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Réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Discours, représentations et processus d'entrée en résistance.

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par Elise LABYE
Université de Toulouse-Le-Mirail - Master 1 Anthropologie Sociale et Historique 2009
  

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le discours argumentatif des opposants met l'accent sur le fait que la présence d'une

46 Voir en annexe le tableau extrait de l'ouvrage d'Isabelle Mauz.

47 Isabelle Mauz décrit deux grands types de mondes à propos des personnes auprès desquelles elle a enquêté sur l'évolution des populations d'animaux sauvages. Tout d'abord il y a les «mondes réduits du sauvage et du domestique », structurés par une opposition entre sauvage et domestique et qui d'une manière générale regroupent les chasseurs, les éleveurs et les agents du parc national les plus anciens. Ensuite, il y a le « vaste monde de la nature et de l'artifice » dans lequel des « îlots de naturalité émergent d'un océan d'artifice » et qui regroupe principalement les nouveaux gardes du parc et les naturalistes.

48 De même, Isabelle Mauz parle d'« évanouissement des frontières » entre les mondes qu'elle a décrit, au moment de l'arrivée des loups.

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population d'ours est déstabilisante et décourageante pour les éleveurs de haute montagne alors qu'ils sont les garants d'un certain type de paysage et les détenteurs d'un patrimoine culturel paysan qui risque de disparaître. Ils estiment que les efforts qu'on leur demande dans le cadre de la réintroduction de l'ours sont impossibles à réaliser, inutiles et contre-productifs. De plus, ils sont très critiques quant à la conception et la mise en oeuvre de ce projet. A l'opposé ceux qui soutiennent le projet estiment que les éleveurs ne veulent pas faire l'effort de faire évoluer leurs pratiques et que s'ils protégeaient correctement leurs troupeaux la cohabitation serait possible. De plus, ils ont une image des ours réintroduits qui oscille entre celle d'un animal déviant, voire dangereux, et celle d'un animal quasi domestiqué, victime de la volonté de l'homme de vouloir les contrôler. Traduisant là une certaine confusion des catégories du sauvage et du domestique.

De ces discours il ressort qu'il existe différentes façon de concevoir la nature et un animal sauvage tel que l'ours, y compris lorsque l'on vit sur un même territoire. Chacun, selon ses pratiques, ses expériences mais aussi son milieu social d'origine, a développé une représentation de la nature différente. Certains mettent en avant le fait que la « nature naturelle », non domestiquée n'existerait plus vraiment depuis longtemps dans les Pyrénées, alors que d'autres, au contraire estiment qu'elle est en train de faire son retour du fait de la déprise agricole. Certains discours peuvent aussi être le fruit d'une conception de la nature émanant des concepts diffusés par des associations telles que l'Aspap. Concepts dont les personnes les plus érudites semblent être en partie à l'origine. Il s'agit de l'idée que la nature qui constitue les territoires de montagne, est le résultat de l'action ancestrale et bénéfique, de l'éleveur [et/ou berger] et de son troupeau. Et cela ferait de ce qui est communément appelé patrimoine naturel, un patrimoine culturel au même titre que les pratiques et les savoir-faire ancestraux.

Les conceptions que les gens ont ne forment pas un tout homogène pour chaque camp, mais sont au contraire traversées par de nombreuses nuances. Néanmoins, il me semble que ce projet a entraîné un renforcement des convictions de chaque camp et même pour certains une radicalisation des discours. Sur certains forums internet, les termes utilisés pour qualifier ceux de l'autre camp sont très forts, et témoignent de cette radicalisation des positions: ainsi, les associations qui soutiennent le projet de réintroduction sont parfois appelées les « sectes du sauvage ». A l'inverse, les opposants sont qualifiés d' « ultrapastoraux ». Renvoyant ainsi ceux du camp adverse dans leur dimension la plus extrême: partisans du « tout sauvage » d'un côté et partisans du « tout pastoral de l'autre »; laissant peu de place pour une voie médiane.

Chacun des arguments avancé par un camp donne lieu à un contre-argument de la partie

adverse qui sera lui-même contesté et ainsi de suite... ce qui rend le débat très complexe et provoque de vives polémiques. Mon analyse est ici limitée aux grandes lignes argumentaires et à ce qui m'est apparu comme les grands principes de chaque « camp ». Ceci pourrait certainement être l'objet d'une analyse plus fine et plus détaillée notamment concernant les nuances existantes entre ces deux extrémités.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore