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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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III. FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE, POLITIQUE COMMERCIALE ET PROMOTION DU MOUVEMENT COOPERATIF

La politique interventionniste du gouvernement camerounais était également visible dans le financement du secteur agricole et le mouvement coopératif.

A. Le financement du secteur agricole

Dans le monde rural, le capital est reconnu comme étant un handicap sérieux dans la production agricole. Plusieurs auteurs soutiennent que la modernisation de l'agriculture passe absolument par l'approvisionnement des producteurs en crédit pour financer l'achat des inputs modernes indispensables278(*).Cette nécessité a été très tôt comprise par la plupart des pays africains. Ainsi, de nombreux organismes spécialisés dans la distribution du crédit agricole ont été mis sur pied. Le Cameroun n'est pas resté en marge de cette évolution.

Dès le troisième plan quinquennal, le financement du monde rural connut une forte implication de l'Etat. Dans l'application de sa politique interventionniste, l'Etat assurait l'essentiel du financement de l'activité agricole à travers les SODES et des structures de financement279(*). A cet effet, la structure la plus importante fut leFond National de Développement Rural (FONADER)

Crée par l'Ordonnance n°73/24 du 29 mai 1973, le FONADER était un organisme financier public d'intervention en milieu rural chargé de fournir un support financier au développement rural du pays280(*). Ilfut conçu comme une «banque du paysan»281(*).Il était le support financier naturel des coopératives, des groupements de paysans et des organismes d'intervention en milieu rural.

A ce titre, il devait accorder directement des crédits aux paysans individuels ou à des groupements engagés dans l'agriculture ou l'élevage282(*), assurer le stockage et la distribution des intrants agricoles subventionnés283(*) ;Il devait également intervenir dans les projets agricoles pour une promotion du marketing des produits.

Pour parvenir à ses objectifs, le fonds se dota d'une structure décentralisée au niveau des provinces et des départements avec des bureaux périodiques installés un peu partout dans le pays afin de se rapprocher du monde rural. Son activité de crédit s'effectuait soit de façon directe aux individus, aux groupes d'agriculteurs afin de réduire les coûts de transaction et faciliter le recouvrement ; soit sous forme de crédits d'investissements aux coopératives et aux adhérents des coopératives qui permettaient de refinancer les crédits mis à ladisposition de celles-ci afin de leur permettre d'atteindre les petits agriculteurs ; soit encore aux sociétés de développement avec ou sans activité de commercialisation284(*).

Pour canaliser les diverses subventions en direction du monde rural, il utilisait comme relais le système coopératif285(*).Les coopératives dans l'ensemble jouaient ainsi le rôle de courroie de transmission dans la distribution de Crédit Engrais, Crédit Fongicides et Crédit Pulvérisateurs financés par le FONADER286(*). Le tableau 5 nous présente les crédits accordés par le FONADER aux différents acteurs.

Tableau 5 : crédits accordés par le FONADER par catégorie d'acteurs (103 FCFA) entre 1973 et 1985

Exercice

Montant par catégorie de bénéficiaires

Montant

TOTAL

Individus

GAM

COOP

Sociétés de Développement

1973-74

45590

41628

11773

62150

161 141

1974-75

418762

154918

194875

121246

889 801

1975-76

646789

256988

97200

285906

1 286 883

1976-77

711264

370281

291625

446647

1 819 817

1977-78

702543

410824

396881

891635

2 401 883

1978-79

635330

481854

425638

925658

2 468 480

1979-80

876372

502430

652390

25000

2 056 192

1980-81

876879

482606

412686

406000

2 178 171

1981-82

876000

460842

567597

46810

1 951 249

1982-83

1001919

154052

676889

367000

2 199 860

1983-84

1391755

245434

201363

150000

1 998 552

1984-85

4210448

234462

2597794

40000

7 082 704

Source : Stratégies de développement agricole 1980-1990, Extrait de Ondoa Manga Tobie

Le FONADER apporta un soutien financier aux sociétés d'encadrement du monde rural. Toutefois, il faillit à sa mission d'assistance matérielle et pécuniaire aux paysans. Et pour cause : ne disposant que de sept agences à Yaoundé, Douala, Bafoussam, Kumba et Bertoua etc., il n'était pas en mesure d'assurer, une couverture complète du pays. En outre, au lieu d'accorder des crédits aux paysans qui se présentaient à ses rares agences, le FONADER préférait satisfaire les fonctionnaires disposant d'appuis politiques, des protections au plus haut niveau qui le sollicitaient à titre d'agriculteurs, ou à ceux qui disposaient des biens pouvant être hypothéqués287(*).Les fonds étaient ainsi prêtés à des agriculteurs de façade, le plus souvent des hommes politiques, dans l'optique d'une plus value politique.288(*) Et comme par-dessus tout cet organisme supportait des charges de fonctionnement élevées, il allait connaitre des défaillances. Ainsi, au début de l'année 1982, face à l'amenuisement de ses ressources lié au non recouvrement des prêts consentis aux fonctionnaires déguisés en agriculteurs, aux frais defonctionnement élevés et à une gestion approximative, il ne pouvait plus fournir un soutien financier aux sociétés d'encadrement rural, ni accorder de nouveaux crédits.

* 278 F. Kamajou «Establishingcostestimates of agricultural lendingfrommultipurpose agricultural projets», MS Thesis, University of Illinois, 1975, p.145

* 279 Dès l'indépendance, l'une des premières actions du nouveau gouvernement camerounais fut la création de la Banque Camerounaise de Développement (BCD) dont l'une des principales missions était d'assurer la distribution du crédit en milieu rural pour en stimuler le développement.

* 280 E. Foko, « Les paysans de l'ouest Cameroun face au crédit agricole institutionnel», Économie rurale, n°219, 1994. pp.12-15.

* 281K. Fodouop, Citadins et développement des campagnes au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 2003, p.70.

* 282 M. Roesch, et al., «Financer la campagne agricole dans un contexte de libéralisation : de nouvelles formes de coordination entre acteurs à construire», in J. Y. Jamin, et al.(éds), «Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis», Actes du colloque, mai 2002, Garoua, CIRAD, 2003, p.4

* 283 Les activités du FONADER allaient au-delà de l'approvisionnement des planteurs en engrais et couvrent tous les autres intrants agricoles tels que les produits phytosanitaires

* 284 I. ManfouoFountongNamekong, «Les effets de la disparition des organismes publics d'appui financier et de la libéralisation des filières sur le monde agricole dans la région de l'ouest Cameroun» Mémoire de Master,Université de Dschang, 2012, p.35.

* 285 T. MoulendeFouda, «Les mécanismes de financement», p.176.

* 286 D.S. Kouomou, Structure, Performance et Portée des Institutions de Finance Rurale : Une Analyse du Réseau des Caisses Populaires du Cameroun (CamCCUL), Göttingen, Cuvillier Verlag, 2006, p.120.

* 287 E. Foko, « Les paysans de l'ouest Cameroun face au crédit», p.14.

* 288P. Janin, «Un planteur sans Etat peut il encore être planteur », Politique africaine, n°62 juin 1996, p.49.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery