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Jeux, enjeux et contraintes des grandes puissances au cours du printemps arabe. Le cas des membres du CSNU.

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par Ange Joachim MENZEPO
Université de Dschang-Cameroun - Master en Sciences politiques 2015
  

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B. Justification du choix des acteurs.

Nous pensons qu'un évènement politique de la dimension d'une crise ne saurait se dérouler sans acteurs. Ce sont ces derniers qui, par leurs multiples interactions, font et/ou défont l'évènement. Dans le cadre de notre étude, nous avons des acteurs qui ont, « créé » 29(*) l'évènement et des acteurs qui l'ont « amplifié »30(*).

Nous avons choisi de bâtir notre étude autour de la Libye, de la Tunisie et de l'Egypte d'une part comme pays au sein desquels le printemps arabe se déroule et autour de la France, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la Chine d'autre part comme pays ayant « amplifié » l'évènement.

Nous avons suivi les conseils de Gaston BACHELARD qui préconisait déjà de se méfier de « la fausse doctrine du général » qui a longtemps « ralenti les progrès de la connaissance scientifique »31(*). Toutefois, il convient de relever que le choix de ces acteurs n'a pas été fait arbitrairement ou encore au hasard. Car, pour paraphraser Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT32(*), comme avec le chercheur de pétrole, ce n'est pas en forant n'importe où qu'on trouve ce qu'on cherche. Nous présentons ici les éléments qui justifient le fait que notre choix soit porté sur les acteurs sus mentionnés : d'abord les raisons du choix des pays à étudier (1) et ensuite celles du choix des grandes puissances (2).

1- Les raisons du choix des pays à étudier.

La Tunisie, la Libye et l'Egypte sont des pays situés sur le continent africain, à l'opposé d'autres pays secoués par le printemps arabe (Syrie, Bahreïn ...). La singularité des évènements connus consécutivement par ces pays se présente comme un facteur réel d'érudition.

En effet, excepté les luttes pour les indépendances des années 1960 en Afrique, de mémoire, aucun phénomène social n'avait embrasé autant de pays de façon simultanée comme l'a fait le printemps arabe qui a allure de précédent dans cette région de l'Afrique.

Suivant les conseils de G. BACHELARD, nous avons fait un tri. La Tunisie, l'Egypte et la Libye ne sont pas les seuls pays de l'Afrique du Nord. Leur choix n'est cependant pas arbitraire car il convient de relever que l'Algérie aussi a connu des mouvements au cours de la même période, de même que le Maroc. Toutefois, une analyse de la crise permet de dégager deux tendances lourdes : d'une part, l'Algérie et le Maroc n'ont pas connu de bouleversement à leurs têtes, d'autre part, à la tête de la Tunisie, de l'Egypte et de la Libye, les dirigeants ont été renversés, ce qui est un élément de similitude qui nous amène à nous intéresser au processus ayant abouti à ces résultats, notamment les renversements des dirigeants en place.

Notre curiosité a également été aiguisée par le fait suivant lequel l'ampleur du conflit n'a pas été le même dans les trois pays que nous avons choisis. Nous avons eu, en Tunisie, des manifestations plus ou moins pacifiques ayant abouti à la fuite de Ben ALI ; en Egypte, un sit-in prolongé qui a conduit à la démission de Hosni MOUBARAK et une guerre se concluant, en Libye, par la mort de Mouammar KADHAFI. Toute chose qui nous amène à nous poser la question du pourquoi de ces divergences et même du comment y est-on arrivé.

Lorsqu'on sait que « pour comprendre le pourquoi, il faut analyser le comment »33(*), une observation permet de constater que les grandes puissances ont contribué à la construction du printemps arabe. Celle-ci, aiguisant notre curiosité, nous a poussé à nous résoudre à les étudier dans leur ensemble.

2- Les raisons du choix des grandes puissances.

La Russie, la Chine, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne sont tous nantis du droit de véto au CSNU. Cette réalité s'impose à nous afin de permettre le compte-rendu des jeux et des enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe. Car le choix de quelques unes de ces puissances seulement, pour quelques motifs que ce soit, serait parcellaire dans le processus d'analyse de l'intervention des grandes puissances.

On note d'entrée de jeu que ces puissances se subdivisent en deux catégories, les puissances très actives et les puissances moins actives. Cet aspect se présente comme un élément intéressant pour notre étude car il faut comprendre pourquoi il existe une telle disparité dans les attitudes des grandes puissances et plus encore démontrer cet état de disparité.

Ensuite, il faut relever que certains des Etats en crise ont développé des relations tous azimuts avec les grandes puissances, ce qui a créé une sorte d' « extraversion étatique »34(*). Une juxtaposition du phénomène décrié par FOGUE TEDOM35(*), au sujet de l'Afrique noire, sur les pays que nous étudions, permet de relever, par exemple, que l'Egypte dépend beaucoup des Etats-Unis dans sa politique de sécurité par le financement de son armée par les derniers cités36(*). Dès lors il est intéressant d'apprécier l'attitude des anciens partenaires.

Aussi, la conception traditionnelle des Relations Internationales est « verticale » et « boréocentrique »37(*). Elle consacre aux grandes puissances de l'hémisphère Nord, Grande-Bretagne et Etats-Unis38(*), particulièrement, une sorte de « destin de luciole », c'est-à-dire la spécificité d'émettre de la lumière à tous les stades de leur développement. Pierre BUHLER abonde dans le même sens lorsqu'il constate que les « communautés épistémiques » étasuniennes déterminent les formes, les concepts, les modes de diffusion du savoir, sans même parler de sa langue véhiculaire, l'anglais, qui impose une hégémonie non seulement formelle, mais aussi méthodologique, aux conséquences lourdes sur l'élaboration et l'expression de la pensée39(*). Le printemps arabe, se présentant comme des mouvements de revendications de la démocratie, nous savons que la démocratie est une valeur occidentale diffusée par la pensée de ces puissances. Il est utile d'analyser comment elles se sont saisies de cette fenêtre d'opportunités.

D'un autre point de vue, la Chine et la Russie ont une tradition réfractaire aux interventions étrangères. A titre illustratif, la Chine prêche pour « l'harmonie du monde »40(*). A l'aune du printemps arabe, ce comportement a-t-il été respecté ? Y a-t-il eu évolution dans la pensée stratégique russe ou chinoise ? Y a-t-il eu des changements de paradigmes dans le comportement de la Chine et de la Russie ? Ce sont là des questions qui ont habité notre esprit, poussant notre réflexion vers la quête de plus amples connaissances.

Tous ces constats et questions nous ont donné de mener une étude bâtie autour de ces différents acteurs afin de mieux comprendre pourquoi il n'y a pas eu une uniformité de réalité dans tous les cas que nous avons retenus. Bref nous avons noté l'existence d'un jeu à plusieurs variantes et aussi l'existence de plusieurs enjeux.

Avant une analyse plus profonde du sujet, il convient de faire une revue de la littérature.

* 29 Par cette expression, nous voulons parler des acteurs, Etats au sein desquels l'évènement est né.

* 30 Par cette autre expression, nous voulons désigner les acteurs qui ont donné une connotation internationale à l'évènement.

* 31 BACHELARD Gaston, La formation de l'esprit scientifique, Paris, librairie philosophique. J. VRIN, 1986, p. 55.

* 32 QUIVY (R) et CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 3.

* 33 SNYDER Richard, BRUCK H.W et SAPIN Burton, cités par BATTISTELLA (D), op. cit., p. 359.

* 34 Le concept d'extraversion étatique en Afrique noire renvoie à la question centrale du déficit d'autonomie stratégique et politique dont souffrent de nombreux pays. Il met en lumière les espaces de souveraineté que les pays africains laissent à leurs partenaires étrangers pour l'élaboration de leurs politiques. Nombre de pays africains, en effet, au mépris de la maxime chère à Georges WASHINGTON (1732-1799) selon laquelle, aucune nation ne doit être crue au-delà de son intérêt, associent leurs partenaires étrangers, et plus particulièrement occidentaux, à la définition des sujets vitaux pour leur indépendance et leur survie tels : la sécurité, les politiques économiques ou la politique étrangère. Toutefois, la dépendance de l'Afrique, loin d'être simplement le résultat d'un complot occidental, est une construction à laquelle l'élite politique africaine est étroitement associée. Afin de compenser leur insuffisante légitimité politique sur le plan national, de nombreux responsables politiques africains ont, en contradiction avec la vision stratégique que requiert la gestion d'un pays, volontairement renforcé l'extraversion de leurs Etats. Pour plus d'éléments sur cette question il serait utile de lire FOGUE TEDOM Alain, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 2008, pp. 175-212.

* 35 Ibid.

* 36 Nous reviendrons sur les détails plus loin.

* 37 Avec un grand intérêt, on lira ROPIVIA Marc-Louis, « Géopolitique et géostratégie: L'Afrique noire et l'avènement de l'impérialisme tropical gondwanien», dans Cahiers de géographie du Québec, vol 30, n°79, 1986, pp. 5-19.

* 38 Puissance considérée comme le gendarme du monde, la puissance majeure du monde. LERICHE Frédéric, « La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective », Afrique Contemporaine, 2003/3no 207, p. 8.

* 39 BUHLER Pierre, La puissance au XXIe siècle. Les nouvelles définitions du monde, Paris, CNRS EDITIONS, 2011, p. 280.

* 40 Pour plus d'éléments sur ce sujet, lire MING Ye, « L'Essor des grandes puissances: un documentaire-fleuve à la télévision chinoise », Hérodote n° 125, La Découverte, 2007, p. 51-61.

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