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Discriminations et conflits, Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba

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par Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu
Université de Kinshasa - D.E.A en sociologie 2004
  

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4.3.2. Jeu : labelage ou étiquetage.

L'assignation d'un individu à un rang social se fait par un jeu de labelage. Celui-ci consiste en la qualification (par des épithètes) d'un individu induisant, par ce fait même, la définition de sa position dans le champ social. Le labelage apparaît ainsi comme « le jugement d'attribution pratique par lequel on assigne quelqu'un à un rang ou un status en s'adressant à lui d'une certaine manière et en s'assignant du même coup à un status. « Ces jugements d'attribution sont, en fait, des actes d'accusation, des catégorèmes au sens originel, et qui, comme l'injure, ne veulent connaître qu'une seule des propriétés constitutives de l'identité sociale d'un individu ou d'un groupe... »101(*) Sa finalité est l'octroi ou le déni d'un prestige social.

Il existe deux types de labelage. Le premier vise à situer directement une personne dans une catégorie sociale donnée, quelle soit supérieure ou inférieure ; le second à rappeler à l'ordre les usurpateurs des symboles des rangs auxquelles ils n'appartiennent pas encore.

Dans le premier type nous retrouvons des syntagmes tels que Boss, Muana Lunda, Mopao pour désigner des « gens fortunés », qui ont la facilité de manipuler l'argent. A leur côté, on rencontre les prezo ou présidents, les mikilistes, les grands prêtres. Il s'agit de ceux qui, du fait de leur profession, de leur séjour en « Occident » ou de leur savoir faire dans n'importe quel domaine jouissent d'un train de vie moyen. Ils ne vivent pas dans l'opulence comme les premiers, mais disposent du minimum vital. C'est ce groupe, selon la perception des enquêtés, qui coiffe la hiérarchie sociale.

Le deuxième groupe, dans la vision dichotomique de la structure sociale qui domine la perception du champ social des enquêtés, est celui des démunis que l'on étiquette de plusieurs manières : Muyaka, mobola, ya ngwen, muvila, mbokatier, mohuta, etc. ce sont des stéréotypes.

A propos du deuxième type, retenons les labels tels que « Muyaka azui le 15 » et « mozui ou Bomengo ya 17 heures ». Ces labels s'appliquent à des nantis de fraîche date auxquels est dénié toute culture de « haute classe ». Muyaka azui le 15 fait référence à un comportement du type ouvrier dans les vieux temps qui consistait pour un ouvrier, quelqu'un de moindre valeur sociale, qui touchait sa quinzaine à le manifestait et montrer qu'il était aussi capable, en engageant des folles dépenses. Ainsi considère-t-on les parvenus des gens qui n'ont aucune trajectoire sociale remarquable, mais qui par un concours de circonstances parviennent à se faire l'argent et adoptent un comportement ostentatoire. Bomengo ya 17 heures lui renvoie aux personnes qui pendant une bonne partie de leur vie ont broyé la misère et sur qui la lueur du bonheur n'est apparue qu'à l'âge trop avancé.

C'est à travers ce labelage que les rangs sociaux sont attribués aux individus en fonction des ressources dont ils sont détenteurs.

* 101 Idem, pp.150, 154.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille