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Le processus décisionnel dans la politique étrangère du cameroun: le cas du recours au règlement judiciaire dans le conflit de Bakassi


par Zoulica RANE MKPOUWOUPIEKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun/Université de Yaoundé II - Master en Relations Internationales 2011
  

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Section 1 : Les variables sociétales

Les variables sociétales se rapportent à l'ensemble des aspects non gouvernementaux (nationaux) qui influence le comportement international d'un pays sur un problème donné. Il s'agit de la culture nationale, de l'opinion des acteurs de la société civile, des médias, des citoyens, des leaders politiques (Paragraphe I) ; et enfin, du contexte socio-économique et politique intérieur (Paragraphe II).

Paragraphe 1 : La culture et l'opinion publique nationales

La culture nationale renvoie à l'ensemble des valeurs collectives partagées par la population, et auxquelles elle attache du prix. En tant que contrainte inconsciente, elle exerce une grande influence sur la politique étrangère (A). Bien que son influence sur la prise de décision n'ait pas été aussi importante que celle de la culture nationale, l'opinion publique nationale (B), compte parmi les variables sociétales explicatives de la décision camerounaise.

A. L'influence de la culture nationale

Le Cameroun, comme beaucoup d'autres pays, a ses valeurs et ses particularités336. Le peuple camerounais est connu comme un peuple profondément épris de paix. NKOBENA relève à ce propos qu'une étude de l'attitude générale de cette population, face à certains problèmes, montre

335 Jean BARREA, 1981, op. cit., p. 262.

336 Paul BIYA, 1987, op. cit., p. 13.

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que les Camerounais entretiennent une culture de paix. Lorsqu'une question de nature à diviser le pays au point de mettre à mal sa stabilité survient, la population camerounaise préfère généralement la paix à la violence337. Cet attachement profond s'explique sans doute par l'histoire de ce pays d'Afrique centrale, qui est avec l'Algérie, l'un des rares pays africains à avoir acquis son indépendance de haute lutte. En effet, le mouvement nationaliste camerounais incarné par l'Union des Populations du Cameroun (U.P.C.) a âprement lutté contre les autorités coloniales françaises, pour l'indépendance et la réunification du Cameroun. Le traumatisme de cette guerre de libération qui a eu pour conséquence des milliers de mort, a selon les termes de Jean Pierre FOGUI : « vaccinés le peuple camerounais contre le virus de l'aventure et les gênes de la violence ; car ce qui fait la marque distinctive de ce peuple depuis l'indépendance, aussi bien sur la scène continentale que dans le concert des Nations, c'est le refus de la guerre, donc l'attachement viscéral à la paix, à la stabilité et à la coopération entre les peuples »338.

Depuis l'indépendance, les rares tensions qui sont survenues au Cameroun ont été ponctuelles339. Dans un pays de plus de 250 nations culturelles, de pluralité religieuse (catholicisme, protestantisme, islam et animisme), il existe parfois des antagonismes ethniques, mais le plus souvent instrumentalisés sous forme, selon la terminologie de Luc SINDJOUN, de « rente identitaire »340. Aucun affrontement ethnique à l'échelle de ceux survenus dans d'autres pays africains tels que le Nigeria, le Rwanda ou le Burundi, n'a encore été enregistré au Cameroun. Le Cameroun apparaît ainsi comme une exception face à l'instabilité qui caractérise la sous région à laquelle il appartient, en l'occurrence l'Afrique centrale.

Cette culture de paix a pesé de manière inconsciente sur le choix d'un règlement pacifique du conflit par la C.I.J. Le Chef de l'Etat qui évoque souvent dans ses discours l'attachement constant du peuple camerounais à la paix341, l'a reconnu en ces termes au lendemain de la rétrocession de la péninsule de Bakassi : « Je crois que nous devons surtout en retenir que l'option que nous avons prise - c'est-à-dire de recourir aux moyens de droit plutôt qu'à l'usage de la force - s'est trouvée pleinement justifiée, car nous sommes un peuple profondément épris de paix »342.

337 Pour une illustration de ladite culture de paix, lire NKOBENA Boniface FONTEM, 2008, op. cit., p. 124.

338 Jean Pierre FOGUI, 2010, op. cit., p. 28.

339 Le Cameroun n'a connu que des tensions limitées dans le temps, que ce soit au début des années 1990 avec les fameuses opérations « villes mortes », ou plus récemment avec les perturbations de février 2008.

340 Lire à ce sujet, Luc SINDJOUN, Construction et Déconstruction locales de l'ordre politique au Cameroun. La sociogenèse de l'Etat, Thèse de Doctorat d'Etat Université de Yaoundé II, 1994.

341Message du Président Paul BIYA, à la Nation à la suite du retrait de l'administration et des forces nigérianes de la presqu'île de Bakassi, le 14 Août 2008.

342 Message du Président Paul BIYA à la Nation, le 14 Août 2008, op. cit.

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