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La problématique de l'eau dans les relations internationales: conflits ou coopérations


par Patient Germain Sewanou
UATM Gasa Formation - Master 2 2014
  

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PARAGRAPHE II : Le concept de «guerre de l'eau« : mythe ou réalité

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67 Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau »; 2011; page 95.

68Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau »; 2011; page 95, Op cit. 69Raya Marina Stephan, «La coopération transfrontalière sur les eaux souterraines : un processus en évolution», Dynamique internationale, no 2, 2010. Disponible sur www.dynamiques-internationales.com.

70 Ibidem

71 ibidem

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

Nous verrons si le concept de «guerre de l'eau« relève de la pratique des Etats (A) ou d'un risque à venir (B).

A) Un concept non empirique

Le concept de «guerre de l'eau«, qui prend place dans la conscience de l'humanité, reste à nos jours sans preuve. Ce concept reste à l'étape de prédiction. En effet, de hautes personnalités comme Boutros Boutros Ghali ou encore Ismaïl Serageldin72 ont annoncé l'imminence de guerre pour l'eau. Des auteurs s'inquiètent plus ou moins fortement d'une telle possibilité, plusieurs autres mettent l'emphase sur le potentiel conflictuel de l'eau, mais pas de là à prédire une guerre sur la foi d'éléments empiriques solides.

En fait, l'étude systématique des relations hydriques interétatiques, dirigée par Aaron Wolf, a montré que la majorité des rapports entre Etats à propos de l'eau en tant que ressource étaient de nature coopérative plutôt que conflictuelle. Nul ne nie l'existence de conflits interétatiques sur la question du partage de l'eau. Seulement, ils ne sont pas la règle, Ils sont rarement violents et n'ont pas nécessairement l'eau pour unique cause, ni même pour cause principale. D'après les travaux conduits par Wolf et ses collaborateurs, les cas de coopération sont deux fois plus nombreux que ceux de conflits. Wolf et son équipe ont constaté 507 évènements conflictuels, dont 37 cas de conflits violents (dont 30 au Moyen-Orient) parmi lesquels la violence militaire n'a été utilisée que 21 fois, 157 traités de coopération et 1 228 cas de désaccords résolus sans violence73. Ces recherches portent sur la période allant de l'an 805 à l'an 1994.

Ces constatations semblent accréditer l'idée d'une «hydrodiplomatie». L'eau constituerait donc un facteur de négociation et de coopération entre les Etats. Ces travaux ont également permis de mettre en évidence deux éléments

:

- s'il n'existe pas de conflits liés à l'eau, les coopérations sont plus nombreuses;

- il existe une grande différence entre les différents conflits, qui sont loin d'être tous des conflits armés.

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72 HELLENDORFF Bruno, «L'eau, les conflits et la coopération - Gestion de l'eau en Afrique de l'Ouest : Risques et opportunités», Note d'Analyse du GRIP, 08 février 2013, Bruxelles, p2.

73 Wolf AARON., 2003, cité dans Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau »; 2011; page 83.

Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38, toyigermain@yahoo.fr)

La problématique de l'eau dans les Relations Internationales : conflits ou coopérations

Le travail des chercheurs a consisté à qualifier et hiérarchiser les interactions avec deux constats : aucune des deux extrêmes, c'est-à-dire l'unification pour l'eau et la guerre pour l'eau, n'a été constatée et la majorité des interactions négatives les plus agressives concernent Israël et ses voisins arabes. Ces travaux ont également permis de démontrer que si les conflits ne portent que sur le partage de la ressource et les infrastructures, les coopérations sont beaucoup plus riches et concernent des domaines variés incluant par exemple l'éducation, l'irrigation, la production électrique etc. Mais, cette prédominance de la coopération hydrique suffit-elle à rejeter de facto l'émergence prochaine d'une «guerre de l'eau« ?

B) Un concept plausible

En dépit de cette tendance à la coopération des Etats en matière hydrique, beaucoup de chercheurs à travers des ouvrages ou articles continuent d'écrire et d'inviter la communauté internationale à la prise de conscience de l'enjeu conflictuel que pourrait représenter l'eau à l'avenir.

En fait, si le concept de «guerre de l'eau« continue à séduire le milieu universitaire, c'est simplement parce que la tendance à la coopération ne saurait suffire pour rejeter ce concept. En relations internationales et surtout en matière de sécurité, les Etats sont capables de tout pour sauvegarder leur souveraineté. Nous sommes dans un monde anarchique où ce sont les intérêts qui guident les Etats. De plus, le passé ne saurait suffire pour prédire le futur. Il est vrai que les travaux d'Aaron Wolf et de ses collaborateurs sont d'une pertinence inégalable car ils nous renseignent sur l'hydropolitique des Etats dans le passé. Mais, ces recherches tiennent-elles compte de l'état actuel du monde ?

Comme préciser supra, le monde est sujet aux phénomènes du changement climatique. La fonte des glaciers entraine la hausse du niveau de la mer. Le réchauffement climatique est à la base de la rareté de la pluie dans beaucoup de région. Les lacs et fleuves s'assèchent ou disparaissent carrément. L'aridité devient plus intense dans beaucoup de région surtout le Moyen Orient, l'Afrique du Nord et une partie de l'Afrique de l'Ouest (le Sahel). Au moment où certaines régions reçoivent une pluviométrie abondante, d'autres en sont dépourvues. Le célèbre rapport Brundtland intitulé «Notre avenir à tous» et les publications du GIEC et du PNUE rendent mieux compte de l'état de la planète. Voila de façon succincte les réalités naturelles auxquelles les Etats sont aujourd'hui confrontés.

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A cela s'ajoute le fait que la plupart des Etats ont en partage une même ressource hydrique.

Au même moment, la population mondiale s'accroit et les modes de vie s'occidentalisent. Les villes sont surpeuplées. La sécurité humaine (santé, alimentation, environnement...) et énergétique devient un enjeu primordial en même temps que la sécurité militaire.

Plusieurs facteurs peuvent être déclencheurs de conflits hydriques. Le premier d'entre eux est l'unilatéralité des décisions. Ces décisions peuvent conduire un Etat à chercher à sécuriser son approvisionnement en eau. L'objet du conflit dans ce cas, c'est d'empêcher l'autre de s'approprier la ressource et d'en faire usage. Le second facteur, c'est la question de la sécurisation de l'approvisionnement et celle de la sécurité relative à la qualité de l'eau. C'est surtout un problème de sécurité environnemental qui prend de l'ampleur avec l'aggravation des pollutions. Maîtriser la ressource en amont, c'est donc s'assurer de la quantité et de la qualité des eaux et des sols en aval.

Aujourd'hui, les Etats sont davantage conscients des menaces à la sécurité nationale et savent qu'on ne peut plus parler de sécurité sans la variable environnementale. Environnement, ressources naturelles et sécurité vont de pair désormais.

De plus, l'absence de guerre ne signifie pas absence de conflits. Toute guerre est le résultat de l'exacerbation d'une situation de tension non résolue. La guerre de six jours à pour élément déclencheur l'eau. Les colonies israéliennes en Palestine se trouvent autour des points d'eaux palestiniennes. L'eau est à la base des nombreuses frictions entre l'Egypte et les pays riverains du Nil surtout l'Ethiopie. En effet, pour amorcer son développement, répondre aux besoins de sa population et faire face aux problèmes sanitaires et énergétiques, l'Ethiopie a mis sur pied un projet pharaonique : la construction d'un barrage dénommé «La grande renaissance«. Ce barrage, le plus grand de l'Afrique dont la construction a débuté en 2011 sera achevé en 2017. IL aura une capacité productive de 6000 mégawatts et permettra à l'Ethiopie de répondre à ses besoins voire d'exporter de l'énergie vers ses voisins. Ce barrage en construction sur le Nil bleu crée la colère de l'Egypte puisque cette dernière est tributaire des eaux du Nil bleu qui

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fournit 85%.74 EN fait, l'Egypte craint la diminution du débit du Nil et donc la baisse du rendement du barrage d'Assouan.

De même, les eaux du Tigre et de l'Euphrate sont objet de crise entre la Turquie et ses voisins l'Iraq et la Syrie75. L'exacerbation de ces crises pourrait conduire à la guerre.

En clair, on ne saurait rejeter l'hypothèse de guerres de l'eau à venir car le passé n'est pas (nécessairement) garant de l'avenir. Bien sûr, les guerres sont évitables, mais pas impossibles. En tout état de cause, vu l'importance capitale de l'eau pour le fonctionnement des sociétés humaines modernes, sa rareté devra être régulé, que ce soit par la guerre ou la coopération.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld