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La formation initiale des professeurs de français du post-primaire: les enjeux pour un enseignement apprentissage de qualité


par Didier DA
Université Norbert Zongo de Koudougou - Inspecteur de l'enseignement secondaire 2018
  

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I. ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Notre analyse porte sur la maitrise des contenus et la mise en oeuvre des démarches méthodologiques.

I.1. La maitrise des contenus enseignés

La collecte des données montrent que la maitrise des contenus d'enseignement est l'une des difficultés à laquelle font face les professeurs de français sans formation initiale. Tous les professeurs enquêtés éprouvent au moins une difficulté à enseigner une activité. Mais la fréquence des difficultés se situe au niveau de l'enseignement de la grammaire, de l'orthographe et de la lecture expliquée. Ces difficultés se ressentent plus chez les professeurs non initialement formés. En effet, 45,45% de ces professeurs interrogés, ne maitrisent pas les contenus de grammaire et d'orthographe, en l'occurrence l'orthographe grammaticale, et 27,21% ont des difficultés dans l'enseignement de la lecture expliquée. Par contre, 47,52% des professeurs certifiés disent n'éprouver aucune difficulté dans la maitrise des contenus enseignés. Mais 17,39% éprouvent néanmoins des difficultés dans la conduite d'une leçon d'explication de texte. Cette situation confirme les résultats du rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le système d'enseignement au Burkina Faso, qui font cas des difficultés qu'éprouvent les professeurs bivalents même initialement formés, à enseigner la discipline qu'ils n'ont pas étudiée à l'université.

Cet état de fait s'explique par l'expérience professionnelle et la diversité des profils académiques des enseignants. L'ancienneté dans le métier d'enseignant varie entre 2 à 10 ans pour le plus grand nombre des enquêtés, quand on sait que l'expérience professionnelle peut être un aussi un atout en matière de maitrise des savoirs, d'efficacité et de compétence.

Sur les 45 professeurs interrogés, seulement 10 soit 22,22% ont fait les Lettres Modernes ; les autres sont issus des autres filières dont un grand nombre en Anglais et en Histoire. Si la bonne maitrise des contenus de grammaire et d'orthographe peut peut-être aisée pour un

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étudiant de Lettres Modernes ou pour un professeur certifié, car ayant reçu des cours de renforcement dans ces disciplines à l'ENS-UNZ, cela n'est probablement pas évident pour des étudiants venant d'autres départements. Mais comme, ils l'ont eux-mêmes reconnu, une formation initiale à leur métier leur aurait été très utile. À travers leurs suggestions, ils éprouvent un besoin de formation sur les contenus. D'ailleurs, 72 ,72% affirment que La formation académique qu'ils ont reçue ne leur permet que de réaliser de façon passable les tâches pédagogiques alors que 65,21% des professeurs formés disent bien assurer leurs tâches pédagogiques. Toutefois, le constat général que l'on fait selon les données de l'enquête, est que cette difficulté des professeurs au point de vue de leur niveau d'expression, comme l'ont constaté les encadreurs pédagogiques pendant les entretiens, et de la maitrise des contenus, impacte négativement sur les apprentissages au niveau des élèves. En effet, interrogés sur l'assimilation des leçons de grammaire et sur la compréhension des textes d'étude, les élèves issus des classes tenus par des professeurs non formés, respectivement à 74% et 38% affirment ne pas assez comprendre les cours de grammaire et les explications de texte. Cependant, 66% des élèves dont l'enseignant est certifié déclarent bien comprendre les séances d'explication de texte, et 26% estiment ne pas comprendre les leçons de grammaire. On comprend alors pourquoi des suggestions de ces apprenants, il ressort que leurs enseignants doivent bien expliquer le cours de grammaire et bien expliquer aussi les textes d'étude dans les moindres détails. Aussi, une des propositions faites par les élèves a-t-elle retenu notre attention. Il s'agit de celle relative aux évaluations. Même s'ils sont 17% à faire cette suggestion, ils recommandent que les enseignants leur donnent des devoirs faciles. Cela explique en d'autres termes que c'est l'incompréhension des cours qui engendre les difficultés à obtenir de bonnes notes dans les évaluations.

Mais pourquoi malgré l'administration des exercices aux élèves et les séances d'explication de texte, les élèves éprouvent-ils toujours des difficultés à bien assimiler les leçons?

I.2. La mise en oeuvre des démarches méthodologiques

Dans l'enseignement-apprentissage du français, les différentes activités enseignées procèdent selon une méthodologie, c'est-à-dire la manière dont l'action pédagogique est mise en oeuvre selon les étapes, les moments de ces étapes, les techniques et les outils utilisés dans ces différentes étapes.

Les résultats de nos enquêtes auprès des professeurs indiquent que tous les professeurs interrogés connaissent les différentes méthodologies et savent élaborer une fiche pédagogique. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre, 60,86% des enseignants formés élaborent rarement les fiches pédagogiques, et 81,81% de ceux qui n'ont pas été initialement

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formés le font aussi rarement. Cette situation insinue d'une part la difficulté de la mise en oeuvre des démarches méthodologiques et d'autre part, l'utilisation des méthodes magistrales plutôt que des méthodes actives qui mettent l'élève au centre des apprentissages. L'élève ne participant pas à la construction du savoir, ne saurait assimiler les contenus et les réinvestir. Un professeur certifié nous a tenu les propos suivants en toute sincérité lors d'une visite de classe: « Je n'élabore la fiche pédagogique que lorsque j'ai l'information d'une visite des encadreurs pédagogiques ». Mais ce taux assez élevé des enseignants formés et non formés qui affirment pourtant savoir élaborer une fiche pédagogique et qui ne le font pas, montre une certaine paresse et une négligence des enseignants à préparer les cours.

Les observations directes de cours que nous avons pu effectuer montrent effectivement que la mise en oeuvre de la méthodologie constitue un handicap aux apprentissages. Nous avons constaté que des étapes sont escamotées aussi bien en grammaire qu'en lecture expliquée. L'une des étapes de la méthodologie les plus importantes dans l'exécution d'une leçon de grammaire, est sans doute la phase de l'observation- manipulation-classement. Mais les deux séances de grammaire (présentées par des professeurs non formés) que nous avons observées, cette phase a été mal abordée et ne permet pas donc aux élèves de se familiariser avec les nouvelles notions qu'on veut leur faire assimiler. C'est cette étape qui permet en réalité à l'apprenant de manipuler les phrases du corpus, de dégager les règles et de les classer. Nous-nous sommes donc rendu compte que si théoriquement la méthodologie de façon générale est connue des professeurs, sa mise en oeuvre constitue un véritable problème. Ceci explique les difficultés des élèves à comprendre les leçons. Nous avons suivi une la troisième séance de grammaire présentée par un professeur certifié. Nous avons été satisfait de la prestation de l'enseignant de façon générale. Cependant, nous avons relevé le fait que les exercices donnés aux élèves à faire à la maison étaient en déphasage avec l'esprit du décloisonnement.

L'observation d'une séance de lecture expliquée, présentée par un professeur non formé, nous a également permis de savoir que la méthodologie telle quelle est mise en pratique ne permet pas une bonne compréhension du texte par les élèves. Les difficultés résident dans la motivation, l'étude de détail et les synthèses.

La motivation consiste à susciter la curiosité, le désir d'apprendre, le plaisir d'atteindre un objectif. Cette étape est donc déterminante lorsqu'on veut atteindre un but. Lorsqu'elle est mal faite ou éludée, elle peut impactée sur la disposition des élèves à adhérer à la séance. L'étude de détails offre l'occasion à l'enseignant de s'assurer de la compréhension du texte. Mais quand elle est menée sous forme de paraphrase, le sens que l'on veut donner au texte

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n'apparait pas de façon évidente pour les élèves. Si les différentes synthèses ne sont pas aussi élaborées avec la participation les élèves, ils se sentent étrangers au contenu donné à l'étude.

Lorsque les élèves pour la plupart issus des classes tenues par des professeurs non formés, évoquent l'explication des mots difficiles et une étude bien détaillée dans leurs suggestions, cela dénote effectivement d'un problème de méthodologie.

Tous les professeurs interrogés éprouvent certes des difficultés dans leur pratique de classe, mais à des degrés divers. Toutefois, les difficultés des professeurs enquêtés n'ayant pas été initialement formés, relatives à la maitrise des contenus et à la mise en pratique de la méthodologie découlent de façon générale de l'absence de formation initiale. Ils souhaitent d'ailleurs être formés sur les méthodologies et l'élaboration des fiches pédagogiques. La solution en amont à ces difficultés serait de former d'abord les professeurs nouvellement recrutés avant de les mettre à la disposition des établissements. Sur ce point, un formateur de l'ENS-UNZ nous a confié les propos tenus généralement par les professeurs non initialement formés qui réussissent au concours professionnel et qui entrent à l'école pour leur formation au CAPES: « Monsieur, nous allons ressortir maintenant comme des professeurs pleins ». En effet, si l'on se réfère aux modules dispensés à l'ENS-UNZ aux élèves professeurs de français, la mise à niveau et les cours de renforcement entre autres sur la grammaire, l'orthographe, préparent ces futurs enseignants à une bonne maitrise des contenus et des pratiques de classe. Cette formation initiale a donc pour avantage aussi de dissiper les frustrations dont sont souvent victimes ces enseignants lorsqu'ils n'ont aucune qualification professionnelle.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille