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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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B. une nature où tous les êtres sont « égaux en droits ».

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Ce que je décris ici, est principalement issu de l'entretien de Martine, puisque qu'elle est le seul des éleveurs interviewés qui soutient le projet de réintroduction. Martine justifie son positionnement du fait que, pour elle, l'homme ne se situe pas au dessus des autres êtres de la nature, mais que au contraire, il doit se considérer comme un être parmi d'autres dans la nature. Par conséquent, il doit reconnaître aux ours le même droit que l'homme à vivre dans les Pyrénées et donc s'adapter à la présence d'éléments qui peuvent lui nuire, il doit faire avec et surtout cesser d'avoir pour principe d'éliminer ce qui le gène. Elle n'a pas du tout ce discours de dire qu'être éleveur en zone de montagne, c'est forcément être écologiste, au contraire, elle pointe du doigt certaines pratiques qui seraient néfastes pour le paysage, comme l'absence de conduite des troupeaux.

Et, pour Martine, il semblerait que ce qui fonde l'idéologie écologiste, c'est notamment ce principe « d'égalité » qu'il doit y avoir entre l'homme et les autres êtres. Et c'est ce qui dans le cas présent les a poussés elle et son compagnon à tout faire depuis le début des réintroductions pour promouvoir l'idée qu'une cohabitation avec les grands prédateurs est possible. Ce serait une question de volonté et d'adaptation de l'homme. Qui doit se traduire par la mise en place de mesures de protection pour son bien afin de limiter les prédations. Il s'agit de protéger son troupeau et non d'éliminer les autres êtres de la nature qui lui font concurrence. Cela leur est apparu comme étant une évidence pour des gens se considérant comme écologistes.

On est ici en quelque sorte dans une dimension de droits et de devoirs auxquels l'homme doit se conformer. Il doit se conformer à cet état de fait, c'est pour lui une sorte de devoir que de partager le territoire avec les autres êtres de la nature même si cela doit le contraindre dans ses activités. Les animaux ont des droits que les humains doivent respecter. Et être écolo pour un éleveur c'est, selon Martine, respecter ce principe.

Dans le cas présent, l'homme doit adapter ses pratiques et sa conception du territoire, accepter qu'il n'est pas au dessus des autres êtres de la nature. Pour cela, il doit s'adapter et modifier ses pratiques, ses habitudes de travail. Il doit prendre conscience que ses pratiques actuelles peuvent être néfastes pour l'environnement. Notamment en ce qui concerne la conduite des troupeaux et l'impact qu'ils ont sur l'environnement, le paysage. Les troupeaux qui ne sont pas conduits par un berger auraient tendance à stagner dans certaines zones de la montagne qu'ils dégraderaient par le piétinement. Ici, donc l'activité de l'homme et de ses troupeaux n'est plus considérée uniquement dans sa dimension bénéfique pour l'environnement. Elle est perçue comme potentiellement néfaste

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en l'absence de conduite du troupeau par un berger. Il y a donc toujours ici l'idée qu'il ne faut pas laisser faire complètement la nature, mais que le troupeau doit être maîtrisé pour ne pas endommager certaines zones de la montagne. Pour Martine, l'arrivée des ours pourrait faire changer les habitudes des gens pour le bénéfice de la faune ( dont les ours ) et la flore (dont celle des estives). Pour elle, cela pourrait être donc un grand bénéfice pour le territoire puisque l'État donne, dans le cadre de la réintroduction, des moyens financiers importants qui pourraient permettre une amélioration de la gestion des zones de montagnes.

De même que les « anti-ours », elle a conforté son point de vue en opposition à la vision de la nature qu'elle prête à l'autre camp. Pour elle, ceux de l'autre camp se considèrent comme plus importants que l'ours et comme les êtres qui dominent la nature, et qui refusent de changer leurs habitudes par commodité et par non respect envers les êtres non humains qui peuplent la nature. Se considérant comme « écolo », elle estime que ceux de l'autre camp ne le sont pas.

Et, il semblerait que, sans la présence des ours, le territoire pyrénéen perdrait en quelque sorte « son sens ». C'est leur présence sur le territoire pyrénéen qui est importante en plus du fait que l'on sauvegarde une espèce menacée. Ceci répond à l'argument des opposants de dire que ce n'est pas une espèce menacée au niveau européen.

Sa perception du territoire en ce qui concerne la présence de grands prédateurs est à l'opposé de celle des adhérents de l'Aspap. Elle estime en effet que le territoire est redevenu propice à la reconstitution d'une population d'ours puisque les montagnes pyrénéennes sont de nos jours beaucoup moins peuplées qu'elle ne l'étaient au 19ème siècle. Sa perception des ours réintroduits et des territoires de montagne est très différente de celle des opposants au projet de réintroduction.

« L'ours se reproduit merveilleusement bien, parce que y'a un biotope dans tous les espaces que nous n'occupons pas qui sont des bois, l'ours il a largement de quoi vivre, beaucoup de faune sauvage s'est développée, il peut continuer à croître avant qu'il nous pose des problèmes[...] on reviendra jamais aux temps d'avant où y'avait plus de place pour

l'ours »(Martine).

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