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La grande pauvreté dans l'agglomération bordelaise en 2006: Etat des lieux


par Maia MICHEL
Université Bordeaux 2 - Master 2 Professionnel Chargé d'études sociologiques 2006
  

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2. Cumul des handicaps sociaux :

La configuration spatiale de la pauvreté découle de la valeur des logements. Celle-ci n'est pas liée seulement au marché de l'emploi, mais aussi à la qualité du site (naturelle, historique...) et des équipements publics disponibles (écoles, complexes sportifs, modes d'accueil des jeunes enfants...). Or il existe d'importantes disparités entre les territoires. Dans l'espace urbain les «quartiers riches» sont aussi ceux qui sont les mieux pourvus en équipements de proximité. Par contre les communes industrielles, de population ouvrière, sont beaucoup moins pourvues que les «quartiers pauvres urbains» en services publics tels que les centres socioculturels, les équipements sportifs, les bibliothèques, les transports en commun etc. Autre handicap : les zones de pauvreté sont des zones globalement caractérisées par la faiblesse des réseaux sociaux. Par exemple leurs habitants ont des difficultés à compter sur leurs familles, amis, voisins ou relations pour accéder à un emploi. L'effet du lieu de vie sur le taux de chômage peut être ainsi lié à la composition sociale du voisinage, notamment à la part des cadres dans la population.

Enfin, les mobilités ont également un effet cumulatif sur les situations territoriales de pauvreté. La mobilité résidentielle est plus élevée dans les zones de pauvreté, tandis que le solde migratoire y est fortement déficitaire. Il en résulte que les départs ne sont que partiellement compensés par les nouvelles arrivées, souvent déterminées par les problématiques de logement (entrée en parc locatif social). Les arrivants sont plus défavorisés que les sortants et ce fait accentue le poids des personnes en difficulté dans ces zones. Certains auteurs comme J. Donzelot peuvent y voir une logique de «disqualification sociale» des quartiers les plus pauvres :

« Ce n'est plus la société qui se trouve envahie par les pauvres, mais bien plutôt elle qui prend ses distances physiques par rapport à eux, elle qui redoute toute confusion avec eux ». 49(*)

Le Comité de pilotage et l'agence bordelaise d'urbanisme A'Urba, chargée de l'évaluation de la politique de la ville dans l'agglomération, parvient à des conclusions similaires :

« La situation socio-économique des quartiers est très défavorable, y compris pour des quartiers ayant bénéficié depuis de nombreuses années d'actions politique de la ville. Ces actions ont contribué à une nette amélioration de la situation personnelle des habitants. Ceux-ci profitent fréquemment de la liberté que leur donne l'amélioration de leur situation pour déménager hors du quartier. Ils ont été souvent remplacés par de nouveaux résidents dans une situation difficile, ce qui contribue à la relative stabilité des indicateurs malgré les actions engagées. »50(*)

Dans l'agglomération bordelaise, les territoires de pauvreté se trouvent soit « à la périphérie d'ensembles morphologiques constituant le centre de l'agglomération », soit dans des emprises proches de celles où devait passer la rocade, qui constituaient des opportunités foncières au moment de la construction de ces quartiers. Or ces localisations sont devenues favorables par rapport à la forme urbaine globale. La périphérie des quartiers centraux est devenue attractive et les zones périphériques le long de la rocade ont été englobées par les extensions urbaines récentes. La plupart de ces quartiers ont donc acquis un avantage. La conséquence risque d'être la délocalisation des ménages ayant le moins de ressources vers des zones moins favorables, situées plus en périphérie.

En France les sites de pauvreté sont finalement caractérisés à la fois par leur localisation typique, au centre des aires urbaines, et le cumul des handicaps sociaux de leurs habitants. Plusieurs dynamiques se combinent et tendent à renforcer la position dévalorisée de ces secteurs. Ces conclusions s'appliquent bien à l'agglomération bordelaise, comme le prouvent les résultats des études statistiques menées sur ce territoire.

* 49 DONZELOT J. (éd.), 2003, Faire société : la politique de la ville aux Etats-Unis et en France, Seuil.

* 50 Comité de pilotage du contrat de ville de l'agglomération bordelaise et A'URBA Agence d'Urbanisme de Bordeaux Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de la politique de la ville de l'agglomération bordelaise, Offset Services Bordeaux.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry