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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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B. L'organisation des conférences ad hoc.

Les grandes puissances ont organisé des conférences ad hoc sur le printemps arabe. Il s'agit chronologiquement de la conférence de Londres (1), de la tripartite France-Grande-Bretagne-Etats-Unis (2) et de la conférence des amis de la Libye (3).

1- La prise en acte de la résolution 1973 par le groupe de contact au cours de la conférence de Londres.

Par prise en acte, nous entendons le fait de constater la prise d'une décision, ici, la résolution 1973 du CSNU. Plusieurs conférences se sont tenues pour la mise en oeuvre de celle-ci à l'instar de la conférence de Londres sur la Libye467(*) tenue le 29 mars 2011. A l'issue de celle-ci, William HAGUE, ministre britannique des affaires étrangères réitère les conclusions de la résolution 1973 précisément, l'article 4 qui « autorise les Etats Membres qui ont adressé au Secrétaire général une notification à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'accords régionaux et en coopération avec le Secrétaire général, à prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011), pour protéger les populations et zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen, [...] »468(*).

Par cette posture, les participants à cette conférence prennent acte des dispositions de la résolution 1973 du CSNU et prennent des dispositions pour sa mise en oeuvre qui a été entamée le 19 mars 2011 à Paris avec la mise sur pied du groupe de contact.

2- La tripartite France-Grande-Bretagne-Etats-Unis pour l'affirmation de leur engagement militaire en Libye.

L'affirmation de l'engagement militaire franco-britannico-américain en Libye a été faite par une tribune conjointe. « Aux termes de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, notre devoir et notre mandat sont de protéger les civils. C'est ce que nous faisons. Il ne s'agit pas d'évincer KADHAFI par la force. Mais il est impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec KADHAFI. [...] Il est impensable que quelqu'un qui a voulu massacrer son propre peuple joue un rôle dans le futur gouvernement libyen »469(*).

La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se considèrent ainsi comme des « messies » et justifient leur action comme relevant d'un devoir, d'une obligation qui épouse les contours de la morale. S'inscrivant dans une sorte de guerre juste470(*). Ils poursuivent en ces termes : « le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans une résolution historique, a autorisé la communauté internationale à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population libyenne contre les attaques qu'elle subissait. En réagissant immédiatement, nos trois pays ont arrêté la progression des forces de KADHAFI. Le bain de sang dont il avait menacé les habitants de Benghazi, assiégée, a été évité [...] »471(*). Ils présentent leur action comme salutaire, décisive pour le règlement de la situation. Ils s'en réjouissent d'ailleurs et ne la regrettent nullement.

3- Le rassemblement pour un soutien à la transition en Libye au travers de la conférence des amis de la Libye du 1er septembre 2011.

Après les périodes de division entre les pays (grandes puissances et autres pays du monde dont ceux de l'UA précisément) concernant les opérations militaires en Libye, il a été question au cours de cette conférence de rassembler la communauté internationale dans un format multilatéral, l'action unilatérale ne s'avérant pas très propice en raison de la grandeur de la tâche de reconstruction. L'objectif de cette conférence, pour les initiateurs, était de soutenir les nouvelles autorités pour les aider à construire une Libye nouvelle472(*).

Cette conférence a été l'oeuvre de la France et de la Grande-Bretagne ainsi que l'a rappelé Nicolas SARKOZY : « nous avons décidé en plein accord avec David CAMERON de convoquer une grande conférence internationale pour aider la Libye libre de demain, pour bien montrer que nous passons à l'avenir»473(*). La stratégie mise sur pied par la France et la Grande-Bretagne a été de ratisser large. Il n'y a d'ailleurs pas eu que des partisans du CNT. La Chine et la Russie qui n'ont pas reconnu le Conseil National de Transition libyen y ont été représentées. Pékin a dépêché son vice-ministre des Affaires Etrangères comme observateur, et Moscou a envoyé à Paris le représentant spécial russe pour l'Afrique Mikhaïl MARGUELOV. Ces deux pays s'étaient, faut-il le rappeler, abstenus lors du vote de la résolution du CSNU qui a permis l'intervention militaire en Libye, qu'ils avaient alors largement critiquée, sans pour autant l'empêcher.

L'un des enjeux de cette rencontre pour les alliés était de débloquer au plus vite les fonds libyens gelés à l'étranger pour permettre aux nouvelles autorités d'en disposer pour la reconstruction, le paiement des salaires, et d'éviter le chaos474(*). Plusieurs pays se sont engagés à débloquer ces fonds à hauteur de 15 milliards $ contre la promesse de démocratie, de stabilité et de réconciliation que les autorités du CNT ont faite.

Cette réunion avait aussi pour enjeu de convaincre les Africains. En ceci Paris ne s'est pas privé d'avancer des arguments. Par exemple, le dégel des avoirs libyens n'enthousiasme pas beaucoup d'Etats c'est le cas de la Chine de la Russie, et même de l'Afrique du Sud, qui boudera la Conférence des amis de la Libye475(*). Aussi, les Africains pensent qu'il est précoce de reconnaitre le CNT et de lui confier l'administration de la Libye. C'est le sentiment d'Alger, qui ne l'a pas encore reconnu à cette date, contrairement aux autres voisins de la Libye comme le Tchad, l'Egypte ou encore la Tunisie. Néanmoins, Alger a dépêché pour cette conférence son chef de la diplomatie Mourad MEDELCI476(*). En face, à Paris, on pense que la phase de la transition s'est ouverte avec la victoire des insurgés à Tripoli477(*). Un des proches du président a affirmé : « sur le plan militaire, la partie est jouée »478(*).Ainsi, pour les autorités parisiennes, les forces de KADHAFI ne peuvent plus reprendre le dessus sur les insurgés soutenus par les alliés. Tout est donc plié, la transition peut dès lors être effective. Ce point de vue n'est pas partagé par l'Union Africaine, qui considère que des combats sont toujours en cours. Ainsi, les autorités françaises au cours de cette conférence pour rassurer ont déclaré, « il n'y a pas d'inquiétude face à une éventuelle dérive islamiste du CNT. Nous contrôlons la situation »479(*).

En dehors des cadres multilatéraux, les interactions des grandes puissances se sont aussi déroulées dans des cadres bilatéraux.

* 467 Source : http://www.fco.gov.uk/en/news/latest-news/?id=575592482&view=News), consulté le 23 juillet 2013. Etaient réunis à la Conférence de Londres les représentants de l'Albanie, la Belgique, la Bulgarie, la Canada, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l'Estonie, la France, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, la Lettonie, le Liban, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, le Maroc, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, le Qatar, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, la Tunisie, la Turquie, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis.

* 468 Article 4 de la résolution 1973 du CSNU adoptée le 17 mars 2011.

* 469Tribune conjointe du Président SARKOZY (France), du Président OBAMA (Etats-Unis) et de M. CAMERON (Grande-Bretagne), Le Figaro, The Times International Herald Tribune et Al-Hayat, 15 avril 2011.

* 470 Pour plus d'informations sur la notion de guerre juste, lire WALZER Michael, Guerres justes et injustes, Paris, Editions Belin, 1999.

* 471 Tribune conjointe du Président SARKOZY..., op.cit.

* 472 Source : RFI.fr consulté le 23 juin 2014.

* 473 Source : Le Figaro.fr, consulté le 24 aout 2013.

* 474 RFI.fr, consulté le 23 juin 2014.

* 475 Ibid.

* 476 Ibid.

* 477 Ibid.

* 478 Source : Le Point.fr, publié le 01er septembre 2011.

* 479 Nicolas SARKOZY, propos rapportés sur RFI.fr, op.cit.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld