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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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B. Le Programme d'Ajustement Structurel Agricole (PASA)

Le PASA était un ensemble de programme d'austérité qui consistait en la réduction des dépenses publiques dans le secteur agricole et donc en une révision du rôle de l'Etat dans la définition et la mise en oeuvre des politiques agricoles. Il rentrait dans le cadre général des politiques de rééquilibrage du secteur agricole au sein desquels ont distinguait deux types d'actions : D'une part les politiques dites de stabilisation qui cherchaient à résorber à court terme le déséquilibre entre l'offre globale et la demande globale, d'autre part les politiques dites d'ajustement structurel338(*) qui cherchaient à résorber le déséquilibre sectoriel afin de relancer la production agricole ; en particulier les cultures exportables.

Cette cure d'austérité du secteur agricole fut instituée dans le cadre des accords de confirmation signés par le Gouvernement et les institutions de Bretton-Woods339(*). Ce programme était axé sur une nouvelle stratégie de développement, à moyen terme, du secteur agricole. Un ensemble de mesures fut ainsi entrepris: libéralisation progressive dans l'approvisionnement en intrants agricoles; privatisation progressive des activités de développement de l'agriculture; restructuration des entreprises publiques du secteur agricole devant déboucher sur un meilleur équilibre de leur situation financière et une large autonomie de leur gestion interne; plus grande responsabilisation des agriculteurs340(*). La mise sous ajustement structurel agricole s'est traduite par le désengagement et une libéralisation du secteur agricole.

1. Désengagement de l'Etat

La mise sous ajustement structurel agricole conduit au retrait de l'Etat de la plupart des services qu'il assumait avant. Face à la pression de Washington et aux tensions de trésorerie, le gouvernement du Cameroun procéda sensiblement à une réduction, puis une élimination des subventions accordés à l'agriculture en général, et aux intrants agricoles tels que les engrais chimiques, les pesticides, en particulier341(*). Après un abandon de touts les projets de développement rural prévues dans le cadre du sixième plan quinquennal et des services fournis par le MINAGRI, le Cameroun se vit imposer, la suppression de toute intervention publique au niveau de la commercialisation des produits de rentes, et notamment la fixation du prix au producteur342(*). Dans cette mouvance, tous les dispositifs d'appui au monde rural, en ce qui concerne la vulgarisation, la commercialisation des produits d'exportation, la mise en place et le fonctionnement des organisations paysannes, ainsi que le crédit rural subventionné, furent supprimés.

2. Libéralisation du secteur agricole

A partir de 1988, l'Etat du Cameroun entreprit sous la houlette des bailleurs de fonds des réformes visant à libéraliser le secteur agricole. Pour ce faire, plusieurs mesures législatives édictées jetèrent les bases juridiques de libéralisation agricole au Cameroun.

Dans le domaine des cultures de rente, la libéralisation fut lancée par la loi n°95/11 du 27 juillet 1991 portant organisation du commerce du cacao et du café. Son décret d'application n°95/674/PM du 15 décembre 1995 fut parachevé en 1997 par la signature de trois textes réglementaires à savoir, le décret n°97/130/PM du 23 mars 1997 qui portait sur réglementation du conditionnement et de la commercialisation des fèves de cacao ; le décret n°97/131/PM du 23 mars 1997 qui réglementait le conditionnement et la commercialisation des cafés verts ; le décret n°97/142/PM du 25 août 1997 qui modifiait et complétait certaines dispositions du décret n°91/272 du 12 juin 1991 portant création de l'office national du cacao et du café343(*).

A base de ces textes juridiques, des pas importants furent faits dans le domaine de la libéralisation. L'organisation d'Etat qui monopolisait la commercialisation du cacao et du café (ONCBP) fut dissoute et une autre institution, avec un rôle fortement réduit (l'ONCC)344(*) pris sa place en 1991345(*). Les producteurs parastataux avec des coûts élevés furent supprimés : ONCPB, SODEBLE, MIDEVIV, Office Céréalier, FONADER etc. D'autres furent privatisées par le décret n°90/1423 du 3 octobre 1990 portant privatisation de certaines entreprises du secteur public et parapublic  et le décret n°94/125 du 14 juillet 1994 portant admission de certaines entreprises du secteur public et parapublic à la procédure de privatisation346(*). Il s'agit de :SOCAPALM, CAMSUCO, OCB, CENEEMA, COCAM, HEVECAM, SODECOTON347(*). L'approvisionnement et la distribution d'engrais, qui était habituellement entièrement une opération d'Etat, devint largement privés. L'autre mesure de libéralisation fut la levée des taxes à l'exportation, jouant pleinement son effet à partir de 1996/97348(*). C'est dans ce contexte de libéralisation que fut ainsi élaborée une nouvelle politique agricole.

* 338 J. Toye «Contexte, hypothèses, origine et diversité», in R. Van Der Hoeven et F. Van Der Kraaj (sd) L'ajustement structurel et au-delà en Afrique subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes politiques, Paris, Khartala, 1995, pp. 41-66.

* 339 Anonyme, «Examen des politiques commerciales au Cameroun», Rapport OMC, Juin 2001, p.10.

* 340 Ibid.

* 341 M. Moupou et L. AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer n° 241-242, Janvier-Juin 2008, pp. 163-183.

* 342 V. Alary, «La libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs», Revue Région et Développement n°4, 1996, p.8

* 343 J-D. AwoumouAmougou «La Libéralisation des marchés et le développement durable en Afrique : le cas du secteur agricole au Cameroun», Mémoire de Master, Ecole Nationale d'Administration (ENA) (Strasbourg), 2004, p.21

* 344 Office National du Café et du Cacao

* 345G. Courade, I. Grangeret, P. Janin, «La liquidation des joyaux du prince : Les enjeux de la libéralisation des filières café-cacao au Cameroun», Politique africaine, n°44, 1991 pp. 121-128.

* 346 P. Nguihé Kanté, « Les contraintes de la privatisation des entreprises publiques et parapubliques au Cameroun» Revue internationale de droit économique t. XVI, 2002, pp. 603-625.

* 347 Ibib.p.611

* 348M. Griffon et al., «Filières agroalimentaires en Afrique comment rendre le marché plus efficace ?» Ministère des Affaires étrangères (France), 2001, p.276 (une étude du CIRAD)

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