WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la grève en droit du travail congolais, analyse et perspectives.

( Télécharger le fichier original )
par Jean claude junior MANDE MUNGOBO
Université de Lubumbashi - Licence 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§2. La période post coloniale

Ce paragraphe va nous permettre de faire un regard sur les différentes grèves qui ont été déclenchées après la colonisation de la République Démocratique du Congo notre pays et de comparer par rapport à la période coloniale, comment l'administration coloniale réagissait lorsqu'il y a déclenchement de la grève.

Ici, nous allons prendre la grève de l'ONATRA parce qu'elle est parmi des plus anciennes sociétés et qui a enregistré beaucoup de grèves, la grève de la SNCC ainsi que la grève de HABARI KANI du 11 février 2015 ; ces deux dernières grèves constituent des grèves récentes enregistrées à Lubumbashi.

A. La grève de l'ONATRA

1. La grève Du 23 mars 1976

Cette grève était déclenchée à cause de certaines difficultés de la trésorerie qui a fait que l'employeur ne puisse pas payer la gratification conventionnelle aux travailleurs.

Les travailleurs se sont concertés d'attendre d'abord la paie du salaire du 20 mars et alors immédiatement après faire la grève85.

Les travailleurs n'avaient même pas recouru à l'inspection du travail pour la conciliation ni, même saisir une autorité en dehors de l'entreprise.

MWABILA MALELA note que si en 1976 les grèves de la SNCZ, de la GECAMINES et de l'ONATRA avaient semblé revêtir quelques gravités par moment elles se sont néanmoins déroulées en dehors de toute concertation entre les travailleurs de ces différentes entreprises, sans doute par un effet

85 LUWENYEMA LULE, op.cit, p.379.

[27]

d'entraînement et d'imitation que par un « débordement » de la conscience de condition et de la fidélité à l'entreprise86.

Les années 1976 et 1977 étaient marquées par quelques mouvements de grève enregistrés à la fois à Kinshasa et à Lubumbashi, et dans quelques centres industriels comme Likasi et Kolwezi.

Ces mouvements de grève n'avaient pas une grande envergure dans l'ensemble à cause de la réaction énergétique de l'instance politique qui les considérait comme contraire à l'éthique politique.

2. La grève du 21 mai1979

Suite au coût très élevé de la vie et le pouvoir d'achat insignifiant les travailleurs de l'ONATRA s'étaient concertés pour réclamer une augmentation des salaires et des avantages sociaux.

Non satisfaits dans leur revendication les travailleurs se sont décidés de faire grève, ils attendent d'abord à toucher le salaire du mois, après avoir touché, ils déclenchent la grève.

Cette attitude leur permettait de faire vivre leurs familles pendant la période de la grève dont la durée était incertaine et de tenir le coup.

Durant, cette période les grévistes étaient menacés par les militaires et des agents des services de sécurité pour qu'ils reprennent le travail, aucun travailleur ne voulait reprendre parce qu'ils avaient des moyens de substance, le salaire perçu avant le déclenchement de la grève.

Au bout de six jours de grève, l'employeur céda et accorda une augmentation salariale de 3% pour les agents de cadre, et 15% pour les travailleurs relevant de la classification générale des emplois87.

Les travailleurs avaient repris le travail lorsque leur employeur avait répondu à leur revendication tout en majorant les taux d'indemnités de logement et de transport ainsi que les allocations familiales ; le travail avait repris le 27 mai.

86 MWABILA MALELA, op.cit, p.7.

87 LUWENYEMA LULE, op.cit, p.380.

[28]

Tout au long de cette procédure, l'inspection du travail n'était pas du tout associée au règlement de ce conflit88.

Ceux-là qui étaient associés, il y avait les responsables de l'ONATRA, le commissaire d'Etat aux transports ou soit le ministre des transports et communications et l'UNTZa.

Nous pouvons dire à ce sujet que l'inspection du travail était écartée comme d'habitude de toute procédure de conciliation de conflits du travail ; les travailleurs et les employeurs se contentaient seuls en cas de conflits collectifs du travail.

3. La grève du 21 mai 1980

Les travailleurs de l'ONATRA ne pouvaient plus digérer la mauvaise politique salariale pratiquée par l'employeur89.

Comme il était de coutume à l'ONATRA, les travailleurs touchaient d'abord la prime du 20 courant et après ils déclenchent la grève le jour suivant.

La cause la plus primordiale de cette grève, il existait au sein de la société une très grande disparité entre les primes de fonction accordées aux autres travailleurs relevant de la classification générale des emplois.

Cette grève s'était soldée au détriment des travailleurs, car aucune solution concrète n'était apportée compte tenu des difficultés financières de l'entreprise, l'employeur avait invité la délégation syndicale pour qu'elle sensibilise les travailleurs pour la reprise du travail.

Cette grève était un échec pour les travailleurs par rapport aux autres grèves précédentes auxquelles l'employeur répondait positivement à leur revendication.

4. La grève du 21 octobre 1983

Trois ans plus tard les travailleurs de l'ONATRA avaient estimé que la

somme de 144 Zaïres allouée au titre d'indemnité de logement s'avérait dérisoire face au coût des loyers pratiqués dans le marché immobilier.

88LUWENYEMA LULE, op.cit, p.380. 89Ibidem.

[29]

Les travailleurs avaient adressé des revendications à l'égard de leur employeur, mais ce dernier avait refusé de négocier avec la délégation syndicale.

Le refus de négocier avec la délégation syndicale poussa les travailleurs à déclencher la grève. Au terme de 3 jours de grève l'employeur avait cédé et il avait accordé l'indemnité de logement à 450 Zaïres et les travailleurs avaient repris le travail.

Nous pouvons signaler aussi que les travailleurs avant de déclencher la grève, ils avaient attendu à toucher le salaire du mois comme d'habitude pour tenir le coup pendant la période de la grève.

5. La grève du 21 janvier 1985

L'employeur avait promis une augmentation salariale aux travailleurs depuis le mois de novembre 1984, et pourtant à cette période le programme de redressement économique convenu avec le fonds monétaire international ne permettait pas au conseil exécutif d'envisager une quelconque majoration des salaires dans le secteur public et paraétatique90.

A la paie du 20 décembre 1984 les travailleurs étaient surpris que la majoration salariale promise par l'employeur ne fût pas réalisée. Cette situation avait poussé les travailleurs à négocier avec l'employeur, mais celui-ci fit sourde oreille.

Les travailleurs s'étaient décidés dans le calme d'attendre la paie du 20 janvier, leur habitude était d'abord d'attendre la paie du mois pour faire la grève.

Au sixième jour de la grève le président de la République avait invité une délégation de 300 travailleurs de l'ONATRA à la cité du parti à N'selé en vue d'entendre leurs doléances91.

A partir de cette rencontre qu'avait organisé le président avec la délégation des travailleurs ce qui permit le président de révoquer le président

90LUWENYEMA LULE, op.cit, p.380. 91Ibidem, p.382.

[30]

délégué général (Monsieur Honoré PAELINCK) et annonça la nomination du citoyen LUKUSA MUENGULA92.

Le P.D.G. était reproché de la démagogie, la non information des travailleurs, l'insubordination par le non respect de l'engagement pris par le conseil exécutif du redressement de l'économie nationale.

De toutes les grèves enregistrées à l'ONATRA, nous avons constaté que les travailleurs avaient toujours l'habitude avant de procéder au déclenchement de la grève, ils attendaient d'abord qu'on leur paie le salaire du mois courant, ce salaire leur permettait de tenir le coup pendant la grève.

Et puis, les travailleurs ne recouraient pas à la procédure légale en cas de conflit collectif du travail, ils se contentaient d'arrêter le travail, et l'employeur était tenu de se mettre sur la table des négociations avec la délégation syndicale de l'entreprise afin de trouver un compris, et dans d'autres situations l'armée intervenait pour remettre de l'ordre, tout en arrêtant les meneurs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway