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Mécanisation agricole.

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par Luvagho KAMBALE
Institut superieur de developpement rural de goma - LICENCIE EN ENVIRONNEMENT EN DEVELOPPEMENT DURABLE 2013
  

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B. Les conséquences de la révolution agricole

Au-delà de ces caractéristiques techniques et économiques propres, la révolution agricole a aussi impliqué toute une série de mutations connexes, écologiques, démographiques, économiques et culturelles, de grande envergure.

? Mutations écologiques.

La spécialisation a impliqué un immense mouvement de redistribution spatiale et de regroupement par région des grandes cultures ici, des herbages et des élevages là, de la viticulture, des cultures légumières, florales ou autres, des friches et des boisements ailleurs. Ainsi, les écosystèmes cultivés d'aujourd'hui ne ressemblent guère aux écosystèmes de polyculture/élevage d'autrefois, dans lesquels chaque territoire villageois, et même chaque territoire d'exploitation, était composé de terrains à usages différenciés (terres à céréales et autres cultures de plein champ, pâtures, prés de fauche, bois, jardins, vignes, vergers, etc.), dont chacun supportait un peuplement végétal et animal différent.

Les écosystèmes cultivés d'aujourd'hui sont plus simples et plus uniformes: les champs de blé ou les champs de maïs, ou bien les vignes, ou encore les pâturages et les troupeaux, se succèdent parfois sans discontinuer sur des centaines de kilomètres, et même les cultivars et les races utilisés varient peu. Par ailleurs, mieux nourris et mieux protégés,

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cultures et élevages sont plus vigoureux et généralement plus denses qu'autrefois.

Des difficultés économiques dans une exploitation peuvent empêcher de maintenir la productivité des ressources naturelles.

En contrepartie, la flore et la faune sauvages sont considérablement appauvries (plus de chardons, de ravenelles, de coquelicots, de bleuets, peu d'insectes, d'oiseaux et de rongeurs). L'usage de fortes doses d'engrais et de produits de traitement, l'épandage massif des déjections des gros effectifs d'animaux concentrés sous un même toit, provoquent en certains lieux des pollutions minérales et organiques, en particulier des pollutions des eaux de surface et des eaux souterraines, et parfois même une altération des produits alimentaires eux-mêmes (excès de nitrates dans les légumes, pesticides sur les fruits, hormones et antibiotiques dans les viandes).

Les niveaux de concentration des activités et les niveaux d'utilisation des intrants économiquement optimums, dans la structure de prix relatifs qui a prévalu jusqu'à maintenant, dépassent fréquemment les seuils de tolérance écologique et de risque alimentaire socialement acceptables. Or, les opérations de dépollution coûtent généralement très cher à la collectivité, alors que la limitation par voie réglementaire des pratiques, optimales d'un point de vue microéconomique mais polluantes, réduit nécessairement la productivité agricole. Produire un environnement et des denrées de qualité répondant aux nouvelles attentes de la société aura donc un coût, qu'il faudra payer d'une manière ou d'une autre.

? Mutations démographiques.

Par ailleurs, le remplacement de la plus grande partie de la main-d'oeuvre agricole par des machines, l'augmentation de la superficie par travailleur et la réduction concomitante du nombre d'exploitations ont généralement entraîné un exode agricole très important, l'exode rural étant en outre alimenté par la réduction des activités connexes (artisanat et commerce en amont et en aval, et services publics). Ainsi, avec 100 à 200 ha

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par travailleur en grande culture, 200 à 1 000 ha en élevage extensif, on aboutit, sans même compter les régions de déprise complète, à des densités de population agricole très faibles, inférieures à cinq habitants et parfois même à un habitant par kilomètre carré, ce qui rend très difficile le maintien des services (poste, école, commerces, médecin, pharmacie) et de la vie sociale locale.

À l'opposé, il est des régions où la spécialisation a conduit à des densités de population agricole et rurale égales et parfois même très supérieures à celles d'autrefois. Avec moins de 5 ha par travailleur en vitiviniculture de qualité, et avec moins de 1 ha par travailleur en cultures légumières sous serre ou en cultures florales, on aboutit à des densités de population qui vont de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d'habitants par kilomètre carré.

? Mutations économiques.

Les gains de productivité résultant de la révolution agricole ont été si énormes qu'ils ont permis de libérer la grande majorité de la main-d'oeuvre précédemment employée dans l'agriculture. Celle-ci a fourni les gros bataillons de travailleurs nécessaires à l'industrie et aux services en plein essor durant les 30 ans de l'après-guerre. Depuis le milieu des années 70, par contre, la croissance économique se ralentissant, la poursuite de l'exode agricole a contribué, entre autres, à gonfler le chômage. D'un autre côté, les gains de productivité, agricoles et autres, ont permis la réduction du temps de travail, l'abaissement de l'âge de la retraite et l'allongement de la scolarité. Finalement, dans les pays développés, une population agricole active réduite à moins de 5 pour cent de la population active totale suffit à nourrir toute la population.

? Mutations culturelles.

Comme les nouveaux moyens de production sont, dans une large mesure, mis au point et produits hors des exploitations agricoles et de leur environnement immédiat, dans des organismes de recherche-développement

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et dans des entreprises industrielles et de services relativement concentrées, la formation des agriculteurs et des autres travailleurs agricoles ne passe plus seulement par l'apprentissage à la ferme, mais elle est de plus en plus tributaire des systèmes de formation et d'information techniques et économiques, publics ou privés. Les patrimoines culturels ruraux, autrefois localement produits et transmis, cèdent la place à une culture générale assez uniforme, diffusée par l'école et par les médias12 (M. Mazoyer. 1999).

Ces vastes mutations écologiques, démographiques, économiques et culturelles montrent à quel point la révolution agricole a aujourd'hui triomphé dans les pays développés. Mais, si on porte le regard plus loin, on voit qu'il n'en va pas de même dans les pays en développement. Certes, la moto mécanisation, les variétés et les races à haut rendement potentiel, les engrais, les aliments concentrés pour le bétail, les produits phytosanitaires et la spécialisation ont aussi pénétré dans ces pays, mais le plus souvent de manière très limitée et incomplète.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon