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Efficacité économique des institutions de microfinance en zone rurale. à‰tude de cas : zone rurale de Sandiara au Sénégal.

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par Moctar FALL
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise economie appliquée 2014
  

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3) MICROFINANCE ET PAUVRETE AU SENEGAL

a) LA MICROFINANCE AU SENEGAL

La Présidente du Conseil économique, social et environnemental Aminata Tall a déclaré « C'est par la microfinance que nous pouvons intégrer le système de chacun de nos pays respectifs avec nos valeurs » lors de l'ouverture de la 9ème Conférence internationale du groupe de travail sur la performance sociale .De ce point de vue, dira-t-elle « le système de la microfinance a son opportunité dans le système de toute politique de développement. Nous avons insisté sur la notion des paradigmes qui souvent mettent en priorité et en valeur des garanties matérielles ne tenant pas compte de nos spécificités culturelles et de nos valeurs immatérielles et c'est dans ce cadre-là, que j'ai évoqué le fameux exemple du projet du Fonds social de développement, qui a connu une réussite avec une baisse du taux de garantie, d'une accessibilité garantie en nature et de l'honorabilité qui n'a pas de prix ».

Source: http://www.dakaractu.com

L'émergence de la microfinance au Sénégal est due à un contexte favorable. D'abord l'échec du « développement par le haut » s'est traduit, dans les années 80, par une volonté affichée des bailleurs de fonds d'orienter en partie leurs interventions directement vers les populations via les ONG (plus d'aide par projet et moins d'aide budgétaire). Les organismes étatiques d'encadrement du monde rural étaient devenus budgétivores et l'Etat a été contraint de revoir son dispositif voire même de se retirer dans certains domaines. Les banques publiques créées dans les années 70 pour augmenter l'offre de crédit agricole aux petits paysans et aux paysans marginalisés dans l'espoir de relever leur productivité et leur revenu ont échoué pour la plupart. Elles avaient en effet beaucoup de mal à recouvrer leurs coûts étant donné les taux d'intérêt subventionnés. Les clients ne s'efforçaient pas réellement de rembourser leurs prêts car ils les percevaient comme des « cadeaux de l'État ». Par conséquent, ces institutions voyaient leur capital s'éroder et nombre d'entre elles ont été obligées de mettre la clé sous le paillasson.

En réalité, c'est tout le secteur bancaire qui a connu des difficultés financières et structurelles pour avoir, dans le cadre de la mise en oeuvre de la politique de développement du pays, été laxiste dans le soutien de l'Etat (paiement des salaires des fonctionnaires, financement du secteur public) ou des dignitaires (constitution d'une bourgeoisie nationale) avec des prêts qui ont rarement été remboursés. C'est la raison pour laquelle une société de recouvrement a été créée en 1989 pour tenter de limiter les pertes. Cet acte posé n'est que le premier jalon dans le cadre d'un vaste programme d'assainissement et de restructuration du système bancaire lancé la même année. Il s'agissait d'abord de libéraliser le secteur bancaire avec la limitation de la part des actions de l'Etat à un maximum de 25%, ensuite de liquider les banques insolvables .

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Au surplus, le système bancaire sénégalais étant fortement hérité de la colonisation, son mode de fonctionnement est peu adapté au contexte local (pauvreté, absence ou faiblesse des garanties offertes, etc.), à telle enseigne qu'une bonne partie de la population se sent exclue économiquement, psychologiquement et géographiquement de ce système. Ce contexte a favorisé l'émergence, à la fin des années 80, d'une autre forme d'intermédiation qui se préoccupe d'avantage de prendre en compte la situation et le profil du débiteur. De ce point de vue, la logique de fonctionnement de la finance informelle a été une source d'inspiration, ce qui s'est traduit par la création ou l'institutionnalisation, de caisses villageoises, de mutuelles d'épargne et de crédit avec souvent l'aide d'ONG. En 1995 le pays comptait 833 Institutions de microfinance (IMF) ou Systèmes financiers décentralisés (SFD) contre 18 en 1993. Avec les regroupements en union le nombre d'IMF reconnu était de 700 en 2010. C'est le premier pays de l'Afrique de l'Ouest à avoir créé un ministère de la microfinance. Effectivement l'Etat en relation avec ses partenaires a joué un rôle important dans le développement de ces structures. Cela a consisté particulièrement à la création d'un environnement favorable à l'évolution du secteur par la mise en oeuvre des structures de promotion, d'agrément, de surveillance et de contrôle ainsi que le soutien aux acteurs institutionnels et professionnels. Le Projet d'Assistance Technique aux Opérations Bancaires Mutualistes du Sénégal (ATOBMS) appuyé par la Banque Mondiale, créé en avril 1990, s'inscrivait dans cette perspective. Le point central des travaux de l'ATOBMS a été durant deux années le tracé des contours d'un cadre juridique spécifique à ce secteur. D'abord un dispositif relatif à l'organisation et aux conditions d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes d'épargne et de crédit fut mis en place (Arrêté n°1702 du 23/02/1993), permettant l'agrément de 120 institutions. En même temps, une loi spécifique aux institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit a été adoptée par le Conseil des ministres de l'UMOA en 1993 : c'est la loi PARMEC (Projet d'Appui à la Réglementation des Mutuelles d'Épargne et de Crédit) qui a été intégrée au corpus juridique national sous la loi 95-03 du 5 janvier 1995. Cependant, ce cadre légal ne régit que les structures à forme mutualiste et n'a eu pour intérêt que de régulariser des projets d'épargne et crédit soutenus par les bailleurs de fonds étranger et qui avaient des statuts différenciés. Ainsi une nouvelle réglementation régissant les IMF et permettant notamment l'accueil de Sociétés anonymes (SA) de microfinance a été adoptée par l'UMOA en 2007 et intégrée au Sénégal en 2009. Celle-ci a aussi beaucoup contribué à l'essor des IMF. Malgré ses limites, la loi PARMEC a eu un impact positif sur la démographie des IMF dans ce pays comme nous l'avons constaté plus haut, en autorisant notamment la collecte de l'épargne associée au crédit et en favorisant fortement le financement des IMF. En effet, c'est au cours de la période 19932003 que le secteur de la microfinance a connu une croissance fulgurante avec la mise en place de réseaux d'institutions (regroupement de certaines structures comme les unions, fédérations et confédérations en réseau pour se doter d'une institution faîtière). Le secteur de la microfinance au Sénégal est caractérisé par une certaine segmentation correspondant plus ou moins au cycle de vie des organisations qui y évoluent et par une domination des réseaux d'IMF. Le premier segment est en effet composé par les 3 plus grands réseaux mutualistes que sont l'Alliance de crédit et d'épargne pour la production (ACEP), le crédit mutuel du Sénégal (CMS), qui est le leader et l'union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du crédit au Sénégal (UM-

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PAMECAS). Ces IMF dites « matures » dominent le secteur car ils représentaient, en 2010, 83% des actifs du secteur, 86% de l'encours d'épargne et 80% de l'encours de crédit. Ensuite, il y a un second segment comprenant 4 à 5 réseaux dits « émergents » et une dernière catégorie regroupant un grand nombre de petites structures (mutuelle ou Groupement d'épargne et de crédit) non affiliées à des réseaux et assez fragiles.

En fonction de leur niveau de développement, les IMF n'ont pas les mêmes besoins et sources de financement. Si au démarrage l'institution ne peut compter que sur les subventions et les fonds de garantie pour couvrir les frais courants de fonctionnement, la maturité requière le recours à des sources plus accrues et plus diversifiées. Le financement à des taux bonifiés (taux d'intérêt généralement inférieur à celui du marché) de la part des bailleurs de fonds, des fonds privés d'investissement en microfinance ou des investisseurs sociaux, compte tenu sa flexibilité et des conditions de mise en place permet aux IMF de grandir. L'inconvénient pour ce type de financement c'est qu'il peut être libellé en devises et par conséquent, expose les IMF à la gestion d'un risque de change. De toutes les façons, pour être durable, l'accès au financement doit s'affranchir de l'aide

extérieure. Eu égard à leur statut d'institution « non bancaire », la mobilisation de l'épargne locale a joué un rôle important pour accroître l'encours de crédit.

Mais cette dernière étant assez volatile l'augmentation de l'encours de crédit a pu se faire grâce l'amélioration des performances de remboursement (le plafond des crédits est limité à 2 fois l'épargne). L'accroissement du rôle d'intermédiaire financier par les IMF nécessite des ressources plus stables, notamment pour financer les PME. Dans cette perspective, le refinancement bancaire devient une nécessité étant entendu que leur statut ne leur permet pas d'accéder au marché financier. Le challenge aujourd'hui c'est la diversification des produits et services. Il faut noter déjà qu'au début des années 1990, le terme «microfinance» avait commencé à supplanter le terme «microcrédit» pour décrire une gamme de services financiers destinés aux pauvres, dont le crédit, l'épargne, l'assurance et les instruments de transfert d'argent. Ainsi le développement du paysage de la microfinance s'est également accompagné du volet transfert d'argent où les IMF ont commencé à prendre des accords avec des sociétés spécialisées comme Western Union, Moneygram. La micro-assurance est également offerte comme produit à l'image du CMS, mais timidement.

Les institutions de microfinance au Sénégal peuvent être disposées sur le graphique qui suit : Ce graphique permet de déceler la répartition géographique des institutions de microfinance sur le territoire sénégalais.

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Cette cartographie de la distribution géographique des institutions de microfinance sur le territoire Sénégalais montre une nette concentration de ces institutions entre les villes de Dakar, Thiès, Diourbel, Fatick. Une autre concentration de ces SFD se situe au Sud vers Ziguinchor et Kolda mais la véritable remarque est faite par rapport aux zones du Sud ou du Nord-est dépourvus de SFD intérieures à ces régions car nous remarquons que ces institutions sont disposées que sur les zones routières, or dans ces régions la branche pauvre se situe particulièrement a l'intérieur de ces régions dans des espaces très reculés. La répartition des institutions de microfinance montre un déficit de ciblage des zones géographiques pauvres au Sénégal.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus