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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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CHAPITRE IV : CRISE ECONOMIQUE, DESENGAGEMENT DE L'ETAT ET NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE (1985-2000)

Durant deux décennies, et malgré deux chocs pétroliers, le secteur agricole assura une progression lente mais continue de la croissance économique du Cameroun. Le pays était classé parmi les pays à revenus intermédiaires avec un avenir d'autant plus prometteur qu'il engrangeait depuis 1977 de substantiels revenus de l'exploitation de ses gisements de pétrole. Quelques années après, cet élan de progrès économique fut durablement brisé. Le pays entra dans une profonde récession dont le corollaire fut une réorientation du système économique camerounais en générale et du secteur agricole en particulier. Ce chapitre s'intéresse à cet effet à la réorientation des politiques agricoles pendant et après la période de crise au Cameroun.

I. CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE ET PROGRAMME D'AJUSTEMENT STRUCTUREL DU SECTEUR AGRICOLE

Vers le milieu des années 80, les économies africaines sont brutalement stopper dans leur élan par une fluctuation orchestrée par des facteurs externes et internes. Ce processus fut à l'origine d'une véritable réorganisation du secteur économique. Le Cameroun ne fut pas à la marge de ce marasme.

A. Contexte macro-économique : la crise économique des années 80

Après avoir connu l'euphorie pétrolière sans mettre en place les conditions d'une croissance économique durable, le Cameroun vit, au milieu des années 1980, ses termes de l'échange se détériorer, les déficits financiers s'accumuler et son économie régresser.

En effet, deux violents chocs externes révélèrent les faiblesses de 1'économie camerounaise : la chute des cours mondiaux du cacao, du café323(*) et du pétrole qui affecta très fortement les termes de 1'échange; la dépréciation du dollar324(*). Sur le plan interne, la crise se justifie par une mauvaise orientation de la politique de crédit, carence technique des professionnels, l'inefficience de l'interventionnisme étatique ; les nombreuses insuffisances de l'environnement des affaires, «la politique du ventre»325(*) menée par les dirigeants326(*).

Confronté au déclin de son économie, le pays dont les dirigeants refusaient de voir la crise327(*) lança son propre ajustement structurel en 1986, sans recours aux institutions financières internationales328(*). Ainsi, pour faire face à ses échéances internes329(*), le gouvernement puisa dans ses recettes pétrolières, placées dans des comptes «hors budget» à l'utilisation plus ou moins secrète330(*). Elles s'épuisèrent vite et à la fin de l'année 1986, tous les indicateurs économiques virèrent au rouge. Les finances publiques enregistrèrent un déficit d'une envergure jusqu'alors inconnue, correspondant à 12,8% du PIB331(*). La crise de liquidité de l'Etat s'étendit rapidement au secteur bancaire et au secteur privé suite à l'incapacité de l'Etat d'honorer ses dettes internes. La récession affecta le fonctionnement du système productif et la structure de l'emploi en milieux ruraux traditionnellement marqués par les cultures de rente332(*).

La sévérité de la récession contraint le gouvernement à se placer sous la perfusion financière du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale dans le cadre d'un programme d'ajustement structurel. La signature le 18 septembre 1988333(*) du premier accord de confirmation avec le FMI mit fin à cinq lustres de développement planifié et ouvra l'ère de l'ajustement structurel. L'objectif était de stabiliser les finances publiques. Le programme économique exécuté comportait les grands axes suivants : relèvement du niveau des impôts et taxes, réduction de la masse salariale, restructuration des entreprises publiques, avec des options de liquidation ou de privatisation pour celles qui ne sont pas performantes334(*). Un deuxième accord de confirmation fut signé en décembre 1991 pour une durée de neuf mois335(*), suivi d'un troisième en mars 1994 pour 18 mois336(*).

Le Franc CFA fut dévalué de 50 % en janvier 1994 pour restaurer le niveau de compétitivité. Parallèlement, les réformes fiscales aggravèrent le chômage et détériorèrent davantage le niveau de vie de la population accentuant ainsi la pauvreté. Entre 1984 et 1996, la proportion de la population pauvre passa de 20,91% à 43,94% suivant la ligne de pauvreté inférieure, et de 39,2% à 67,98% suivant la ligne de pauvreté supérieure337(*). Le secteur agricole devait également intégrer les PAS à travers le PASA.

* 323 Le cours moyen mondial du café arabica qui était de 1953 f cfa / kg en 1985 baissa à 782 f cfa en 1987. Celui du Cacao qui était de 1039 f cfa / kg en 1985 baissa à 760 f cfa le kg en 1986. Le cours moyen mondial du café robusta qui était de 1094 f cfa / kg en 1986 baissa à 651 f cfa / kg en 1987.

* 324 Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», Rapport Investissement DevolppmentConsultancy, Août1998, p.10

* 325 Gestion privilégiant l'intérêt privé à l'intérêt public, théorisée par Jean-François Bayart. A titre d'exemple, la bureaucratie chargée de la gestion des offices de commercialisation avait une fâcheuse tendance à consommer elle-même un pourcentage croissant des ressources dégagées, aussi bien par les charges salariales que par l'appropriation frauduleuse.

* 326 A. Chouchane-Verdier, «Une analyse empirique de l'impact de la libéralisation financière en Afrique subsaharienne sur la période 1983-1996», Revue Tiers Monde, n°179, 2004, pp. 617-641.

* 327 La crise toucha beaucoup plus tardivement le Cameroun que ses voisins ivoiriens et nigérians

* 328 J. Herrera, « La nature de la crise financière camerounaise et les mesures prises pour la combattre: faut-il ajuster le programme d'ajustement structurel?» in G. Courade (sd), Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala, 1994, pp. 40-51.

* 329 Paiement des fonctionnaires, dépenses de fonctionnement et d'investissement

* 330 S. Brunel, « Les difficultés du Cameroun: fin d'un modèle ou crise de croissance ?», L'information géographique, Vol. 67 n°1, 2003.pp.134-142.

* 331Anonymous, « Trends in Developing Economies», Washington, World Bankrepport, (1990), p.76

* 332C. EkomoEngolo, «Mutations socio-économiques et conditions de vie des ménages ruraux au Cameroun», Revue française de sociologie, 2001, 42-2. pp. 281-294.

* 333 A. Aziz Sy et al. (eds.), «Diagnostic du système national de recherche et de vulgarisation agricoles du Cameroun et stratégie de renforcement des capacités pour la dissémination des connaissances et des technologies agricoles», 2008, p.13 (une étude du FAO)

* 334 Ibid.

* 335 Les deux programmes d'ajustement conclus avec le FMI en 1988, puis en 1991, avaient échoué malgré un appui financier important de la France (3 250 millions de FF de 1988 à 1993). Les décaissements avaient été suspendus en 1992. Le Cameroun avait mis en oeuvre en 1993 des mesures d'ajustement réel notamment en baissant de 35 à 60 % les salaires des agents de 1'Etat in P. Hugon «Sortir de la récession et préparer l'après-pétrole: le préalable politique» politique africaine n°62, 1996, pp. 35-44.

* 336Abdoul Aziz Sy, «Diagnostic du système national de», p.14.

* 337 S. Fambon et al. «Réformes économiques et pauvreté au Cameroun durant les années 80 et 90, dynamique de la pauvreté et de la répartition des revenus au Cameroun durant les années 80 et 90», Rapport intérimaire Projet Collaboratif sur la Pauvreté/AERC/CIRPEE/UYII, Université Yaoundé II, Mars 2004, p.25.

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