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Le vocabulaire des discours d'investiture au Québec et en France (1995-2006)

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par Jean-Marie GIRIER
Institut de la communication - Université Lyon 2 - Master 1 en Sciences de l'Infomation et de la Communication 2006
  

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La négativité

Sur ce dernier point, il s'agit une fois de plus de faire émerger des similitudes entre les différents discours. Le discours d'ouverture présente-t-il des aspects relevant de la critique ou de la polémique ? Le graphique n°6 montre que les discours en France comme au Québec ont des caractéristiques identiques quand à la négativité. Nous avons retenu les vocables pas, n' et ne comme révélateurs de cette situation.

Comme dans notre sous-partie précédente, les seconds discours d'un même Premier ministre présentent tous la même baisse. Il apparaît en effet logique que les locuteurs ne vont pas effectuer un bilan négatif de leur action mais au contraire user du discours pour renforcer un sentiment de réussite et assurer du respect de leurs engagements. La courbe rouge de l'article pas est très représentative de cette tendance.

Les résultats concernant les discours de Jospin et De Villepin dévient de la norme avec une négativité un peu plus élevée. Nous attribuons cela à la situation de cohabitation pour Lionel Jospin et au besoin de rupture que Dominique de Villepin a voulu apporter à la suite de Jean-Pierre Raffarin.

Graphique n°6 : Fréquences relatives des adverbes de négation pas, n' et ne

Cependant, ces écarts semblent minimes s'ils sont comparés à d'autres corpus politiques. Il est indéniable que le poids de l'institution contraint ces discours à être peu critiques car davantage préoccupés d'obtenir la confiance de tous. L'attitude d'un chef de gouvernement le conduit à ne pas polémiquer au contraire des autres discours dans le Parlement. En effet, notre corpus ne peut en aucun cas être généralisé au discours d'assemblée, ni même au discours gouvernemental comme l'ont fait Labbé et Monière. La déclaration est l'antithèse des propos que pourrons tenir les partis d'opposition110(*). Ainsi, il semble évident dans le graphique ci-dessous que les répliques des chefs de l'opposition officielle sont toutes tournées vers une négativité de mise pour un tel exercice.

Le discours de réplique des chefs de l'opposition officielle au Québec est l'excellent exemple d'un exercice destiné à critiquer et remettre en cause les propos tenus la veille lors du discours d'investiture. Les conditions d'énonciation sont identiques, l'auditoire est le même, mais la visée est bien différente. De la sorte se développe un discours polémique avant tout.

Graphique n°7 : Fréquences absolues cumulées des articles pas et ne

Nous pouvons un instant examiner ce discours sur le discours, car le Premier ministre au Québec va devoir anticiper sur cette réplique tant attendue par les médias. Par exemple, chez Jean Charest, on trouve un emploi important de guillemets car le libéral reprend les propos péquistes pour mieux les renverser. Aussi le verbe citer apparaît parmi les spécificités positives du PLQ dans notre ensemble des répliques de 1999 et 2001, et le segment et je cite est parmi les plus répétés. De même, l'utilisation de la question rhétorique permet de mettre l'accent sur une affirmation. Le recours important à cette figure de style (32 et 29 fois) ainsi qu'à la citation amènera à des phrases caractéristiques telles : « le premier ministre nous dit que, et je cite, « créer de l'emploi, c'est notre priorité » » ; ou encore cet enchaînement d'interrogations très révélateur :

« Et qu'avons nous en retour pour notre argent ? Parce que c'est ça, la question que ces gens là doivent se poser. Quand on paie plus, on doit se demander : on reçoit quoi en retour? Il se peut très bien, monsieur le Président, qu'on fasse un choix de société, un choix collectif de payer davantage, et, en retour, on se dit : on s'offre plus de services, le système de soins de santé est meilleur, extraordinaire, différent de celui des juridictions qui nous entourent. Ce n'est pas évident111(*) ».

Dans ce chapitre, nous avons montré que la fréquence des vocables permet de mettre en relief un certain nombre d'éléments caractéristiques des discours québécois et français. Il est saisissant d'observer combien ils sont proches sur de nombreux points. De la contrainte institutionnelle au style, il a été mis de l'avant le recours à des mots-outils communs et à des mots-thèmes peu éloignés. De plus, nous avons souligné que l'énonciation relève davantage du genre écrit que de l'oral. Nous allons désormais examiner les aspects nationaux grâce auxquels les discours se distinguent.

* 110 Régine Robin, Histoire et linguistique, Paris, Armand Colin, 1973, page 26.

* 111 Extrait de la réplique de Jean Charest en 1999.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon