WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

( Télécharger le fichier original )
par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C. Critiques faites au projet et à sa mise en oeuvre

1. A propos de « l'équipe technique du suivi de l'ours ».

Tout d'abord, la mission première de cette équipe est de collecter des informations, des indices matériels permettant de mener des études scientifiques sur les ours, sur leur adaptation au milieu, l'évolution de leur implantation sur le territoire, leurs lieux de prédilection, savoir s'ils se reproduisent bien, en bref, il s'agit de suivre l'évolution de la population d'ours sur le massif pyrénéen. Ils sont formés pour faire les constats de dommages de prédations, mais c'est habituellement une autre équipe, celle des agents départementaux, qui les réalise.

Les éleveurs pour se prémunir des attaques disposent de deux moyens mis à leur disposition par l'État: le répondeur téléphonique pour la localisation des ours et la mise en place de mesures de protection dont le coût est pris en charge par l'État. Ce qui génère à mon avis une partie des critiques envers les techniciens de l'équipe ours, c'est que les éleveurs attendent de leur part quelque chose qui ne fait pas partie de leur mission, ce qui entraîne de l'incompréhension des deux côtés. Pour l'équipe de suivi, en théorie, prévenir les éleveurs de la présence éventuelle de prédateurs dans

42

leur secteur ne fait pas partie de leur travail et cela, les éleveurs ne le comprennent pas. Les éleveurs disent : ils savent précisément où sont les ours mais ils ne nous disent rien. Les gens du suivi disent: ce n'est pas notre travail, il faut protéger vos troupeaux, vous avez les moyens de le faire. Cet état de fait conforte chez les éleveurs ce sentiment de mépris à leur égard, et d'irrespect de leur travail.

« Il m'a fallu deux jours pour rassembler tout [son troupeau de brebis] et personne ne m'a aidé c'est ça que je regrette, que j'en ai tant voulu au suivi de l'ours parce que c'est des gars ils sont payés uniquement pour rester dans les voitures et localiser, s'ils m'avaient prévenu la veille comme quoi l'ours était dans le coin, moi mes brebis je les aurais rentrées »(M. Joly)

2. A propos des mesures de protection

Or, l'efficacité de ces moyens de prévention est remise en cause par les éleveurs. Ils estiment que le répondeur n'est jamais à jour et que les informations y sont très limitées. Et c'est en invoquant cette raison que l'Aspap a mis en service son propre répondeur de localisation alimenté par son propre réseau. En ce qui concerne les mesures de protection27, nombreux sont ceux qui estiment qu'elles sont inefficaces, inadaptées voire inapplicables comme par exemple M. Joly qui a eu des attaques en journée ( comme mesure de protection, un rassemblement nocturne du troupeau est préconisé ) et des attaques dans sa bergerie. Il estime qu'un ours qui a faim trouvera toujours un moyen de contourner la protection28. Et il laisse même ses brebis dehors, plutôt que de les rentrer estimant qu'il risque moins de dégâts en les laissant dehors.

« Je les rentre plus depuis la fois qu'il m'avait coupé la porte [...] si jamais je les rentre toutes [...] il va me tuer tout, là au moins [...] il en attrape une et les autres se sauvent [...] au moins je me sens pas responsable ». (M. Joly)

D'autres pensent que les mesures de protection sont d'une efficacité relative et extrêmement coûteuses. Ils se demandent donc si cela vaut vraiment le coup de faire toutes ces dépenses pour sauver une population qui est certes en train de disparaître dans les Pyrénées mais pas au niveau européen. Une autre mesure de protection existe, il s'agit des chiens de protection. Mais là aussi, les

27 Les principales mesures sont le regroupement nocturne, la présence permanente d'un berger, les chiens de protection, les clôtures électriques.

28 Dans le discours de M. Joly revient souvent l'idée que les concepteurs du projet de réintroduction n'ont pas pensé à la

manière dont les ours allaient se nourrir. Et il parle souvent de « l'ours qui a faim ».

43

éleveurs estiment leur efficacité relative. Les éleveurs qui en ont seraient quand même victimes de prédations. Ils pensent qu'ils peuvent être dissuasifs dans un certains cas mais qu'un ours qui a fai m attaquera quand même et que les chiens ne pourront rien y faire.

« Y'a des estives qui ont deux ou trois chiens[...]et les chiens ils se retrouvent au vétérinaire et les brebis sont tuées point[...] s'il vient par là, qu'il rôde par là qu'il a pas trop fai pourquoi pas, deux trois chiens ça prévient le pâtre ça peut l'effaroucher un peu un peu, ça je veux bien y croire... mais s'il a faim il attaque »(M. Joly) .

Concernant les mesures de protection, il est difficile de faire la part des choses. Par exemple, à propos des chiens de protection, les résultats présentés lors du colloque de Luchon29 par La Pastorale Pyrénéenne30 et « l'Adet, pays de l'ours » font état d'une réelle efficacité contre les

prédations lorsque des chiens de protection sont mis en place au sein d'un troupeau.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway