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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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PARAGRAPHE II : LES JEUX SPECIFIQUES DES PUISSANCES MOINS ACTIVES

La posture non interventionniste qui caractérise la Russie et la Chine influence leurs jeux. Nous pouvons dire que lorsqu'on n'intervient pas, très souvent on regarde, on n'est plus spectateur qu'acteur. Toutefois le spectateur fait partir du jeu, il peut encourager ou critiquer certains acteurs. C'est dans cette perspective que se situent les actions russes (A) et chinoises (B).

A. Les conduites spécifiques de la Russie.

La Russie s'est toujours révélée par un appui inconditionnel aux pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Son soutien à Bachar Al- ASSAD dans la crise syrienne en est une parfaite illustration. Les autorités russes ont été très embarrassées par le déclenchement des soulèvements arabes320(*). Dès lors elles ont décidé d'agir avec prudence.

Le gouvernement russe a été pris au dépourvu par les révoltes qui ont conduit aux renversements des régimes autoritaires, ou les ont tout au moins sévèrement menacé en Tunisie, en Egypte en Libye et dans les autres pays de cette région (Yémen, Bahreïn, Syrie). Entre actions et inactions les jeux de la Russie sont les suivants : soutien aux manifestants (1) dénonciation, mise en garde (2).

1- Le soutien aux manifestants en Tunisie et en Egypte.

Au cours des crises tunisienne et égyptienne, la Russie s'aligne sur la vision des Etats-Unis et des autres pays occidentaux notamment la France et la Grande-Bretagne. Elle soutient les réformes démocratiques dans le monde arabe. Elle voit celles-ci comme un élément du processus global de démocratisation des Etats souverains. Elle approuve les manifestations.

Assurément, le Kremlin approuve les manifestations qui conduiront aux chutes des dictatures tunisienne et égyptienne. S'exprimant le 26 janvier 2011 lors du forum économique mondial de Davos (Suisse), le président russe321(*) d'alors déclare « je me réjouis de la situation en Tunisie. C'est une grande leçon pour tous les gouvernements à travers le monde »322(*). Ce faisant, il accepte le tournant démocratique en Tunisie, il ne condamne pas cette méthode de prise du pouvoir.

La Russie accueille les événements de l'Egypte avec circonspection. Cependant, elle s'aligne une fois de plus à la vision de Washington. Elle exprime sa surprise et son inquiétude de voir les Etats-Unis lâcher MOUBARAK aussi rapidement323(*) mais ne prend pas position contre les mouvements de la place Tahrir.

La crainte de la Russie réside davantage dans le dénouement des événements de la place Tahrir que dans la possibilité du départ de Hosni MOUBARAK. Elle encourage ceux qui luttent pour des réformes. Dans une allocution officielle du président MEDVEDEV le 04 février 2011, celui-ci insiste sur la nécessité d'une résolution pacifique de la situation324(*). Il déclare : « le conflit en cours en Egypte doit se dérouler de façon à ne pas porter atteinte aux libertés individuelles »325(*).

Trois jours après le départ de MOUBARAK, la Russie ne condamne pas la chute, elle n'émet aucun avis contraire à la volonté du peuple égyptien. MEDVEDEV insiste sur l'importance d'une Egypte « forte et démocratique »326(*), preuve qu'il accepte la situation et est prêt à travailler avec le nouveau régime qui sera institué. Contrairement à la Chine, la Russie apprécie les changements de Tunisie et d'Egypte surtout qu'ils sont conduits sur le terrain par les Tunisiens et les Egyptiens. La situation en Libye offusque les dirigeants russes qui condamnent les interventionnistes.

2- La dénonciation des jeux des interventionnistes et leur mise en garde par la Russie.

« Nous soulignons une nouvelle fois que tout recours à la force de la part de la coalition en Libye doit se faire dans le strict respect de la résolution 1973 (2011). Tout débordement du champ du mandat établi par cette résolution et toute utilisation disproportionnée de la force sont inacceptables»327(*).

Par cette déclaration de M. CHURKIN, la Russie dénonce les manoeuvres des puissances interventionnistes qui tordent les dispositions de la résolution 1973 pour poursuivre d'autres objectifs. Elle se prononce contre toute tentative d'imposer la démocratie par la force. Dans un article programmatique intitulé « La Russie est un monde qui change »328(*), Vladimir POUTINE rappelle que les sympathies des citoyens russes vont à ceux qui luttent pour des réformes démocratiques, avant de critiquer avec virulence le soutien offert par la coalition occidentale à l'une des parties au conflit libyen329(*).

Il dénonce les violations de la résolution 1973 et condamne le meurtre, « même pas moyenâgeux, quasiment préhistorique, de KADHAFI », qui n'était pas mentionné dans les dispositions de la résolution 1973. Il met en garde l'Occident contre une «continuation de la déstabilisation du système de sécurité internationale dans son ensemble » qui, selon lui, ne manquera pas de se produire en cas d'ingérence militaire en Syrie sans mandat de l'ONU330(*).

Avant l'intervention de V. POUTINE, D. MEDVEDEV s'était déjà exprimé dénonçant lui aussi les agissements des occidentaux. Il avait indiqué : « Voyez la situation qui s'est créée au Proche-Orient et dans le monde arabe. (...) Il est pleinement vraisemblable que s'y produisent des événements compliqués, y compris l'accès au pouvoir de fanatiques. Cela signifierait des troubles pour des décennies et la propagation de l'extrémisme. Il faut regarder la vérité en face. Ils ont déjà, auparavant, préparé un tel scénario pour nous, et ils essaieront a fortiori de le réaliser maintenant. »331(*)

Cette analyse est reprise par le représentant russe à l'OTAN, D. ROGOZINE, qui redoute le pire pour la Libye : « Les modèles occidentaux de démocratie risquent de servir de base à la transformation de la Libye en un Etat islamiste radical régi par la Charia »332(*). La tendance de l'Occident à soutenir systématiquement les manifestations violentes et l'opposition aux régimes en place, sur la base de modèles préétablis, a été qualifiée par le chef de la diplomatie russe, S. LAVROV, de véritable « provocation politique »333(*) à l'échelle internationale. Dans le prisme russe et selon une connotation très négative, ce soutien occidental ne ferait qu'aggraver les « désordres arabes », pour reprendre l'expression titrée de J.M. CHAUVIER.334(*)

Tant bien que mal, la Russie s'est battue pour garder son identité de puissance non interventionniste, encourageant les changements de Tunisie et d'Egypte qu'elle inscrit dans la dynamique normale des peuples à l'autodétermination, aspirant à un mieux être. La Chine en a fait autant.

* 320 BAUCHARD Denis, « La Russie au Moyen-Orient », IFRI, octobre 2012.

* 321 Dimitri MEDVEDEV.

* 322 Voir Moyen-Orient 15 Juillet-Septembre 2012, p. 69.

* 323 BAUCHARD (D) op.cit.

* 324 Moyen-Orient 15 juillet-septembre 2012, p. 69.

* 325 Ibid.

* 326 Voir Cameroon Tribune du 14 février 2011, p. 32.

* 327Déclaration de M. CHURKIN, représentant de la Russie au Conseil de sécurité, S/PV.6528, 4 mai 2011.

* 328 Source : « La Russie et l'Europe face au printemps arabe » dans Le courrier de Russie publié le 21 juin 2013.

* 329 Ibid.

* 330 Ibid.

* 331 Discours de Dimitri MEDVEDEV à Vladikavkaz, Ossétie du Nord, 22 février 2011.

* 332 Source : GERONIMO Jean, La Pensée stratégique russe - Guerre tiède sur l'Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et après ?  Paris, édit. SIGEST, 2012.

* 333 CHAUVIER Jean-Marie, « Les "désordres arabes" : alerte en Russie », La valise diplomatique, Le Monde diplomatique, 8/03/2011.

* 334 Ibid.

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