabu", le "dokiriru" et le "kuro kparu".

a- Le "kuro damaru" : Il consiste, pour les parents du futur mari, à identifier une fille qui répond à leur convenance (bien éduquée et de bonne famille) et à déléguer une tante pour aller vers les parents de la jeune fille afin de leur faire la cour. `'kuro damaru'' qui signifie faire la cour à une fille est adressé aux futurs beaux parents et dans la plupart des cas à l'insu des deux futurs conjoints. C'est l'une des tantes du futur mari accompagnée d'une ou deux autres femmes qui forment la délégation chargée d'aller faire cette avance en posant leur problème à une tante de la fille convoitée. Les courtisanes présentent à la tante de cette fille, une petite somme d'argent variant entre 500F et 2000F au plus. Après leur départ, leur hôte informe les autres parents en conseil de famille restreint. Elle rend compte ensuite à ses courtisanes de l'avis du conseil restreint de famille. Si l'avis est favorable, les courtisanes peuvent passer à la seconde étape du processus.

b- Le `'kuro kanabu'' : c'est la seconde étape qui consiste à toujours responsabiliser la délégation de la tante du jeune garçon pour aller officiellement demander la main de la jeune fille auprès de ses parents en passant par la même personne intermédiaire de l'étape précédente. A cet effet, la délégation des courtisanes présente aux futurs beaux parents au moins une quarantaine de noix de cola et une somme d'argent variant entre 2000F et 5000F au plus. Une fois ce présent accepté, il est distribué partout, même hors du village à toute personne ressource de la famille à titre d'information pour `'KURO KINRU'' qui signifie `'don de femme `'.

Signalons que c'est à l'issue de cette étape que si l'avis est favorable, qu'on informe les deux futurs conjoints qui peuvent ne pas être préalablement mis au courant des tractations. Leur avis est sans importance surtout celui de la fille dont l'âge est souvent bas (entre 10 et 18 ans) pour pouvoir susciter une quelconque objection à ce processus qui suivra son cours normal par l'étape suivante  (Le `'Dokiriru'').  C'est particulièrement au niveau du`'kuro kanabu''  que réside le caractère forcé de ce type de mariage.

c- Le `'Dokiriru'' : c'est l'étape capitale à laquelle le jeune garçon, aidé de sa famille ainsi que de ses amis, se montre correcte et inconditionnellement serviable envers ses beaux-parents. Il leur garantit son assistance en toute circonstance et leur offre ses faveurs à chaque occasion par des cadeaux en nature et en espèce. Signalons que ce devoir du jeune garçon envers ses beaux-parents, même s'il continue après le mariage, est plus prononcé pour la période d'avant mariage.

d- Le `'Kuro kparu'' : c'est le mariage coutumier proprement dit qui est amorcé par la présentation du trousseau de mariage aux beaux-parents. Ce trousseau qui tient lieu de dot et constitué d'objets de parures, de vivres et d'argent, est variable selon les moyens des demandeurs. Mais, avec toutefois une présence de façon invariable de certains constituants tels que : la cola, le sac de sel, l'argent, les pagnes etc.

C'est donc la rigueur sociale dans l'aboutissement de ce processus qui explique la nature forcée du mariage coutumier en milieu paysan baatonu. C'est un processus qui implique toute la communauté. Ce n'est souvent pas aisé à une petite fille de s'en dérober à un âge donné même si elle est scolarisée, surtout que bon nombre d'entre-elles ne sont souvent pas gardées par leurs parents géniteurs .

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery