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Intérêt et importance des questions environnementales dans la presse francophone : éléments d'analyse à  partir d'une étude de cas des quotidiens montréalais Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréal


par Henri Assogba
Université Senghor d'Alexandrie - DEA Gestion de l'environnement 2005
  

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2.3.1 Une presse quotidienne foisonnante mais éphémère

Malgré le fort taux d'illettrisme au Bénin (seuls 26 % des béninois, hommes et femmes confondus, sont alphabétisés), la presse écrite s'agrandit régulièrement de nouveaux titres. A ce jour, une vingtaine de quotidiens paraissent à Cotonou et se partagent le maigre lectorat. Outre La Nation qui est un organe de service public créé depuis 1969, certains quotidiens privés (Le Matinal, Fraternité, Le Matin, Les Échos du Jour, Le Point au quotidien, Le Républicain, Le Progrès, etc...) ont acquis une notoriété au fil des ans en participant et en alimentant le débat démocratique. Et tout le monde s'accorde à reconnaître que la presse béninoise jouit d'une grande liberté de ton.

Mais à y regarder de plus près, ce dynamisme de la presse écrite béninoise est trompeur, puisque certains de ces journaux ne naissent ou ne ressuscitent qu'à la veille des élections. D'autres voient le jour juste pour bénéficier de l'aide de l'État à la presse32(*). Les tirages sont modestes (environ 1500 exemplaires par quotidien) et les recettes issues de la vente ne représentent qu'environ 30% du chiffre d'affaires des journaux. Les recettes publicitaires sont donc indispensables à la survie des entreprises de presse. Et comme le diagnostique l'étude sur les médias au Bénin 1988-2000 (Carlos et al, 2001), la presse béninoise apparaît comme une presse opportuniste. Elle naît généralement au gré des circonstances, se déploie dans l'improvisation, vit d'expédients et évolue à la petite semaine.

Par ailleurs, l'une des caractéristiques majeures de la presse écrite béninoise est son goût prononcé pour l'actualité politique. D'ailleurs, celle-ci occupe si souvent la vitrine des journaux, qu'elle laisse peu ou pas de place à d'autres sujets comme ceux liés à l'environnement.

2.3.2 Un journalisme environnemental encore embryonnaire

Les premiers articles traitant plus ou moins directement des questions environnementales sont parus dans La Croix, organe de l'Église catholique paraissant depuis la colonisation (1945), La Gazette du Golfe et Tam Tam Express qui furent les précurseurs de la presse privée au Bénin vers la fin des années 80. La démocratie aidant, l'État béninois reconnaît, dans l'article 27 de la constitution du 11 décembre 1990, que : « toute personne a droit à un environnement sain, satisfaisant et durable et a le devoir de le défendre. L'État veille à la protection de l'environnement ». En droite ligne de cette disposition de la loi fondamentale du Bénin, le Ministère de l'environnement, de l'habitat et de l'urbanisme (MEHU) fut créé le 29 juillet 1991. Concept nouveau dans un département nouveau, l'environnement suscite, surtout au lendemain du sommet de Rio, un intérêt croissant chez les journalistes. En décembre 1993, le premier journal spécialisé en environnement est né. Son nom, Afrique Environnement. Mais la mévente totale au niveau des deux premiers numéros (pour un tirage de 2500 exemplaires par parution, à peine 500 journaux sont vendus) a vite émoussé l'ardeur de son directeur de publication, Claude Firmin Gangbé. Et si ce dernier en conclut que « le lectorat béninois n'est pas encore préparé pour consommer un journal spécialisé en environnement », il se console « d'avoir ouvert la voie de l'information spécialisée en environnement au Bénin »33(*).

La situation n'est guère reluisante dans la presse quotidienne d'informations générales. C'est dans ce contexte que le projet PACIPE a été lancé au Bénin avec pour finalité d'accroître l'intérêt des journalistes pour l'environnement et d'aider au renforcement des médias par le développement de leur capacité à traiter de sujets variés en relation avec les questions de l'environnement et du développement durable. Au sein des rédactions des organes partenaires du programme, des rubriques «environnement» à périodicité plus ou moins régulière sont apparues. Des thèmes comme la pollution de l'air à Cotonou, la déforestation, la gestion des déchets ménagers, l'érosion côtière, etc sont devenus récurrents dans la presse quotidienne. Un réseau a même été initié avec l'appui de l'Agence béninoise pour l'environnement. Il s'agit de l'Association des journalistes pour une éducation relative à l'environnement (AERE). Le magazine Notre Maison créé par cette association n'est paru que deux fois dans les kiosques. Puis, sans que le «décès» de cette association ne soit prononcé, elle a cessé de vivre.

A la fin du projet PACIPE, l'engouement de la presse pour les questions liées à l'environnement s'est vite estompé et il a fallu que le ministère de l'environnement, à travers sa cellule de communication, signe des contrats de partenariat avec la direction de ces publications ou crée, dès 2002, le prix du meilleur article de presse sur l'environnement pour avoir une relative lisibilité de l'environnement dans ces médias. Ces différentes formes de partenariats qui ont cours jusqu'à présent relèvent plus d'une pratique de communication environnementale que du journalisme environnemental. En effet, c`est l'information institutionnelle qui domine avec une pléthore de comptes rendu des séminaires et ateliers ou des descentes du ministre de l'environnement sur le terrain. Toutefois, il y a des structures comme l'Institut PANOS basé à Dakar (Sénégal) ou Proximités Sarl, une agence de presse privée installée au Bénin, qui réalisent des grands reportages et enquêtes dans le cadre du projet SYFIA (Système francophone d'information agricole). Même si l'angle de traitement clairement affiché est plus agricole, économique et social, certains des articles produits portent plus spécifiquement sur des préoccupations environnementales comme l'enquête sur la lutte contre la pollution publiée en décembre 2003.

Au total, on retiendra qu'en dépit des efforts épars et parfois isolés de certains journalistes, le journalisme environnemental en est encore à l'étape embryonnaire au Bénin. Et si nous ajoutons à ce constat, les résultats peu flatteurs (montrant «une faible couverture») analysés plus haut et concernant l'étude de cas réalisée sur la pratique du journalisme environnemental à Montréal au Québec, une question principale se pose : l'environnement est-il un sujet difficile à traiter dans la presse quotidienne ? Une question à laquelle nous tenterons de répondre dans la deuxième partie de ce mémoire.

* 32 Depuis 1997, l'État béninois alloue à la presse privée une enveloppe annuelle de 300 millions de F CFA au titre de l'aide publique.

* 33 Extraits des actes de l'atelier national sur la communication environnementale, Cotonou, 04 au 06 juillet 1995, MEHU, GTZ

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein