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Mécanisation agricole.

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par Luvagho KAMBALE
Institut superieur de developpement rural de goma - LICENCIE EN ENVIRONNEMENT EN DEVELOPPEMENT DURABLE 2013
  

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II.2. THEORIES SUR LA MECANISATION AGRICOLE

La population de la planète dépasse actuellement le cap des 6 milliards d'humains, disposant chacun de quelque 2 700 calories par jour, alors qu'en 1950, elle était d'environ 2,5 milliards de personnes disposant de moins de 2 450 calories. C'est dire, qu'en 50 ans, l'augmentation de la production agricole mondiale a été 1,6 fois plus importante que la production totale atteinte en 1950, après 10 000 ans d'histoire agraire. Ce gigantesque bond en avant de la production vivrière est dû aux facteurs suivants:

· généralisation dans les pays développés de la révolution agricole contemporaine (motorisation, mécanisation à grande échelle, sélection, utilisation de produits chimiques, spécialisation), et de son extension dans quelques secteurs limités des pays en développement;

· extension plus large, dans les pays en développement, de la révolution verte (sélection de variétés de céréales et de quelques autres plantes domestiques à haut rendement potentiel, adaptées aux régions

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chaudes, et utilisation de produits chimiques), forme de révolution agricole contemporaine sans moto mécanisation lourde;

? extension des superficies irriguées, qui sont passées de quelque 80 millions d'hectares en 1950 à environ 270 millions d'hectares aujourd'hui;

? augmentation des superficies de terres arables et de cultures permanentes, qui sont passées dans le même temps de quelque 1 330 millions à plus de 1,5 milliard d'hectares ;

? développement, dans les régions les plus densément peuplées du monde et dépourvues de nouvelles terres à défricher ou à irriguer, de formes d'agricultures mixtes (combinant cultures, arboriculture, élevages et, parfois, pisciculture) à biomasse utile très élevée.

Toutefois, ces grandes avancées agricoles ne sauraient faire oublier que la majorité des agriculteurs du monde ne disposent que d'un outillage strictement manuel très peu efficace, ainsi que de plantes et d'animaux domestiques qui n'ont guère bénéficié de la sélection. Elles ne doivent pas non plus nous faire oublier que ces agriculteurs sous-équipés, peu performants et pauvres sont soumis à la concurrence toujours plus vive d'autres agriculteurs bien équipés, plus productifs, et qu'ils sont exposés à la baisse tendancielle des prix agricoles réels qui se poursuit depuis des décennies, ce qui condamne des couches sans cesse renouvelées de paysans peu performants à un appauvrissement extrême allant jusqu'à la faim et à l'exode vers des villes elles-mêmes sous-équipées et sous-industrialisées.

Le triomphe de la révolution agricole contemporaine ici, l'essor de la révolution verte, l'extension de l'irrigation, les défrichements et le développement de formes d'agricultures mixtes à biomasse utile élevée là, la stagnation et l'appauvrissement ailleurs, tels sont les mouvements contrastés et contradictoires de la modernisation agricole dans la seconde moitié du XXe siècle, et ils soulèvent plusieurs questions:

? Quels étaient les niveaux d'équipement et de productivité des différentes agricultures du monde en 1950, et à quelle explosion des

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inégalités de productivité les 50 dernières années de modernisation agricole ont-elles conduit?

? Quels ont été les moyens, les étapes et les mécanismes économiques du développement de la révolution agricole contemporaine dans les pays développés, et quelles en ont été les conséquences écologiques, démographiques, économiques et sociales?

? Quelles sont les limites de la révolution agricole contemporaine et de la révolution verte dans les pays en développement? Quels sont les mécanismes d'appauvrissement et d'exclusion de la paysannerie sous-équipée dans ces mêmes pays? Quelles sont les autres formes de modernisation agricole en cours dans les pays en développement et dans les pays développés?

? Quel est le bilan de la production agricole et de la consommation alimentaire mondiale à l'issue de ce demi-siècle de modernisation, et quelles perspectives peut-on envisager à ce sujet pour les décennies à venir?

En 1950, l'agriculture mondiale comptait 700 millions d'actifs, et utilisait moins de 7 millions de tracteurs (4 millions aux États-Unis, 180 000 en Allemagne de l'Ouest et 150 000 en France) et moins de 1,5 million de moissonneuses-batteuses. Aujourd'hui, pour 1,3 milliard d'actifs agricoles, elle compte 28 millions de tracteurs et 4,5 millions de moissonneuses-batteuses, matériels qui sont principalement concentrés dans les pays développés4. En 1950 toujours, on n'utilisait guère que 17 millions de tonnes d'engrais minéraux, soit quatre fois plus qu'en 1900, mais huit fois moins qu'aujourd'hui. Quant aux aliments concentrés pour le bétail, on utilisait, en 1950, 30 de millions de tonnes d'équivalent-tourteaux, soit six fois moins qu'aujourd'hui.

D'autre part, même si la sélection méthodique de variétés de plantes et de races d'animaux domestiques à haut rendement potentiel avait commencé depuis des décennies, cette sélection était encore peu avancée, portait sur un nombre limité d'espèces, et la majorité des agriculteurs du monde utilisaient toujours des variétés et des races de pays. Enfin, en 1950, même

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si les produits de traitement utilisés étaient déjà très variés, ils l'étaient beaucoup moins qu'aujourd'hui où l'on utilise environ 80 matières actives pour les insecticides, 100 pour les fongicides et 150 pour les herbicides5 (Index phytosanitaire ACTA, 1999.); tous ces produits font l'objet d'études toxicologiques très importantes.

En 1950, les rendements moyens des cultures étaient de l'ordre de 1 000 kg/ha pour le blé, 1 500 kg/ha pour le maïs, 1 600 kg/ha pour le riz-paddy et 1 100 kg/ha pour l'orge, et ils ne dépassaient guère ceux du début du siècle. Depuis lors, ces rendements ont doublé ou triplé. De manière analogue, le rendement moyen en lait par vache laitière n'atteignait pas 2 000 litres par an en France par exemple, alors qu'il est d'environ 5 600 litres aujourd'hui6 (FAO. 1954.).

? Ces chiffres donnent une idée du chemin parcouru en 50 ans, mais ils ne permettent pas d'appréhender l'évolution des inégalités de productivité du travail entre les différentes agricultures du monde, en fonction de leurs niveaux d'équipement et d'utilisation des intrants. Pour cela, il faut faire l'analyse économique comparée des principaux systèmes de production existant à chaque époque.

? Au milieu du XXe siècle, après des milliers d'années d'histoire agraire très différente d'une région à l'autre, les peuples du monde se sont retrouvés héritiers de niveaux d'équipement agricoles très divers et ils pratiquaient des systèmes de production très inégalement productifs. La figure 18 illustre ces inégalités en comparant la productivité nette accessible pour chacun de ces systèmes. Comme le montre cette figure, ces systèmes peuvent être classés, par ordre de productivité nette croissante, de la manière suivante:

o les systèmes de culture manuelle, dont la productivité nette maximale est de l'ordre de 1 000 kg d'équivalent-céréales par travailleur;

o les systèmes à jachère et culture attelée légère (araire, bât, etc.), dont la productivité nette maximum est de l'ordre de 2 000 kg par travailleur;

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o les systèmes à jachère et culture attelée lourde (charrue, charrette, etc.), dont la productivité nette maximum est de

l'ordre de
3 500 kg par travailleur;

o les systèmes de culture irriguée à deux récoltes par an avec traction animale, dont la productivité nette est du même ordre de grandeur;

o les systèmes sans jachère avec culture attelée lourde, dont la productivité nette est de l'ordre de 5 000 kg par travailleur;

o les systèmes sans jachère avec culture attelée mécanisée, dont la productivité nette est de l'ordre de 10 000 kg par travailleur;

o les premiers systèmes de culture moto mécanisée (moto-mécanisation I), dont la productivité nette maximum dépassait déjà 30 000 kg par travailleur.

Ainsi, en 1950, le rapport de productivité entre les systèmes de culture manuelle les moins performants du monde et les systèmes moto mécanisés les plus performants était de l'ordre de 1:309(M. Mazoyer et L. Roudart. 1998).

À la fin du XXe siècle, après 50 années supplémentaires d'histoire agraire, la productivité de la culture manuelle, qui est toujours la moins performante et la plus répandue dans le monde, est encore de l'ordre de 1 000 kg d'équivalent-céréales par travailleur, alors que la productivité nette de la culture la plus lourdement moto mécanisée et utilisant le plus d'intrants dépasse 500 000 kg.

II.2.1 Evolution et état actuel de la mécanisation agricole dans le monde

A. Les mécanismes économiques de développement de la révolution agricole contemporaine

Pour franchir toutes les étapes de la révolution agricole contemporaine et constituer les exploitations spécialisées les plus hautement équipées, les

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mieux dimensionnées et les plus productives d'aujourd'hui, il a fallu que deux ou trois générations d'agriculteurs s'occupent sans cesse d'écarter les productions devenues moins rentables pour développer la production la plus rentable, qu'ils adoptent semences et nouveaux intrants et qu'ils s'attachent à les combiner de manière à maximiser la marge par unité de surface; il a fallu également qu'ils achètent l'un après l'autre les nouveaux équipements moto mécaniques les plus performants et qu'ils s'agrandissent de manière à maximiser la superficie par travailleur. Par exemple, les exploitations céréalières les mieux situées d'Europe du Nord-Ouest, équipées des matérielles motos mécaniques les plus récents et les plus performants, en sont arrivées aujourd'hui à des niveaux de capital fixe et de superficie de l'ordre de 300 000 dollars (valeur du matériel neuf) et de 200 ha, par actif permanent, et elles en sont arrivées à des niveaux de productivité nette (amortissements et entretien des matériels déduits) de l'ordre de 60 000 dollars par actif permanent. Dans la plupart des autres systèmes de production spécialisés issus de la deuxième révolution agricole, les niveaux maximaux de capitalisation et de productivité accessibles par actif sont du même ordre de grandeur. Mais productivité n'est pas revenu: pour calculer le revenu net d'exploitation par actif permanent, il faut encore déduire de la productivité nette les intérêts des capitaux empruntés, les fermages des terres prises en location et les impôts, et il faut ajouter les éventuelles subventions. Ainsi, un céréaliculteur des plus performants, travaillant seul, endetté à hauteur de 300 000 dollars au taux de 5 pour cent et prenant à bail ses 200 ha à raison de 150 dollars par hectare, disposerait d'un revenu avant impôts et subventions de l'ordre de 15 000 dollars par an.

Et surtout, il faut souligner que les exploitations ayant atteint de tels niveaux de capitalisation, de superficie et de productivité sont très minoritaires: la majorité des exploitations a des niveaux de capitalisation, de superficie, de productivité et de revenu par actif inférieurs de plus de moitié à ceux qui viennent d'être présentés.

Dans les pays développés, un revenu net par travailleur de 15 000 dollars par an correspond à peu près au salaire annuel (cotisations sociales

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comprises) d'un travailleur peu qualifié. C'est dire que si le revenu net par travailleur d'une exploitation agricole est égal à ce seuil, alors cette exploitation peut renouveler tous ses moyens matériels et rémunérer sa main-d'oeuvre au prix du marché, mais elle ne dispose pratiquement d'aucune marge pour faire des investissements supplémentaires.

Si le revenu par travailleur est supérieur à ce seuil, alors l'exploitation dispose d'une capacité d'auto-investissement net, et généralement aussi de possibilités d'emprunt, grâce auxquelles elle peut capitaliser pour accroître sa productivité et son revenu; et elle peut le faire d'autant plus que les niveaux de capitalisation et de revenu préalablement atteints sont plus élevés.

Mais si le revenu net par travailleur est inférieur à ce seuil de renouvellement-capitalisation, alors l'exploitation ne peut pas, tout à la fois, renouveler ses moyens de production et rémunérer sa force de travail au prix du marché. En fait, une telle exploitation est en crise: elle ne peut survivre qu'en sous-rémunérant sa main-d'oeuvre ou en ne renouvelant que partiellement ses moyens de production, ce qui fait progressivement baisser sa productivité. Toutefois, la rémunération du travail doit rester supérieure à un seuil de survie, ou revenu minimum, en dessous duquel un exploitant ne peut plus répondre aux besoins essentiels de sa famille et est contraint d'abandonner son exploitation. Entre seuil de renouvellement et seuil de survie, on trouve généralement des exploitations dotées d'équipements moto mécaniques moyennement puissants, obsolètes et relativement usés, des exploitations sans projet et sans repreneur en tant que telles, mais dont les moyens de production utiles pourront néanmoins être acquis lors de la cessation d'activité de l'exploitant, par une ou plusieurs exploitations en développement du voisinage.

Le mouvement de développement inégal et cumulatif des exploitations assez capitalisées et productives pour se situer au-dessus du seuil de renouvellement d'un côté, et le mouvement d'appauvrissement et d'élimination des exploitations situées en dessous de ce seuil d'un autre

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côté, se sont produits et reproduits tout au long de la révolution agricole, les exploitations ayant le moins investi et progressé à chaque étape se trouvant reléguées et éliminées à l'étape suivante, alors que les plus capitalisées et les plus productives continuaient leur progression. Ainsi, de proche en proche, la majorité des exploitations existantes en 1950 a disparu, et seule une minorité d'entre elles a franchi toutes les étapes conduisant aux plus hauts niveaux de capitalisation et de productivité observables aujourd'hui11 (M. Mazoyer et L. Roudart. 1998).

Si l'on comprend bien les mécanismes de capitalisation et de développement inégal cumulatif des exploitations situées au-dessus du seuil de renouvellement, il reste à expliquer par quels mécanismes économiques une majorité d'exploitations ayant d'abord progressé et atteint un certain niveau de capitalisation et de productivité ont ensuite été reléguées en dessous du seuil de renouvellement, puis éliminées.

Pour qu'une exploitation arrivée au-dessus du seuil de renouvellement, à un moment donné, se retrouve ensuite en dessous de ce seuil, il faut nécessairement, si sa productivité technique ne diminue pas, soit que sa productivité économique se trouve réduite par une évolution défavorable des prix des produits ou des intrants agricoles, soit que le seuil de renouvellement, qui est commandé par le niveau des salaires sur le marché du travail, se trouve relevé, ou les deux à la fois.

Or, précisément, ces deux phénomènes ont bien eu lieu, avec beaucoup d'ampleur, au cours du dernier demi-siècle. Depuis 1950, en effet, les prix réels des denrées agricoles ont très fortement baissé en tendance. Cela provient du fait qu'au cours des cinq dernières décennies, dans les pays développés, les gains de productivité agricole ont été supérieurs à ceux des autres secteurs. Par ailleurs, jusqu'aux années 80, dans ces mêmes pays, le salaire réel des travailleurs peu qualifiés a augmenté, du fait que les gains de productivité réalisés dans l'ensemble de l'économie ont été affectés non seulement à la rémunération et à l'accumulation du capital, mais aussi pour une part à l'augmentation de la rémunération du travail et du pouvoir

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d'achat. Il faut remarquer que ce double mouvement d'abaissement des prix agricoles réels et de relèvement du seuil de renouvellement des exploitations ne s'exerce pas seulement au détriment des exploitations sous-équipées: il s'exerce aussi, dans chaque région, au détriment des productions et des combinaisons productives les moins rentables compte tenu des conditions écologiques et économiques locales.

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