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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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III. EVALUATION DE LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE

La NPA était axée en priorité sur la consolidation des acquis tant sur le plan de l'autosuffisance alimentaire que celui des recettes d'exportation et sur une amélioration significative des performances par le biais d'options nouvelles figurant parmi les axes mentionnées en supra. Tout comme les politiques des périodes quinquennales, les politiques agricoles de la période libérale eurent également un bilan mitigé se traduisant par une reprise de la croissance et des aspects négatifs augmentant la situation précaire du paysan.

A. Une reprise sensible de la croissance économique

De nombreuse réformes et diverses actions engagées durant cette période eurent des résultats globalement satisfaisant. Ces interventions, conjuguées à partir de 1994 avec l'amélioration de la compétitivité des produits nationaux liés au réajustement monétaire403(*), permirent une reprise sensible de la croissance notamment constaté dans certaines filières comme le coton, le cacao, le café (graphique 6 et 7), la banane, le caoutchouc, le maïs et les fruits et légumes.

Graphique n°6:Evolution des exportations (cacao, café, coton) en volume

Source : MINEFI

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

140000

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Années

Tonnes

café

cacao

coton

Graphique n°7: evolution des exportations en valeur

Source : MINEFI

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10000

20000

30000

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70000

80000

90000

100000

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

Années

millionsdeFCFA

café

cacao

coton

Ces divers facteurs contribuèrent à l'amélioration de certains indicateurs économiques nationaux : croissance du PIB sectoriel et national augmentation de 15 à 30% (tableau n°9) de la part des produits agricoles brut dans les exportations, diminution de certaines importations de produits alimentaires.

Tableau n°9 : contribution de l'agriculture à la croissance du PIB

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Contribution (%)

-0,26%

-1,08%

1,62%

0,35%

0,96%

2,85%

2,55%

2,66%

2,44%

2,49%

Source : WDI, 2014

B. Les limites de la NPA

Les outputs de la NPA, bien qu'elles permirent une nette reprise de la croissance économique, ne changèrent pas considérablement la situation de l'agriculteur camerounais en général et du paysan en particulier. On notait ainsi des résultats en deçà des attentes et des politiques peu favorables au paysan camerounais.

1. Des résultats en deçà des attentes

Les premiers résultats de la NPA restaient encore insuffisants au regard des attentes de l'économie nationale. En effet, après l'effet levier provoquée par la dévaluation du FCFA et la remontée des cours mondiaux de certains produits, on observa une stagnation du volume globale des produits agricoles destinés à l'exportation et un tassement de leur part dans la valeur des exportations. Dans ce contexte, la situation sociale resta préoccupante, marquée par des conditions de vie toujours précaires dans les campagnes, une émigration rurale forte et une aggravation du chômage en milieu urbain.

2. Une politique des intrants, de la vulgarisation agricole et du mouvement coopératif défavorable au paysan

La nouvelle politique des intrants provoqua une hausse de prix des intrants au moment où les petits producteurs disposaient de moins en moins de moyens leurs permettant de les acquérir du fait de la chute des prix de leurs produits consécutivement à la baisse des prix internationaux. Il en résulta, pour certains produits, une baisse de la production et donc une aggravation de la précarité rurale404(*). Le prix élevé des intrants et des produits phytosanitaires augmenta les coûts de production de la matière première et d'entretien des plantations. Le traitement phytosanitaire des plantations paysannes devint ainsi irrégulier. Ce qui provoqua une stagnation du rendement des cultures de rente avec des rendements faibles405(*). La dégradation des conditions de vie fut très rapide dans le secteur rural : forte déscolarisation, dégradation des services de santé et de solidarité, dégradation des plantations et montée en puissance d'un secteur informel de survie406(*).

Quant à la vulgarisation, malgré les efforts du SNRVA dans la vulgarisation agricole, des problèmes demeuraient car la question de l'acquisition des variétés améliorées n'était pas réglée, les paysans ne disposant pas, de fonds nécessaires pour acquérir les plants407(*). Les résultats des recherches menées par l'IRAD furent peu exploités du fait du faible revenu des paysans qui limitait leur pouvoir d'achat408(*). L'agriculture devenait de plus en plus réservée aux fonctionnaires et hauts fonctionnaires disposant des fonds pour l'acquisition des plants.

En ce qui concerne les coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), leur impact resta faible sur les ruraux, la raison étant que plus de la moitié d'entre elles était en milieu urbain. Plusieurs COOPEC manquaient d'appui et de suivi, et faisaient preuve de très peu de transparence dans la gestion, les fonds étant détournés par les promoteurs. Les caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées, quant à elles, étaient encore trop localisées, et leur rayon d'action était géographiquement limité.

Ainsi, la reprise de la croissance au cours de cette période ne fut pas bénéfique pour le paysan qui est l'acteur majoritaire du secteur agricole au Cameroun. Etant destinée en grande partie au développement rurale, la NPA consacra plutôt l'avènement du «fonctionnaire agriculteur» qui dispose de moyens pour développer l'activité agricole.. De nouveaux défis interpellaient ainsi les acteurs du secteur agricole.

* 403 Grâce aux diverses réformes et aux retombées de la dévaluation en 1994, le contexte économique marque une certaine reprise de la croissance avec quelques performances économiques prometteuses: taux de croissance de l'ordre de 5% par an depuis 1994/95, les déficit budgétaire tombe à moins de 2% du PIB, le taux d'inflation est maîtrisé autour de 3,5%.

* 404Anonyme, 40 ans, fonctionnaire à la délégation départementale de MINADER Ambam, le 21 Juin 2013.

* 405 R. TsafackNanfosso, «Economie politique d'une dynamique dans les exportations camerounaises», Nordic Journal of AfricanStudies n°15, 2006, pp.344-366.

* 406 Entretient avec E. Essono Ondo, 65 ans, planteur de cacao et professeur de lycée en retraite, Ambam, 13 Août 2013

* 407Entretien avec G. Ekoto, 55 ans, producteur de cultures maraichères, Sangmelima, le 03 Mars 2013.

* 408Anonyme, 48 ans, Ingénieur agronome en service à l'IRAD, (antenne de Nkoevone), le 19 juin 2013

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