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Les déterminants de la réussite des étudiants du grade licence de l’université de lomé exercant une activité économique


par Kossi Kafui MOKLI
Université de Lomé - Doctorat 2021
  

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Abstract

When it was set up, Université de Lomé (UL), whose primary mission was to train the administration staff after the independence of Togo, had to offer good living and good study conditions to the learners in order to have the right skills. But after two decades of existence of this university (1970s and 1980s), the country faces economic and political crises which have also direct consequences on the University. From 1990s onwards, the students of this university no longer receive the same care from the government as previously done. Moreover, a large proportion of these students also lack the support of their family. With their deteriorating living and study conditions, students are implementing strategies to ensure that they have the means to continue their studies, including the pursuit of an economic activity which is really significant these days among students from poor families. The aim of this research is to identify the factors that intervene in the success of these students, despite the combination of the study and an economic activity.

The methodology adopted was a combination of quantitative and qualitative approaches. Thus, I conducted a survey using a semi-closed questionnaire with a sample of students from certain institutions previously identified as being most often concerned by the phenomenon. Similarly, for the qualitative aspect, semi-directive interviews were conducted with both students and teachers.

The results of this research allow us to affirm that, despite their situation, students who engage in economic activity during their studies benefit from certain factors related to their socio-demographic characteristics and social background, as well as to the conditions in which they carry out their studies, to the fulfillment of certain requirements related to their studies and to certain characteristics related to the activity carried out.

In light of these results, I argue that the success of students engaged in economic activity is possible, given that university studies involve a triple investment : social, financial and personal (intellectual and motivational). These students are thus led to produce themselves the financial resources they need, in order to gather the conditions for success.

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Key words : Economic activity - University success - Socio-professional category.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

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La réussite de l'apprenant est l'une des problématiques qui suscite un grand intérêt auprès des spécialistes de l'éducation. De par sa particularité, l'enseignement supérieur est le niveau d'études où les étudiants sont souvent confrontés à des difficultés de réussite, surtout lorsque les conditions optimales ne sont pas réunies. Selon les contextes, des jalons sont posés en vue de faciliter les conditions d'études et de réussite. C'est ainsi qu'à la création des universités en Afrique subsaharienne et particulièrement dans les pays francophones dans le contexte des indépendances, l'accent a principalement été mis sur la formation de cadres appelés à prendre les commandes de l'administration pour le développement des nouveaux États. La formation des cadres étant la mission prioritaire de ces universités dans les années 1960 et 1970, les meilleures conditions d'études étaient souvent réunies pour la réussite des étudiants. Ce fut le cas du Togo aussi, qui s'est doté de sa première et plus grande université publique en 1970.

L'ouverture de l'université à tous au Togo a permis depuis les premières années à un public diversifié d'accéder à l'Université du Bénin (devenue Université de Lomé depuis 2001). Chaque année, l'effectif des étudiants qui arrivaient dans cette université augmentait. Avec plus de 60.000 étudiants en 2020, l'Université de Lomé (UL), est l'université la plus fréquentée du pays (malgré la création de l'Université de Kara et l'existence de plusieurs établissements privés d'enseignement supérieur). Depuis les années 1990, il y a une massification de la population estudiantine surtout dans les facultés, où l'entrée n'est pas sélective. Ces étudiants arrivent de toutes les localités du pays et de toutes les couches socioéconomiques, avec une prédominance au sein des milieux défavorisés. Cela se comprend par le fait qu'il s'agissait de : « (...) offrir des opportunités locales de formation supérieure à tous les citoyens avides de connaissances, méritants et surtout à ceux dont les moyens limités ne permettent pas d'effectuer des études à l'extérieur. » (Agbobli, 2004, p. 168). La préoccupation des gouvernants était donc que les étudiants puissent disposer des conditions nécessaires pour bien évoluer dans leur parcours.

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La possibilité pour les nouveaux bacheliers d'effectuer des études supérieures au pays était offerte à tous et surtout à ceux dont les moyens financiers ne permettaient pas de prendre en charge des études à l'étranger. Il faut rappeler que dans les années qui ont précédé la création de l'Université du Bénin (UB), les togolais étaient contraints de partir à l'étranger (dans la sous-région ou en Europe) pour effectuer leurs études supérieures. Mais l'ouverture de cette université a apporté une solution à ce problème. Si au début il s'agissait de faciliter l'accès à l'enseignement supérieur aux bacheliers qui n'avaient pas les moyens financiers nécessaires pour entreprendre des études à l'étranger, par la suite, ce sont les étudiants qui n'ont pas les moyens de s'inscrire dans une université privée (avec des frais relativement élevés1) que l'Université de Lomé attire en masse. C'est dans ce contexte qu'Efionayi et Piguet, (2014) ont parlé d'« université pour les pauvres », évoquant le contexte ivoirien (qui est similaire à celui du Togo) où il y a plusieurs universités privées vers lesquelles se dirigent certains étudiants en mesure de payer des frais d'inscription élevés (Efionayi & Piguet, 2014).

Dans la mesure où l'accès à l'UL se présente sans grandes difficultés pour le plus grand nombre d'étudiants, le maintien et surtout la prise en charge des études représentent un défi majeur pour ceux qui viennent de familles modestes (parents agriculteurs, artisans, etc.). Dans les années 1970 et 1980, les ambitions de l'Etat et le faible effectif des étudiants ont permis d'offrir les conditions optimums d'études et de vie, ce qui était un grand soulagement pour ceux qui venaient de familles pauvres. Le soutien financier de l'Etat (bourse et allocation d'aide) et les différentes formes d'assistance aux étudiants étaient un secours pour les étudiants aux ressources limitées. L'impact positif que les études universitaires ont produit sur les premiers étudiants a ainsi permis à l'Université de Lomé de donner à de plus en plus de bacheliers l'envie d'y étudier, surtout ceux venant des milieux modestes. Les familles ont également su apprécier les bienfaits d'avoir un enfant étudiant, puisque celui-ci jouissait d'une autonomie financière grâce au soutien de

1 Les frais de scolarité dans les établissements privés varient entre 365 000 F CFA et 1 100 000 F CFA par an ( http://rc.aau.org/files/GAYIBOR2.pdf)

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l'Etat, d'où l'idée répandue (surtout dans les milieux socioéconomiques défavorisés) selon laquelle, un enfant qui devient étudiant n'est plus à la charge de ses parents. A ce propos dans une étude réalisée par la DAAS, le constat suivant est présenté : « Les études universitaires constituent d'une part, des occasions pour les parents de se désengager de leurs obligations financières vis-à-vis de leurs enfants et d'autre part, des moyens pour les étudiants eux-mêmes d'accéder à la manne financière de l'Etat et à diverses prestations sociales. » ( http://rc.aau.org/files/GAYIBOR2.pdf). Le soutien de l'Etat, à l'époque, dans le parcours des étudiants était prépondérant au point où la participation des familles dans la formation de leurs enfants était quasi inexistante. Or cette participation est une nécessité.

L'intérêt de ce soutien est, en réalité, de permettre à l'étudiant de mener ses études dans de bonnes conditions. Il est en effet reconnu que les études universitaires exigent un investissement financier substantiel tant de la part des apprenants (le plus souvent à travers leur famille) que de l'Etat et de l'institution universitaire elle-même. Il a d'ailleurs été relevé que pour maintenir, voire améliorer la qualité de l'enseignement supérieur dans les pays africains, au regard des besoins de plus en plus croissants, il faudra augmenter les coûts unitaires des étudiants dans de nombreux pays (Amadou, 2011). Les conditions dans lesquelles se déroulent les études universitaires sont donc importantes en vue de permettre à l'apprenant de réaliser un bon parcours.

Avec l'insuffisance des ressources financières, de plus en plus les étudiants de l'UL doivent contribuer à la prise en charge de leurs études. La fin de l'Etat providence pour les étudiants (bien que la part des dépenses affectée aux charges sociales des étudiants reste élevée : 45% voire 70% selon Amadou, 2011), donne lieu à une nouvelle réalité qui exige d'eux de contribuer un peu plus financièrement à leurs études. Le rôle des facteurs financiers et matériels dans la poursuite et la réussite des études universitaires se ressent dans ces conditions. Ces facteurs ne sont certes pas les seuls déterminants de la bonne performance des étudiants, mais ils contribuent fortement au bon parcours universitaire de

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l'étudiant. La question des conditions de vie et d'études des étudiants de l'Université de Lomé (à l'instar de ceux de plusieurs autres universités en Afrique subsaharienne) s'est souvent posée, surtout dès l'apparition des crises socioéconomiques et politiques auxquelles le pays a fait face. On se souvient encore des crises répétitives au début des années 2000, qui étaient souvent destinées à la revendication de meilleures conditions de vie et d'études pour les étudiants. Quand bien même ces revendications ciblaient divers besoins des étudiants (restauration, logement, transport, etc.) l'aspect financier en constituait beaucoup plus l'épine dorsale. D'autres difficultés non moins importantes telles que l'insuffisance des salles de cours, l'insuffisance d'enseignants se posent également aux étudiants, mais elles ne sont pas souvent les principales sources de ces revendications.

Les difficultés auxquelles les étudiants font face du fait de la baisse de l'assistance financière qui leur était offerte, notamment dans les années 1970 et 1980, ne manquent pas de compliquer les conditions d'études et surtout les conditions de vie de beaucoup d'étudiants qui viennent de milieux défavorisés. Pour ceux dont la situation est plus précaire, la poursuite des études devient quasi impossible. Quant à ceux qui parviennent à se maintenir, la nécessité d'avoir une autonomie financière et surtout de disposer des ressources pouvant leur permettre de prendre en charge leurs études, conduit bon nombre d'entre eux à cumuler les études et l'exercice d'une activité économique. Dans les années 1970 et 1980 ce phénomène n'avait pas d'ampleur, mais aujourd'hui il concerne de plus en plus d'étudiants. De petits travaux occasionnels à des activités régulières (à temps partiel), on rencontre à l'Université de Lomé davantage d'étudiants qui font le choix de ces activités rémunérées pour subvenir à leurs besoins, tant ceux liés à leur existence que ceux liés à leurs études. Par ailleurs, tout comme leurs ainés des parcours Master et Doctorat, les étudiants du parcours Licence sont également concernés par ce phénomène. La difficulté chez les étudiants du parcours licence est que le passage du secondaire à l'université leur impose de s'adapter à de nouvelles réalités et à des exigences différentes

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de celles auxquelles ils étaient habitués au secondaire. De ce fait le cumul des études et d'une activité économique représente un véritable défi.

Quand bien même aujourd'hui dans les universités africaines le phénomène de l'exercice d'activité économique parallèlement aux études constitue une réalité vécue par une proportion plus importante d'étudiants, le constat est que cette question n'est pas suffisamment prise en compte dans les différentes recherches. Il faut même dire qu'à travers l'Afrique subsaharienne, il n'existe pas beaucoup d'études qui traitent du travail étudiant qui mérite d'être exploré afin d'en révéler toutes ses implications. Cette réalité peut également se comprendre par le fait que dans le contexte africain, le travail étudiant n'est pas assez structuré comme dans les pays occidentaux où des offres d'activités rémunérées existent pour les étudiants. De même que la loi prend en compte le travail rémunéré qui est de ce fait encadré.

Au regard de la situation à laquelle les étudiants qui travaillent (en Afrique de façon générale et spécifiquement au Togo) font face et de la faiblesse de la production scientifique sur le sujet, nous portons un intérêt spécifique aux déterminants de leur réussite, dans le contexte de l'UL où le taux d'échec est souvent élevé (50% de 1971 à 1988 : Gbikpi-Benissan et Quashie, 1989 cités par Agbobli, 2004).

La préoccupation qui fonde la présente recherche tire donc son essence de la réalité que vit une frange des étudiants du grade Licence qui doivent travailler pour se prendre en charge pendant qu'ils étudient. Fondamentalement cette réalité nous a amené à nous interroger sur les déterminants de la réussite de ces étudiants. Dans la situation où ces étudiants se retrouvent, quels sont les éléments de leur environnement social dont ils peuvent tirer profit pour leur réussite ? Dans quelles mesures leur implication dans les études peut favoriser leur réussite ? Dans quelles conditions l'activité économique exercée peut être moins un obstacle à la réussite de ces étudiants ? C'est autour de ces interrogations que cette recherche est menée.

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Dans le but de répondre aux exigences de la recherche, la présente thèse s'articule autour de deux (02) parties subdivisées en chapitres. La première partie aborde la problématique et la méthodologie de la recherche et est répartie en trois (03) chapitres. Dans le premier chapitre nous avons procédé à l'analyse de la situation qui a débouché sur l'énoncé du problème. Le deuxième chapitre est consacré à la revue de la littérature et aux cadres théorique et conceptuel. Dans le troisième chapitre nous avons présenté la méthodologie grâce à laquelle cette recherche a été menée. La seconde partie est également composée de trois (03) chapitres : les chapitres 4 et 5 et 6. Dans les chapitres 4 et 5 nous avons présenté et analysé les résultats de la collecte des données que nous avons réalisée ; enfin le chapitre 6 a été consacré à l'interprétation et à la discussion de ces résultats.

PREMIÈRE PARTIE :

PROBLÉMATIQUE ET

MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

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