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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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II. EXTENSION DU SECTEUR MODERNE, DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE ET DE LA POLITIQUE DES INTRANTS

la stratégie de mise en oeuvre de la politique agricole était axée en grande partie sur la mise en place, au titre des mesures d'accompagnement des programmes d'incitation des producteurs, d'un cadre approprié et des infrastructures économiques nécessaires pour favoriser le développement du secteur. C'est sous cet angle que le gouvernement débuta par une extension du secteur moderne.

A. Extension du secteur moderne

Cette extension se traduisait par une multiplication des sociétés et missions de de développements.

1. Multiplication des Société de Développement Spécialisés (SODES)

Dès le troisième plan quinquennal, l'interventionnisme étatique se fit par une généralisation du recours aux organismes publics et parapublics pour assurer le développement de certaines régions du pays. Le gouvernement camerounais se lança ainsi dans une multiplication des sociétés de développement. D'où le l'expression «plan SODES» en raison des Sociétés de Développement Spécialisées sur des cultures particulières qui furent mises en place243(*). Ces sociétés de développement avaient un statut spécial car elles contribuaient d'une part, à l'exécution des plans quinquennaux et, d'autre part, à la mise en oeuvre de la politique agricole des pouvoirs publics camerounais244(*). Elles pouvaient être des sociétés d'Etat, des établissements publics, ou même des sociétés d'économie-mixte. Ces sociétés étaient généralement des agro-industries publiques dotées d'une autonomie financière, qui était constituée essentiellement des subventions publiques et menaient des actions en coexistence avec d'autres agro-industries privées. Elles se retrouvaient principalement dans des filières d'exportation telles la banane, le thé, l'hévéa, le cacao, le café etc. et prenaient une part entière dans le fonctionnement de ces filières. Elles furent pour la plupart mises en place dans des régions où le système coopératif n'a pas pris ou fonctionné correctement sur le plan technique245(*).

Les sociétés de développement étaient alors conçues et mises en oeuvre pour être les principaux instruments du développement local et de l'amélioration de la compétitivité des filières basées pour l'essentiel sur des cultures industrielles et d'exportation246(*). Elles rachetaient la production d'un groupe ciblé de paysans, généralement des organisations de paysans créées par elles, à des prix subventionnés. L'encadrement de ces paysans leur incombait ainsi que la facilitation pour ces derniers de l'accès au crédit et aux intrants agricoles247(*). A travers ces sociétés, l'Etat assurait ainsi la production, les fonctions de fixation des prix, de crédit, d'approvisionnement, de conseil technique, de regroupement et de stockage, la formation et l'information des paysans, ainsi que la garantie d'un circuit de commercialisation248(*). Le tableau ci-dessus nous présente les différentes sociétés de missions et agro-industrie de 1971 à 1985 :

Tableau n° 2 :liste de quelques sociétés de développement et agro-industries crées entre 1971 et 1985 par capital, domaine d'activité et effectif

Société

Capital social (en 106 FCFA)

Domaine d'activité

Effectif

CAMSUCO

10691

Sucre

3800

SEMRY

4580

Riz

1370

SODEBLE

4500

Blé

366

SOCAME

3800

Engrais

580

SODERIM

1535

Céréales

400

SODECOTON249(*)

4529

Textile

600

CCFI

2200

Alimentation

120

MIKY WAY

600

Lait

102

NOBRA

5000

Brasserie

507

SOCAPROD

600

Boisson

256

IB

2400

Brasserie

700

SITABAC

1260

Tabac

302

Source : G. B. TamokwePiaptie

A ce groupe, nous pouvons associer, la Société de Développement du Cacao (SODECAO), qui est un organisme public à caractère industriel et commercial crée par décret n°74/373 du 02 février 1974250(*), l'UpperNunValleyDevelopmentAuthority UNVDA crée en 1970, et d'autres sociétés que nous retrouvons dans la répartition régionale suivante :

Tableau n° 3 : liste des agro-industries par spéculation et par région de 1960 à 1985

Spéculation

Société

Région d'implantation

Banane d'exportation

OCB

CDC

SPNP

Littoral

Sud-Ouest

Littoral

Riz

SEMRY

SODERIM

UNDVA

Extrême-Nord

Ouest

Nord-Ouest

Huile de palme

SOCAPALM

CDC

PAMOL

SAFACAM

SPFS

Littoral

Sud-Ouest et Littoral

Sud-Ouest

Littoral

Littoral

Sucre de canne

CAMSUCO251(*)

SOSUCAM

Centre

Centre

Caoutchouc

HEVECAM252(*)

CDC253(*)

SAFACAM

Sud

Sud-Ouest

Littoral

Thé

CDC

Sud-Ouest

Nord-Ouest

Ouest

Maïs

SODEBLE

MAISCAM

Adamaoua

Adamaoua

Source :Anonyme, «Bilan diagnostic du secteur agricole», p.106.

D'une manière générale, nous pouvons affirmer qu'au cours des derniers plans quinquennaux, l'activité industrielle en générale et du secteur agro-industriel en particulier connut une progression rapide. Cette bonne santé générale se reflète dans la répartition sectorielle du PIB du Cameroun sur la période allant de 1964 à 1985 :

Tableau 4 : répartition sectorielle du PIB de 1964 à 1965 (en %)

 

64 - 65

68 - 69

74 - 75

77 - 78

79 - 80

81 - 82

83 - 84

84 - 85

Primaire

32,9

31,9

38,8

36,1

28,7

27,0

21,9

20,5

Secondaire

21,3

21,7

17,2

18,7

23,5

30,3

34,6

34,3

Tertiaire

45,8

46,4

44,0

45,2

33,9

29,4

30,1

32,9

Autres

-

-

-

-

13,9

13,4

13,3

12,3

Total

100

100

100

100

100

100

100

100

Source : IIe, IIIe, IVe et Ve plan quinquennaux et DSCN

Cette répartition démontre l'accélération de prépondérance de l'industrie au cours des exercices 1981-1982 et 1983-1984 où le poids du secteur secondaire gagne respectivement 6,8 points et 4,3 points.

2. Multiplication des missions de développement

Les missions de développement étaient assez proches des sociétés de développement. Elles furent créées pour répondre à des besoins immédiats dans les domaines où l'État n'a pas jugé nécessaire de créer une société de développement et étaient parfois circonscrites dans une région particulière. Elles étaientplacées sous la tutelle du Ministère de l'économie et du plan, et mobilisaient d'importants moyens financiers extérieurs (dette) qui en firent par la suite des «éléphants blancs».

Le quatrième plan se caractérise par une multiplication de ces sociétés. On peut citer entre autre : laWum Area DevelopmentAuthority (WADA) ; Mission de Développement de la Haute Vallée du Noun ; la Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères (MIDEVIV). Des sociétés de développement pouvaient également être des missions de développement de certaines cultures dans des régions précises : c'est le cas des SODES mentionnés dans le tableau 3. Étant donné que les plans en cours visent une augmentation de la production vivrière, une attention particulière sera portée ici sur la MIDEVIV.

La MIDEVIV fut créée par décret présidentiel n°73/584 du 26 septembre 1973 et était chargée à l'époque de sa création de résoudre les problèmes alimentaires en assurant l'équilibre entre la production et la demande en produits vivriers d'une part, et en garantissant une distribution rationnelle de nature à irriguer les centres urbains dans les meilleures conditions d'autre part254(*).

En effet, c'est pour faire face au problème de l'approvisionnement des grands centres urbains en produits vivriers et à des prix compatibles avec les ressources des consommateurs que le gouvernement lança l'opération «ceinture verte»255(*) et créa ainsi la MIDEVIV pour sa mise en oeuvre.256(*)C'était un établissement public à caractère agricole, industriel et commercial.

Ses attributions telles que définies par le décret étaient : la mise sur pieds du programme ceinture verte autour des grandes villes ; l'identification, l'étude et la mise en oeuvre de tous les projets de développement des cultures vivrières, maraichères et fruitières en vue de ravitailler les centres urbains ; la réalisation des plantations des cultures vivrières, maraichères et fruitières , et la commercialisation de ces produits257(*).

La MIDEVIV consacra ses efforts sur deux goulots d'étranglement : la productivité dans les exploitations agricoles traditionnelles et les prix des produits alimentaires dans les grands centres urbains. Par la collecte et la distribution des productions vivrières traditionnelles des zones environnantes des villes, la MIDEVIV put raccourcir le circuit de distribution de nombreux produits vivriers qui étaient jusqu'ici marqués par la surabondance des intermédiaires. Ces actions permirent substantiellement de réduire les tensions qui sévissaient sur ces marchés258(*). De 1974 à 1983, elle commercialisa 18.000 tonnes de vivres (Yaoundé, Mbalmayo, Garoua)259(*). Dès 1976, la MIDEVIV lança le projet «Semencier Nord», qui visait à produire et à diffuser les semences améliorées d'arachide et de sorgho et ce avec l'aide de l'US-AID et de la FAO en vue d'étendre l'opération sur tout territoire260(*).

Mais une telle politique se révéla, à terme, irréalisable dans la pratique, du fait des problèmes rencontrés sur le terrain par la MIDEVIV. Les produits offerts par cette dernière dans les régions du Centre (Yaoundé) et du Sud (Ebolowa) sont périssables, contrairement à ceux de la province du Nord261(*).

* 243 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.58.

* 244 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises,p.14.

* 245 G. Courade et al., «L'Union centrale des Coopératives agricoles de l'Ouest du Cameroun (UCCAO) : de l'entreprise commerciale à l'organisation paysanne», Tiers-Monde, «Politiques agraires et dynamismes paysans : de nouvelles orientations ?», tome 32, n°128. 1991, pp. 887-899.

* 246V. Achancho et A. Lothoré,«Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au Cameroun», p.1.

* 247E. Bamou, et al., «Agriculture et nouveau programme des négociations», p.5

* 248 M. Moupou, L. AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun», Les Cahiers d'Outre-Mer, n°61, 2008, pp.163-183.

* 249 Créée le 10 mai 1974

* 250 R. Abate, «Crise économique et politique de relance de la production vivrière dans l'espace rural d'Ebolowa II», mémoire de DIPES II, option géographie, Université de Yaoundé I, ENS Yaoundé, 2012, p.60

* 251 Créée en mars 1975

* 252 Créée le 30 avril 1975

* 253 Créée depuis 1947 mais transformée en société de développement le 28 Septembre 1973

* 254W.-A  Ndongko, La gestionéconomique du Cameroun. Politiques et performances, Yaoundé, Institut des SciencesHumaines, Fondation Friedrich Ebert, 1984 cité par E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises, p.16

* 255 Politique de promotion des cultures vivrières lancée par l'Etat dans le but d'assurer l'approvisionnement des villes

* 256 ANY,Journal Officiel du Cameroun, Numéro du 1er octobre 1973, p.16.

* 257 Décret n°73/584 du 26 septembre 1973 portant sur la création de la Mission de Développement des cultures Vivrières et maraîchères, article 3.

* 258L'économie camerounaise, p.13.

* 259 E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises,p17.

* 260 Ibid.

* 261 A l'exception du Nord (alimentation basée sur le mil-sorgho), les féculents (manioc, igname, taro, macabo, patate douce et banane plantain) occupent une place importante dans l'alimentation.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo