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Efficacité économique des institutions de microfinance en zone rurale. à‰tude de cas : zone rurale de Sandiara au Sénégal.

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par Moctar FALL
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise economie appliquée 2014
  

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b) MICROFINANCE ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE AU SENEGAL

Les études sur la portée des interventions des IMF au Sénégal montrent qu'elles arrivent à cibler des groupes socio-économiques particuliers (femmes, pêcheurs, etc.). Cependant, le pourcentage de pauvres parmi les clients des 3 grands réseaux est relativement moins important, bien qu'elles touchent un nombre important de ménage. D'une manière générale, on note une forte progression de la population active qui bénéficie des services du microcrédit. Ainsi, si en 1990 les activités des IMF touchaient seulement 4,8 % de la population active, en 2010, 32% de cette catégorie y avait recours.

Ces institutions s'efforcent de répondre aux besoins divers de leurs clients surtout dans le financement des activités génératrices de revenu. Elles octroient des volumes de prêts avec des durées et des taux d'intérêt qui prennent généralement en compte : le souci de faire accéder les micros et petites entreprises (PME) au crédit, de les amener à accroître leurs activités au fur et à mesure qu'elles obtiennent de nouveaux crédits, de prendre en compte toutes leurs catégories de besoins tant social qu'économique et sans oublier bien entendu, leur propre souci de viabilité et de pérennité financière. En général, les clients des IMF sont de petits entrepreneurs indépendants, travaillant souvent à domicile. Dans les zones rurales, ils sont de petits agriculteurs; ils peuvent aussi mener de petites activités génératrices de revenus, comme la transformation alimentaire et le petit commerce. Dans les zones urbaines, la population touchée est souvent plus variée et comprend non seulement les marchands ambulants mais aussi les propriétaires de boutiques, les fournisseurs de services, les artisans, etc. Mais 80 % des activités financées concerne le commerce.

Si du point de vue des IMF les soucis de pérennité et de viabilité financière sont des facteurs plus ou moins essentiels selon l'orientation sociale ou financière de la structure, il n'en demeure pas moins que l'une des finalités les plus importantes demeure l'amélioration des conditions de vie des ménages et des performances des micro-entreprises. C'est à cette aune qu'il faut situer les mesures d'impact direct de la microfinance et plus particulièrement du microcrédit. De ce point de vue, les études existantes révèlent en majorité que le microcrédit a produit des effets positifs sur les emprunteurs (Helms, 2006). Comme le souligne l'auteur de « La finance pour tous », les enquêtes menées ont montré qu'en Indonésie, les revenus des emprunteurs ont augmenté de 12,9% contre seulement 3% pour le groupe témoin. Au Ghana, les clients de Freedom from Hunger ont augmenté leurs revenus mensuels de 36 dollars, contre 18 dollars pour les non clients. De plus, les clients ont considérablement diversifié leurs sources de revenus. Au total, 80% des clients disposaient de sources de revenus secondaires par rapport à 50% chez les non-clients.

Au Sénégal, les enquêtes effectuées par la Direction de la Microfinance (DMF) ont abouti à un impact favorable des crédits accordés par les IMF à leurs clients. Plus de 70% des clients rencontrés et bénéficiaires de prêts estiment en effet que leur patrimoine a

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augmenté en termes de fonds de commerce ou de biens personnels (maisons, équipements de maisons) (DMF, 2011, 73). Dans la même lancée, les revenus mensuels de familles ont aussi augmenté car plus de 60% des enquêtés ont estimé que les prêts leur ont permis de tirer des gains conséquents issus de leurs activités commerciales pour la plupart.

Cependant, il s'agit souvent de crédit à court terme et les IMF ont du mal à répondre aux besoins des PME. En dehors de l'ACEP et du CMS, elles interviennent très peu dans le financement de cette catégorie d'entreprise. Cependant, l'explosion des institutions de microfinance laisse penser que la problématique du « missing middle » sera dépassée dans un futur proche.

En réduisant la vulnérabilité de la population pauvre, en améliorant les revenus, en offrant des opportunités aux micro entreprises on peut penser que la microfinance, à travers notamment le microcrédit, contribue à améliorer le bien-être des populations cibles. L'amélioration des revenus est en principe synonyme d'un accroissement de la demande. Il est dès lors pertinent de se poser la question de l'impact global de la microfinance sur le développement qui est généralement mesuré par le taux de croissance du PIB

La plupart des services financiers officiels n'ont pas réussi à atteindre les pauvres. L'analyse des activités de microfinance, à partir d'une perspective socioéconomique et de parité hommes-femmes, peut contribuer à mieux cibler ces activités en direction des plus pauvres et des groupes sociaux en marge. Faciliter l'accès à l'épargne, au crédit et à d'autres services financiers, ainsi que l'obtention de ces derniers, peut être l'occasion d'augmenter le niveau des revenus, de faciliter le travail productif autonome et de permettre aux pauvres de mettre à l'abri leurs actifs en temps de crise. De toute façon, il est reconnu que la complexité des contraintes imposées par la pauvreté et les inégalités ne font de la microfinance qu'un élément parmi d'autres dans une approche qui vise à la diminution de la pauvreté. Les prémisses de ce guide sont que « la microfinance » est simplement un outil très utile qui fournit aux entrepreneurs à bas revenus un accès à des services financiers ou non et n'est pas un « ingrédient magique » pour la réduction de la pauvreté (Mayoux, 1997). Ce guide fournit des instruments d'analyse de genre qui aident les initiatives de microfinance à définir plus précisément les besoins des clients de façon à ce que ces activités puissent contribuer à la réduction de la pauvreté. L'avant-projet de déclaration du Sommet du microcrédit, qui s'est tenu à Washington en 1997 , a présenté le microcrédit comme « un instrument efficace dans le combat pour l'éradication de la pauvreté et de la dépendance économique ». Le Consultative Group to Assist the Poorest (CGAP) est une initiative à multiples donateurs, établie par la Banque mondiale, pour réduire la pauvreté grâce à la concentration des ressources en direction du secteur de la microfinance pour les pauvres (CGAP, 2000). Le CGAP a été créé en 1995 avec un fonds d'environ 35 millions de dollars. Il a été décidé que ses principaux clients sont les pauvres, qui peuvent ainsi bénéficier d'un meilleur accès au crédit (le CGAP se concentre davantage sur ce dernier que sur les services financiers), et met l'accent sur les plus pauvres. Le CGAP a décidé que ses politiques viseraient les femmes pauvres. La pauvreté n'est pas seulement un phénomène économique et quantitatif, elle est aussi totalement en relation avec les problèmes structurels d'un pays donné. Récemment, plusieurs débats ont eu lieu au sujet de la mise en place de services

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financiers pour les pauvres et de la capacité de tels services à réduire la pauvreté (Johnson et Rogaly, 1997). Les pauvres ne constituent pas un groupe homogène mais forment des groupes très hétérogènes de consommateurs, de producteurs, d'épargnants, d'investisseurs, d'innovateurs et d'agents économiques contre toute prise de risques (Remenyi, 1997).

Malheureusement, la pauvreté est également un phénomène en expansion. On estime qu'environ un milliard de personnes vivent dans la pauvreté, avec moins d'un dollar par jour. La différence entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres de la population mondiale a été calculée en comparant le PNB des pays avec les plus forts et les plus faibles revenus par habitant. En 1993, le rapport était de 60 pour 1. En 1998, il avait augmenté à 74 pour 1. En l'an 2000, la disparité des ressources a été estimée de l'ordre de 150 pour 1 (Baker et Nordin, 1999, cité in Ricupero 1999). Il a été démontré que certains aspects de la pauvreté peuvent avoir leur origine dans l'inégalité entre les hommes et les femmes. Le risque d'appauvrissement des femmes peut être en effet plus grand que celui des hommes, principalement dans trois directions (Moghadam, 1996, in Chant, 1997) :

1. être désavantagée en droits et par rapport aux possibilités ;

2. avoir une charge de travail plus lourde et un salaire plus bas ;

3. affronter des obstacles dans la progression sociale comme dans la mobilité géographique, à cause de barrières culturelles et légales du marché du travail.

Au moment du sommet, de nombreux agents de la microfinance déplorèrent le choix d'un tel nom. Ils mettaient en avant le fait que les micro-entrepreneurs à bas revenus ont autant besoin d'épargne que de crédit, et peut-être même plus. Le terme de microfinance est plus large. Il couvre aussi d'autres services financiers non disponibles pour les pauvres comme les assurances et les hypothèques. De nombreux agents reprochèrent alors au sommet de se concentrer sur le crédit, soutenant que ce dernier ne devrait pas être considéré comme la panacée pour réduire la pauvreté mais plutôt être un instrument qui peut y contribuer. Des études récentes suggèrent que les crédits de microfinance apportent plus de bénéfices aux personnes qui sont juste en dessous du niveau de pauvreté qu'à celles qui sont très en dessous et que les personnes les plus pauvres ont vu, dans certains cas, leur situation empirer (Hulme et Mosley, 1996). C'est pourquoi nous ne pouvons pas exagérer le pouvoir de la microfinance et de l'assistance que celle-ci apporte quand les problèmes structurels essentiels sont ignorés. À long terme, les problèmes peuvent être plus pertinents pour l'amélioration de la situation de certains groupes socioéconomiques faibles. La réduction de la pauvreté est rarement un problème simplement lié à une amélioration de l'accès aux services financiers. D'une part, on sait que donner une chance aux hommes et aux femmes à bas revenus de développer leur affaire est l'occasion d'assister à des changements dans l'héritage d'une situation de pauvreté qui serait prédéterminée. D'autre part, il est nécessaire, de combiner les stratégies de réduction de la pauvreté au niveau local à des stratégies sectorielles, avec les intermédiaires qui travaillent avec les pauvres et

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au niveau macro. La question est alors de savoir comment combiner de la façon la plus efficace ces stratégies.

Depuis le milieu des années 1990 et à la faveur d'une démarche participative de plus en plus inclusive, l'Etat du Sénégal met en place des politiques, stratégies et programmes intégrés avec comme objectif fondamental une lutte plus efficiente contre la pauvreté et la recherche de l'émergence économique. Les années 2000, notamment à partir de 2003, sont ainsi marquées par la mise en oeuvre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) réactualisé en 2006 pour couvrir la période 2006-2010 (DSRP-II). En l'occurrence, le DSRP s'est avéré être un cadre de référence partagé en matière de politique économique et sociale pour la croissance et la réduction de la pauvreté, dans le contexte général de poursuite des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Au cours de cette période, l'économie et les finances publiques ont été confrontées à une succession de crises énergétique, alimentaire et financière, qui ont mis en exergue la vulnérabilité de l'économie par rapport aux chocs exogènes, qu'ils soient internes ou externes. Aussi, les résultats importants enregistrés, particulièrement dans les services sociaux de base, se présentent-ils comme un encouragement et une invite à tous les acteurs à renforcer les efforts et faire converger les actions autour des objectifs partagés et ciblés.

Concernant le niveau de pauvreté, sur la période 2001-2005, le rythme de réduction a évolué positivement. En effet, la proportion d'individus vivant en dessous du seuil de pauvreté a connu une baisse, passant de 57,1% en 2001 à 50,8% en 2005. La proportion des ménages vivant au-dessous du seuil de pauvreté a également accusé une baisse significative, en passant de 48,5% en 2002 à 42,6% en 2005. L'image de stagnation à partir de 2006 du processus de réduction de la pauvreté monétaire que reflètent les estimations appelle à prêter davantage attention à l'évolution de la pauvreté non monétaire : l'accès aux services sociaux de base, à une alimentation décente, à une eau protégée de pollution, à un logement décent et un cadre de vie sain.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci