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La grande pauvreté dans l'agglomération bordelaise en 2006: Etat des lieux


par Maia MICHEL
Université Bordeaux 2 - Master 2 Professionnel Chargé d'études sociologiques 2006
  

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Conclusion

« Nos sociétés riches et sophistiquées sont brutalement renvoyées à leur échec le plus cruel : la pauvreté, l'exclusion, la détresse matérielle dans laquelle se trouvent des hommes et des femmes qui campent dans le voisinage des temples de la consommation et que rien souvent ne prédestine à un pareil sort. C'est alors seulement que la misère sort vraiment des tableaux statistiques pour se poser dans la rue, sous nos fenêtres et sous nos regards honteux. » Franck DE BONDT

Cette démarche d'état des lieux de la grande pauvreté dans l'agglomération bordelaise a finalement été menée du début du mois de février à la fin du mois de juin 2006, les principales conclusions rédigées jusqu'en septembre, et le rapport final rendu début octobre, conformément aux délais impartis. Elle s'est déroulée en collaboration entre les différents volontaires d'une part, avec la contribution de membres du Mouvement ATD Quart Monde et de responsables institutionnels d'autre part.

D'un point de vue méthodologique, on peut évoquer les problèmes rencontrés pour mener à bien l'ensemble de l'étude. Le premier écueil était le peu de retour face à nos demandes d'entretiens ou d'accès à des données statistiques. Il faut souligner le manque d'indicateurs de pauvreté disponibles au niveau local (infra-départemental) pour ce genre de travail. Ensuite s'est posée la difficulté d'allier les préconisations du Mouvement en matière d'enquête sociale avec les conditions réelles de cette étude. En effet pour réaliser un véritable croisement des savoirs il aurait fallu obtenir la participation d'un plus grand nombre de personnes, notamment des alliés. La rencontre d'autres associations oeuvrant sur le territoire aurait également permis d'enrichir notre connaissance du contexte bordelais. Toutefois, cette recherche menée sur un court délai représente une introduction utile pour une future enquête de terrain beaucoup plus conséquente et approfondie.

Compte-tenu de ces limites, nous sommes parvenus à faire une présentation de la situation sociale contrastée des communes de l'agglomération, sur la base d'un traitement secondaire de données. Il ressort de l'analyse que l'agglomération bordelaise présente une grande disparité interne, que ce soit par rapport à des indicateurs de pauvreté monétaire, d'existence ou administrative. On peut conclure que la pauvreté est avant tout urbaine, bien que localisée dans différentes communes de l'agglomération, et qu'elle progresse de manière concentrique par rapport à Bordeaux. Certains secteurs répartis de part et d'autre de la Garonne concentrent un maximum de difficultés sociales, en priorité des quartiers de Bordeaux, des Hauts de Garonne, et des communes de la première périphérie de Bordeaux situées à l'Ouest, en bordure de rocade. Le cumul des handicaps sociaux tend à un renforcement de la disqualification sociale de ces zones, qui font pourtant l'objet de nombreuses politiques de rénovation urbaine ou de développement local.

Nous avons ensuite réalisé une approche de la mise en oeuvre de l'action sociale territoriale dans les secteurs étudiés. Le constat qui s'impose à l'issue de cette recherche est la multiplication des réponses institutionnelles ou associatives aux situations de pauvreté ou d'exclusion sociale. Ce fait soulève plusieurs questions. Tout d'abord celle de l'accessibilité de ces dispositifs aux personnes les plus démunies, ne serait-ce que du fait de leur grand nombre et de leur complexité.94(*) Ensuite celle du degré de coopération entre les divers acteurs du domaine social. Des initiatives se développent pour favoriser leur meilleure coordination, cependant le sentiment global demeure celui d'un certain éclatement des acteurs, des pratiques et des connaissances, pouvant nuire à l'efficacité des mesures mises en place. Par la suite il serait intéressant de poursuivre une analyse comparative des points de vue des différents individus concernés par la lutte contre la pauvreté, qu'ils soient bénéficiaires ou accompagnants, afin de mieux cerner la façon dont ils évoquent leur vécu, leurs représentations, leurs attentes respectives, les contraintes qu'ils subissent par rapport à la relation d'aide. Ceci pourrait permettre de cerner d'éventuels décalages, voire de favoriser un certain rapprochement entre les personnes par une meilleure connaissance réciproque.

En guise de conclusion générale pour ce travail, on peut évoquer le bilan de l'état des lieux dressé en commun avec l'équipe des volontaires :

« Les partenaires institutionnels (CCAS de Lormont, PLAje, Mission Locale, MOUS de Pessac) nous ont apporté un regard plus global sur les situations d'exclusion. Les administrateurs sociaux ont conscience de la multiplication des stratégies publiques ainsi que de leur charge notable. Même si de nombreux programmes sont mis en place pour aider les résidents, le contact humain reste un souci. L'un de ces interlocuteurs nous rappelle :

« On n'a pas les outils pour aller à la rencontre des plus exclus. Ils restent chez eux, ils n'ont pas l'info. Et même s'ils font la démarche, ils arrivent à l'accueil, dans un groupe où c'est dur de parler et en général ils repartent ».

Cela a été un moyen d'approfondir une démarche constructive et relationnelle envers ces associés qui participent à une meilleure résorption de l'échec d'insertion sociale d'une certaine catégorie de citoyens. Mais aussi d'être aiguillé vers d'autres acteurs ou organismes : Centre d'Accueil, d'Information et d'Orientation (CAIO), Groupement de Recherche et d'Intervention sur les Conduites Addictives (GRICA), coordination des correspondants de quartier ; Développement Social Urbain (DSU), Maisons Départementales de la Solidarité et de l'Insertion (MDSI).

Les associations de terrain ont permis de comparer l'écart entre ce qui se vit directement au quotidien et les statistiques. Leur perception des situations n'est pas négligeable car c'est un point de vue conforme à la réalité et utile pour l'investissement futur de proximité avec les plus pauvres. Les différentes actions hebdomadaires menées par le Mouvement à Bordeaux (Bibliothèque de Rue, Tapori, Groupe de Dialogue Citoyen, accompagnements et suivi de familles...) vont dans ce sens : cheminer avec ces collaborateurs proches des gens pour s'enquérir des situations dramatiques afin de mieux les combattre.

Cette étude a permis d'accroître notre vision des lieux de la pauvreté sur l'agglomération, d'établir des ponts avec les acteurs locaux et de ressentir ce qui se vit sur Bordeaux et sa communauté urbaine. L'éclatement géographique global des personnes en état de grande pauvreté nous laisse à penser que ce combat contre la misère doit s'accomplir conjointement avec l'ensemble de la population. »

* 94 Il suffit de penser à la prolifération des sigles et des formules qui rendent le système relativement opaque pour les non-initiés ou encore au cadre juridique et aux conditions très strictes de l'aide sociale...

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard