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Le processus décisionnel dans la politique étrangère du cameroun: le cas du recours au règlement judiciaire dans le conflit de Bakassi


par Zoulica RANE MKPOUWOUPIEKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun/Université de Yaoundé II - Master en Relations Internationales 2011
  

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

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La contribution du modèle I à l'explication de la décision du Cameroun est considérable. Il permet à l'analyste de construire un raisonnement basé sur des arguments logiques, par lequel il amène le lecteur à voir que, s'il avait été dans la même situation que le Cameroun, il aurait fait le même choix. Il identifie le problème qui s'est posé au Cameroun, en l'occurrence les convoitises nigérianes sur la péninsule de Bakassi ; il détermine l'objectif poursuivi par lui face à ce problème stratégique, à savoir le respect par le Nigeria de son intégrité territoriale ; ensuite, il identifie les différentes options soumises au Cameroun et procède à une analyse des conséquences attribuées à chacune de ces options. Le choix de Yaoundé, c'est-à-dire le règlement judiciaire, apparaît à terme comme la voie optimisant au mieux les chances de ce pays d'Afrique centrale d'atteindre son objectif. En d'autres termes, l'intérêt du Cameroun se trouvait dans le règlement judiciaire, en l'occurrence celui de la C.I.J., plus que dans tout autre mode de règlement de conflit.

Toutefois, nonobstant ses mérites, le modèle I reste une approche assez désincarnée. La décision est analysée comme un choix national. Aussi, ce qui revient le plus souvent ici c'est : l'option du « Cameroun » pour le règlement judiciaire, l'objectif du « Cameroun », les alternatives ouvertes au « Cameroun », etc. Il ne rend pas compte des dynamiques internes - pourtant importantes - qui ont influencées la prise de décision. D'où l'intérêt de l'application complémentaire du cadre conceptuel de James ROSENAU à la présente étude.

DEUXIEME PARTIE :

L'ANALYSE DU RECOURS AU REGLEMENT JUDICIAIRE SELON LES VARIABLES EXPLICATIVES DE ROSENAU

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De manière générale, les variables indépendantes élaborées par James ROSENAU, situent l'explication de la décision (variable dépendante) à deux niveaux248 : celui des acteurs institutionnels (Chapitre III), et celui du contexte sociologique (Chapitre IV).

Au niveau des acteurs institutionnels, la décision du Cameroun s'explique d'abord par le tempérament et les croyances du Président Paul BIYA, décideur ultime (variable idiosyncratique). Elle porte également la marque de l'environnement institutionnel qui l'a généré (variables de rôle et gouvernementales qui correspondent au modèle III d'ALLISON) ; en l'occurrence, l'appareil administratif impliqué dans le processus de prise de décision.

Au niveau du contexte sociologique général, l'explication prend en compte l'environnement interne dans lequel évolue le décideur final (variables sociétales), et l'environnement international, dans lequel le Cameroun se déploie (variables systémiques).

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248 Pour une taxinomie des théories de la décision, lire Jean BARREA, 1981, op. cit., pp. 254-255.

CHAPITRE III - L'INFLUENCE DES ACTEURS INSTITUTIONNELS

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L'analyse d'un problème praxéologique249 suppose la compréhension des structures décisionnelles impliquées250. Selon Frédéric CHARILLON, la prise de décision de politique étrangère est considérée comme le domaine réservée251 des plus hauts responsables de l'Etat252. Une telle affirmation revêt d'autant plus de pertinence qu'on se trouve dans le cadre d'un régime présidentiel, comme c'est le cas au Cameroun253.

Dans ce type de régime où, la politique étrangère est le domaine réservé du Chef de l'Etat, il est souvent nécessaire d'explorer le champ psychologique des décideurs pour rendre intelligible telle orientation ou tel choix de politique extérieure. En l'espèce, l'idiosyncrasie du Président Paul BIYA fait partie des variables explicatives déterminantes de la décision camerounaise (Section II).

Il convient toutefois de relever avec Thierry de MONTBRIAL que, dans l'immense majorité des cas, le commandement humain n'est pas le fait d'un homme seul. En effet, même si un décideur ou un arbitre ultime existe souvent, il repose généralement sur une organisation multifonctionnelle (structure décisionnelle)254. François BLUCHE affirme à cet effet que le Roi-Soleil lui-même qui se voulut monarque absolu, ne gouvernait jamais sans son conseil255. Ainsi, pour prendre cette décision, le Chef de l'Etat a eu besoin de l'expertise technique d'administrations bénéficiant d'une spécialisation en la matière. Ces dernières ont contribué par leur évaluation de la situation, à la décision finale (Section I).

249 Praxéologie ici est entendue au sens de Thierry de MONTBRIAL, c'est-à-dire, « la science des activités humaines organisées, appréhendées sous l'angle de l'exercice du pouvoir ». Voir Thierry de MONTBRIAL, 2008, op. cit., p. 3.

250 Ibid. p. 41.

251 Le Président Paul BIYA relève à cet effet que « dans tous les Etats modernes, il y a des secteurs qui sont considérés comme appartenant à ce qu'on peut appeler le domaine réservé du Président de la République. C'est la défense, la diplomatie, la sécurité intérieure, (...) en raison de leur incidence à la fois, sur la liberté des citoyens, sur la paix et la guerre éventuelle avec les étrangers », Interview accordée à la télévision nationale camerounaise, le 19 février 1987, cité par Simplice ATANGA, 1991, op. cit., p. 44.

252 Frédéric CHARILLON (dir.), 2002, op cit, p. 13.

253En effet, ici, le Président de la République est le garant de l'indépendance nationale et de l'intégrité territoriale. La Constitution du 2 juin 1972, en vigueur à l'époque de l'option des autorités de Yaoundé pour le règlement judiciaire du conflit de Bakassi, fait de lui le Chef de l'Etat et du Gouvernement (article 5). En tant que tel, il définit la politique de la nation. Il est responsable de la conduite des affaires de la République et de l'unité de l'Etat, qu'il représente dans tous les actes de la vie politique. Il nomme les Ministres et Vice-ministres qui sont responsables devant lui, et met fin à leurs fonctions (article 8). Il accrédite les Ambassadeurs et Envoyés extraordinaires auprès des puissances étrangères, dont les Ambassadeurs et Envoyés extraordinaires, en retour, sont accrédités auprès de lui. Il négocie et ratifie les Accords et les Traités. Il exerce le pouvoir règlementaire, nomme aux emplois civils et militaires, crée, organise et dirige tous les services administratifs nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Chef de la diplomatie et des forces armées, il veille selon l'article 9 de la Constitution précitée, « à la sécurité intérieure et extérieure de la République ». (Cette énumération n'est pas exhaustive. Pour plus de détails sur les prérogatives reconnues au Chef de l'Etat à l'époque, voir les articles 8, 9, 10, et 11 de la Constitution du 2 Juin 1972.)

254 Thierry de MONTBRIAL, 2008, op. cit., p. 41.

255 François BLUCHE, Louis XIV, Fayard, 1988, cité par Ibid., p. 42.

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