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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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CONCLUSION GENERALE

Quoique le printemps arabe ait pris de cours les grandes puissances, (puisque ni le monde académique, ni les gouvernements américain ou français, n'avaient vu venir les événements)1079(*), comme nous l'avons démontré, celles-ci après une bonne orchestration médiatique, se sont saisies de ce « boulevard d'opportunités »1080(*). Dirigé par notre problématique, à savoir comment les grandes puissances participent-elles au printemps arabe et quels sont les enjeux qui structurent leurs actions et interactions, nous avons noté que les puissances se divisent en deux groupes : les puissances très actives (P3) et les puissances moins actives à savoir la Chine et la Russie qui ont maintenu leur attitude réfractaire à l'ingérence étrangère dans les affaires internes des Etats souverains.

Le printemps arabe a donc donné à voir, de la part des acteurs que nous avons retenu, la mise sur pied de plusieurs stratégies. Certaines ont été mues par les besoins de concurrence, afin d'accroitre leur puissance, conformément à la perspective commandée par la théorie réaliste des Relations Internationales. C'est ainsi que nous avons assisté aux prises de décisions unilatérales allant de simples pressions sur les dirigeants en place jusqu'à l'assistance tant technique que financière aux manifestants, les rebelles (dans le cas de la Libye), en passant par la reconnaissance (faite sans concertation des partenaires1081(*)) des forces révolutionnaires.

A côté des actions unilatérales, dans un souci d'efficacité, les puissances ont exploré les pistes de l'interdépendance s'inscrivant dans le champ d'analyse de l'interactionnisme, ceci afin de mieux construire leurs jeux. Dans cette veine on a relevé l'application des stratégies orientées vers le bilatéralisme ou le multilatéralisme. On a ainsi assisté à la coopération entre les puissances d'une part et d'autre part avec d'autres acteurs des Relations Internationales.

Par le biais de ces stratégies, elles ont pu poursuivre plusieurs objectifs. Certains étaient manifestes au rang desquels la protection des civils, l'instauration de la démocratie, d'autres latents dont l'anéantissement de la construction de l'UA, le ralentissement de l'expansion de la Chine en Afrique, etc. Leurs ambitions ont été cependant entravées par des obstacles intrinsèques (crise économiques en Occident) et extrinsèques (déliquescence de l'Etat libyen, insécurité ...).

Tout compte fait, malgré ces entraves, l'intervention des grandes puissances est saluée par les auteurs à l'origine de celle-ci. Artem KOBZEV peut à juste titre déclarer que, « la Tunisie est une figure à part sur cette toile de fond » 1082(*). Nous pouvons affirmer avec lui que « la société tunisienne actuelle peut être qualifiée de démocratique même en faisant quelques réserves »1083(*). En Libye, « l'intervention a été très bien menée et a été exemplaire. Il n'y a pas eu d'intervention terrestre, on a permis aux Libyens de se débarrasser de leur dictateur. Qu'ils s'entretuent aujourd'hui, c'est malheureux mais ce n'est plus de notre ressort »1084(*), déclare Pascal BRUCKNER. « J'ai signé cet appel, je n'ai pas de regret de l'avoir fait »1085(*), rappelle Nicole BACHARAN. « (...) Je pense toujours, qu'il fallait tout faire pour l'en empêcher. Il y avait ce qu'on peut appeler une fenêtre d'opportunités »1086(*), explique Frédéric ENCEL. « Que se serait-il passé si l'Occident n'était pas intervenu ? La guerre se serait sans doute installée. La Libye serait peut-être devenue une sorte de Syrie. KADHAFI serait, aujourd'hui, un autre Bachar al-ASSAD. Et le nombre des morts libyens se chiffrerait en dizaine de milliers, pour ne pas dire davantage »1087(*), affirme Bernard-Henry LEVY. « C'était une prise de position morale. KADHAFI était en train de massacrer son peuple dans une abomination sans nom. Je pense qu'il était impossible de ne pas dire : "Faisons quelque chose, nous qui avons les moyens d'intervenir" »1088(*), explique Dominique SIMMONET. Toutes ces déclarations attestent de la justesse et même de l'impérativité de l'intervention occidentale en Libye et reconnaissent cependant tacitement que la situation dans ce pays n'est pas réglée.

Les justifications n'enlèvent rien au fait que le pays aille mal d'où cette interrogation d'Omar BENDERA : « la Libye est-elle en voie de se transformer en Irak nord-africaine, champ de bataille des mouvements djihadistes et centre de déstabilisation régionale »1089(*)? Le conflit a aussi causé beaucoup de déplacements. D'après le Haut Comité aux Réfugiés des Nations Unies si la plupart des 550 000 déplacés au cours de la Révolution ont pu regagner leur lieu d'origine, environ 65 à 80 000 personnes n'avaient pu le faire, à la fin août 20121090(*). La situation actuelle n'est pas plus reluisante compte tenu des exécutions des « mercenaires ». Pour le reste, la seule certitude est que rien au Maghreb ne sera plus comme avant le «dégagisme»1091(*) déclencheur du « printemps arabe». Mieux, la nouvelle donne risque de ne pas évoluer forcément dans le sens des intérêts des puissances occidentales. Au contraire, elle a de fortes chances de jouer au profit des puissances émergentes1092(*).

Pour sortir de cette réflexion relevons qu'« en voulant coûte que coûte inoculer la démocratie à l'occidentale en Afrique en général et au Maghreb en particulier, l'Europe et les Etats-Unis ont fini par déstabiliser cette partie très sensible de notre continent. La démocratie étant le régime démocratique par lequel le peuple exerce sa souveraineté elle-même, elle peut réserver des surprises inattendues aux yeux de ces concepteurs. Règle de gouvernance par excellence de la majorité du peuple, elle a des revers qui peuvent être sources d'instabilité, si l'on ne prend garde »1093(*).

La déstabilisation ne se limite d'ailleurs pas qu'à cette partie de la région, la crise ayant des répercussions sur les autres régions de l'Afrique, référence faite à la crise malienne. Aussi, nous pensons avec Omar BENDERA qu' « en Libye, comme ailleurs en Afrique, et n'en déplaise aux tenants de l'ingérence militaire néocoloniale, le dépassement des conflits ne peut s'effectuer autrement que par la politique »1094(*). Et ici nous excluons l'intervention militaire qui est perçue comme un autre moyen de faire la politique et recommandons fortement la négociation, le dialogue.

* 1079 Source : Assemblée Nationale française, « Rapport d'information » déposé par la commission des affaires étrangères en conclusion des travaux d'une mission d'information sur les révolutions arabes, 20 novembre 2013.

* 1080 L'expression est de PONDI Jean-Emmanuel, « Conclusion », dans PONDI Jean-Emmanuel (dir.), Repenser le développement à partir de l'Afrique, Yaoundé, Afrédit, 2011, pp. 571-573.., p. 572.

* 1081 C'est le cas de la France le 10 mars 2011, lorsqu'elle reconnait le CNT libyen.

* 1082 KOBZEV Artem, « Le printemps arabe en est à sa 4e année », La Voix de la Russie, 26 janvier 2014.

* 1083 Ibid.

* 1084 BRUCKNER Pascal, Entretien avec DIFFALAH (S.), op. cit.

* 1085 BACHARAN Nicole, Ibid.

* 1086 ENCEL Frédéric, Ibid.

* 1087 LEVY Henry-Bernard, Ibid.

* 1088 SIMMONET Dominique, DIFFALAH (S.), op. cit.

* 1089 BENDERA Omar, « La Libye, Irak du Maghreb ? », http://www.algeria-watch.org/fr/art..., consulté le 24 septembre 2014.

* 1090 UNHCR, Profil d'opérations 2013.Libye, http://www.unhcr.fr/pages/4aae621d595.html., consulté le 24 septembre 2014.

* 1091 « Pour se référer au slogan : « Dégage » opposé à Ben Ali en Tunisie », ABOYA ENDONG (M.), op. cit., p. 41.

* 1092 ABOYA ENDONG (M.), op. cit., p. 41.

* 1093 DIALLO Lamine, « Instabilité dans le Maghreb : le revers de la démocratie », Waati, 14 février 2013.

* 1094 BENDERA (O.), op. cit.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote