WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'analyse de l'Etat et de l'Etat démocratique dans la Philosophie politique d'Eric Weil


par Davy Dossou
Faculté de philosophie saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.2 - La démocratie selon Eric Weil

Eric Weil n'utilise pas le terme démocratie et cela pour des raisons que lui-même évoque en ces termes :

il ne suffit pas de promulguer une constitution raisonnable pour que la communauté vive par la raison. Il ne suffit pas non plus, de parler de démocratie pour que les citoyens soient capables ou seulement désireux de prendre part aux décisions qui règlent le sort de la communauté 21(*)

Ce constat traduit selon lui, la difficulté qu'il y'a à définir le terme démocratie. En d'autres termes, ainsi que le souligne Eric Weil, la démocratie n'est pas un mot passe-partout ;  il est d'un emploi tellement difficile qu'il vaudrait presque mieux renoncer à son emploi. Pris dans son sens étymologique, il ne recouvre aucune réalité : le peuple opposé aux institutions sociales et politiques qui lui donnent une structure et la possibilité de réfléchir et d'agir, n'existe pas en tant qu'unité et, à plus forte raison, ne décide de rien. Les décisions, la réflexion, l'action sont l'affaire des institutions - et c'est à ces institutions que le terme de démocratie, dans l'acception indiquée et qui n'est pas celle des philologues, oppose le peuple. C'est le gouvernement qui réfléchit et agit, et il peut le faire avec l'aide et le concours d'une représentation du peuple, non pas du peuple22(*) . Si nous nous limitons à la dernière phrase, nous sommes en droit de dire avec Eric Weil que la démocratie est un système politique où le gouvernement réfléchit et agit avec l'aide et le concours d'une représentation du peuple et non le peuple tout entier. D'un point de vue formel, la réticence d'Eric Weil à employer le terme « démocratie » réside dans le fait que la démocratie est un régime politique dans lequel le peuple exerce lui-même sa souveraineté. En fait, dire que le peuple exerce lui-même sa souveraineté ne signifie pas que c'est tout le peuple qui prend part aux décisions devant régir son sort ou celui de la communauté entière. Loin de là ! Dans le fond, c'est une partie du peuple qui prend part aux décisions et cette partie est celle à laquelle le peuple a lui-même confié la tâche ou la mission de le représenter. Il s'agit bien entendu du parlement, organe ou institution qui représente et incarne les désirs et les volontés de ce peuple en vue de ses intérêts généraux et particuliers. Mais Eric Weil poursuit sa réflexion :

 si en revanche, on nomme démocratique tout gouvernement qui jouit de l'adhésion des citoyens, les différences de forme n'entrent plus en ligne de compte, et le gouvernement le plus autocratique peut être plus démocratique que tel régime constitutionnel 23(*).

Cette réflexion est pertinente en ce sens qu'elle relève l'idée sournoise, voire erronée, qu'on tend à se faire de la démocratie. La démocratie en elle-même comme idéal n'est pas corrompue, mais c'est l'usage qu'on en fait qui fait dévier de cet idéal. La démocratie ne signifie pas le fait d'avoir un gouvernement qui jouit de l'adhésion de ses citoyens. Elle est plus que cela. Elle inclut non seulement un gouvernement qui reconnaît et respecte la constitution comme loi fondamentale, mais également elle implique le respect et l'application de la légalité constitutionnelle. Il ne suffit pas pour un gouvernement d'abuser de la naïveté du peuple pour se proclamer démocratique. C'est contre ces manies que Weil se montre un peu réticent quant à l'emploi du terme démocratie.

Cependant, force est de constater que la description et l'analyse que Weil fait de l'Etat constitutionnel sont celles que nous reconnaissons de nos jours à certains de nos Etats qui se disent démocratiques. En fait, nous notons que Eric Weil évite ce mot dans sa Philosophie politique, parce qu'il s'efforce d'utiliser un vocabulaire aussi peu chargé que possible de connotations affectives et d'évaluations subjectives. La démocratie correspond donc à ce qu'Eric Weil analyse sous le concept d'Etat constitutionnel. Ce qui fait du gouvernement constitutionnel un gouvernement démocratique, c'est le fait que chaque citoyen soit considéré comme gouvernant en puissance et non seulement comme gouverné. Ce statut de gouvernant en puissance est un statut juridique : il correspond au fait que tout citoyen en possession de ses droits civiques peut prétendre exercer une fonction politique (notamment en sollicitant un mandat électif). La démocratie ne se définit donc pas seulement par le suffrage universel, mais aussi par l'éligibilité de tous les citoyens à des conditions définies par la loi.

Correspond à ce statut de gouvernant en puissance la participation de tous à la discussion publique sur les problèmes de la communauté. Tout régime, tout mode de gouvernement suppose la discussion. L'Etat constitutionnel, qui correspond plus particulièrement sous cet aspect à ce que nous entendons par démocratie, se définit ainsi par la discussion ouverte (publique) et universelle (qui concerne la totalité des citoyens).

* 21 Eric Weil, idem, p.173

* 22 Idem,  pp.172-173

* 23 Ibidem

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery