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L'analyse de l'Etat et de l'Etat démocratique dans la Philosophie politique d'Eric Weil


par Davy Dossou
Faculté de philosophie saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 2006
  

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DEUXIEME PARTIE : DE l'ETAT DEMOCRATIQUE

Chapitre 1 : La démocratie : l'approche weilienne de l'Etat constitutionnel ou démocratique

Introduction

La démocratie est une notion diversement perçue par les hommes. L'expression « démocratie » à mon avis, fait partie des réalités dont parle saint Augustin lorsqu'il écrit :  « quand on ne vous a jamais demandé d'en parler, vous croyez tout savoir ; mais quand on vous demande de le faire, vous vous rendez compte que vous n'en connaissez pas grand-chose » .

Ce constat justifie combien la démocratie est à la fois banale, parce que tout le monde en parle, mais délicate, parce qu'elle est complexe dans son contenu, et très précise en vertu de son application diversement réalisée dans la réalité politique.

Il faut dire que la démocratie est un idéal ; un idéal selon lequel tous les individus sont appelés à trouver leur compte, quant au respect et à la satisfaction de leurs besoins vitaux. Il s'agit bien entendu d'un idéal politique où l'individu verra ses droits primordiaux respectés. Dès lors, la force, la dictature cèderont la place au droit. Le peuple déjà meurtri sous des autorités dictatoriales décide de prendre en mains ses destinées. La démocratie se révèle un mot passe-partout de nos jours. Chaque pays, chaque peuple désire être appelé démocratique non seulement à cause de la simple expression mais à cause du fait qu'elle est, de tous les systèmes politiques, le moins mauvais.

Si nous admettons que l'expression « démocratie » est une notion à la fois banale et délicate, la question que nous pouvons nous poser est de savoir ce qu'elle signifie d'une part et, et de dégager d'autre part les raisons qui expliquent à la fois son emploi et son choix, comme système politique idéal, par bon nombre d'Etats. Bien qu'elle soit une notion qui va au-delà de ce que croit le commun des mortels, c'est-à-dire qu'elle soit complexe, ce chapitre a pour but de montrer ce que nous entendons par démocratie et comment elle se définit dans la perspective d'Eric Weil .

I - La démocratie

I.1- Approche étymologique de la notion

Le terme démocratie est apparu dans la langue grecque au Vè siècle avant Jésus-Christ pour désigner une forme particulière d'organisation de la Cité. Etymologiquement, le terme « démocratie » est dérivé de deux mots grecs « äåìïò » qui veut dire peuple et « êñáôïò » qui signifie pouvoir. De ce fait, la démocratie est le gouvernement du peuple pour le peuple. Plus concrètement, la démocratie est le régime politique où le peuple exerce lui-même sa souveraineté. En d'autres termes, elle est le régime politique dans lequel tous les citoyens possèdent à l'égard du pouvoir un droit de participation (vote) et un droit de contestation (liberté d'opposition). Dès lors, il importe de distinguer la démocratie directe où le peuple exerce sa souveraineté lui-même sans l'intermédiaire d'un organe représentatif et la démocratie représentative où le peuple est représenté par des mandataires élus.

L'usage et la signification du mot « démocratie » ont connu depuis le XIXè siècle une extension considérable, qui se mesure au fait que la quasi-totalité des Etats actuels se proclament démocratiques. Mais cette extension s'accompagne d'un changement de statut : la démocratie ne désigne plus un régime parmi d'autres, mais semble être l'horizon de tout ordre politique légitime. L'accession de la démocratie au statut d'idéalité normative se traduit par le fait que cette notion recouvre désormais, plus que les institutions définies, un ensemble de valeurs : les droits de l'homme. La notion tend par là ( la variété de ses usages en témoigne) à n'être plus d'ordre strictement politique, alors qu'elle-même est devenue la référence commune, et peut-être équivoque, des projets politiques les plus divers.

Si la démocratie désigne étymologiquement le « règne du peuple », elle l'est au double sens que semble avoir comporté très tôt le terme « äåìïò » qui implique non seulement la communauté politique tout entière, mais également le petit peuple. Nous pourrions dire que la démocratie fut la réponse à une crise de l'ordre traditionnel, aristocratique et tribal. C'est ce que stipule d'ailleurs Aristote par cette fameuse phrase : « A Athènes, cité qui grandit en même temps que la démocratie20(*) ». Désormais, le pouvoir est exercé par l'Assemblée du peuple dont le conseil n'est qu'une large commission permanente, au sein de laquelle sont les magistrats. La participation des citoyens aux institutions, assemblée, tribunaux, magistrature, est massive et active. Pour la première fois dans l'histoire, l'identité personnelle et collective se constitue dans l'espace public, et ne dépend plus essentiellement des réalités familiales ou tribales. La naissance de la démocratie est celle d'un nouveau mode du vivre ensemble ; elle accompagne l'invention de la politique. Elle révèle l'essence de la polis et il n'est pas fortuit que ce qu'Aristote nomme politeia, c'est-à-dire « gouvernement constitutionnel » mais aussi « constitution » tout court, ne soit rien d'autre qu'une démocratie de bonne qualité. Selon cette analyse, la démocratie est l'Etat politique dans lequel s'exerce la souveraineté des citoyens, sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité. Au total, la démocratie est à la fois l'idéal du gouvernement du peuple par le peuple et les institutions de fait ou de droit qui s'en réclament.

La description des formes contemporaines de la démocratie montre qu'elles présentent toutes au moins deux caractéristiques communes : la première, c'est qu'elles constituent des régimes représentatifs, la seconde, c'est leur idéologie héritée du XVIIIè siècle. L'idée démocratique est souvent assimilée à l'idée égalitaire. Celle-ci renvoie immédiatement à l'idée d'évolution, puis de progrès : sous peine de mort, la démocratie doit affirmer que si l'égalité n'existe pas dès à présent, elle est au moins à venir, en dépit des apparences. Les piliers d'une démocratie sont la souveraineté du peuple, la reconnaissance et le respect des droits des minorités, la garantie des droits fondamentaux de la personne humaine.

Si la démocratie s'entend comme la description que nous venons de faire ci-dessus, il importe de savoir ce qu'elle est pour Eric Weil.

* 20 Aristote, La politique, livre VI, 4, 14, Paris, J. Vrin, 1995, pp.438-439

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand