WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de glazoue

( Télécharger le fichier original )
par Gabriel LAWIN
Université d'Abomey-Calavi - diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et Communication 2006
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (BENIN)

FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

DEPARTEMENT D'ECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE
COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL

ANALYSE DES DETERMINANTS DE L'ADOPTION ET DE
LA DIFFUSIN DU DISPOSITIF AMELIORE D'ETUVAGE DU
RIZ DANS LA COMMUNE DE GLAZOUE
(Département des Collines)

THESE

Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome
Option
: Economie, Socio- Anthropologie et Communication

Présentée et soutenue par

LAWIN Kotchikpa Gabriel

Le 12, Décembre 2006

Superviseur : Simplice Davo VODOUHE (PhD)

Co- Superviseurs : Paul Van MELE (PhD)

Florent Kowouan OKRY (MSc)

Composition du Jury

Président: Rigobert TOSSOU (PhD)

Rapporteur : Simplice VODOUHE (PhD) Examinateur : Joseph DOSSOU (PhD) Examinateur: Owuraku DAWSON-SAKYI (PhD)

FACULTY OF AGRONOMICS SCIENCES

DEPARTMENT OF ECONOMY, SOCIO-ANTHROPOLOGY AND COMMUNICATION
FOR RURAL DEVELOPMENT

ANALYSIS OF THE DETERMINANTS OF ADOPTION AND
DIFFUSION OF IMPROVED RICE PARBOILING
EQUIPMENT IN GLAZOUE (Collines department)

THESIS

Submitted in partial fulfillment of the requirement of the degree of "Ingénieur Agronome"

Option: Rural Economy, Socio-Anthropology and Communication

By

LAWIN Kotchikpa Gabriel

Presented on December 12th, 2006

Supervisor: Simplice Davo VODOUHE (PhD)

Co-Supervisor: Paul Van MELE (PhD)

Florent Kowouan OKRY (MSc)

JUGDES

President: Rigobert TOSSOU (PhD)

Rapporter : Simplice VODOUHE (PhD)

Examinator : Joseph DOSSOU (PhD)

Examinator: Owuraku DAWSON-SAKYI (PhD)

CERTIFICATION

Je certifie que ce travail a été réalisé par LAWIN Kotchikpa Gabriel au Département d'Economie, de Socio-Anthropologie et de Communication pour le développement rural (DESAC) de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), sous ma supervision.

Superviseur

Dr. Ir. Simplice Davo VODOUHE
Agro-économiste
Maître assistant en vulgarisation agricole

DEDICACE

Je dédie ce travail à

- Ogoudédji Salomon LAWIN, bien aimé père, je te remercie du fond de mon coeur pour toute l'affection dont tu as entouré tes enfants et pour tous les efforts que tu n'as cessé de déployer pour nous rendre heureux.

- Itounou Rosalie AGODO, toi ma très chère mère, je n'ai pas oublié tous les sacrifices que tu as faits pour moi. Cette oeuvre en est un témoignage, je te la donne en signe de gratitude pour toutes les peines que je t'ai imposées.

- Mes frères et soeurs (Emmanuel, Christine, Victor, Fidèle, Gisèle et Albert), ce travail est le fruit de votre soutien.

- Ma Chère collègue, feue Félicité AZATASSOU, tu nous as quitté trop tôt, mais ton souvenir restera gravé à jamais dans notre mémoire. Nous (étudiant de la 30ème promotion de la FSA/UAC) te rendons un grand hommage.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail n'a été possible que grâce à la participation de certaines personnes physiques et morales que nous tenons à remercier. Ainsi, nos remerciements s 'adres sent particulièrement:

- Au Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) pour le financement de cette étude.

- A notre superviseur, Dr. Davo Simplice VODOUHE. Votre détermination au travail et

votre sens paternel nous ont marqué tout au long de ce travail. Ils resteront longtemps

gravés dans notre mémoire. Nous vous remercions aussi pour votre temps précieux

que vous avez accordé à ce travail à travers vos multiples visites de terrain et vos

orientations au cours de la rédaction de cette thèse.

- A nos co-superviseurs, Dr. Paul Van MELE, responsable de l'unité "transfert de technologie" au Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) et son assistant Florent Kowouan OKRY pour votre contribution au choix du présent thème. Nous vous remercions sincèrement pour votre encadrement rigoureux lors de la collecte et de l'analyse des données.

- A Monsieur HOUSSOU Paul pour son encadrement et ses conseils précieux. Nous vous exprimons nos profondes gratitudes.

- Au Docteur Joseph FANOU pour son encadrement et ses conseils précieux.

- Aux Ingénieurs GLIN Laurent, KOUEVI Augustin et VODOUHE Fifanou pour leur précieux apport scientifique et moral.

- Aux familles ESSE et ABISSI respectivement à Magoumi et Kpakpaza, nous vous remercions pour tout.

- A Monsieur TOHINDE Parfait à Ouèdèmè pour son hospitalité.

- A toutes les femmes transformatrices du riz à Magoumi, Kpakpaza et Ouèdèmè pour leur franche collaboration.

- A Mr HODONOU Arsène, Mlle BAHINI Inès et Mlle KOTCHIKPA Chantal pour tout le soutien que vous m'avez apporté au cours de la saisie de la présente thèse. - A tous les enseignants et tout le personnel de la FSA/UAC

- A tous les camarades de promotion pour les moments merveilleux que nous avons passés ensemble.

RESUME

L'étuvage du riz paddy est une opération qui entraîne des modifications physicochimiques et organoleptiques avantageuses du point de vue nutritionnel et économique. Malheureusement, au Bénin la méthode traditionnelle d'étuvage ne permet pas touj ours d'obtenir du riz cargo de bonne qualité répondant au goût des consommateurs. Ceci est en particulier dû au type de dispositif utilisé. C'est pour cela qu'il a été introduit un dispositif d'étuvage à la vapeur, composé d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le quart inférieur du pourtour sont perforés). La présente étude conduite dans la commune de Glazoué est une contribution à la connaissance des facteurs déterminants l'adoption de ce dispositif ainsi que les stratégies à adopter pour sa diffusion.

L'étude a consisté en une série d'enquêtes menées à différentes échelles : au niveau des transformatrices, des consommateurs, des commerçants et des diverses institutions qui interviennent dans la promotion du dispositif amélioré d'étuvage. Les principaux outils de collecte et d'analyse des données sont conformes à l'orientation qualitative du sujet. Toutefois, il nous a été essentiel d'assortir l'interprétation de nos résultats par des données quantitatives afin de concrétiser certains aspects.

Les résultats obtenus montrent que le dispositif amélioré d'étuvage contribue à améliorer de façon significative la qualité du riz qui est bien appréciée par les consommateurs (riz propre, savoureux, moins brisé et qui gonfle mieux à la cuisson) et qui se vend à un bon prix. Sur l'ensemble des villages enquêtés, les transformatrices s'accordent sur le fait que le dispositif favorise un séchage rapide, facilite le transvasement du paddy après cuisson et permet d'accroître le rendement au décorticage. De plus le dispositif permet d'étuver de grandes quantités de paddy augmentant la quantité de riz traitée par unité de transformation. Toutefois, son coût d'acquisition élevé constitue un facteur limitant son accessibilité aux transformatrices. Certaines transformatrices évoquent comme contrainte la consommation élevée en bois. Mais l'analyse des données montre que cette contrainte que les transformatrices lient souvent au dispositif amélioré d'étuvage serait en partie due au type de foyer qu'elles utilisent. En effet, la plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de trois pierres. Il en résulte donc une perte considérable en énergie lors de l'étuvage et par conséquent une consommation élevée en bois

Les résultats obtenus montrent aussi que plusieurs acteurs sont impliqués dans la vulgarisation du dispositif. Il s'agit des ONGs locales (RABEMAR, Castor Appuis-conseil et

Un Monde) appuyées par les ONGs internationales VECO et Helvétas ; le CeCPA Glazoué appuyé par le PSSA et le PADSA ; le CPAC et l'UNIRIZ-C appuyés par l'ONG internationale Oxfam Québec. Toutefois, il n'existe pas une synergie d'action entre ces derniers. Ainsi, on note sur le terrain que plusieurs acteurs donnent la même formation à un même groupement alors que dans le même temps, il existe dans le village des groupements dont les membres n'ont jamais été formés. Aussi, tous les acteurs ont-ils choisi les groupements des riziculteurs existant dans les villages comme canal d'introduction du dispositif. La réussite de cette option est tributaire du bon fonctionnement des groupements qui doivent jouer le rôle de relais. Mais le constat est que, la plupart de ces groupements ne sont représentés que par leurs leaders. La notion du bien collectif a déserté le forum. Ainsi l'approche par organisation paysanne choisie par les structures d'intervention constitue un biais dans le cas de la diffusion du dispositif amélioré et montre que cette option n'est pas une panacée, un modèle passe partout. Le mauvais fonctionnement des groupements ne constitue pas la seule cause de ce biais. L'autre raison est que dans la zone d'étude, il existe trois catégories de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les collecteurstransformateurs et les grossistes-transformateurs. Seule une partie des producteurstransformateurs sont membres des groupements. Or ces derniers n'étuvent que de petites quantités de paddy. Ceci voudra dire que la vulgarisation est jusque là orientée vers les petites transformatrices mettant de coté les grandes transformatrices, les professionnels en la matière.

L'utilisation de l'outil Enterprise Web a fait ressortir certaines activités clés nécessaires pour l'adoption du dispositif et qui jusque là n'ont pas encore été pris en compte par les structures d'intervention. Il s'agit de la formation des meuniers et de l'approvisionnement des transformatrices en crédit non seulement pour l'achat du dispositif mais aussi pour le paddy surtout en période d'abondance. Par ailleurs, nous avons remarqué qu'il n'existe pas de relation entre les artisans locaux formés pour la duplication du dispositif et les transformatrices (utilisateurs potentiels) ; conséquence, ces dernières n'ont pas souvent d'information sur le lieu d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une partie de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir à la réduction du coût d'adoption.

Au vu des résultats de cette étude, il apparaît recommandable de :

- renforcer la capacité fonctionnelle et organisationnelle des groupements ;

- élargir la formation des transformatrices aux non-membres des groupements ; - mettre en place un système de suivi des formations ;

- avoir une synergie d'action entre les structures d'intervention ;

- faciliter l'accès des femmes transformatrices au crédit non seulement pour l'acquisition du dispositif mais aussi pour l'achat du paddy ;

- former les femmes à la construction de foyer amélioré ;

- mettre les artisans locaux formés directement en relation avec les transformatrices ;

- encourager la formation des artisans locaux tout en laissant le soin du choix de ces derniers par les transformatrices ;

- initier la formation des meuniers à la maîtrise du réglage de la décortiqueuse ; - combiner les formations par des informations sur les chaînes de radio locale.

ABSTRACT

This study aims to analyze the determinants of the adoption of improved parboiling equipment for paddy rice in Glazoué region.

The study consisted of a series of investigations led to various scales: on the level of the transformers, consumers, traders and various institutions which intervene in the promotion of the improved parboiling equipment. The principal tools of collection and analysis of the data are in conformity with the qualitative orientation of the subject. However, it was essential for us to match the interpretation of our results by quantitative information in order to concretize certain aspects.

The results obtained show that the improved parboiling equipment contributes to improve the quality of rice which is well appreciated by consumers (cleanliness of rice, taste, less broken and swells better during cooking) and which is sold at a better price. The transformers agree on the fact that the new equipment supports a fast drying, facilitates the transfer of paddy after steaming and makes it possible to increase the yield after husking. However, its relatively high cost limits its accessibility to the transformers. Certain transformer also reported the high consumption of wood. But the analysis of the data shows that this constraint, which the transformers link to the improved parboiling equipment, would be partly due to the type of stove at their disposal. Indeed, the majority of transformers use a stove made by three stones. It thus results in a considerable loss in energy during steaming and consequently high consumption of wood.

The results obtained also show that several actors are implied in the diffusion of the parboiler. These include local NGOs (RABEMAR, Castor appuis-conseils and Un Monde) supported by international NGOs VECO and Helvétas; CeCPA Glazoué supported by the PSSA and the PADSA; the CPAC and the UNIRIZ-C supported by international NGO Oxfam Quebec. However, there is no synergy of action between these actors: several give the same training to the same groups, whereas in some villages groups exist whose members were never trained. Also, all the actors chose the existing rice growers groups as a channel of diffusion of the parboiler. This skews the diffusion of the parboiler, because in the zone of study there are three categories of transformer: transformer-producers, transformer-collectors and transformer-wholesalers. Only part of the transformer-producers is members of the groupings. However, the producer-transformers steam small quantities of paddy. This indicates that extension is oriented towards small transformers, neglecting the large transformers.

The use of the Enterprise Web tool emphasized certain key activities necessary for the adoption of the parboiler and which were not yet taken into account by the intervening actors. These include the training of millers and the provision of credit to transformers to purchase the parboiler and the paddy, especially in period of abundance. In addition, we noticed that there is no relation between the local artisans trained for the duplication of the parboiler and the transformers (potential users). This will be necessary to establish an effective local network.

At the end of this study, it appears advisable:

- to reinforce the functional and organizational capacity groupings;

- to widen the formation of transformer with the non-members of the groupings;

- to grant credit the women not only for the acquisition of the parboiler but also for the
purchase of paddy;

- to train the women with the construction of improved stove;

- to connect the local artisans trained directly with the transformers;

- to encourage the training of the local artisans;

- to initiate the training of the millers to the control of the adjustment of the mills;

- to combine the training by information on the local radio station.

TABLE DES MATIERES

Pages

Certification i

Dédicace ii

Remerciements iii

Résumé iv

Abstract vii

Liste des tableaux xii

Liste des figures xii

Liste des photos xii

Liste des abreviations xiii

1. Introduction générale 1

1.1. Introduction 1

1.2. Problématique et justification 3

1. 3. Objectifs de recherche 6

1.3.1. Objectif principal 6

1. 3. 2. Objectifs spécifiques 6

1.4. Les questions de recherche 7

2. Cadre conceptuel et théorique 8

2.1. Cadre conceptuel 8

2.1.1. Innovation technologique 8

2.1.2. Adoption et diffusion des innovations 9

2.1.3. La perception humaine 12

2.1.4. Comportement et changement de comportement 13

2.1.5. Concept d'organisation paysanne 15

2.2. Revue des théories sur l'adoption et la diffusion des innovations 15

3. Méthodologie de recherche 21

3.1. Sources de données 21

3.1.1. La documentation 21

3.1.2. Champ de l'étude 21

3.2. Echantillonnage 22

3.2.1. Choix de la zone d'étude 22

3.2.2. Choix des villages d'étude 22

3.2.3. Choix des unités de recherche 22

3.3. Différentes phases de déroulement de l'enquête 24

3.3.1. Phase exploratoire 24

3.3.2. Phase d'enquête approfondie 25

3.4. Méthodes et Outils de collecte des données 25

3.4.1. Observations participantes 25

3.4.2. Les entretiens 25

3.4.2.1. Entretiens non structurés 25

3.4.2.2. Entretiens semi-structurés 26

3.4.2.3. Entretiens structurés 26

3.4.3. La triangulation 26

3.5. Données collectées 27

3.6. Méthodes et outils d'analyse des données 27

3.6.1. La comparaison 27

3.6.2. Les citations 28

3.6.3. Enterprise Web 28

4. Présentation du milieu d'etude 31

4.1. Présentation de la commune de Glazoué 31

4.1.1. Milieu physique 31

4.1.2. Milieu humain 34

4.1.3. Activités économiques 34

4.2. Présentation du village de Magoumi 37

4.2.1. Milieu physique 37

4.2.2. Milieu humain 37

4.2.3. Activités économiques 39

4.3. Présentation du village de Kpakpaza 40

4.31. Milieu Physique 40

4.3.2. Milieu Humain 40

4.3.3. Activités économiques 41

4.4. Présentation du village de Ouèdèmè 42

4.4.1. Milieu physique 42

4.4.2. Milieu humain 42

4.4.3. Activités économiques 43

5. La riziculture dans la zone d'étude 44

5.1. Introduction 44

5.2. La production du riz 44

5.2.1. Préparation du sol 44

5.2.2. Le semis 45

5.2.3. L'entretien 45

5.2.4. La fumure minérale 46

5.3. Les opérations de récolte 47

5.3.1. La coupe 47

5.3.2. Le battage 48

5.3.2.1. Dispositions pré battage 48

5.3.2.2. Technique de battage du riz 48

5.3.3. Le vannage 49

5.3.4. Le séchage du riz paddy 49

5.4. La transformation du riz paddy 50

5.4.1. L'étuvage du riz paddy 50

5.4.1.1. Dispositif et méthode traditionnelle d'étuvage 51

5.4.1.2. Dispositif et méthode améliorée d'étuvage 53

5.4.2. Le décorticage du riz paddy 58

5.4.2.1 Le décorticage manuel 58

5.4.2.2. Le décorticage mécanique 58

5.5. La commercialisation du riz local 59

5.6. Conclusion partielle 63

6. Perception paysanne de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amelioré 64

6.1. Introduction 64

6.2. Critères endogènes d'appréciation du riz et leur hiérarchisation 65

6.2.1. Critères d'appréciation du riz crû et leur hiérarchisation 65

6.2.1.1. Critères d'appréciation du riz crû 65

6.2.1.2. Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz crû 68

6.2.2. Critères d'appréciation du riz cuit et leur hiérarchisation 69

6.2.2.1. Critères d'appréciation du riz cuit 69

6.2.2.2. Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz cuit 70

6.3. Appréciation du riz étuvé avec le dispositif amélioré 72

6.4. Conclusion partielle 74

7. Perceptions paysannes des caractéristiques du dispositif amelioré 75

7.1. Introduction 75

7.2. Perception des atouts du dispositif. 76

7.2.1. Innovations paysannes liées au dispositif amélioré 77

7.2.2. Bonne qualité du riz obtenu 78

7.2.3. Le séchage rapide 80

7.2.4. Transvasement facile 81

7.2.5. La grande capacité du bac 81

7.3. Perception des contraintes liées au dispositif 82

7.3.1. Coût d'acquisition du dispositif élevé 82

7.3.2. Fuite de vapeur 83

7.2.3. Consommation en bois 83

7.3.4. Le séchage difficile 83

7.4. Conclusion partielle 84

8. Acteurs, interfaces et organisation de la vulgarisation 85

8.1. Introduction 85

8.2. Acteurs et interfaces 85

8.2.1. Le gouvernement 85

8.2.2. Les ONG 86

8.2.3. Les organisations paysannes 88

8.3. Organisation de la vulgarisation 89

8.3.1. Sélection des villages appropriés 91

8.3.2 Sélection et formation des transformatrices 91

8.3.3. Formation des artisans locaux 96

8.3.4. Formation des meuniers 97

8.3.5. Relations et communication entre acteurs 98

8.3.5.1. Relations entre les ONGs locales, les organisations paysannes et le CeCPA 99

8.3.5.2. Relations entre les artisans locaux et les transformatrices 100

8.3.5.3. Relations entre les Meuniers et les transformatrices 100

8.3.6. La micro finance 101

8.4. Conclusion partielle 101

9. Conclusion générale et suggestions 103

9.1. Conclusion générale 103

9.2. Suggestions 105

10. Références bibliographiques 108

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau 1: Classification des transformatrices par catégorie 23

Tableau 2: Répartition des 30 transformatrices sélectionnées par village 24

Tableau 3: Evolution de la production rizicole dans les Collines en tonne (1998-2003) 35

Tableau 4: Effectif du cheptel par espèce dans la commune de Glazoué en 2004 36

Tableau 5: Données démographiques du village de Magoumi (2002) 39

Tableau 6: Structure de la population de Kpakpaza en 2002 41

Tableau 7: Données démographiques du village de Ouèdèmè (2002) 43

Tableau 8: Exemples d'adventices redoutables 45

Tableau 9: Comparaison des deux dispositifs d'étuvage du riz 54

Tableau 10: Avantages et inconvénients des deux dispositifs du riz paddy. 55

Tableau 11: instruments de vente du riz 62

Tableau 12: Classification des critères d'appréciation du riz cargo 68

Tableau 13: Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz cuit 71

Tableau 14: Appréciation du riz cargo 72

Tableau 15: Appréciation du riz cuit 73

Tableau 16: Test d'absorption d'eau du riz cargo (pour 100 g) 74

Tableau 17: Avantages liés à l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage 76

Tableau 18: Contraintes liées au dispositif amélioré 82

Tableau 19: Notes d'évaluation du fonctionnement des groupements 93

LISTE DES FIGURES

Pages

Figure 1: Modèle de changement de comportement 14

Figure 2: Forme générique d'un Enterprise Web 29

Figure 3: Carte de la zone d'étude 32

Figure 4 : Histogramme des hauteurs annuelles cumulées de pluie à Glazoué (1996-2005) 33

Figure 5: Diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy 52

Figure 6 : Circuit de commercialisation du riz local 61

Figure 7: Moulin de Royen 89

Figure 8: Enterprise Web pour le dispositif amélioré d'étuvage 90

Figure 9: Schématisation du cluster dans l'étuvage amélioré 99

LISTE DES PHOTOS

Pages

Photo 1: dispositif composé de deux démis fûts 54

Photo 2: Dispositif composé de marmite et d'un bac d'étuvage (modèle intermédiaire) 56

Photo 3: Dispositif composé de marmite et d'un bac d'étuvage (modèle amélioré) 56

Photo 4: Décortiqueuse de type Engelbert 59

Photo 5: Récipient troué pour l'étuvage (innovation de Madame AS) 78

LISTE DES ABREVIATIONS

ADRAO : Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l'Ouest

ASF : Association des Services Financiers

BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation

CBF : Consortium Bas-fond

CCR : Comité de Concertation sur le Riz

CDIAB : Centre de Documentation et d'Information sur l'Agriculture Biologique

CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole

CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel

CPAC : Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines

CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt

DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective

FAO : Food and Agriculture Organisation

FSA : Faculté des Sciences Agronomiques

IITA : International Institut of Tropical Agriculture

INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

INSAE : Institut Nationale de Statistique et d'Analyse Economique

LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

MDR : Ministère du Développement Rural

NERICA : New Rice For Africa

OBEPAB : Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique

ONASA : Office National pour la Sécurité Alimentaire

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PADSA : Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole

PIB : Produit Intérieur Brut

PSSA : Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire

PTAA : Programme Technologies Agricoles et Alimentaires

RABEMAR : Recherche et Action pour le Bien Etre de la Masse Rurale

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SDDAR : Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural

UAC : Université d'Abomey-Calavi

UDP : Union Départementale des Producteurs

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain

UNIRIZ-C : Union des Riziculteurs des Collines

VECO : Vredeseilanden Country Office

WARDA : West African Rice Development Association

PILSA : Projet d'Intervention Locale pour la Sécurité Alimentaire

1. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Introduction

Le Bénin est un pays dont l'économie repose essentiellement sur le secteur agricole. Le secteur primaire a contribué en moyenne pour 37% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) sur la période 1994-2003. Celui-ci constitue aujourd'hui près de 36% du PIB, 88% des recettes d'exportation et emploie 70% de la population active (INSAE, 2005). Le pays dispose en outre d'un fort potentiel de production agricole. La population agricole est estimée à 3,2 millions d'habitants dont 51% de femmes selon le troisième "Recensement Générale de la Population et de l'Habitat" (RGPH3) (INSAE, 2002). La plupart des agriculteurs béninois pratique la polyculture. Cependant, les exportations sont dominées par la culture du coton dont les perspectives sont assombries par la crise de la filière au niveau national. Cette crise est liée notamment à la baisse des cours du coton sur le marché international due en partie par les subventions des pays développés à leurs cotonculteurs.

En effet, La filière coton demeure l'activité dominante, représentant à elle seule 13% du PIB, 35% des rentrées fiscales, 85% des recettes d'exportation et 77% des exportations totales en 1999 (MAEP, 2005). En 2001, les ventes de coton ont constituées 90% de la valeur, ou 80% du volume des exportations de produits agricoles, les autres cultures de rente étant formées notamment par les noix de cajou puis les graines de karité (Hounhouigan, 2006).

Une des difficultés de l'activité agricole au Bénin, principalement dans le centre du pays, réside dans la pauvreté des sols et les problèmes liés à la pression foncière. Cette pression foncière conduit les agriculteurs à s'orienter vers des cultures à forte valeur ajoutée au nombre desquelles figure le riz. Cependant, si l'on analyse aujourd'hui la nature de la disponibilité alimentaire du riz, le Bénin reste déficitaire malgré son fort potentiel de production sur pratiquement tout le territoire. C'est pourquoi dans son Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural (SDDAR) adopté en 2001, le gouvernement béninois s'est fixé comme priorité, la diversification des productions agricoles qui constitue l'un des quatorze plans d'actions retenus. Ainsi, au plan politique, la diversification agricole prônée par l'Etat accorde désormais une place de choix à la culture du riz dont la relance est devenue indispensable dans le cadre de la substitution aux importations. C'est ce qui explique l'existence d'un plan national de relance de la production rizicole élaboré avec l'appui technique et financier de l'organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Le riz a pris un caractère stratégique en raison de son importance

croissante dans la consommation nationale et dans les échanges avec certains pays voisins, ainsi que des possibilités de conquête que lui offre le marché des pays de l'UEMOA qui importent annuellement 1.343.370 tonnes de riz (MAEP, 2005).

Les réformes dans la filière riz ont consisté à la réalisation des micro-aménagements puis au développement et à l'introduction en milieu rural de variétés améliorées. Ces mesures de politique agricole ont porté leurs fruits dans la mesure où la production rizicole du pays ne cesse de croître depuis le milieu des années 90 (environ 14,6 % par an); grâce en grande partie à l'augmentation des superficies et des rendements. Mais, si les paysans maîtrisent les itinéraires techniques de production, les aspects post-récolte sont souvent occultés (WARDA, 2005).

La transformation du riz apparaît comme une opération importante et stratégique pour le développement globale de la filière riz. L'étuvage occupe une place importante parmi les opérations post-récolte du riz paddy. L'opération consiste à ré-humidifier, à pré-cuire et à sécher les grains paddy, avant leur décorticage. Ce qui apporte des modifications physicochimiques et organoleptiques avantageuses du point de vue nutritionnel et économique (Gariboldi, 1986). « Au Bénin, les techniques d'étuvage traditionnellement pratiquées par les transformatrices ne permettent pas touj ours d'obtenir du riz de bonne qualité répondant au goût des consommateurs » (Houssou, 2002).

Afin d'améliorer la technique d'étuvage, pour obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, le Programme Technologies Agricoles et Alimentaires (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) en collaboration avec le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO) et Sassakawa Global 2000 ont introduit un nouveau dispositif d'étuvage. Ce nouveau dispositif vise à améliorer de façon quantitative et qualitative le rendement du riz produit localement tout en maintenant ses qualités organoleptiques et sa valeur marchande.

Le nouveau dispositif d'étuvage a fait l'objet de multiples études relatives particulièrement à ses performances techniques et économiques. Cependant, très peu d'auteurs se sont intéressés à l'étude de l'organisation sociale de l'étuvage, des relations existant entre les différents acteurs du processus d'étuvage et des modes de diffusion de ce dispositif.

C'est pour répondre à ces préoccupations que dans le cadre de nos travaux de recherche de fin de formation à la Faculté des Sciences agronomiques (FSA) de l'Université

d'Abomey-Calavi (UAC) que nous avons choisi de nous pencher sur le thème : Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de Glazoué, Département des Collines (Bénin).

1.2. Problématique et justification

Considéré par le passé comme aliment de luxe, donc consommé seulement lors des fêtes et manifestations spéciales, le riz est progressivement entré dans les habitudes alimentaires au Bénin où d'importantes quantités sont importées chaque année en vue de satisfaire les besoins de consommation. La consommation du riz par tête et par an est estimée à 6 à 20 kilogrammes en zone rurale et à 10 à 30 kilogrammes en zone urbaine (Adégbola et al., 2003). Selon les estimations de la FAO en 1997, la production du riz blanc (riz décortiqué) était de 18000 tonnes au Bénin tandis que les quantités importées s'élevaient à 56000 tonnes. D'autres estimations indiquent que ces importations ont atteint 71200 tonnes en 1999 (FAO, 1999), et 72066 tonnes en 2001 (INSAE, 2001). Ces estimations montrent le faible taux de couverture des besoins de consommation par la production nationale. La production du riz est donc devenue un enjeu majeur pour l'autosuffisance alimentaire au Bénin.

La filière riz est prioritaire en termes d'investissements et de développement à cause non seulement de la nécessité de répondre aux objectifs de sécurité alimentaire et d'améliorer la balance des paiements, mais aussi pour permettre au pays de faire face à l'accroissement continu de la demande intérieure en riz, et de valoriser ses avantages comparatifs dans la sous région. En effet, le Bénin dispose d'un potentiel non négligeable pour la production du riz. Selon MAEP (2005) les ressources en eau du pays sont estimées à plus de 13 milliards de mètres cubes ; les ressources en terres irrigables évaluées à 322 000 hectares (117 000 ha de plaines inondables et vallées et 205 000 ha de bas-fonds) auxquelles s'ajoutent les terres de plateau pour le riz pluvial.

Le Bénin à l'instar des autres pays de l'Afrique de l'Ouest a consenti d'énormes ressources pour augmenter la production nationale dans le but de couvrir la consommation intérieure et d'exporter le riz produit localement, en vue de rapporter des devises importantes pour la nation (Adégbola, 2005). Dans ce cadre, les mesures de politique agricole ont porté leurs fruits puisque la production rizicole n'a cessé de croître depuis le milieu des années 90 grâce en partie à l'augmentation des superficies et des rendements. En effet, la production rizicole qui n'a jamais dépassé la barre des 20000 tonnes par an jusqu'en 1995 (ONASA,

1999) a progressivement augmenté pour atteindre une valeur de 52441 tonnes en 2000 (DPP /MDR, 2000), 64700 tonnes en 2004 et en 2005 (DPP/MAEP, 2005 ; Abiassi et Eclou, 2006 ; FAO, 2006). Cette performance de la politique de relance de la filière riz est due à la réalisation de micro-aménagements (Adégbola et Sodjinou, 2003) et aussi au développement et à l'introduction en milieu rural de nouvelles variétés plus productives dont les variétés dénommées "New Rice For Africa" (NERICA) mise au point par le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO)1.

Cependant, le riz localement produit n'est pas encore compétitif sur le marché local même si les études de Adégbola et al. (2004) montrent que le Bénin dispose d'avantage comparatif à la production locale du riz. Le Bénin n'a pas encore réussi à transformer son avantage comparatif en avantage compétitif.

En effet, selon CCR (2004) les consommateurs béninois choisissent leur riz principalement en fonction de la propreté, de l'arôme et du faible taux de brisures. Ces déterminants de choix constituent autant de critères de préférence qui tendent à favoriser la demande du riz importé au détriment du riz local. Aussi, une étude réalisée par l'Union Départementale des Producteurs (UDP) Mono-Couffo en collaboration avec le Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale (LARES) en 2003, a-t-elle permis de mettre en exergue quelques facteurs déterminants du choix du type de riz (local ou importé) sur les marchés de Cotonou. Cette étude a, en particulier, permis de comprendre que :

- au niveau des commerçantes, l'achat et la vente de riz local constituent une question d'opportunité en termes de marge bénéficiaire, mais également de clientèle exigeante ;

- le riz local semble jouir d'une mauvaise réputation au point que certaines commerçantes usent de stratégies propres à elles (par exemple : utilisation d'emballage de riz importé) pour vendre le riz local ;

- aussi bien les commerçantes que les consommateurs évoquent la présentation du produit sur le marché, les qualités physiques (taux d'impureté, taux de brisure), les caractéristiques organoleptiques (arôme, goût), les caractéristiques de cuis son (capacité de gonflement, caractère collant) du riz local comme des facteurs limitant leur consommation et par conséquent leur écoulement sur le marché.

Selon Houssou (2002), Amoussou et Houssou (2003) et CCR (2004) le riz local décortiqué comporte beaucoup de matières étrangères et un taux de brisure très élevé à cause de la mauvaise conduite des opérations post-récolte notamment le séchage et l'étuvage. En

1 Voir liste des variétés NERICA en annexe1

effet, selon Houssou (2005), au Bénin la méthode traditionnelle d'étuvage du paddy qui est jusque-là pratiquée par les transformatrices n'est pas performante et ne favorise pas l'obtention d'un riz de qualité meilleure. Selon Houssou (2002), la qualité du produit final obtenu avec la méthode traditionnelle d'étuvage reste inadaptée au goût des consommateurs, car il a souvent une couleur un peu terne. On note aussi la présence de grains brûlés et un taux de brisure d'environ 20%. Selon ce même auteur, cette mauvaise qualité est souvent due, d'une part au mauvais triage et lavage du paddy et, d'autre part, à l'inadéquation de la précuisson (mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il ne faut ou se carbonise. Ainsi donc, selon Broutin (2001) peu d'efforts sont encore consentis par les transformateurs pour améliorer la qualité du riz usiné localement alors que ces efforts sont nécessaires pour concurrencer le riz importé dont la présentation et la propreté sont de meilleure qualité.

Dès lors, le développement et l'introduction de nouvelles techniques de traitement post-récolte notamment d'étuvage reste une bonne option pour améliorer la qualité du riz local et le rendre plus compétitif. C'est dans cette optique que le dispositif amélioré d'étuvage du riz a été conçu par l'INRAB-PTAA en 2000 puis amélioré avec la collaboration de l'ADRAO et de Sassakawa Global 2000 en 2005 et testé en « milieu paysan » afin d'évaluer ses performances techniques par rapport au dispositif traditionnel d'étuvage. Le dispositif amélioré d'étuvage est composé d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le quart inférieur du pourtour sont perforés).

Les avantages du dispositif amélioré d'étuvage ont été étudiés par Houssou (2005) et WARDA (2005). A l'issue des essais, le dispositif amélioré s'est révélé plus performant que le dispositif traditionnel d'étuvage. Le riz obtenu avec le dispositif amélioré d'étuvage est qualitativement et quantitativement meilleur. Le dispositif contribue à la réduction du taux de brisure qui passe de 24% environ pour la méthode traditionnelle (MT) à moins de 15% pour la méthode améliorée (MA). Aussi, le rendement du riz à l'usinage s'est amélioré et est passé d'environ 64% pour MT à plus de 70% pour MA.

Cependant, les performances techniques de l'innovation ne suffisent pas pour justifier sa pertinence et garantir ses chances d'adoption. Les paysans, loin d'être de simples récepteurs de technologie doivent être considérés comme des acteurs, qui, face à leurs conditions propres, endogènes et exogènes, répondent avec patience aux sollicitations des " développeurs" (Adégbidi, 1992). Ainsi, il est important de connaître les facteurs qui interviennent dans le processus de diffusion des innovations depuis leur développement

jusqu'à leur adoption finale : les besoins, la structure d'intervention ou de promotion de l'innovation, le système social et ses membres, les adoptants potentiels, l'innovation même, sa genèse et sa promotion (Van Den Ban, 1994). Voila autant de facteurs qu'il faudra prendre en compte pour pouvoir mieux orienter la diffusion d'une innovation.

Le présent travail s'inscrit dans ce cadre. De manière spécifique, cette étude s'intéresse aux déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage au Centre du Bénin. Elle vise à contribuer à la connaissance de l'organisation sociale de l'étuvage du riz et des relations existant entre les différents acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé afin d'avoir des informations utiles et nécessaires pouvant permettre de déterminer les stratégies de dissémination du dispositif amélioré d'étuvage du riz à adopter dans le milieu.

Cette étude a l'avantage de présenter de manière qualitative, les appréciations faites par les populations locales sur la qualité du riz étuvé avec les méthodes améliorées d'étuvage. La pertinence de cette étude se situe à deux niveaux. Premièrement, les nouvelles méthodes d'étuvage qui ont déjà fait leur preuve en expérimentation sont à leur début de diffusion au niveau des transformatrices. Dans un second temps, en raison de l'importance de plus en plus croissante accordée à la nouvelle méthode d'étuvage et la demande d'information sur les stratégies de diffusion de cette technologie, une étude sur les déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage s'avère nécessaire.

1. 3. Objectifs de recherche

1.3.1. Objectif principal

L'objectif principal de cette étude est d'analyser les facteurs qui déterminent l'adoption et la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz.

1. 3. 2. Objectifs spécifiques

De manière spécifique, cette étude vise à :

O1- Identifier les acteurs ou groupes d'acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et analyser les relations qu'ils entretiennent entre eux.

O2- Analyser la perception des populations locales de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré d'étuvage.

O3- Analyser les perceptions des acteurs sur les atouts et les contraintes du dispositif amélioré d'étuvage du riz.

O4- Analyser l'organisation sociale de l'étuvage du riz

O5- Analyser les déterminants socio-institutionnels susceptibles de favoriser ou d'entraver l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage.

1.4. Les questions de recherche

Les questions auxquelles notre travail se chargera de répondre sont les suivantes.

1 : Quels sont les acteurs impliqués dans la promotion du riz étuvé ? Quels sont les objectifs/stratégies de chaque catégorie d'acteurs ?

2 : Les populations locales sont-elles satisfaites de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré ?

3 : Comment les acteurs perçoivent-ils les caractéristiques de l'innovation ?

4 : Quel est le dispositif organisationnel mis en place pour favoriser l'adoption de l' innovation ?

2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

2.1. Cadre conceptuel

Dans cette partie nous ferons la revue des points de vues des auteurs sur les concepts comme : l'innovation technologique, l'adoption et la diffusion des innovations, la perception humaine, le comportement et le changement de comportement et le concept d'organisation paysanne.

2.1.1. Innovation technologique

Plusieurs auteurs ont défini le concept innovation technologique selon leur perception. Ainsi, selon Rogers (1983) et Van Den Ban (1994), une innovation est une idée ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou un groupe social à un moment donné. Selon Greenwald (1984), l'innovation est un concept pragmatique. Elle a trait à l'insertion de quelque chose de nouveau dans les activités du monde réel. Les innovations sont généralement censées conduire à une progression et, par conséquent à une amélioration du moins dans l'esprit de l'innovateur. L'innovation en économie, selon Adégbidi (1992), signifie l'une des trois choses suivantes :

- la mise en oeuvre de changement dans la production, c'est à dire de changement dans la fonction de production ;

- l'introduction de nouveaux types de marchandises sur le marché, c'est à dire l'application de nouvelles fonctions d'offre ;

- l'introduction de changement de procédure sur les marchés ou l'ensemble de l'économie, c'est à dire une réforme sociale.

Dans l'histoire de la pensée économique, l'analyse de l'innovation, reste associée au nom de l'Autrichien Schumpeter qui, dans ses théories du développement économique, soutient que l'innovation est l'essence du développement économique (Greenwald, 1984).

Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt focalisé sur l'aspect pragmatique de l'innovation, il faut reconnaître que c'est Adams (1982) qui fait d'abord remarquer qu'une innovation est en fait une idée ou un objet perçu comme nouveau par un individu. Pourtant cette perception peut exister au niveau d'un groupe social. Partant de son point de vue, Adams (1982) suggère qu'une innovation peut être classée en innovation technique ou en innovation sociale. C'est dans la première catégorie qu'on classe souvent les innovations agricoles en l'occurrence les techniques post-récolte comme la nouvelle méthode d'étuvage du riz. En

effet, cette innovation entraîne des modifications techniques dans le processus d'étuvage. La pré-cuisson du riz paddy se fait à la vapeur contrairement à celle de la méthode traditionnelle qui se fait dans l'eau. Ainsi, l'étape de l'égouttage après pré-cuisson n'est plus nécessaire. Aussi, avec les méthodes améliorées d'étuvage, le séchage du riz paddy après étuvage ne se fait plus seulement au soleil mais également à l'ombre.

2.1.2. Adoption et diffusion des innovations

L'adoption d'une innovation est une décision permettant la pleine utilisation d'une idée nouvelle comme seule voie favorable pour résoudre un problème (Rogers, 1983). Cette définition montre que l'adoption est consécutive à une prise de décision, mais elle n'indique pas le siège de ce processus de prise de décision. Ainsi, selon Van Den Ban et al. (1994) l'adoption est un processus mental qui commence depuis le premier contrat de l'individu avec l'innovation, jusqu'à l'étape de rejet ou d'acceptation. A partir de cette définition, les chercheurs ont conceptualisé l'adoption comme étant un processus qui se produit dans le temps et qui consiste en la série d'actions. Roger (1983) et Adams (1982) ont distingué cinq phases dans cette série :

- la connaissance qui est la phase d'information ;

- la phase d'intérêt où l'individu développe une envie active à avoir plus d'information sur l'innovation ;

- la phase d'évaluation où l'individu compare l'innovation aux pratiques existantes et ses exigences à sa situation actuelle ;

- la phase d'expérimentation où l'individu essaie l'innovation à petite échelle pour voir de façon pratique ses performances et

- la phase d'adoption où l'individu utilise de façon continue et à grande échelle l'innovation avec satisfaction.

Selon Rogers (1983) la diffusion est le processus par lequel une innovation est communiquée dans le temps à travers certains canaux parmi les membres d'un système social. C'est un type particulier de communication dans lequel les messages concernent de nouvelles idées. La diffusion d'une innovation dépend donc de quatre éléments : l'innovation, les canaux de communication, le temps et le système social.

i) L 'innovation technologique

Selon Van Den Ban (1984) la vitesse de diffusion des innovations dépend de la manière dont elles sont perçues par les agriculteurs. Cette vitesse ne dépend pas des

caractéristiques de l'innovation mais de la manière dont ces caractéristiques sont perçues (Rogers, 1983). Les principales caractéristiques de l'innovation prises en compte par Rogers (1983) repris par Van den Ban et al. (1994) sont : la pertinence, la compatibilité, la complexité, la divisibilité et la transparence.

1- La pertinence est perçue par l'adoptant comme étant le niveau de profit qu'il pourra tirer d'une innovation. Cette attitude conduit le paysan à se demander si l'innovation apportée permet de mieux att eindre ses objectifs et à moindre coût qu'auparavant. La pertinence s'exprime habituellement donc en terme de profit économique, quoique les paysans de subsistance accordent beaucoup plus d'importance à l'évitement des risques ; c'est-à-dire que l'on comparera les avantages en cas de réussite aux inconvénients en cas d'échec. Deux éléments sont donc à retenir dans cette comparaison à savoir, les valeurs attendues et, la probabilité que ces valeurs (positives ou négatives) se produisent ; autrement dit le risque c'est-à-dire, la certitude ou l'incertitude d'atteindre le but visé. En conséquence, il se peut qu'une solution très positive et dont la probabilité de réussite est relativement grande, ne soit pas prise en considération si les effets négatifs prévisibles en cas d'échec sont particulièrement graves.

2- La compatibiité : c'est la mesure dans laquelle le paysan perçoit l'innovation comme conforme à ses objectifs de gestion tant au niveau technologique qu'au stade de développement de son exploitation. Autrement dit, c'est le degré par lequel une innovation est perçue comme étant en harmonie avec les valeurs existantes (valeurs socioculturelles et croyances), les expériences passées et les besoins des adoptants potentiels.

3- La complexité : elle détermine jusqu'à quel point les paysans comprennent l'innovation et pensent qu'ils peuvent s'en servir. C'est donc le degré pour lequel une innovation est comprise comme difficile à comprendre et à être utilisée. Les innovations comprises par la plupart des membres du système social seront rapidement adoptées contrairement aux innovations qui obligent à développer des habiletés et des compréhensions nouvelles.

4- La divisibiité est la possibilité d'expérimentation de l'innovation avant son adoption ou rejet définitif. Si le paysan est en mesure d'essayer l'innovation sans dépenser irrémédiablement trop d'argent, il pourrait l'adopter plus rapidement.

5- La transparence est la mesure dans laquelle les paysans peuvent voir les résultats d'une innovation. S'il est facile pour quelqu'un de voir les avantages d'une innovation, il est aussi probable qu'il l'adoptera. Par ailleurs, une fois que les avantages d'une innovation sont perçus

par un adoptant, ce dernier, au lieu de chercher à cacher l'innovation aux autres membres de son système social, recherche plutôt à informer ses collègues sur le bien fondé de l'innovation afin que soit accéléré le processus de diffusion.

Le dispositif amélioré d'étuvage est une innovation observable et essayable. Cependant, la pertinence, la compatibilité de l'innovation avec les normes socioculturelles et les croyances de l'individu, et la complexité de l'innovation dépendent de la perception de l'individu ; et, cette perception de l'individu sur les caractéristiques de l'innovation, influence son adoption et donc sa diffusion.

ii) Les canaux de communication

La communication peut être définie comme étant le processus par lequel les acteurs créent et partagent une information avec d'autres en vue de parvenir à une compréhension mutuelle. La diffusion n'est pas fondamentalement différente de la communication, ce n'est qu'un type particulier de communication dans laquelle l'information échangée concerne des idées ou technologies nouvelles. L'efficacité du transfert d'innovation ainsi que son résultat dépendra donc du type de canal de communication utilisé. La détermination des canaux de communication entre les acteurs intervenant dans la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage s'avère donc nécessaire.

iii) Le temps

Le temps est un concept fondamental qui n'existe pas indépendamment des événements mais qui est un aspect de toute activité. La dimension du temps est un facteur important impliqué dans le processus de diffusion des innovations (Ekong, 1988). Ainsi, selon De Sardan (1995), on distingue plusieurs catégories d'adoptant suivant le temps :

- l'innovateur qui est le premier à adopter une nouvelle idée dans une communauté ;

- les adeptes précoces qui saisissent rapidement l'innovation, l'essayent et l'adoptent si la phase d'essai est concluante ;

- la majorité précoce qui n'adopte une innovation qu'après avoir été convaincu de sa valeur ;

- la majorité tardive qui n'adopte une innovation que si elle a été acceptée par la communauté ;

- les adeptes tardives qui se caractérisent par leur conservatisme.

La perception qu'un acteur a de l'innovation varie selon qu'il se trouve dans l'une ou l'autre catégorie d'adoptant. C'est le rôle de la vulgarisation d'en avoir conscience et de

savoir comment agir sur chaque acteur afin de le susciter à changer de comportement. Il est donc important de connaître la situation dans laquelle se trouvent les adoptants potentiels du dispositif amélioré d'étuvage du riz afin de savoir les stratégies de vulgarisation de cette innovation.

iv) Le système social

Un système social est défini comme un groupe d'éléments engagés dans la résolution d'un problème commun pour atteindre un même but (Van Den Ban et al., 1994). C'est la frontière à l'intérieur de laquelle les innovations sont diffusées. Les membres ou groupes du système social peuvent être des individus, de simples groupes, des organisations et/ ou des sous-systèmes qui se distinguent les uns des autres.

2.1.3. La perception humaine

Bien que nous vivions dans le même monde, nous ne percerons pas ses manifestations de façon similaire par nos organes de sens, nous l'interprétons différemment. La perception est le processus par lequel nous recevons des informations et des stimuli de notre environnement et les transformons en des actes psychologiques conscients (Lewin, 1996). Il n'est pas possible de comprendre la psychologie complexe de la perception humaine, mais il est possible d'apprécier pourquoi les personnes interprètent différemment leur entourage et comment ces différentes perceptions influencent leur comportement. Tout comportement individuel dans n'importe quelle situation repose non pas sur une réalité, mais sur la réalité telle que perçue et comprise par cet individu. Mon comportement à un moment donné est fonction de la perception que j 'ai de mon environnement et de soi à ce moment.

Nos perceptions sont subjectives et non absolues. Ainsi, lorsque nous entrons dans une salle de cinéma, nous ne voyons d'abord que l'écran et la lumière du projecteur. Après quelques minutes, nous voyons ensuite les autres spectateurs (Van Den Ban et al., 1994). En d'autres termes, notre perception de l'obscurité dans la salle est relative à la qualité de lumière qu'il y a dehors.

Nos perceptions sont aussi sélectives. « A tout moment, nos sens reçoivent une multitude de stimuli de l'environnement autour de nous. Nous voyons des objets, nous sentons des odeurs, entendons des bruits etc. Malgré sa capacité à traiter une importante quantité d'information, notre système nerveux ne peut pas être conscient de tous les stimuli à la fois » (Van Den Ban et al., 1994). Divers facteurs physiques ou psychologiques, incluant

les attitudes, influencent la perception. Une connaissance de ces facteurs permet d'attirer l'attention des personnes sur les aspects sur lesquels on aimerait qu'ils réagissent.

La perception est organisée. Nous structurons nos expériences sensorielles vers celles qui ont un sens pour nous. Notre perception est directive. En effet nous percevrons ce que nous espérons. Ainsi donc, la perception varie d'un individu à un autre dans la même situation à cause de la différence entre nos styles cognitifs. Notre perception des choses dépend des facteurs personnels tels que notre tolérance pour les choses ambiguës, notre degré d'autorisation, etc. (Lewin, 1996).

La perception humaine est un mécanisme très individuel et subjectif. De l'environnement total, seuls les aspects conscients ou inconscients perçus par l'individu peuvent influer son comportement (Boom et Browers, 1990).

2.1.4. Comportement et changement de comportement

Le comportement se définit comme l'ensemble des réactions d'un organisme qui agit en réponse à une stimulation venue de son milieu intérieur ou du milieu extérieur et observable objectivement (Van Den Ban et al., 1994).

Le comportement d'un individu n'est pas déterminé par une seule cause, il résulte d'un ensemble de facteurs très différents qui déterminent la situation au cours d'une interaction dynamique de la personne et de son environnement. Selon la théorie des champs, on peut définir cette interaction des facteurs, de la personne et de son environnement comme un champ de forces, un système en tension, à savoir un champ psychique. Seuls les facteurs que l'individu perçoit ont une influence sur son comportement (Van Den Ban et al., 1994).

Le changement de comportement s'explique directement à partir de considération théorique du champ psychique influencé par des forces positives ou négatives. Les forces qui aident à atteindre un but positif sont dénommées des forces d'impulsion, celles allant dans un sens négatif forces d'inhibition. Le comportement est la résultante du champ de forces psychiques dans lequel les forces d'impulsion et les forces d'inhibition agissent avec plus ou moins d'intensité et crée un équilibre ou un déséquilibre (Van Den Ban et al., 1994). La figure 1 montre un modèle de changement de comportement.

Phase 1

Phase2

Phase3

Comportement à différents moments

Forces d'inhibition ? ? ? ??????

? ? ? ? ?

? ? ? ? ? ? ? ? ?

 

? ? ? ? ? ? ? ? ?

 
 

? ? ? ? ? ???? Force d'impulsion

? ? ? ? ? ? ?

Suppression de l'équilibre
acquis

Progression vers un nouveau niveau d'équilibre

Considération du nouveau
comportement

Perception du problème

Etape de réalisation

Résolution du problème ou rechute

Figure 1: Modèle de changement de comportement Source : GTZ, 1987 : 88

Fonctionnement du modèle : l'équilibre préexistant dans le champ psychique de l'individu peut être rompu par l'apport de force d'impulsion et/ou retrait de force d'inhibition. Cet équilibre perturbé doit évoluer vers un nouveau comportement qui mérite d'être consolidé au risque d'une rechute. Ainsi, il est possible lorsque cette phase n'est pas entretenu que l'individu fasse volte-face après la prise de décision ; ce qui explique les problèmes d'abandon après adoption. Il est donc nécessaire de satisfaire aux conditions de mise en oeuvre de la décision.

La mise en oeuvre et la confirmation constituent des phases supérieures dans le processus d'adoption de l'innovation. A cette phase trois conditions fondamentales doivent être remplies : la possession des ressources nécessaires à la mise en oeuvre de l'innovation, la maîtrise des techniques et la bonne organisation. C'est donc pour supporter cette étape que la vulgarisation utilise parfois des moyens tels que les subventions, les crédits, etc.

La modification du comportement échoue souvent parce que certains facteurs n'ont pas été bien identifiés et qu'ils ne peuvent pas être clairement classés comme forces d'impulsion ou d'inhibition. L'identification de ces facteurs en ce qui concerne l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage et leur prise en compte faciliterait sa promotion.

2.1.5. Concept d'organisation paysanne

Selon Stewart (1986), une organisation paysanne est une collection d'individu qui agissent et prennent des décisions ensemble plutôt qu'individuellement. Cette action de prise de décision collective doit viser une résolution de problèmes communs ou l'atteinte d'objectifs communs. La notion d'organisation paysanne vise à entraîner les paysans dans des actions collectives. L'exercice de ces actions collectives amène les membres à être solidaire de l'ensemble. La réussite des activités de l'organisation dépend donc de la cohésion interne du groupe. La cohésion interne traduit la cohésion et l'harmonie qui doivent exister à l'intérieur des groupements.

Un obstacle à la cohésion, interne tient aux dissensions entre membres d'un groupement. Ces dissensions peuvent provenir soit de rivalités personnelles, soit de divergences d'intérêts à l'intérieur d'un groupe homogène, pour des raisons économiques, ethniques, religieuses ou politiques. La solidarité constitue l'élément clé de la cohésion interne des groupements et donc de la réussite des actions collectives.

Le dispositif amélioré étant introduit aussi au niveau des groupements, son adoption dépendra du bon fonctionnement de ces groupements et de la cohésion interne de ces derniers.

2.2. Revue des théories sur l' adoption et la diffusion des innovations

Plusieurs théories ont été développées pour appréhender les facteurs déterminants l'adoption et la diffusion des paquets technologiques développés en direction des paysans. Les premières théories sont celles dites de "la diffusion des innovations" dont l'auteur le plus connu sur ce paradigme est Everett. M. Rogers. Selon Rogers (1983) l'adoption d'une innovation est perçu comme un processus caractérisé par cinq phases que sont :

(1)- la connaissance : l'individu est exposé à l'innovation et acquiert quelques notions sur son fonctionnement.

(2)- la persuasion : l'individu amorce une prise de position au sujet de l'innovation.

(3)- la décision : l'individu s'engage dans des activités lui permettant d'adopter ou de rejeter l' innovation.

(4)- la mise en oeuvre : l'individu utilise l'innovation au quotidien et l'évalue.

(5)- la confirmation : l'individu tente d'obtenir des informations venant renforcer son choix.

Pour Rogers, ce sont les caractéristiques de l'innovation, telles quelles sont perçues par les individus, qui déterminent son taux d'adoption. Cinq attributs caractérisent une

innovation : son avantage comparatif, sa comptabilité avec les valeurs du groupe d'appartenance, sa complexité, la possibilité de la tester, et sa visibilité. Rogers classe les individus selon cinq profils types : les innovateurs, les premiers utilisateurs, la première majorité, la seconde majorité et les réfractaires. Ainsi donc, Rogers établit sa théorie sur un ensemble de typologies dans le but de suivre l'évolution du taux d'adoption (qui décrit une courbe en S), considéré comme la variable descriptive essentielle de la diffusion. Ce classement des adoptants en différentes catégories est intégré dans le processus de diffusion sur une échelle de temps : le profil des adoptants passerait d'un groupe restreint et marginal à un groupe plus large d'adoptants, puis à un bassin de plus en plus représentatif de la population.

Rogers distingue trois types d'unités de prise de décision :

- la décision individuel : l'individu choisi d'adopter ou de rejeter l'innovation indépendamment de la décision des autres membres de son système social. Cependant, la décision de l'individu est influencée par les normes de son système et par son réseau d'information interpersonnel ;

- La décision collective : les individus choisissent collectivement d'adopter ou de rejeter l'innovation. Tous les membres du système social doivent se conformer à la décision du groupe une fois la décision prise. Cette forme de prise de décision peut s'observer au niveau des organisations paysannes comme les groupements de transformation de riz dans le cas de notre étude ;

- La décision autoritaire : dans ce cas c'est un groupe d'individu qui prend la décision. L'individu, membre du système, a très peu ou pas d'influence sur le processus de prise de décision. Mais il l'applique cependant. Cette forme de prise de décision peut s'observer dans les industries, ONGs ou organisations étatiques.

En résumé, selon Rogers les facteurs qui influence le taux d'adoption d'une innovation sont : les caractéristiques de l'innovation, l'unité de prise de décision, le canal de communication, la nature du système social et la compétence du vulgarisateur. L'intérêt majeur de la théorie de Rogers est qu'elle permet de décrire tout le réseau social de circulation d'une innovation au sein d'une société.

Cependant, cette théorie n'est pas exempte de critique. Selon Rogers, la diffusion d'une innovation interviendrait seulement lorsque l'innovation est achevée et prête à être adoptée. Cette " vision positiviste de la technologie" révèle une passivité chez les individus, qui accepte ou non l'innovation, même s'il parle de "réinvention" pour rendre compte de la

façon dont les acteurs modifient les innovations qu'ils adoptent. Aussi, selon cette théorie, la réticence à adopter des innovations est due à la prédominance, dans les sociétés paysannes, d'attitudes et de valeurs traditionnelles, une préférence pour les habitudes et les anciennes façons de faire, une résistance au changement. Cette théorie simplifie trop l'échec de la diffusion des innovations parce qu'elle l'attribue aux seuls facteurs liés aux paysans. De plus, le classement des adoptants potentiels empêche de tenir compte des phénomènes d'abandon après l'adoption pourtant très important dans l'analyse. L'individu peut décider en effet de rejeter l'innovation à n'importe quel moment et pas seulement lors de la prise de décision.

En retenant la perception de l'individu des caractéristiques de l'innovation comme seul facteur déterminant sa prise de décision, Rogers minimise ainsi l'influence que peut avoir la perception des autres membres du système social de l'individu sur sa prise de décision. Les caractéristiques de l'innovation suffisent-elles pour expliquer la décision d'adoption ou de rejet des acteurs ? Les acteurs ont-ils toujours les ressources nécessaires pour l'adoption de l'innovation ? L'innovation répond-t-elle toujours aux besoins / priorités et aspirations des acteurs ? Les acteurs sont-ils touj ours libres de leurs décisions ?

La théorie de Rogers n'intègre pas les objectifs ou aspirations des individus de même que les facteurs liés aux sources d'informations dans le processus de prise de décision. Or, selon Van Den Ban (1994), les paysans attachent beaucoup d'importance à leurs sources d'informations. De plus, Rogers ne prend pas en compte les facteurs comme le coût initial de l'innovation, les facteurs liés au risque et les facteurs institutionnels (l'accès au crédit, la disponibilité des opportunités comme le marché) pourtant très important dans le processus d'adoption. En effet, l'influence du coût initial et le risque relatif lié à l'innovation sur son adoption ont été démontrés par Lindner et al. (1982); Lindner (1987); Tsur et al. (1990); Leathners and Smale (1990); Feder and Umali (1993); Bart et al. (1999) et Ghadim et al. (1999). Selon ces auteurs, le coût initial de l'innovation est un facteur important qui détermine la décision d'adoption des paysans surtout dans le cas des ménages pauvres. Ceci signifie que lorsque les paysans ont un accès limité au capital, même les innovations les plus profitables ne seront pas adoptées si elles nécessitent un investissement initial élevé. L'influence des facteurs institutionnels a été démontrée par Houndékon et Gogan (1996) ; Cimmyt (1993) et Feder et al. (1995).

Par ailleurs, Rogers dans son analyse minimise la dimension cognitive de l'individu en expliquant l'adoption de l'innovation par la corrélation entre les ressources de l'individu et les avantages de l'innovation. Ce n'est pas ce qu'un acteur est capable de faire qu'il doit faire,

mais c'est ce que son système social lui permet de faire (De Sardan , 1995 et COMPAS, 2006). Ceci prouve l'importance de l'influence sociale sur l'individu.

Pour tenir compte de la dimension cognitive de l'individu, Röling (2000) a proposé un modèle d'analyse du processus d'adoption des innovations sur la base de la théorie biologique de la cognition de Maturana et Varela (1984). Ce modèle considère l'innovation comme un processus d'apprentissage social. Il intègre les valeurs du système social et les aspirations des acteurs. Mais la question qui se pose est que dans un contexte de savoir social, est-il normal de considérer les acteurs isolement et de traiter les autres agents sociaux comme «l'environnement » biophysique. L'argument utilisé contre ce modèle est que même si l'environnement biophysique peut être vu comme pouvant agir sur la décision des acteurs, il faut noter qu'il ne peut pas cerner la perception des autres acteurs sociaux.

Leeuwis et Van Den Ban (2003) proposent un modèle alternatif qui présente les variables de base importantes pour la compréhension des pratiques paysannes et leurs réponses aux innovations. Selon ce modèle, les individus ne sont pas des acteurs isolés dans la société. Leurs perceptions sont influencées par celles des autres acteurs de leur système social. Ils définissent à cet effet quatre ensembles de variables qui expliquent les attitudes des individus (acteurs sociaux) :

> l 'évaluation du cadre de référence

La décision d'un acteur au sujet d'une innovation dépend de sa perception des conséquences (technique ou socio-économique), de l'incertitude et du risque et, de son évaluation des conséquences et risques de l'innovation vis-à-vis de ses aspirations. Cette évaluation dépend également de ses expériences passées.

> la perception de l 'efficacité de l 'environnement social

L'un des plus importants facteurs qui influence les pratiques des acteurs sociaux est leur perception du réseau de support social de leur environnement. Ceci inclus l'organisation de l'offre des intrants, la disponibilité des services et opportunités, le système de crédit etc. Ainsi donc la décision de l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage dépendra alors de la perception des individus de la disponibilité des ressources nécessaires à son utilisation optimale dans leur milieu de vie, des services connexes et des opportunités qui s'offre pour le riz étuvé.

> la perception de l 'auto efficacité

Leeuwis mentionne que les pratiques des acteurs sociaux ne sont pas seulement façonnées par leur confiance du fonctionnement des organisations / institutions qui les entours mais aussi par leur confiance en leur propre capacité à mobiliser les ressources, leur compétence et habileté, leur perception de la validité de l'évaluation de leur cadre de référence et leur habileté à contrôler ou s'accommoder aux risques. Ainsi donc, les acteurs sociaux peuvent rejeter une innovation (bien qu'ils perçoivent son avantage par rapport à leur pratique traditionnelle) parce qu'ils ne sont pas sûre de pouvoir appliquer correctement toutes les recommandations liées au paquet technologique ou encore que les services connexes sont inexistants. Ceci montre le degré d'aversion au risque des paysans et fait ressortir la notion de complexité comme caractéristique de l'innovation déterminant son adoption soulevée par Rogers.

> relation sociale et pression sociale

Les pratiques des acteurs sociaux sont influencées par les pressions qu'ils subissent de la part des autres acteurs avec qui ils sont en relation. En effet, les acteurs sociaux ne sont pas des acteurs isolés dans un environnement neutre. Ils sont directement ou indirectement en relation avec d'autres acteurs qui les influencent dans leur prise de décision. Ainsi, un acteur peut être amené à rejeter une innovation, non pas parce qu'il n'a pas les ressources nécessaires pour l'adopter ou qu'il ne perçoit pas ses avantages, mais parce que son environnement social ne lui permet pas de l'adopter. Les acteurs sociaux analysent les avantages (récompenses) et les inconvénients (sanctions) liés à l'adoption d'une innovation et ceci sur le plan social, organisationnel et relationnel. Les acteurs sociaux seront réticents à l'adoption d'une innovation qui affectera négativement leurs relations avec d'autres membres du système social. Les acteurs sociaux sont donc très sensibles au maintien du tissu social préexistant.

En définitive, ce modèle analyse la problématique de l'adoption des innovations en situant l'individu dans sa réalité sociale tenant compte du réseau d'influence sociale dans lequel il se trouve. Cependant, il fournit peu d'informations sur la gestion des conflits d'intérêts (entre les acteurs sociaux) qui peuvent subvenir suite à l'introduction d'une innovation.

Compte tenu de nos objectifs nous choisirons la théorie de Leeuwis comme fil conducteur de notre recherche malgré ses insuffisances signalées ci-dessus. Ce choix est

motivé par le fait que la théorie de Leeuwis analyse la question de l'adoption d'une innovation dans une perspective holistique. Elle n'attribut pas l'échec de la diffusion des innovations aux seuls facteurs liés au paysan. Elle intègre les objectifs ou aspirations des individus de même que les facteurs liés aux sources d'informations dans le processus de prise de décision. L'influence du réseau social de l'individu dans sa prise de décision n'est pas aussi occultée par cette théorie.

3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Le but de ce chapitre est de retracer les différentes démarches qui ont servi de base à la réalisation du présent travail. Sur la base des informations fournies dans ce chapitre, il doit être possible de reproduire sous des conditions et avec des instruments similaires cette étude. Bien entendu, une cohérence doit s'établir entre les démarches méthodologiques et la problématique de la recherche. Avant tout, il est important de justifier le choix de la zone d'étude et de retracer les stratégies adoptées pour la collecte des données et les méthodes d'analyse qui ont été utilisées.

3.1. Sources de données

Deux grandes sources sont explorées pour la collecte des données de cette étude. Il s'agit de la documentation et du champ de l'étude.

3.1.1. La documentation

Dans l'optique de faire le point des études antérieures et d'orienter la recherche, les ouvrages traitant des questions théoriques relatives à la problématique et les travaux de recherche ayant trait au sujet de recherche ont été consultés. Les informations tirées de ces sources constituent des données secondaires indispensables pour cette étude. En effet, la phase documentaire s'est déroulée sur toute la durée de la recherche. Les centres documentaires suivants nous ont été d'une grande utilité : la Bibliothèque Centre de Documentation (BIDOC) de la FSA, le Centre de Documentation et d'Information sur l'Agriculture Biologique (CDIAB) de l'Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique (OBEPAB), la bibliothèque de l'International Institut of Tropical Agriculture (IITA), du Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO), de l'INRAB, du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), du Centre Communal de Promotion Agricole (CeCPA) de Glazoué, de RABEMAR- ONG, ONG Castor appuis-conseils, ONG Un Monde et de l'Union des Riziculteurs des Collines (UNIRIZ-C). Des articles de journaux traitant des questions relatives à l'adoption et la diffusion des innovations agricoles ont été tirés des sites Internet notamment celui de l'agora.

3.1.2. Champ de l'étude

Les données primaires proviennent de cette source. A cet effet, un séjour continu de deux mois quinze jours (Août- Septembre- Octobre 2006) dans la zone d'étude nous a permis

de collecter les données aussi bien qualitatives que quantitatives nécessaires et indispensables à une bonne compréhension des différents aspects de la problématique. Ceci n'a été possible qu'à travers l'échantillonnage et à l'aide d'outils méthodologiques appropriés.

3.2. Echantillonnage

Les raisons du choix de la zone d'étude et de l'échantillonnage des unités de recherche sont présentées dans cette partie.

3.2.1. Choix de la zone d'étude

La zone d'étude retenue est la commune de Glazoué dans le département des collines. Il s'agit de la zone agro écologique n°15 selon le découpage effectué par le service des statistiques du MAEP. Le choix de cette zone se justifie par le fait qu'elle possède une longue tradition dans l'étuvage du riz et constitue aussi l'une des premières zone d'introduction du dispositif amélioré d'étuvage au Bénin par de nombreuses institutions et ONGs parmi lesquelles on peut citer le Consortium Bas-fond (CBF) en collaboration avec l'ADRAO et l'INRAB, le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), le Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole (PADSA), l'ONG VECO Bénin (Vredeseilanden Country Office) par le biais de ses partenaires (ONG : RABEMAR, Un Monde, Castor Appuis-conseils, LDLD), l'ONG Oxfam Quebec par le biais du Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines (CPAC) et de l'UNIRIZ-C.

3.2.2. Choix des villages d'étude

Trois villages ont été retenus dans le cadre de cette étude. Il s'agit des villages de Magoumi, de Kpakpaza et de Ouèdèmè. Ces villages ont été choisis du fait qu'ils constituent les villages où les transformatrices ont été formées à l'usage du dispositif amélioré d'étuvage, à cause de l'importance de l'activité d'étuvage dans ces villages, de leur accessibilité et de la disponibilité des personnes à enquêter pour les interviews.

3.2.3. Choix des unités de recherche

Les unités de recherche concernées par cette étude sont d'une part, les institutions ou structures qui jouent un rôle déterminant dans la promotion du riz étuvé et d'autre part, les acteurs locaux (transformatrices, meuniers, artisans, commerçants de riz et consommateurs).

L'échantillon qui a servi de base pour les enquêtes individuelles auprès des transformatrices est composé de quatre vingt dix (90) transformatrices dont trente (30) par

village. Au niveau de chaque village, le choix des transformatrices s'est fait en tenant compte de la typologie que nous avons réalisée au cours de phase exploratoire. Cette typologie des transformatrices s'est basée sur les critères activités principales et quantité de paddy transformée et vendue par semaine. Ceci nous a permis de distinguer trois types de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les grossistes-transformateurs. Les producteurs-transformateurs sont les femmes qui produisent et transforment tout ou partie de leur production ou celui de leur conjoint. L'étuvage du riz constitue pour elles une activité secondaire après l'agriculture. Elles n'étuvent guère plus qu'une bassine de paddy par semaine soit un équivalent de 3 3,25 kg et ceci en période d'intense activité (novembre à mars), avant le début de la saison agricole. Les collecteurstransformateurs sont celles qui achètent du paddy, le transforme puis le met sur le marché. Leur capacité de transformation varie entre un et trois bassines de paddy par semaine (soit un équivalent 33,25 à 100 kg). Les grossistes-transformateurs regroupent celles pour qui l'étuvage constitue une activité principale. L'étuvage constitue pour certaines d'entre elles leur seule et unique activité. Cette catégorie de transformatrice embrasse au minimum cinq bassines de paddy par semaine et ceci toute l'année. La différence entre cette dernière catégorie et la deuxième se trouve donc dans la quantité de riz transformée. Le tableau 1 montre la classification des transformatrices recensées par village. Le tableau 2 montre la répartition des trente transformatrices sélectionnées par village et par catégorie. Au total, notre échantillon est composé de 72% de producteurs-transformateurs, 17% de collecteurstransformateurs et 11% de grossistes-transformateurs. Le critère de choix des enquêtés dans chaque catégorie est leur disponibilité à répondre à nos questions.

Tableau 1: Classification des transformatrices par catégorie

Catégories

 

Producteurs

Collecteurs-

Grossistes-

 

Villages

transformateurs

transformateurs

transformateurs

Total

Magoumi

60

20

15

95

Kpakpaza

30

5

2

37

Ouèdèmè

55

12

7

74

Source : Enquête, 2006

Tableau 2: Répartition des 30 transformatrices sélectionnées par village

Catégories

 

Producteurs

Collecteurs-

Grossistes-

 

Villages

transformateurs

transformateurs

transformateurs

Total

Magoumi

19

6

5

30

Kpakpaza

24

4

2

30

Ouèdèmè

22

5

3

30

Total

65

15

10

90

Source : Enquête, 2006

Parallèlement aux entretiens individuels avec les transformatrices, nous avons eu des discussions de groupe avec les membres des groupements dans lesquels le dispositif a été introduit.

Au niveau des institutions, nous avons enquêté systématiquement les responsables et agents des structures qui interviennent directement dans la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz. L'enquête systématique a concerné aussi les artisans locaux impliqués dans la duplication du dispositif qui sont au nombre de trois dont deux formés pour cette activité.

3.3. Différentes phases de déroulement de l'enquête

Les enquêtes de terrain se sont déroulées en deux phases : la phase exploratoire et la phase d'enquête approfondie.

3.3.1. Phase exploratoire

La phase exploratoire qui a duré deux semaines a consisté en une prise de contact, de reconnaissance et d'intégration dans le milieu d'étude. Elle nous a permis de connaître véritablement le milieu d'étude. C'est au cours de cette phase que des contacts ont été pris avec les autorités administratives du milieu (Maire, chef d'Arrondissement, chef de Village), les autorités des organismes de développement et d'encadrement (CeRPA, ONG RABEMAR, Castor appuis-conseils et Un Monde, Organisations Paysannes, etc.), mais aussi avec les autres pouvoirs locaux (chef religieux, chef de terre, etc.) et les personnes ressources pour discuter du sujet. Ainsi, les discussions individuelles et de groupes avec ces différents acteurs nous ont permis non seulement de choisir les unités d'étude, ainsi que l'échantillon à enquêter, mais aussi la redéfinition et la réadaptation des objectifs, questions et la méthodologie de recherche, l'élaboration et le test des instruments de mesure.

3.3.2. Phase d'enquête approfondie

La phase d'enquête approfondie a duré deux mois. Elle a consisté à l'exécution de l'enquête sur la base de questionnaire et des guides d'entretiens auprès des différentes unités de recherche (personnes ressources, transformatrices, Institutions de micro finance, paysans, ONGs et autres structures d'intervention). Cette phase nous a permis de collecter les informations relatives à nos objectifs de recherche.

3.4. Méthodes et Outils de collecte des données

Cette étude a plus un caractère qualitatif et la méthodologie utilisée est conforme à cette orientation. Ainsi, les données ont été collectées avec essentiellement quatre techniques que sont les observations participantes, les entretiens non structurés, semi-structurés et structurés et la triangulation.

3.4.1. Observations participantes

Selon Daane et al. (1992), l'observation participante est une technique d'étude des acteurs sociaux et de leur interaction dans leur contexte réel par un chercheur qui est intégré dans le milieu. Cette méthode permet aussi, en participant aux activités des acteurs, de gagner leur confiance et de pouvoir avoir des informations fiables. Ainsi, notre séjour dans le milieu d'étude pendant deux mois quinze jours nous a permis de nous familiariser avec les ménages enquêtés auprès desquels nos visites nous ont aidés à collecter et à vérifier les données par observation participante.

Les observations participantes nous ont permis en particulier de vérifier les unités de mesure du paddy au niveau des transformatrices, d'observer le processus d'étuvage du riz (traditionnel et amélioré), de vérifier le système de commercialisation du riz local, le fonctionnement des groupements et les systèmes d'information en vogue dans le milieu.

3.4.2. Les entretiens

Trois types d'entretiens ont été surtout utilisés dans le cadre de cette étude. Il s'agit des entretiens non structurés, entretiens semi-structurés et entretiens structurés.

3.4.2.1. Entretiens non structurés

Ces entretiens ont été réalisés tout au long de l'étude, d'abord pour mieux cibler les différents acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du dispositif amélioré d'étuvage, et ensuite pour explorer certains contours du sujet de recherche ou pour

approfondir des aspects spécifiques. A cet effet, nous avons rencontré les responsables des différentes structures concernées, les membres des groupements villageois et d'autres personnes ressources.

Ce type d'entretien nous a permis de comprendre la perception des différents acteurs enquêtés et les réseaux informels de communication entre ces derniers.

3.4.2.2. Entretiens semi-structurés

Les entretiens semi-structurés ont été réalisés sur la base d'un guide d'entretien à différents niveaux. Au cours des discussions de groupe et les entretiens avec les institutions, les enquêtés ont été invités à se prononcer de façon exhaustive, sur des questions posées. Parfois, au cours de ces entretiens, nous intervenons pour "redresser" les déviations persistantes éventuelles ou pour orienter l'interlocuteur sur des aspects qui se sont révélés pertinents lors de l'enquête standard auprès des transformatrices. Ces entretiens de groupe ont été réalisés avec les membres des groupements retenus pour l'enquête, élargie à quelques transformatrices. L'objectif de ces entretiens est de comprendre d'une part, le fonctionnement des groupements et d'autre part les interrelations entre les différents acteurs.

Au niveau des différentes institutions qui interviennent dans la promotion du riz étuvé et du dispositif amélioré, ce type d'entretien a été utilisé pour comprendre leurs objectifs et rôles dans la diffusion du dispositif de même que leurs perspectives futures dans le domaine post-récolte du riz.

3.4.2.3. Entretiens structurés

Ces entretiens ont été administrés aux transformatrices sur la base d'un questionnaire. Ils nous ont permis d'avoir des informations sur l'organisation individuelle de la transformation du paddy, les perceptions des transformatrices des atouts et contraintes liés à l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage.

3.4.3. La triangulation

La plupart des outils et lieux de collecte des données ne permettent pas d'appréhender tous les contours du sujet abordé. C'est en vue d'éviter les biais que nous avons effectué une triangulation des outils de collecte, des lieux d'observation et des sources d'information. Les mêmes informations ont été recherchées au niveau de plusieurs sources et avec différents outils. Les informations retenues sont celles provenant de plusieurs sources concordantes.

Cette technique a l'avantage de rassurer de la fiabilité et de la crédibilité des données collectées.

3.5. Données collectées

Les données collectées sont fonction des objectifs spécifiques de la recherche, lesquelles dépendent des questions de recherches formulées. Les principales données collectées sont :

- les critères endogènes d'appréciation du riz, leur hiérarchisation ainsi que la satisfaction des consommateurs de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré comparativement au dispositif traditionnel ;

- inventaire, caractérisation puis catégorisation des acteurs intervenant dans la promotion du dispositif, leurs interrelations, intérêts et rôles ainsi que leurs perspectives ;

- perception des acteurs des caractéristiques du dispositif amélioré ;

- organisation des interventions (vulgarisation) et le système de communication entre les acteurs.

3.6. Méthodes et outils d'analyse des données

Conformément à l'option méthodologique et en fonction du caractère des données collectées au cours de l'étude, les techniques d'analyse ont privilégié une approche qualitative. Toutefois certaines données quantitatives ont été recueillies et traitées par les logiciels Excel 2003 et SPSS 12.0. A cet effet, des analyses de tableaux, de graphes et graphiques, les statistiques descriptives (moyenne, écart type, minimum, maximum) ainsi que les tests t de student et le test de concordance de Kendall ont été utilisés.

L'analyse des données qualitatives s'est faite à travers les outils comme la comparaison, les citations, les diagrammes et surtout l'outil "Enterprise Web"

3.6.1. La comparaison

La comparaison est une approche qualitative utilisée pour établir la confrontation des objets et des pratiques. Elle permet d'identifier les ressemblances et les écarts entre les éléments comparés.

La comparaison, telle que utilisée dans notre étude vise à faire ressortir les appréciations des acteurs sur la qualité du riz, les atouts et contraintes liés à l'utilisation du

dispositif amélioré tel que perçu par les acteurs et ceci en relation avec la méthode traditionnelle d'étuvage.

3.6.2. Les citations

Les citations constituent des témoignages qui viennent illustrer les analyses effectuées. Elles sont en général très utilisées dans le cadre de l'analyse des perceptions où elles révèlent les opinions des divers acteurs par rapport aux caractéristiques du dispositif amélioré.

3.6.3. Enterprise Web

Dans le continuum de la recherche-développement, beaucoup de technologies agricoles appropriées ne sont pas adoptées par les paysans. Parfois, ceci est dû à l'inopportunité de la technologie, mais souvent à cause des aspects socio - organisationnels relatifs à l'intervention (Drucker, 1985). L'outil "Enterprise Web" permet de prendre en compte les facteurs d'ordre organisationnel nécessaire à la diffusion de la technologie. C'est un outil analytique qui permet d'identifier les séries d'activités nécessaires à la diffusion de la technologie ainsi que leurs interrelations. Ainsi, la réalisation d'un Enterprise Web devient un processus interactif et suppose que la technologie répond aux critères d'acceptabilité/convenances des paysans. En d'autres termes, il se focalise sur l'organisation des interventions en mettant l'accent sur les relations nécessaires entre les parties prenantes pour le succès de la vulgarisation (Magor, 2005).

L'Enterprise Web est représentée par un schéma sur lequel l'acteur principal est placé au milieu. Dans notre cas, l'acteur principal est représenté par les transformatrices organisées en groupement ou non. Au-dessus de l'acteur principal, sont dessinées toutes les activités nécessaires pour adopter efficacement la technologie (le dispositif amélioré d'étuvage dans notre cas). En dessous, on présente toutes les activités utilisant le produit. Ceci peut faire aussi intervenir un autre acteur avec des séries d'activités interactives. Dans le cas de notre étude, le produit est le riz étuvé. Son utilisation peut concerner l'autoconsommation ou la commercialisation sur le marché local. Dans ce dernier cas, puisque la transformatrice participe de ce fait à l'économie de marché, ses relations avec un client (commerçant) peuvent être déterminantes pour l'adoption du dispositif. Une forme générique d'un Enterprise Web est présentée par la figure 2.

Figure 2: Forme générique d'un Enterprise Web Source : Magor, 2005

Comme outil de visualisation, l'Enterprise Web est holistique. Il aide à identifier toutes les activités essentielles et ainsi aide les intermédiaires à structurer la prise de décision concernant quel acteur pourrait mieux mettre en application telle ou telle activité. Il est également possible d'employer l'Enterprise Web pour déterminer les coûts de transaction auxquels le paysan devra faire face en adoptant une nouvelle technologie et chercher ainsi à les minimiser pour faciliter l'adoption.

4. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

Les villages sélectionnés dans le cadre de notre étude sont : Magoumi, Kpakpaza et Ouèdèmè. Ces villages se situent dans la commune de Glazoué. Dans le but de mieux situer le milieu d'étude, nous présenterons d'abord de façon sommaire la commune de Glazoué avant de présenter chacun des villages d'étude. Ces présentations se feront à travers les caractéristiques physiques et humaines ainsi que les activités économiques qui s'y mènent.

4.1. Présentation de la commune de Glazoué

4.1.1. Milieu physique

La commune de Glazoué est un territoire à caractère rural situé au coeur du département des collines à 234 km de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Elle est limitée au Nord par la commune de Ouèssè et de Bassila, au Sud par la commune de Dassa, à l'Est par la commune de Savè et à l'Ouest par la commune de Bantè et de Savalou. La commune compte 48 Villages administratifs répartis dans 10 Arrondissements que sont : Aklampa, Assanté, Glazoué, Magoumi, Gomé, Kpakpaza, Ouèdèmè, Sokponta, Thio et Zaffé (voir figure 3 : carte de la zone détude). Le territoire de la commune s'étend sur une superficie de 1750 km². La commune de Glazoué est caractérisée par des plateaux (altitude de 200 à 300 mètres) dominées par quelques collines (altitude de 350 à 450 mètres) dont celle de Sokponta, Tankossi, Camaté, Gomé, Tchakaloké, Tchatchégou, Madémgbé, Thio, Ouèdèmè, Assanté et Aklampa.

Zone de transition climatique entre le Sub-équatorial et le Soudanien, la commune de Glazoué a un climat Soudano-Guinéen. Il est caractérisé par deux saisons de pluies et deux saisons sèches. Mais depuis quelques années les précipitations de la grande saison des pluies sont irrégulières et un retard s'observe dans leur installation. Par ailleurs, entre la grande saison et la petite saison des pluies la démarcation n'est plus nette. Ces deux saisons semblent se chevaucher, laissant apparaître une période de transition avec une sècheresse d'environ 15 jours. Ainsi la grande saison des pluies s'installe-t-elle entre Mars et mi-Juillet et la petite saison des pluies d'Août à fin Octobre. La grande saison sèche quant à elle, s'étend de Novembre à Mars. De Janvier à Mars le temps est souvent sec, ensoleillé avec un régime d'harmattan caractérisé par des matinées et des nuits fraîches (15 à 20°C). Ces dix dernières années, la pluviométrie oscille autour de 709 mm avec un maximum de 1048,85 mm enregistré en 1997 (voir annexe 2). Mais l'année dernière, les sols ont été mal arrosés avec une pluviométrie en-dessous de la moyenne soit un cumul de 459,84 mm en 48 jours.

Figure 3: Carte de la zone d'étude

Les données pluviométriques de l'année 2005 montrent une mauvaise répartition des pluies sur l'année. Les hauteurs de pluie les plus faibles sont enregistrées dans le courant des mois de Juillet et Août qui coïncident avec la période d'installation de la culture du riz dans la zone. Ceci est à la base de la mauvaise récolte enregistrée par les riziculteurs l'année dernière. La figure 4 montre l'histogramme des hauteurs annuelles cumulées de pluie à Glazoué (1996- 2005). L'étuvage du riz est pratiqué en toute saison par les grossistes-transformateurs et les collecteurs- transformateurs. Les producteurs-transformateurs étuvent du riz pour la vente seulement en saison sèche entre Novembre et Mars. Ils consacrent le reste de leur temps à leur principale activité qu'est l'agriculture. On peut donc conclure que la période d'intense activité d'étuvage du riz dans la commune de Glazoué s'étant entre Novembre et Mars. Ceci peut constituer un indicateur pour la planification des activités de formations des transformatrices sur le dispositif amélioré d'étuvage du riz.

Pluviométrie

Pluie (mm)

1200

1000

800

600

 
 
 
 
 
 

Pluviométrie

 

400
200
0

 
 

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Années

Figure 4 : Histogramme des hauteurs annuelles cumulées de pluie à Glazoué (1996-2005)

L'hydrographie de la commune de Glazoué est constituée d'une part, d'un important cours d'eau qu'est le fleuve Ouémé qui arrose la commune au niveau des villages Aklampa, Béthel, Riffo et une partie de l'arrondissement de Zaffé et d'autre part, de petits cours d'eau locaux (Adoué,Tran-tran, kotobo,Tehoui,Antadji, Tchololoé, Ahokan, Klan etc) qui favorisent le développement du maraîchage de contre saison et les activités de pêche artisanale.

Les sols ferrugineux tropicaux sur socle cristallin se rencontrent dans la majeure partie de la commune. On distingue par endroit des vertisols adaptés à la culture du coton et du maïs, des sols hydromorphes dans les bas-fonds et les dépressions adaptées aux cultures maraîchères et à la culture du riz. Les bas-fonds les plus importants sont ceux de Magoumi, Haya, Kpakpaza, Sowé 1, Sowé 2, Sokponta, Gomé, Houala, Oguirin, Yawa, Ouèdèmè, Aklampa et Assanté.

La végétation de la commune de Glazoué est constituée des formations naturelles (forêt riveraine, forêt galerie, forêt dense sèche, forêt claire, savane boisée, arborée et arbustive et des savanes saxicoles) et des plantations de tecks. Les forêts riveraines et les galeries forestières le long des cours d'eau subissent de fortes pressions ainsi que les forêts denses et sèches, les forêts claires et les savanes pour des fins agricoles et d'exploitations forestières (culture du coton et d'igname surtout, fourrage aérien recherché par les éleveurs transhumants...). Les espèces végétales rencontrées dans la commune sont : Daniella oliveri, Isoberlinia doka, Parkia biglobosa, Pteleopsis laxiflous, Pterocarpus erinaceus, Vittellaria paradoxa, Bridelia feruginen, Chlorophora exalsa ou Gmelina Exalsa, Detarium microcarpus Imperata cylindrica.

4.1.2. Milieu humain

Avec une population de 90.475 habitants (RGPH3, 2002), la commune de Glazoué comporte plusieurs groupes socio-culturels ou ethnies dont les deux majoritaires sont les Idaatcha et les Mahi. A ces deux groupes ethniques dominants s'ajoutent par la suite les Fon, les Betammaribè, les Yorouba, les Peulh, les Haoussa, les Adja et autres. En fonction de la taille moyenne des ménages qui est de cinq membres, le nombre de ménage est estimé à 18.101 dont environ 14.481 ménages agricoles soit 80% de ruraux. Les femmes représentent environ 52 % de la population totale (INSAE, 2002).

Il existe dans chaque village des chefs de terre qui sont généralement descendant des premiers occupants de la localité. Mais ils n'ont pas systématiquement le droit sur toutes les terres du territoire villageois, car parmi les autochtones ou présumés, chaque famille a en propre une partie de terre qui est l'endroit anciennement cultivé par ses ascendants.

4.1.3. Activités économiques

Les activités économiques dans la commune de Glazoué regroupent d'une part les activités du secteur formel (production de service pour la plupart) : les services commerciaux

traditionnels, les entreprises modernes et d'autre part, le secteur informel : les activités production de biens artisanaux, le petit commerce ; l'agriculture, l'élevage, la chasse et la pèche. Le tourisme et l'industrie sont peu importants.

> Agriculture

L'agriculture est la principale source de revenu pour la majeure partie de la population. Plus de 80% de la population y tirent leurs revenus. Le mode d'exploitation des terres pour la majorité des exploitations reste encore traditionnel (culture itinérante sur brûlis). Ainsi, l'agriculture est de type extensif caractérisé par des rendements culturaux faibles, tributaires des aléas climatiques et de la faible utilisation des techniques modernes de production. Les outils aratoires sont rudimentaires. La culture attelée est peu pratiquée. Les terres bien que abondantes sont suffisamment pauvres.

Dans la commune de Glazoué, la riziculture occupe une place importante ces dernières années à cause de la disponibilité de conditions agro-écologiques favorables à cette culture. En effet, on note des bas-fonds disséminés dans toute la commune et dont une infirme partie est réellement mise en valeur. La commune de Glazoué présente donc des potentialités certaines pour le développement de cette culture. Le tableau 3 montre l'évolution de la production rizicole dans les collines. On observe une forte production dans le commune de Glazoué jusqu'a atteindre même 85% de la production totale dans le département en 2003.

Tableau 3: Evolution de la production rizicole dans les Collines en tonne (1998-2003)

Campagne

98-99

99-00

00-01

01-02

02-03

Commune

 
 
 
 
 

Dassa

1992

1594

2312

2793

1165

Glazoué

4449

2808

10584

13208

17118

Savalou

495

564

648

-

674

Bantè

410

-

483

966

-

Savè

207

266

467

298

477

Ouèssè

187

222

280

232

-

Total Colline

6840

5454

14784

17457

20183

Source : MAEP : Annuaire statistique/Campagne agricole 2003 -2004

> Autres activités économiques

L'élevage constitue l'activité secondaire des producteurs de Glazoué. Le cheptel est diversifié et comprend les ovins, les caprins, la volaille, les porcins et les bovins. Mais les agriculteurs, à cause de l'insuffisance des ressources fourragères, élèvent surtout les caprins et les ovins. Les peulhs sédentarisés assimilés aux autochtones élèvent des bovins et des petits ruminants leur appartenant ou confiés par les agriculteurs. Le tableau 4 suivant donne des statistiques sur le cheptel de la commune en 2004.

Tableau 4: Effectif du cheptel par espèce dans la commune de Glazoué en 2004

Espèces élevées Effectif

Bovins 6.500

Ovins 7.200

Caprins 19.000

Porcins 4.800

Source : CeCPA Glazoué, 2005

La pêche n'est pas développée dans la commune bien que certaines potentialités existent. Elle est pratiquée le long de la rive droite du fleuve Ouémé dans l'Arrondissement de Thio plus précisément dans les Hameaux et villages de Béthel, Akomya, Massè et Riffo et dans certaines fermes des arrondissements d'Aklampa et d'Assanté.

La chasse à la battue est la plus répandue et est pratiquée en saison sèche. Le commerce concerne la vente des produits agricoles d'une part et la vente des articles importés d'autre part. La transformation des produits agricoles est exclusivement exercée par les femmes et concerne la préparation du gari, d'huile d'arachide, de galette "klui-klui", la transformation du niébé en beignet, du maïs en akassa et en bouillie, du sorgho en "chakpalo", du soja en fromage etc.

> Présentation sommaire du marché de Glazoué

Le marché de Glazoué communément appelé `'Gbominan'' est le troisième marché du Bénin après le marché Dantokpa et le marché de Malanville. Le marché de Glazoué s'anime une fois par semaine (les mercredi). De part sa position géographique et son caractère international, il se présente comme le plus important pôle de mobilisation et de valorisation des produits agricoles. Il est fréquenté par des commerçants venus de toutes les régions du

Bénin et même des pays de la sous région (le Togo, le Nigeria, le Niger etc). Les divers échanges de produits agricoles qui s'opèrent dans ce marché traduisent l'importance de l'agriculture dans la vie des populations de cette Commune.

4.2. Présentation du village de Magoumi

4.2.1. Milieu physique

Situé à 6 kilomètres à l'Ouest de Glazoué, le village de Magoumi est limité au Nord par le village de Assanté, au Sud par le village Houala, à l'Est par Ogirin-boubou et à l'Ouest par Ouèdèmè. Il compte trois quartiers (Monso, Haï et Aïdjesso) et couvre une superficie de 45 km2 soit 3% de la superficie totale de la commune de Glazoué. Le village de Magoumi forme avec les villages de Houala et de Ogirin-boubou l'arrondissement de Magoumi dont il est le chef lieu.

Le réseau hydrographique du village de Magoumi est constitué de petites rivières alimentées par les eaux de pluies. Il s'agit notamment des rivières: Aka, Kodji, Riffo, TranTran, Joseph et Magoumi.

On rencontre principalement deux types de sol : - Les sols ferrugineux tropicaux très dominants.

- Les sols hydromorphes favorables à la riziculture et au maraîchage.

Les formations végétales naturelles ont pratiquement disparues (du fait des actions anthropiques) laissant place aux champs et jachères qui ont considérablement augmenté. Les principales espèces ligneuses rencontrées sont Terminalia macroptera, Termialia glaucesceus, Daniellia oliveri, Pterocarpus erinaceus.

4.2.2. Milieu humain

> Histoire du village

Le village de Magoumi aurait été fondé vers 1863 par un certain Awo Dètongnon Agoro venu de Tankossi dans l'arrondissement de Gomé, commune de Glazoué. Ce dernier chasseur et agriculteur de profession était en quête de terres fertiles et se serait installé à son arrivée dans l'actuel quartier Haï. Le village s'est peu à peu agrandi avec l'arrivée d'autres migrants tels que: Vodougnon Elègbèrou, Fagnon, Légbodjou, etc. Le village, resté pendant longtemps sous tutelle de Tankossi était communément appelé « Savalou-Agban ». Agban nom Idaatcha pour désigner le rônier, une plante abondante dans la zone à l'époque. Savalou

provient du fait que pour le fondateur du village, son nouveau lieu de chasse lui paraissait symétrique à la ville de Savalou par rapport à son village d'origine.

Vers les années 1960, le village devient administrativement autonome et prit le nom de Magoumi qui signifie en Idaatcha « ne me traverse pas ». D'après la légende, ce nom aurait été donné par les chasseurs pour désigner la rivière2 qui traverse la localité, rivière qu'ils n'avaient pas besoin de traverser avant de trouver assez de gibiers.

Vers 1968, le village a été doté d'un chef du nom de Noé Akossoun. Ses successeurs sont Obossa Kotchikpa, Dedji et Awo Okoro.

Cette version de l'histoire de la création de Magoumi n'est pas partagée par tous les habitants du village. Pour certains, le village serait crée par le nommé Vodougnon Elègbèrou qui se serait installé à son arrivée dans l'actuel quartier Monso vers les années 1900. Vodougnon serait originaire de Gomé et avant de venir s'installer à Magoumi (SavalouAgban à l'époque) aurait transité par Iradjafa (une ferme proche de l'actuel village Sowé). Selon cette version, Dètongnon serait originaire de Okéméré (dans l'actuelle commune de Dassa) et aurait connu Vodougnon à Iradjafa. En effet, Dètongnon aurait été atteint de la variole (une maladie qui faisait rage dans la zone à l'époque) et dans la recherche de moyens de le sauver des griffes de la mort, un certain Agboro aurait été informé qu'un nommé Elègbèrou Vodougnon, Houngbonon (c'est-à-dire prêtre féticheur du Sakpata), originaire de Gomé et basé à Iradjafa guérissait la maladie de la variole. Ce fut alors que Dètongnon fut conduit au guérisseur Vodougnon Elègberou qui le prit en charge et lui administra toutes les recettes savantes pour le sauver. Après sa guérison, Vodougnon l'aurait libéré et il se serait retourné à Okéméré son village natal. Entre temps, Vodougnon aurait déjà quitté Iradjafa pour créer sa ferme Savalou-Agban qui est devenu aujourd'hui Magoumi.

De temps en temps Détongnon venait voir son guérisseur Vodougnon. Entre les deux s'établit une grande amitié. C'est au cours de l'une de ses visites à son ami et guérisseur Vodougnon que Dètongnon devint adepte du fétiche Sakpata. Il fut rentré à Gomé par Vodougnon afin qu'il puisse subir les rites de l'initiation. Ce qui fut fait. Après l'initiation Dètongnon aurait pris le nom de Agorossi en abrégé Agoro. Avant son retour à Okéméré, toute la population aurait été déjà informée qu'il est désormais devenu adepte de Sakpata qui est un fétiche opposé à celui en vigueur dans sa collectivité qui était le Boukou. C'est ceci qui

2 Cette rivière sert de limite entre le terroir de Magoumi et celui du village voisin Houala

déchaîna la hargne et la fondre des gens de sa lignée et l'obligea à s'enfuir et rejoindre son ami Vodougnon à Savalou-Agban où il trouva refuge.

> Démographie

La population de Magoumi est estimée à 6.02 1 habitants en 2002. Cette population essentiellement agricole compte 907 ménages agricoles sur les 1007 ménages recensés. La population agricole est estimée à 5638 habitants, soit 93,63% de la population totale. La taille moyenne des ménages est de 6 membres. Le tableau 5 montre les données démographiques du village en 2002.

Tableau 5: Données démographiques du village de Magoumi (2002)

Quartiers

Nombre

Population

Hommes

Femmes

Taille

Ménages

Population

 

de
ménages

totale

 
 

ménage

agricoles

agricole

Aïdjesso

330

1959

904

1055

5.9

297

1867

Haï

290

1649

817

832

5.7

268

1579

Monso

387

2413

1173

1240

6.2

342

2192

Total

1007

6021

2894

3127

-

907

5638

Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de villes. Département des collines. Direction des études démographiques. RGPH3. PP 14-15.

Le village de Magoumi est peuplé majoritairement par les Idaatcha qui sont les chefs de terre. Toutefois on y rencontre d'autres groupes socio-linguistiques tels que les Adja, les Ifè, les Ditamari et les peuhls.

4.2.3. Activités économiques

Le village de Magoumi comporte une population essentiellement agricole. Les femmes s'adonnent au même titre que les hommes aux activités champêtres. Elles disposent de leur propre champ et travaillent également dans ceux de leur mari.

Les cultures les plus importantes sont : le maïs, l'arachide, le soja, l'igname et le riz. Ensuite viennent les cultures telles que le sorgho, le niébé et le voandzou. Le maraîchage occupe également les producteurs à travers la culture du gombo, de tomate, de piment et des légumes. Les plantations d'anacardiers et de manguiers constituent des activités alternatives pour augmenter les revenus des paysans. Le calendrier agricole du village est présenté en annexe 3.

L'élevage constitue l'activité secondaire des ménages et est dominée par les porcins, la volaille, les ovins et les caprins. La pêche se pratique en période de décrue des cours d'eau qui traversent le terroir du village. La chasse à la battue est pratiquée en saison sèche par les jeunes souvent en équipe. Les femmes s'adonnent également aux activités de transformation des produits agricoles en produits divers.

4.3. Présentation du village de Kpakpaza

4.31. Milieu Physique

Le village de Kpakpaza est limité au Nord par le village de Sowé, au Sud par Haya, à l'Est par Yawa et à l'Ouest par Egbèssi. Il forme avec les villages de Sowé et Yawa l'arrondissement de Kpakpaza dont il est le chef lieu. Il compte deux quartiers : Akpari et Zongo.

Le relief du village de Kpakpaza est accidenté dû à la présence des collines. Le réseau hydrographique est dominé par la présence des bas-fonds (qui sont fertiles et propices à la culture du riz et de l'igname) et par cinq cours d'eau qui sont : Tran -tran, Toga, Sokpatin, Owokan et Ilàa fiankou. On rencontre essentiellement des sols ferrugineux tropicaux basés sur socle cristallin. La végétation est constituée de formations naturelles et de plantation de teck et d'anacardiers.

4.3.2. Milieu Humain

> Histoire du village

Le village de Kpakpaza à été crée vers les années 1900 par un certain Aziza du clan des "Omon Djagou" originaire de Tankossi, arrondissement de Gomé, commune de Glazoué. Ce dernier agriculteur et chasseur de profession était en quête de terres fertiles et se serait installé à son arrivé dans l'actuel quartier Akpari. Le village s'est peu à peu peuplé avec l'arrivé d'autres migrants comme Abissi et ses frères.

> Démographie

La population du village de Kpakpaza est estimée à 1.411 habitants en 2002 (INSAE, 2002). Cette population est essentiellement agricole avec 256 ménages agricoles sur un total de 262 soit une proportion de 97,7%. Le tableau 6 montre la structure de la population de Kpakpaza en 2002

Tableau 6: Structure de la population de Kpakpaza en 2002

Nombre de Population Homme Femme Ménage Population

ménages Totale agricole agricole

262 1.411 677 734 256 1128

Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de villes Département des collines. Direction des études démographique. RGPH3. pp 14 -15

Ce tableau montre que les femmes représentent 52% de la population totale et la taille moyenne des ménages est de 7 membres. La population agricole représente une proportion de 80% de la population totale, ce qui constitue un atout très important pour la production rizicole dans le village.

En effet, en dehors des Idaatcha qui sont majoritaires et propriétaire des terres, le village de Kpakpaza est peuplé également par d'autres ethnies qui y ont migrés : les Fon, les Ditamari, les Peulh...

4.3.3. Activités économiques

L'agriculture constitue la principale source de revenu pour la majeure partie de la population. Les principales cultures annuelles pratiquées sont : le maïs, le riz, l'igname, le manioc, le soja, l'arachide, le niébé, le sorgho et l'égussi. Les cultures maraîchères sont dominées par le piment, le gombo, la tomate et les légumes. Comme cultures pérennes pratiquées nous pouvons distinguer l'anacardier et le manguier. Le calendrier agricole du village est présenté en annexe 4.

L'élevage constitue une activité secondaire pour les ménages. Elle est dominée par les caprins, les ovins et les porcins. La pêche est pratiquée dans les cours d'eau du village en période de décrue par les jeunes. La chasse à la battue est aussi pratiquée et ceci en saison sèche.

Les activités commerciales concernent la vente des produits agricoles d'une part et la vente d'articles importés d'autre part. Le village ne dispose pas de marché mais bénéficie énormément de sa proximité avec le marché de Glazoué qui s'anime tous les Mercredis.

4.4. Présentation du village de Ouèdèmè

4.4.1. Milieu physique

Le village de Ouèdèmè est limité au Nord par l'arrondissement de Aklampa, au sud par l'arrondissement de Kpakpaza, à l'est par l'arrondissement de Magoumi et à l'Ouest par l'arrondissement de Lahotan. Ce village est subdivisé en trois grands quartiers (Goto, Kpota et Ouèdèmè centre) et en douze hameaux : Bamè, Agbafafamè, Houeli, Vossa, Tanto, Gododji, Ajahito, Akadjro, 14 manguiers, Agnanmè et Sada.

Le village dispose des terres ayant des aptitudes pour différentes cultures :

- les sols de type ferrugineux tropicaux de couleur variable avec concrétion par endroit. Ils sont utilisés pour la culture du maïs, du niébé, de l'arachide, du soja, du manioc et de l'igname.

- les sols hydromorphes rencontrés dans les bas-fonds sur les longues pentes. Ils sont beaucoup plus aptes pour la culture du riz, des légumes et quelques fois du niébé et du soja.

La flore est une végétation de savane arbustive et arborée dominées par Manguifera indica, Parkia biglobosa, Buttyrospermum paradoxum. A cette végétation naturelle s'ajoutent les plantations d'Anarcadium occidentalis et de Tectona grandis. On note également dans le village, la présence d'une forêt sacrée appelée « Zoumè. »

4.4.2. Milieu humain

Le village Ouèdèmè fut fondé vers les années 1830 par l'ancêtre Gnikpo originaire de Logozohè, commune de Savalou. Ce dernier, agriculteur de profession, en quête de terre fertile, aurait quitté Logozohè compte tenu de l'appauvrissement de leurs terres. Il se serait finalement installé à Ouèdèmè après avoir exploré les terres de Klou, Gbago et Doho. Le village s'est peu à peu peuplé avec l'arrivé d'autres migrants comme Dossa, Yédédji...

Avec une population estimée à 2250 habitants (recensement 2002), le village de Ouèdèmè compte environ 378 ménages dont 322 sont agricoles, soit 85% de ruraux. Les femmes représentent environ 52% de la population totale (voir tableau 7).

Tableau 7: Données démographiques du village de Ouèdèmè (2002)

Quartiers

Nombre de

Population

Hommes

Femmes

Ménages

Population

 

ménages

totale

 
 

agricoles

agricole

Goto

472

2561

1190

1371

403

2270

Kpota

331

2194

1054

1140

287

1954

Ouèdèmè
centre

361

1699

779

920

235

1269

Total

1164

6454

3023

3431

925

5493

Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de villes. Département des collines. Direction des études démographiques. RGPH3. PP 14-15.

Deux grands groupes socio-culturels sont présents dans le village : les Idaatcha et les Mahi. A coté de ces groupes majoritaires on rencontre quelques minorités linguistiques allochtones telles que les Peulh, les Fon, les Tchabè et autres, attirées par les activités agricoles et commerciales. Il faut noter que le village dispose d'une forte diaspora répandue un peu partout au Bénin et dans la sous région. Cette diaspora contribue énormément à son développement.

4.4.3. Activités économiques

La principale activité exercée par les habitants est l'agriculture. Les cultures les plus importantes sont le maïs, le niébé, l'arachide, le riz, l'igname. On note également les activités de transformation, la fabrication du charbon, les activités artisanales (mécanique, menuiserie, couture, forge etc.). Le calendrier agricole du village est présenté en annexe 5

L'élevage est aussi pratiqué par les ménages, de même que la pêche et la chasse. Les activités de transformation agro-alimentaire sont très bien développées et sont pratiquées exclusivement par les femmes.

5. LA RIZICULTURE DANS LA ZONE D'ETUDE

5.1. Introduction

La culture du riz joue un rôle important dans la construction du revenu des populations des villages d'étude. Elle constitue avec le soja le substituant de la culture du coton. Ces populations produisent le riz préférentiellement non pas pour les besoins alimentaires du ménage mais pour la vente à travers laquelle elles arrivent à faire la richesse. L'objectif poursuivi par ce chapitre est de présenter la filière riz dans la zone d'étude à travers l'organisation de la production, de la transformation et de la commercialisation et de mettre en exergue les contraintes à différents niveaux.

5.2. La production du riz

La production du riz regroupe l'ensemble des activités partant de la préparation du sol jusqu'à la récolte.

5.2.1. Préparation du sol

C'est un ensemble d'opérations qui conditionne une bonne végétation et par conséquent une bonne production et une meilleure rentabilité du riz. L'objectif principal du travail du sol est de créer un environnement favorable pour la germination et la croissance de la plante. En effet, une bonne préparation du sol permet :

- d'améliorer la structure du sol (aération, perméabilité et ameublissement de la zone racinaire) ;

- d'améliorer la topologie du terrain pour faciliter le planage de la parcelle ; - de mieux répartir et incorporer la matière organique ;

- d'obtenir une meilleure efficacité des engrais minéraux et de mieux contrôler les adventices.

La préparation du sol regroupe trois opérations que sont : le défrichement, le labour et le planage. Ces opérations nécessitent une main d'oeuvre abondante que le ménage agricole n'arrive pas toujours à satisfaire et fait parfois recours à la main d'oeuvre salariée.

La préparation du sol se fait dans les villages étudiés vers la fin du mois de Mai ou début Juin. Les équipements utilisés sont essentiellement le coupe-coupe pour le défrichage et la houe et le daba pour le labour et le planage. L'utilisation de ces outils de travail entraîne

une perte de temps et augmente considérablement la pénibilité du travail surtout lorsqu'on s'est que le sol est argileux dans la plupart des cas. Mais la principale raison d'utilisation de ces outils rudimentaires est la cherté des équipements et par ricoché les moyens financiers.

5.2.2. Le semis

Le semis fait suite à la préparation du sol et marque le démarrage de la production du riz. Il consiste à la mise en terre des semences pour la germination. Dans tous les Villages d'étude, seul le semis direct est pratiqué. Le semis se fait directement à la main, à l'aide des pieds ou à l'aide de la roulette pour faire les paquets (en ligne dans ce cas).

5.2.3. L'entretien

L'entretien regroupe les activités de désherbage qui peuvent être manuels ou à l'aide de produits chimiques. En effet, les adventices sont considérés comme la contrainte biologique la plus importante faisant obstacle à la production rizicole. La concurrence entre la plante pour les ressources essentielles à la croissante (la lumière, les éléments nutritifs et l'eau dans les zones pluviales) est le facteur limitant de la production rizicole (Johnson, 1997). Le désherbage est donc une opération très importante.

Dans la zone d'étude, parmi les adventices les plus redoutables nous pouvons citer ceux résumés dans le tableau 8 ci-dessous.

Tableau 8: Exemples d'adventices redoutables

Noms en langue locale Mahi Noms en langue locale Idaatcha Noms scientifiques

Gnibougbé - Synedrella nodiflora

Adrimakougbé Olirékou Commelina bengalensis

Gbékoun Akpa-adja Digitaria horizontalis

Source : enquête, 2006

Il est important de signaler que l'apparition des ces adventices contraint certains producteurs à abandonner le casier rizicole du fait de la résistance de ces derniers au sarclage manuel et même au désherbage chimique.

En effet, on note deux types de désherbage : le sarclage manuel et le désherbage chimique (utilisation d'herbicide). Les riziculteurs effectuent généralement deux sarclages. Le premier intervient un mois après le semis et le second deux mois après le semis. Le premier sarclage se fait avec la houe et le second uniquement à la main et consiste à l'arrachage des

adventices disséminés dans le champ. Le sarclage est une opération qui nécessite une certaine prudence de la part du sarcleur. En effet, les adventices du riz contiennent souvent des gaminées qui peuvent être confondues avec les jeunes plants. La moindre inattention entraîne alors un enlèvement des plants du riz, réduisant ainsi la densité et par voie de faite la production. Cette situation est d'autant plus accentuée lorsque la densité de semis est forte et le semis n'est pas en ligne, obligeant à plus d'attention. Les conséquences sont une durée assez élevée du travail et donc une quantité de main d'oeuvre importante. Par ailleurs les démangeaisons que provoquent les feuilles de riz ne favorisent pas la tâche aux riziculteurs surtout compte tenu des outils utilisés. Ceci constitue un problème sérieux surtout lorsqu'on sait que le sarclage du champ de riz coïncide avec le sarclage ou la préparation du sol pour certaines spéculations notamment le soja et les cultures vivrières.

Le désherbage chimique s'effectue à l'aide d'un herbicide de post-levé sélectif du riz. L'application de l'herbicide se fait dans la zone d'étude au plus tard 21 jours après semis. Dans certain cas, malgré l'utilisation de l'herbicide, le second sarclage est nécessaire.

5.2.4. La fumure minérale

Deux types d'engrais sont utilisés pour fumer les parcelles rizicoles : le NPK et l'urée. Le NPK permet un bon développement de l'appareil végétatif tandis que l'urée est très importante pour la formation du paddy. L'épandage de l'engrais se fait à la volée. Les moments d'application de l'engrais varient d'un producteur à un autre et suivant la variété du riz cultivée. D'une façon générale, pour les variétés de riz à cycle long, l'application du NPK intervient un mois après semis, juste après le premier sarclage et l'urée deux mois après semis. Toutefois certains producteurs appliquent un mélange NPK - urée et ceci quarante cinq jours après semis.

Notons qu'en fin de cycle du développement du riz, les riziculteurs doivent faire face aux menaces des oiseaux. La chasse aux oiseaux se fait généralement par les enfants à l'aide des lances pierres, des castagnettes et autres pièges et ceci chaque jour pendant une dizaine d'heure. D'autres moyens endogènes sont aussi utilisés pour chasser les oiseaux. Ces moyens consistent à placer des épouvantails dans le champ ou à attacher entre deux poteaux des bandes de cassette qui, sous l'effet du vent, produit du bruit qui dissuade les oiseaux. Ces manières de luttes contre les oiseaux constituent, en soi, une perte énorme de temps dans la mesure où ce temps aurait pu être consacré à d'autres activités. Il urge donc que des actions soient entreprises afin d'améliorer la lutte contre ces oiseaux ravageurs.

5.3. Les opérations de récolte

Les opérations de récolte regroupent la coupe, le battage, le vannage et le séchage du paddy. Ces opérations sont très importantes dans la mesure où leurs mauvaises conduites engendrent une perte de rendement et donc un effet non négligeable sur la rentabilité de la production.

5.3.1. La coupe

La coupe du riz se fait à la fin du cycle de production en un seul tenant ou de façon échelonnée. Elle est échelonnée à cause de la rareté de la main d'oeuvre, de l'entendu des superficies et du manque de moyen financier pour la réalisation de la récolte en un seul trait. Les producteurs qui adoptent la forme de récolte en un seul tenant attendent la maturation complète des casiers rizicoles, puis engagent sur leur périmètre une main d'oeuvre suffisante. Cette main d'oeuvre est généralement composée d'hommes et de femmes qui s'organisent et se divisent autour du travail : les hommes coupent les pailles (récolte du paddy), les enfants et les femmes les mettent en tas. La coupe se réalise à l'aide de coupe-coupe ou de couteaux. La rémunération de la main d'oeuvre se fait en argent ou en échange d'une certaine quantité de riz.

Le moment de la récolte est un paramètre très important pour l'obtention d'un bon produit au décorticage. En effet, les producteurs s'assurent de la maturité complète des casiers lorsque les épis ou panicules sont jaune et se courbent. Ces indices sont précédés par un jaunissement des feuilles, mais suivi du durcissement des grains qui, sous la dent produisent un son aigu. Au stade avancé de la maturation, les grains commencent à tomber seul ou au passage du producteur dans le champ. Pendant cette période la récolte devient très délicate et l'activité destructrice des oiseaux granivores très intense. Ainsi enregistre-t-on déjà des pertes à la récolte. Dans ces conditions, quand bien même le battage sera rapide, force est de constater que ce paddy déjà trop sec depuis le champ occasionne assez de brisures au décorticage. Ceci présente comme conséquence la réduction du rendement et la diminution de la valeur marchande du riz à cause des brisures.

Une récolte précoce présente bien aussi de conséquences telles que le taux d'humidité encore élevé des pailles rendant le ramassage difficile ; le collage des paddy aux panicules rendant le battage long et pénible, aboutissant à cet effet à d'énormes pertes et par conséquent à un faible rendement.

Notons enfin que dans les bonnes pratiques de fauchage, on évite de couper près du sol ainsi que d'arracher le plant de riz afin d'éviter que la terre ne se trouve à la récolte avec le paddy. Une récolte de paddy souillée avec la terre se conserve mal et donne après un riz de mauvaise qualité.

5.3.2. Le battage

Le battage est une opération qui suit la coupe du riz au champ. C'est une opération de séparation des graines de l'épi. Cette opération se fait généralement deux jours après la récolte. Toutefois pour des raisons propres au producteur, le délai peut varier allant même jusqu'à une semaine.

5.3.2.1. Dispositions pré battage

Après la coupe, on procède en général à la formation de botte en rangeant soigneusement les épis coupés en de petits tas dans la même direction, les panicules disposées les unes sur les autres pour le séchage. Ces dispositions permettent la poursuite du séchage et le détachement facile des grains paddy. Ceci permet donc d'obtenir un bon rendement au battage.

5.3.2.2. Technique de battage du riz

Le battage se fait au champ sur une surface dure (tronc de bois, dos de bassine renversé etc.). Cette opération est souvent accomplie par les femmes et les enfants. Toutefois, les hommes peuvent être aussi sollicités3. La réalisation de l'opération de battage nécessite au préalable l'étalement de bâche sur une surface bien dégagée au champ. La surface dure est posée au milieu de la bâche étalée sur le sol. Au cours du battage, les enfants sont chargés de rapprocher les bottes de riz et les femmes s'occupent du battage. L'opération consiste à taper les panicules du riz contre la surface dure afin de détacher les paddy de l'épi. La conséquence que cette technique de battage manuel peut présenter est la cassure du grain de riz dans son enveloppe. Il en résulte donc un taux important de brisure et par conséquent des pertes. Aussi enregistre-t-on des pertes de grains paddy par projection au cours de l'opération. De plus, beaucoup d'impuretés subsistent et exigent dès lors un travail supplémentaire de vannage avant l'opération de séchage suivante4.

3 Dans des cas exceptionnels, de manque de main d'oeuvre féminine dans le ménage.

4 Dans le cas où le battage intervient avant le séchage complète des graines dans le champ.

5.3.3. Le vannage

Le vannage intervient juste après le battage et consiste à débarrasser le riz paddy des impuretés (sable, débris et pailles...). Cette opération est réalisée au champ par les femmes uniquement.

5.3.4. Le séchage du riz paddy

Le séchage du riz paddy est une technique de réduction du taux d'humidité du paddy qui permet de l'apprêter pour le stockage ou l'étuvage. Cette opération est tributaire des conditions climatiques et se fait par exposition du riz paddy au soleil. Dans la Commune de Glazoué, cette opération ne se fait par le producteur que lorsque le battage intervient avant le séchage complet des grains de paddy et se justifie par la nécessité de continuer le séchage afin d'éviter des pertes au stockage (moisissure des grains de riz). L'opération du séchage consiste à étaler le paddy sur des bâches, des sacs de jutes, des nattes ou des toiles cirées. Le paddy étalé en couche mince au soleil est régulièrement retourné pour favoriser le séchage des parties inférieures. Selon les perceptions, le séchage n'est total que lorsque le grain de riz quitte facilement la balle en triturant le paddy dans la paume des mains.

L'opération de séchage tel que pratiquée par les populations dans la zone d'étude présente beaucoup de contraintes. La contrainte majeure est la surveillance des grains pendant tout le temps d'exposition au soleil. La surveillance se fait contre les animaux domestiques (l'opération se faisant à la maison) et aussi pour éviter que la pluie ne tombe sur les grains.

Le séchage constitue une étape très importante dans la phase post-récolte de riz. Cette étape conditionne la qualité de riz obtenu et donc sa valeur marchande. En effet, si le riz est mal séché le rendement au décorticage et la qualité du produit fini en souffrirait. Un mauvais séchage entrave profondément le stockage.

Pour être plus concret, le séchage nécessite une certaine maîtrise. Cette maîtrise, selon Troudé (1997), est difficile à réaliser lorsque le séchage naturel est la seule technique utilisée. En effet, la vitesse de séchage doit être maîtrisée : un séchage trop rapide et/ou trop poussé provoque des amorces de clivage dans le grain qui sont à l'origine des taux de brisures élevés au décorticage. Le niveau de séchage doit être optimal afin de ramener l'humidité dans l'ordre de 10% environ (Houssou, 2002). Une teneur trop élevée peut entraîner le développement de moisissures pendant le stockage et/ou l'apparition de grains noirs. Elle réduit l'efficacité du

décorticage et provoque le bourrage des machines. D'un autre côté, un taux d'humidité trop faible fragilise le grain et provoque des taux de brisures très élevés.

5.4. La transformation du riz paddy

Le riz paddy n'est consommable que s'il est débarrassé de ses glumes et glumelles. L'opération qui consiste à débarrasser le riz de ses glumes et glumelles s'appelle le décorticage. Mais la transformation du riz paddy ne se limite pas à cette opération. Avant son passage dans le décortiqueur (mortier, moulin ou rizerie), le riz peut subir l'étuvage. Dans la commune de Glazoué, cette opération est nécessaire et indispensable avant le décorticage pour obtenir un riz de bonne qualité.

L'activité de transformation du riz constitue une phase primordiale dans la production du riz consommable : elle permet de présenter un produit consommable au public, crée une valeur ajoutée au riz paddy et augmente ainsi la valeur de la production nationale. Dans la commune de Glazoué, deux types d'agents/acteurs opèrent dans ce secteur : les transformateurs et les meuniers.

Le métier de transformateur est exercé par les femmes tandis que celui du meunier est exercé par les hommes. Les transformatrices sont responsables de l'étuvage du riz et utilisent les services des meuniers pour le décorticage de leur riz. Il n'existe donc pas de meunier privé qui achète, transforme le paddy pour le vendre aux commerçants de riz décortiqué.

5.4.1. L'étuvage du riz paddy

L'étuvage est une opération couramment réalisée par les populations de la commune de Glazoué, uniquement des femmes. La technique traditionnelle d'étuvage aurait été introduite au Bénin par les maliennes depuis plusieurs décennies (Houndékon, 1996). Selon nos enquêtes, l'étuvage traditionnel aurait été introduit dans la commune de Glazoué par les femmes des migrants venus du Nord du pays. L'opération consiste à ré-humidifier, surchauffer et sécher les grains paddy avant leur décorticage et polissage. Les deux éléments qui interviennent dans le processus d'étuvage sont l'eau et la chaleur. Après un trempage suivi de chauffage à la vapeur, il faut sécher le riz avant de le décortiquer et de le stocker. Selon Gariboldi (1986) le but de l'étuvage est de produire des modifications physiques, chimiques et organoleptiques avantageuses des points de vue économique, nutritionnel et pratique. Cependant, il faut noter qu'un mauvais étuvage, dû à l'inexpérience ou à toute autre raison, peut non seulement faire disparaître ces avantages, mais aussi réduire la valeur

alimentaire du riz. Si on laisse fermenter le paddy pendant ou après le trempage, et s'il n'est pas convenablement séché et usiné, son goût, son odeur et sa couleur le rendront impropre à la consommation (FAO, 1997)

Les principales modifications chimiques produites par l'étuvage sur le riz sont selon Gariboldi (op.cit) :

- la dissolution et la diffusion des substances hydrosolubles (vitamines et sels minéraux) dans tous les grains, ce qui modifie leur répartition entre les différentes parties de celui-ci ; - la dissolution des globules lipoïdes de l'albumen ;

- l'amidon gélatinisé se présente comme une masse compacte et homogène ;

- les lipides sont séparés et s'enfoncent dans la masse compacte d'amidon gélatinisé ; ils sont donc moins sujets à l'extraction et

- les substances liposolubles du germe et de la couche extérieure de l'albumen sont dissoutes et diffusées dans le grain.

Les modifications physiques sont :

- le séchage ramène la teneur en eau du grain au niveau optimal pour l'usinage ;

- tous les processus biologiques latents ou actifs (germination, prolifération des spores de champignon, développement d'insectes à différents stades) sont définitivement stoppés ; - le rendement à l'usinage est meilleur et la qualité est améliorée parce qu'il y a moins de grains brisés ;

- le riz étuvé, usiné ou non se conserve mieux et plus longtemps, car la germination n'est plus possible et la texture compacte de l'albumen lui permet de résister aux attaques des insectes et de ne pas absorber l'humidité du milieu ambiant et

- le riz cuit se conserve plus longtemps et ranci moins.

Quant aux modifications organoleptiques, les plus importantes sont :

- le riz étuvé cuit est plus digeste, du fait de sa texture et de sa consistance ferme et - après cuisson, les grains sont plus fermes et ont moins tendance à coller.

Les populations de la commune de Glazoué préfèrent le riz étuvé avant décorticage pour ses avantages sur le plan organoleptique et culinaire.

5.4.1.1. Dispositif et méthode traditionnelle d'étuvage

> Présentation et évolution de la méthode traditionnelle d'étuvage

On distingue plusieurs méthodes traditionnelles d'étuvage du riz paddy. Mais toutes les méthodes utilisent un même dispositif composé de marmite en fonte d'aluminium. La plus

ancienne consiste à tremper le paddy dans l'eau froide pendant 12 heures environ ; ensuite à l'égoutter puis à le pré-cuire en petite quantité dans une marmite. Après cette pré-cuisson, le paddy est étalé au soleil pour le séchage sur un tapis ou une bâche. A la fin du séchage le paddy peut être décortiqué ou stocké. L'un des plus grands inconvénients de cette méthode est le développement de moisissures sur le riz (Houssou, 2002). Aussi, le riz présente-t-il souvent une couleur terne et une odeur forte après décorticage. Dès lors, pour remédier à ce problème, les transformatrices ont commencé à utiliser de l'eau chaude pour le trempage, toujours avec la même durée. Cependant, la qualité du produit final reste inadaptée au goût des consommateurs (Houssou, 2002). Cette mauvaise qualité est souvent due, d'une part au mauvais triage et lavage du paddy afin de le débarrasser complètement du sable et autres déchets et, d'autre part, d'une pré-cuisson inadéquate (mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il ne faut ou se carbonise. La figure 5 montre le diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy.

Figure 5: Diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy Source : Houssou, 2002

> Evolution du dispositif traditionnel d 'étuvage

Face aux nombreux problèmes de qualité du riz obtenu avec le dispositif traditionnel, les transformatrices ne sont pas restées « les mains croisées ». Biens des solutions endogènes ont été trouvées et essayées par les femmes transformatrices. Les premières tentatives d'amélioration du dispositif ont consisté à poser horizontalement dans la marmite du bois sur lequel on met des sacs de jute. Le paddy est alors versé sur les sacs dans la marmite pour l'étuvage. La méthode d'étuvage reste le même. L'idée est de séparer le paddy de l'eau de cuisson pour avoir une cuisson complètement à la vapeur. Mais l'inconvénient que les femmes trouvent à ce dispositif est que l'eau submerge le paddy en bas de la marmite sur le sac lors de la cuisson ; ce qui produit les mêmes effets que dans le cas du dispositif

traditionnel usuel. De plus, ce procédé réduit la capacité de la marmite et ne permet pas d'étuver de grandes quantités de paddy. Touj ours dans le but de séparer le paddy de l'eau lors de l'étuvage, l'alternative que les transformatrices ont trouvé était de remplacer les sacs de juste par un plateau. Cette nouvelle méthode a été aussi sans succès. Les transformatrices n'ont jamais réussies à pouvoir réaliser la cuisson complètement à la vapeur comme elles auraient souhaités.

> Contraintes liées à l 'étuvage traditionnel

En dehors de la mauvaise qualité du riz que donne l'étuvage traditionnel, il existe d'autres contraintes qui limitent les transformatrices dans l'exercice de leur activité. Il s'agit prioritairement de la pénibilité du travail et sa lenteur, du manque d'aire de séchage et de matériel de transformation et le séchage difficile. Selon les transformatrices, les effets de la pénibilité du travail sont les maladies (souvent due à la chaleur du feu), les accidents (les plaies dans les mains) et la faible capacité de transformation et par conséquent un faible revenu. La cause de cette contrainte en est le manque de moyen financier qui oblige les femmes à utiliser des équipements rudimentaires augmentant ainsi les frais de transformation.

5.4.1.2. Dispositif et méthode améliorée d'étuvage

Afin d'améliorer la technique d'étuvage, pour obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, la recherche (INRAB-PTAA) a mis au point et introduit en milieu rural un nouveau dispositif d'étuvage. Ce nouveau dispositif vise à améliorer de façon quantitative et qualitative le rendement du riz produit localement tout en maintenant ses qualités organoleptiques et sa valeur marchande. Le principe de fonctionnement de ce dispositif est la cuisson à la vapeur.

> Bref aperçu sur l 'historique du dispositif amélioré d 'étuvage

La mise au point du dispositif amélioré d'étuvage du riz s'est faite en trois temps. On a d'abord cherché à réaliser, avec des fûts, un dispositif permettant de pré-cuire le riz à la vapeur et non plus à l'eau. Ce dispositif est composé de la superposition de deux demi fûts métalliques (fûts de récupération). Le demi fût supérieur est percé de petits trous à sa base (voir photo 1). Le paddy à étuver, après trempage, est versé dans le demi-fût supérieur, puis est couvert par des sacs de raphia tandis que le demi-fût inférieur contient de l'eau, qui, une fois portée à ébullition, génère de la vapeur qui traverse les perforations du demi fût supérieur

pour cuire son contenu. L'un des grands avantages de ce mode d'étuvage est que la vapeur est propre, stérile, inodore et insipide (FAO, 1997).

Photo 1: dispositif composé de deux démis fûts

Ce nouveau dispositif a été introduit au niveau d'une quinzaine de groupements de femmes transformatrices de riz paddy. Ces groupements avaient pour rôle d'utiliser le dispositif et de donner leur appréciation par rapport à la méthode traditionnelle. Le tableau 9 présente quelques indices de comparaison de ce nouveau dispositif avec la méthode ancienne. Les résultats obtenus ont été très bons en terme de qualité du produit obtenu : riz cargo blanc, sans grains brûlés, etc.

Tableau 9: Comparaison des deux dispositifs d'étuvage du riz

Indices Dispositif traditionnel (marmite) Nouveau dispositif (demi fûts)

Quantité de riz paddy 24 kg (variété Gambiaka) 24 kg (variété Gambiaka)

Teneur en eau du riz avant étuvage 6,1 #177; 0,36 % 6,1 #177; 0,36 %

Durée d'étuvage/pré-cuisson 15 min 20 min

Consommation en bois 5,5 kg 7,3 kg

Durée de séchage au soleil 2 heures 1 heure 30 minutes

Durée de séchage à l'ombre (case) 16 heures 16 heures

Poids du riz après séchage 24,3kg 24 kg

Teneur en eau du riz après séchage 7,3 #177; 0,4 % 6,9 #177; 0,2 %

Nombre d'opérations du processus 6 5

Présence de grains carbonisés Oui Non

Longueur : 7,26 #177; 0,05mm Longueur : 7,35 #177; 0,04mm

Dimension des grains après décorticage Grd diamètre : 2,24 #177; 0,14mm Grd diamètre : 2,15 #177; 0,17mm

Ptt diamètre : 1,76 #177; 0,05mm Ptt diamètre : 1,76 #177; 0,05mm

Taux de brisure 14,5 % 1,8 %

Rendement ([poids riz cago/ poids 52% 54 %
paddy]*100)

Source : Houssou, 2002

Les avantages et inconvénients des deux dispositifs ont aussi été évalués. Les résultats de cette évaluation sont résumés dans le tableau 10. Ces résultats montrent que bien que le nouveau dispositif permette d'avoir du riz de très bonne qualité, il possède aussi des inconvénients. Selon Houssou (2002), l'inconvénient majeur de ce nouveau dispositif est que la durée d'utilisation (ou durée de vie) reste limité et estimée à environ 1 an pour un investissement initial de 20.000 Fcfa en moyenne, alors que le dispositif traditionnel (marmite) qui coûte environ le même prix peut être utilisé pendant au moins 10 ans sans être attaqué par la rouille.

Tableau 10: Avantages et inconvénients des deux dispositifs du riz paddy.

Dispositifs

Avantages

Inconvénients

 

- séchage rapide du riz étuvé

 
 

- séchage possible uniquement à

- faible résistance à la rouille

 

l'ombre

- fuite de vapeur au cours de son utilisation

Nouveau

- rapide et économique pour

- moins économique en bois pour l'étuvage de

dispositif à

l'étuvage consécutif de

faibles quantités

vapeur

plusieurs lots de riz paddy

- moins résistant à la corrosion

 

- meilleure qualité de riz (pas de grains carbonisés et faible taux de brisure)

- usage unique (seulement pour étuver)

 
 

- nécessite forcement du soleil pour un bon

 

- rapide

séchage

Dispositif traditionne l

- relativement faible

consommation de bois pour de petites quantités de paddy - forte résistance à la rouille

- moins rapide pour l'étuvage de grande quantité

- présence de gains carbonisés dans le riz décortiqué

 

- usage multiple (utilisé également

- Moins rapide et moins économique en bois

 

pour la cuisson d'autres

pour l'étuvage de grandes quantités de riz

 

produits)

paddy.

Source : Houssou, 2002

A l'issue de cette évaluation, des améliorations possibles du dispositif (démi-fût) ont été identifiées tenant compte des critiques formulées par les utilisatrices :

- utilisation de tôle galvanisée pour la partie supérieure devant contenir du riz à étuver, et marmite en fonte d'aluminium pour la partie inférieure, qui contient de l'eau, pour éviter la corrosion ;

- utilisation de modèles standard tenant compte de la taille des grains de paddy pour les perforations ;

- mise au point de modèles permettant d'étuver aussi bien de grandes quantités de riz que de petites ;

- élaboration de fiches techniques pour l'utilisation et l'entretien de ce dispositif.

A partir de là, une nouvelle version du dispositif d'étuvage à la vapeur a été réalisée. Elle est composée d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac d'étuvage qui est un récipient en forme de seau dont le fond et le quart inférieur du pourtour sont perforés (voir photo 2). Pour l'étuvage, le paddy est versé dans ce bac, qui est posé sur la marmite qui contient de l'eau portée à ébullition afin de générer la vapeur qui traverse les perforations du bac pour pré-cuire le paddy. Des artisans locaux ont été sélectionnés dans toutes les localités et formés à la duplication de ce dispositif.

Une seconde mission d'évaluation a été organisée en 2005 et a permis de porter des améliorations sur le bac d'étuvage. Ces améliorations ont consisté à la réalisation d'une bague au pourtour du bac au niveau de la jonction de ce dernier avec la marmite afin d'éviter qu'il ne tombe dans l'eau contenue dans la marmite et éviter le problème de fuite de gaz souvent évoqué par les utilisatrices. Cette mission d'évaluation a été effectuée par le PTAA en collaboration avec ADRAO et Sassakawa Global 2002 et a permis la mise au point du dernier modèle (voir photo 3) et la formation des artisans locaux à sa duplication. C'est ce dernier modèle qui est actuellement en cours de vulgarisation.

Photo 2: Dispositif composé de marmite et

d'un bac d'étuvage (modèle intermédiaire) Photo 3 : Dispositif composé de marmite et

d'un bac d'étuvage (modèle amélioré)

Photo 3: Dispositif composé de marmite et d'un bac d'étuvage (modèle amélioré)

> Présentation de la méthode améliorée d'étuvage

Pour étuver le riz avec le dispositif amélioré d'étuvage, les opérations suivantes sont effectuées :

a). Le lavage : le paddy est lavé proprement dans une bassine contenant un grande quantité d'eau (03 litres d'eau pour 01 kg). Ce lavage permet de débarrasser le paddy des déchets

(grains de sable, herbes etc.) et des grains non mûrs. Ces grains non mûrs qui surnagent lors du lavage sont collectés à l'aide d'un petit panier, pendant que le sable qui se dépose au fond de la bassine est jeté après avoir récupéré minutieusement le paddy lavé.

b). Egouttage : le paddy bien lavé et propre est versé dans un panier pour faire égoutter l'eau.

c). Trempage à l 'eau chaude : le paddy après égouttage, est versé dans une marmite en fonte d'aluminium contenant de l'eau propre. Cette eau doit légèrement surnager le produit. L'ensemble est mis au feu et chauffer jusqu'à l'élévation de la température à 80°c environ. Cette température coïncide avec le moment où si l'opératrice met son doigt dans l'eau de cuisson, celle-ci la brûle. Ceci marque la fin du chauffage. Cette opération unitaire au cours de laquelle le paddy est de temps en temps remué avec une palette dure généralement 20 à 40 minutes pour 24kg de paddy. Après ce chauffage, le paddy est enlevé du feu, puis laissé au repos pour refroidissement pendant toute la nuit soit environ 10 à12 heures de repos.

d). Egouttage : le lendemain, le paddy est enlevé de l'eau de cuisson. Celui-ci est lavé à l'eau propre et égoutté à l'aide d'un panier.

e). Traitement à la vapeur : le paddy égoutté est versé dans le bac d'étuvage préalablement inséré dans une marmite contenant de l'eau propre (environ 10 litres). L'eau contenue dans cette marmite ne doit pas toucher le fond du bac pour éviter que le produit soit mouillé. Le 2/3 du bac est enfoncé dans la marmite. L'eau est portée à ébullition. La vapeur générée passe à travers les perforations du bac pour pré cuir le paddy. La fin de cette opération est marquée par l'observation de l'éclatement des balles de quelques grains de paddy ou par la production d'un son lourd en tapant sur les grains avec la paume de la main. La durée de cette opération unitaire est d'environ 13 minutes pour 24 kg de paddy.

f).Le séchage : le paddy traité à la vapeur est d'abord séché au soleil pendant environ 1 heure 30 minutes puis ramassé et séché à l'ombre pour le reste de la durée du séchage qui peut durer environ 16 heures avant d'être décortiqué. Pour ces deux séchages, le paddy doit être correctement étalé sur des bâches ou sur des aires de séchage. Le séchage au soleil puis à l'ombre ramène la teneur en eau du paddy à environ 21% et 10% respectivement.

Selon les transformatrices, la fin du séchage à l'ombre est marquée par l'enlèvement facile des balles par frottement du paddy dans la paume des deux mains ; ce qui détermine la fin de tout le processus d'étuvage du riz paddy qui peut être dès lors décortiqué ou stocké.

5.4.2. Le décorticage du riz paddy

Le décorticage du riz paddy consiste à le débarrasser des balles et sons de façon à le rendre comestible. En effet, le riz tel qu'on le récolte, est constitué du grain proprement dit ou caryopse, protégé de glumes et de glumelles. On le rend comestible grâce au décorticage qui le débarrasse des balles (enveloppe très dure) en conservant ou non, tout ou parti des couches dures du péricarpe, qui contient l'ensemble des sels minéraux et des vitamines.

Dans la commune de Glazoué, on distingue deux systèmes de décorticage : le décorticage manuel et le décorticage mécanique.

5.4.2.1 Le décorticage manuel

Le décorticage est réalisé traditionnellement par les femmes au moyen de mortier et de pilons. Pour obtenir un riz décortiqué, les femmes effectuent deux à trois pilages successifs. Chaque pilage est suivi d'un vannage. L'opération se déroule en deux phases : le décorticage proprement dit et le polissage. Le polissage consiste à ajouter du grain de sable fin ou des glumes au riz cargo issu du décorticage et à piler jusqu'à l'obtention des grains un peu plus lisses. Selon Houndékon (1996), une femme décortique en moyenne 5,13 kg de paddy étuvé en une heure et 7 kg pour le riz non étuvé avec un rendement moyen de 65% dont 5% de petites brisures.

Le décorticage manuel est considéré comme très pénible par les femmes qui sont disposées à payer pour faire réaliser cette opération par des prestataires (les meuniers). Selon nos enquêtes, le système de décorticage manuel n'est pratiqué par les femmes que pour de très petites quantités de paddy. L'existence de décortiqueuses dans nos villages d'étude est un facteur qui favorise cette option.

Notons que le riz décortiqué manuellement comporte généralement beaucoup d'impuretés (cailloux, pierres et grains non décortiqués) qui demandent beaucoup de travail de triage lors de sa préparation. Ce qui diminue sa qualité.

5.4.2.2. Le décorticage mécanique

Le décorticage mécanique est, dans la zone d'étude, le système de décorticage le plus pratiqué. Il s'agit du décorticage réalisé à l'aide de décortiqueuse de type Engelberg. La décortiqueuse de type Engelberg est composée essentiellement d'une Trémie d'aluminium,

d'un arbre cannelé en fonte, tournant à l'intérieur d'un carter muni d'un tamis à la base, et d'une lame d'acier jouant un rôle de freinage des grains (voir photo 4).

Photo 4: Décortiqueuse de type Engelbert

Le décorticage est effectué par un principe de friction / cisaillement lors du passage des grains entre le cylindre et la lame. Les décortiqueuses Engelberg utilisées dans notre zone d'étude sont actionnées par des moteurs thermiques Diesel. Selon Houndékon (1996), la capacité horaire de ces moulins est d'environ de 100 kg. On distingue deux versions de décortiqueuse de type Engelberg : la version mobile et la version fixe. C'est cette dernière qui est rencontrée dans notre zone d'étude. Le prix pratiqué par les décortiqueuses est de 10FCFA /kg à Glazoué et 12 FCFa /kg à Magoumi et à Ouèdèmè.

5.5. La commercialisation du riz local

La commercialisation du riz paddy est assurée exclusivement par des commerçants privés dans la commune de Glazoué. Le circuit de commercialisation du paddy comporte trois types de commerçants : les grossistes collecteurs, les grossistes transformateurs et les détaillants transformateurs. Les grossistes collecteurs sont ceux qui achètent le riz à bas prix au moment de la récolte, le stockent pour le revendre deux à six voir dix mois après. En effet, le paddy est mis dans des sacs de jutes puis entreposer dans des magasins, sur du bois ou des briques, pour le stockage. Les grossistes collecteurs s'assurent du séchage complet des grains paddy avant leur achat pour le stockage. Elles s'assurent que le paddy est complètement sec lorsque la balle se détache facilement du grain en le frottant entre la paume des deux mains ou lorsque le grain produit un son aigu sous la dent. Selon les commerçants, lorsque le paddy n'est pas bien sec, il se développe des moisissures dans le stock qui créent de dommage au paddy ; ce qui constitue des pertes. Le paddy non bien sec se conserve mal.

Les grossistes transformateurs ont pour but non pas de revendre le paddy brut mais de s'approvisionner en matière première pour la transformation. Ils achètent le paddy soit des producteurs soit des collecteurs. Les détaillants transformateurs sont ceux qui achètent le paddy en petite quantité auprès du producteur ou du collecteur grossiste, l'étuvent et le font décortiquer et procèdent aussitôt à sa vente. La figure 6 présente le circuit de commercialisation du riz local dans la commune de Glazoué.

PRODUCTEURS

COLLECTEURS

GROSSISTES

DETAILLANTS
TRANSFORMATEURS

MEUNIERS DECORTIQUEURS

CONSOMMATEURS

DETAILLANTS

GROSSISTES
TRANSFORMATEURS

Décorticage

Figure 6 : Circuit de commercialisation du riz local Source : Enquête, 2006

> Les unités/instruments de mesure

Le tableau 11 montre les instruments de mesure du riz dans la zone d'étude ainsi que leurs équivalences en kilogrammes. Les équivalences concernent la contenance des unités en riz paddy.

Tableau 11: instruments de vente du riz

Nom de l'instrument/unité Equivalence en kilogramme (kg)

Bassia 33.25

Tchaga 25

Sogo 1.75

Tongolo 0.7

Source : Enquête, 2006

> Les taxes

Le commerçant doit faire face à deux types de taxe sur le marché de Glazoué. Il s'agit de la taxe communale qui s'élève à 100 FCFA par sac de riz cargo et la taxe de gestion du marché ou droit de place fixée à 100 FCFA par « marché ».

> Le financement

Pour financer leurs activités, les transformatrices et commerçantes ont besoin de capital. De nos enquêtes, il ressort qu'il s'agit d'un facteur limitant et les principales sources de financement sont les fonds propres, les prêts auprès des amis et parents. Les transformatrices pensent qu'elles sont exclues du secteur financier formel compte tenu des exigences pour l'octroi de crédit à ce niveau. Elles trouvent le taux d'intérêt appliqué par les institutions formelles de crédit (CLCAM5, CREP6, ASF7) élevé, le délai de remboursement inadéquat ainsi que les garanties exigées inopportunes. Les besoins de financement généralement exprimés par les transformatrices sont les crédits pour l'achat du paddy en période d'abondance où les prix sont bas. En effet, en période d'abondance (Décembre- Janvier), le prix de la bassine ou "bassia" oscille autour de 4000 FCFA contre 7500FCFA en période de pénurie (Juillet- Septembre).

5 CLCAM : Casse Locale de Crédit Agricole Mutuel

6 CREP : Caisse Rural d'Epargne et de Prêt 7 ASF : Association des Services Financiers

5.6. Conclusion partielle

A l'issue de ce chapitre, on peut retenir que plusieurs contraintes sont liées à la production du riz dans la commune de Glazoué. L'utilisation des outils aratoires rudimentaires rend pénible le travail. La contrainte à laquelle doit faire face le producteur après le semis est la lutte contre l'envahissement des adventices qui de plus en plus deviennent même résistants aux herbicides. Aussi, vers la fin du cycle de développement du riz, le producteur devra faire face aux attaques des oiseaux granivores qui font de plus en plus rage dans la commune.

Le riz avant d'être comestible, doit être décortiqué afin de débarrasser les balles du grain. Avant de passer au décorticage, il est d'abord étuvé. L'étuvage est une activité traditionnellement pratiquée par les femmes. La méthode traditionnelle d'étuvage ne permet pas touj ours d'obtenir un riz cargo de bonne qualité répondant au goût des consommateurs. Cette mauvaise qualité est souvent due au mauvais triage, au mauvais lavage du paddy et à la non-réussite de la pré-cuisson. La non réussite de la pré-cuisson provient de la mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il n'en faut ou bien se carbonise. Suite à ce constat et dans le souci d'amélioration de la qualité du riz obtenu par les femmes transformatrices, le PTAA/INRAB a introduit un nouveau dispositif d'étuvage à vapeur constitué de deux démis-fûts qui a été ensuite amélioré grâce aux suggestions formulées par les utilisatrices suites aux conclusions des évaluations. Ce qui a conduit à la fabrication du dispositif composé d'une marmite et d'un bac d'étuvage qui est un récipient en forme de sceau dont le fond et le quart inférieur de son pourtour sont perforés. Le principe de fonctionnement de ce dispositif étant la cuisson à la vapeur, il permet donc de résoudre le problème de la non réussite de la pré-cuisson. Dans le message de vulgarisation du dispositif, l'accent est mis sur les soins particulier à apporter au riz paddy (lavage et triage) à étuver afin d'obtenir du riz cargo de bonne qualité.

6. PERCEPTION PAYSANNE DE LA QUALITE DU RIZ ETUVE AVEC LE DISPOSITIF AMELIORE

6.1. Introduction

L'objectif de ce chapitre est d'analyser la perception des populations locales de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré d'étuvage. Ce chapitre nous permettra aussi de comparer la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré d'étuvage et celui étuvé avec le dispositif traditionnel (selon les perceptions des populations locales) par une approche qualitative. Cette perception est d'autant plus importante qu'elle conditionnera l'attitude des acteurs face à l'innovation. Elle constitue un préalable aux déterminants de l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage car de cette perception dépendra la motivation des acteurs (consommateurs potentiels de l'innovation) à apprendre à utiliser le dispositif.

Ce chapitre nous permettra de savoir si la qualité du riz cargo obtenu avec le dispositif amélioré répond aux préférences et habitudes alimentaires des populations locales qui constituent les principaux acteurs dans le système. En effet, les habitudes alimentaires étant des normes socioculturelles difficiles à modifier, une innovation répondant à ces normes aura un peu de crédit auprès des populations ; ce qui constitue un atout majeur à son adoption.

L'usage du dispositif amélioré d'étuvage entraînant des modifications qualitatives sur le riz, il est nécessaire de savoir si ces modifications sont conformes aux normes alimentaires établies dans la communauté où il est introduit. Souvent, les développeurs ne font pas suffisamment attention à ces paramètres à cause des objectifs économiques visés alors qu'en milieu rural ces facteurs sont autant importants que les objectifs économiques. Les facteurs économiques et socioculturels sont intimement liés et parfois, l'aspect socioculturel l'emporte sur l'économique dans les sociétés traditionnelles. Ce sont ces facteurs que Rogers (1983) résume sous le terme norme qu'il définit comme étant des modèles de comportements établis, représentant souvent des barrières à l'adoption d'une innovation, surtout en ce qu'il s'agit des habitudes alimentaires.

C'est pourquoi, il est important de chercher à comprendre si une innovation est socialement et culturellement acceptée avant toute démarche. La perception des populations locale de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré d'étuvage constitue donc "une porte d'entrée" à l'étude des facteurs déterminants son adoption.

6.2. Critères endogènes d'appréciation du riz et leur hiérarchisation

Le riz est un aliment produit et largement consommé par les populations de la commune de Glazoué. Il occupe une place importante dans la consommation alimentaire des ménages. La plupart des consommateurs de la commune de Glazoué préfèrent du riz étuvé pour diverses raisons. Selon les perceptions, l'étuvage du riz permet d'améliorer ses caractéristiques culinaires et organoleptiques que sont le taux de brisure, le goût, la texture, l'homogénéité de la cuisson, etc. Les préférences des consommateurs locaux se fondent sur différents critères qu'on peut regrouper en deux catégories. Il s'agit des critères d'appréciation sur le riz crû et ceux sur le riz déjà cuit (riz bouilli).

Les critères endogènes d'appréciation du riz varient d'un individu à un autre ainsi que l'importance relative de ces derniers dans les systèmes de préférences individuelles. Mais à partir des préférences individuellement exprimées, il est possible de dégager une préférence qui répondra à la préférence collective. Ainsi, chaque consommateur était amené à hiérarchiser ses critères de préférence dans les deux cas (riz cru et riz cuit). Le test de Kendall a été utilisé pour tester la concordance des classements faits par chaque consommateur. L'utilisation de ce test se justifie par le fait que, tous les critères étaient connus d'avance par le biais de l'étude exploratoire. Ces critères préalablement identifiés ont été soumis au classement par chaque consommateur enquêté.

Dans les parties suivantes, nous allons présenté les critères endogènes d'appréciations du riz (le riz crû et cuit) ainsi que leur hiérarchisation c'est-à-dire leur importance relative dans le système de préférence du consommateur après les avoir opérationnalisé.

6.2.1. Critères d'appréciation du riz crû et leur hiérarchisation

6.2.1.1. Critères d'appréciation du riz crû

La qualité du riz est d'abord appréciée par rapport à sa présentation qui est un facteur qui attire le consommateur. Certaines caractéristiques physiques du riz lais sent déjà présager de sa qualité à la cuisson. Les critères de jugement de la qualité physique du riz généralement évoqués par les consommateurs sont : la propreté, le taux de brisure, la couleur, la saveur/odeur, l'importance des grains non décortiqués dans l'échantillon du riz ou taux de paddy, la présence ou non de grains noirs dans l'échantillon du riz et son aptitude à la conservation.

> La propreté

Un riz propre est un riz qui ne présente pas d'impureté (grain de sable, cailloux...) et dont des débris de balle ne subsistent sur le grain après décorticage. Les consommateurs n'apprécient pas le riz avec de la poussière de son. Le critère propreté du riz est donc un critère très important d'appréciation de la qualité du riz. Du point de vue des consommateurs, c'est la propreté du riz qui le rend attrayant.

> Taux de brisure

Les consommateurs enquêtés préfèrent le riz dont le taux de brisure est faible. Un taux de brisure élevé diminue la valeur marchande du riz et le rend indésirable par les consommateurs. Au même titre que la propreté, le taux de brisure est un critère visuel d'appréciation de la qualité du riz par le consommateur.

> Importance des grains non décortiqués

Dans certains cas, après le décorticage du riz, certains grains non décortiqués subsistent dans l'échantillon. Ceci demande au moment de la préparation du riz un travail de triage supplémentaire. Ainsi, les consommateurs préfèrent du riz dans lequel ne subsistent pas de grains non décortiqués.

> Couleur

Selon nos enquêtes, les consommateurs préfèrent du riz de couleur blanche. La coloration du riz dépend de la réussite de l'étuvage. Toutes les transformatrices enquêtées affirment que la coloration parfois jaune foncée du riz dépend exclusivement de la maîtrise de l'étuvage par l'opérateur (la transformatrice). Ce défaut part déjà de la réussite de l'étape du trempage à chaud dans le processus d'étuvage et ceci s'accentue lorsque la transformatrice n'arrive pas à bien apprécier la quantité d'eau à verser dans la marmite lors de l'étape de la cuisson. Un riz de couleur blanche est très attrayant et bien apprécier des consommateurs.

> L 'odeur / saveur

L'odeur est un critère d'appréciation de la qualité du riz qui témoigne de la réussite des activités de sa transformation. Mais il est important de rappeler ici que le critère odeur souvent évoqué par les consommateurs est complètement différent du parfum du riz qui lui, peut dépendre de la variété du riz. En effet, selon les transformatrices enquêtées, il existe une corrélation entre la méthode d'étuvage et la saveur du riz décortiqué. Le séjour du paddy dans

l'eau froide8 donne au riz une odeur forte qui le rend non désirer par les consommateurs. Toutefois, la mauvaise conduite de l'étuvage peut donner au riz une telle odeur. A l'instar de la couleur, l'odeur / saveur du riz est un critère d'attraction du consommateur.

> Importance de grains noirs dans le riz

Dans le riz étuvé décortiqué existe parfois de grains noirs du à certains facteurs comme la qualité du paddy et l'étuvage. La mauvaise conduite de l'étuvage9 entraîne la carbonisation des grains situés en bas de la marmite, ce qui peut entraîner la présence de grains noirs dans le riz si les grains carbonisés n'ont pas été triés avant le décorticage. D'autres facteurs sont à la base de cette caractéristique. Selon les transformatrices, l'épandage de l'engrais à partir du stade où le riz amorce la floraison (stade de début floraison) et le déficit hydrique à partir de ce stade accélère la maturation des grains paddy ; ce qui a pour conséquence l'assèchement des grains n'ayant pas atteint le stade de maturité complète. Et ce sont ces grains qui sont noirs au décorticage. Aussi, selon les perceptions, les grains partiellement attaqués par les oiseaux granivores sont-ils noirs au décorticage. Il faut aussi ajouter au nombre de ces facteurs, le mauvais lavage et/ou triage lors de l'étuvage qui fait que les grains non mûrs subsistent dans le riz à étuver.

> Aptitude à la conservation

Le riz cargo n'est pas toujours immédiatement consommé par le consommateur juste après son achat. Il est parfois stocké pendant quelques semaines avant sa consommation. Lorsque le riz cargo n'est pas de bonne qualité, il peut développer des moisissures et bactéries (les parasites) pendant le stockage, le rendant impropre à la consommation. Plusieurs facteurs peuvent être à la base de ce défaut que peut présenter le riz cargo.

L'eau est le principal facteur de dépréciation de la qualité du riz au stockage. En effet, pour bien appréhender l'importance de l'eau dans les problèmes de conservation, il faut avoir constamment à l'esprit les principes qui régissent son adsorption par les constituants chimiques du grain (Guir-Arich et al, 1967; Robert, 1972; Duck, 1975). Il existe une relation entre la durée maximale de stockage des grains et leur teneur en eau. En règle générale, on admet qu'un accroissement de 5% d'humidité diminue de moitié la durée de conservation (Kossou et Aho, 1993).

8Première étape d'étuvage de l'ancienne méthode traditionnelle d'étuvage. 9 Etuvage traditionnel

La mauvaise conduite de l'étuvage conduit à un riz cargo pas bien sec impliquant des dégâts au stockage. Le taux d'humidité du riz cargo est un facteur déterminent son aptitude à la conservation. Ce taux d'humidité dépend dans une certaine mesure de la réussite de l'étuvage. Selon nos enquêtes, ils existent des méthodes endogènes d'appréciation du degré d'humidité du cargo. L'indicateur d'un riz cargo bien sec prêt pour le stockage est le son aigu qu'il produit sous la dent.

6.2.1.2. Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz crû

L'importance relative de chaque critère d'appréciation de la qualité du riz crû est résumée dans le tableau 12. Ce tableau présente le rang moyen de chaque critère ainsi que l'ordre qu'il occupe dans la hiérarchie des valeurs. Les résultats du test de concordance de Kendall effectué sur les rangs sont aussi présentés dans ce tableau.

Tableau 12: Classification des critères d'appréciation du riz cargo

Critères

Rang moyen

Ordre

 
 

Propreté

1,19

1

Test statistics

 

Taux de brisure

2,11

2

N

75

Couleur

3,28

3

Kendall's W(a)

,806

Présence ou non de grains noirs

4,15

4

Chi-Square

362,753

Importance de grains non décortiqués

5,26

5

df

6

Odeur

5,33

6

Asymp. Sig.

,000

Aptitude à la conservation

6,68

7

 
 
 

W (a ) : Kendall's Coefficient of Concordance Source: Enquête, 2006

Les résultats du tableau montrent que le coefficient de concordance de Kendall est hautement significatif au seuil de 1%. On en déduit donc que les différents classements effectués par les consommateurs, ne sont pas indépendants les uns des autres. En d'autres termes, les classements observés sont, dans l'ensemble, extrêmement cohérents.

Ainsi, à partir des rangs indiqués au tableau 12, on peut dire que les trois premiers critères d'appréciation du riz cru sont la propreté, le taux de brisure et la couleur du riz. Ceci traduit que ces trois critères sont les plus importants dans le choix du riz par les consommateurs. Le critère aptitude du riz cargo à la conservation est souvent classé en dernière position par les enquêtés car dans les zones d'étude les problèmes de stockage du riz cargo ne se pose pratiquement pas et ceci pour diverses raisons. Le riz local décortiqué n'est conservé que pendant quelques semaines avant sa consommation. La pratique de conservation

du riz en paddy est la plus courante. Aussi, l'étuvage du riz très répandu dans la zone permet de garder intact le péricarpe (après décorticage) qui assure une bonne protection à la couche à aleurone, limitant ainsi les phénomènes de rancissement au cours du stockage. De même ces grains de riz pré bouillis sont moins attaqués par les insectes post-récoltes que le riz blanc ou poli chez lequel le péricarpe, la couche à aleurone et le germe sont absents (Kossou et Aho,1993).

6.2.2. Critères d'appréciation du riz cuit et leur hiérarchisation

6.2.2.1. Critères d'appréciation du riz cuit

Les critères d'appréciation de la qualité du riz cuit souvent évoqués par les consommateurs sont les suivants : le goût, la texture, le degré de gonflement, la durée de cuisson et l'aptitude à la conservation.

> Le pouvoir gonflant

Le pouvoir gonflant du riz est un critère d'appréciation de la qualité culinaire du riz. Cette aptitude du riz est très recherchée par les consommateurs car entraîne une augmentation du volume du riz après la cuisson. En effet, le gonflement du riz est apprécié par son volume après cuis son ; pour une même quantité de riz crû et pour une même préparation, un riz qui occupe plus de volume dans l'assiette est plus apprécié par rapport à un riz occupant un volume moindre. Il est dit plus économique car la quantité de riz crû sera alors diminuée. Les consommateurs enquêtés savent bien apprécier le pouvoir gonflant du riz. En appréciant la capacité du gonflement du riz, un enquêté s'exprime en ces termes "lorsque tu prends un peu, il faut que la casserole se remplisse". Cette déclaration prouve comment les acteurs apprécient le pouvoir gonflant du riz et montre que ces derniers préfèrent les riz qui se gonflent bien à la cuisson.

> Texture

La texture du riz après cuisson est l'aspect qu'il présente. Le riz présente différents aspects après cuisson. Mais l'aspect recherché par les consommateurs enquêtés est l'aspect non collant des grains. La texture du riz après cuis son dépend de la méthode de traitement du paddy (méthode de transformation). Certains indices du riz cargo cru permettent de prédire sa texture après cuisson. Selon les transformatrices, la teneur en eau du riz cargo en est un. En effet, lorsque le riz cargo n'est pas bien sec à la cuisson il présente un aspect pâteux et le rend

non désirer par les consommateurs. L'aspect pâteux du riz résulte de la non gélatinisation complète de l'amidon lors de l'étuvage. La dépréciation de la texture du riz est liée à la mauvaise conduite de l'étuvage qui ne permet pas le séchage complet des grains paddy avant décorticage.

> Le goût

C'est un facteur organoleptique d'appréciation de la qualité du riz. Le critère goût est un facteur socio-culturel important qui dépend des habitudes alimentaires du consommateur. Pour être désiré par le consommateur, le riz doit avoir un bon goût.

> La durée de cuisson

C'est un critère évoqué par les consommateurs pour faire allusion au temps que met le riz cru avant de cuir complètement. Les consommateurs recherchent un riz qui se cuit vite car l'allongement de la durée de cuisson augmente les dépenses en énergie (souvent du bois de chauffe qui est une ressource rare dans la zone d'étude) pour sa cuisson.

> Aptitude à la conservation

Comme pour le riz cru, les consommateurs recherchent une bonne aptitude de conservation du riz cuit. En effet, selon les habitudes alimentaires dans la zone d'étude, les restes d'aliments préparés la nuit sont souvent chauffés le lendemain matin pour être consommé comme petit déjeuner. Les populations ne font pas attention à la quantité d'aliment à préparer pour satisfaire juste les besoins du ménage. Un riz qui ne peut se conserver 8 à 10 h au moins après cuisson obligerait les populations à changer leurs habitudes au risque de jeter fréquemment les restes (partie non vite consommée). Ceci ne serait pas du goût de ces dernières qui ne ménageront aucun effort pour le rejeter.

6.2.2.2. Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz cuit

Les résultats de la hiérarchisation des critères d'appréciation sur le riz cuit sont résumés dans le tableau 13.

Tableau 13: Hiérarchisation des critères d'appréciation du riz cuit

Critères

Rang moyen

Ordre

Test Statistics

 

Pouvoir gonflant

1,37

1

N

75

Goût

1,68

2

Kendall's W(a)

,883

Texture

3,04

3

Chi-Square

265,011

Durée de cuisson

4,13

4

df

4

Aptitude à la conservation

4,78

5

Asymp. Sig.

,000

 

W (a): Kendall's Coefficient of Concordance Source: Enquête, 2006

Les résultats de ce tableau 13 montrent aussi que le coefficient de concordance de Kendall est hautement significatif au seuil de 1%. On en déduit ici aussi que les différents classements effectués par les consommateurs, ne sont pas indépendants les uns des autres. En d'autres termes, les classements observés sont, dans l'ensemble, extrêmement cohérents. Et nous pouvons conclure que les critères de préférence (sur le riz cuit) les plus importants dont tient compte le consommateur sont la capacité de gonflement et le goût du riz.

De tous les critères, le plus important demeure le pouvoir gonflant. Ceci montre que les populations locales tout en recherchant la qualité, mettent l'accent sur l'aspect quantitatif. "Le ventre d'abord", "il suffit d'avoir le ventre plein" ; sont les termes souvent évoqués par les enquêtés lorsque nous abordons la question de la hiérarchisation des critères d'appréciation du riz après cuisson. Ces termes montrent la primauté du critère pouvoir de gonflement du riz sur les autres critères tout au moins dans le rang de l'ensemble des critères évoqués pour apprécier le riz cuit. Après le critère goût, le critère texture du riz est le plus important. Les consommateurs affectionnent un riz qui ne se colle pas après cuisson. Pour justifier l'antipathie des consommateurs du riz collant, la déclaration de l'un de nos enquêtés est édifiante

« Si je veux manger la pâte, je saurai que je veux manger la pâte et si je veux manger du riz, je saurai que je veux manger du riz. Mais je ne peux pas manger du riz qui ressemble à de la pâte ».

Le critère aptitude à la conservation occupe certes la dernière place mais revêt une importance capitale compte tenu des habitudes alimentaires dans la zone d'étude. Ce critère est souvent classé en dernière position parce que la plupart des enquêtés déclarent qu'ils entendent parler qu'il existe des variétés de riz qui, lorsque préparé la veille, les restes ne peuvent plus être chauffés le lendemain pour la consommation, mais qu'ils ne connaissent pas encore une telle variété. Cependant, certains d'entre nos enquêtés (les producteurs) ont

déclaré que la variété Wab présente cette propriété et pour ce fait, la réserve pour la vente en paddy au commerçants qui viennent de Malanville10. Ce riz quitte donc le circuit de commercialisation locale et ceci montre l'importance de l'aptitude du riz à la conservation dans la zone d'étude.

Il est important de signaler ici que selon une étude menée par Houssou (2005) sur l'aptitude à l'étuvage de huit variétés de riz cultivé au Bénin, la variété Wab se prête mieux à l'étuvage loin devant les variétés locales Gambiaka et Cogbèdè. Cette évaluation était basée sur les critères : taux de brisure, couleur, propreté et la présence ou non de grains noirs dans l'échantillon du riz non cuit ; le goût, le pouvoir gonflant et l'aspect collant ou pour l'échantillon de riz cuit. Au terme de cette étude, la variété Wab était la variété la plus conseillée aux transformatrices. La déclaration de certains de nos enquêtés à l'endroit de la variété Wab constitue donc un contraste qu'il va falloir clarifier.

6.3. Appréciation du riz étuvé avec le dispositif amélioré

Dans le but d'apprécier le niveau de (in)satisfaction des consommateurs de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré et d'évaluer les performances de ce dernier en termes de ses changements qualitatifs sur le riz cargo comparativement au dispositif traditionnel, les consommateurs ont été amenés à donner une note de satisfaction (sur une échelle de cinq points) pour chaque critère. Les résultats de cette évaluation sont résumés dans le tableau 14 et le tableau 15.

Tableau 14: Appréciation du riz cargo

Critères Notes d'appréciation (n = 75)

Méthode traditionnelle Méthode améliorée

Propreté 2,5200 4,8000***

Taux de brisure 2,493 3 4,4000***

Couleur 2,7600 4,5278***

Importance de grains non décortiqués 3,8 133 4,0053*

Odeur 3,760 1 4,4800*

Aptitude à la conservation 4,7467 5,0000

Source : Enquête, 2006

*** = significatif à 0.1% **= significatif à 1% * = significatif à 5%

10Lors des ventes groupées organisées par UNIRIZ et les ONG locales

Tableau 15: Appréciation du riz cuit

Notes d'appréciation (n = 75)

Critères Méthode traditionnelle Méthode améliorée

Pouvoir gonflant 3,793 4,5333**

Goût 3,8400 4,5733**

Texture 3,6133 4,6533**

Durée de cuisson 4,2800** 3,4400

Aptitude à la conservation 4,9333 4,9467

Source : Enquête, 2006

** = significatif à 1% * = significatif à 5%

Les notes présentées dans les tableaux 14 et 15 sont les notes moyennes obtenues après traitement des données collectées auprès des consommateurs individuels. Selon l'échelle de mesure, la note 5 signifie une très bonne appréciation, 4 une bonne appréciation, 2 à 1 une appréciation médiocre, la note 3 étant la moyenne retenue. Les moyennes obtenues ont été testées avec le test t de student pour déterminer le niveau de signification des différences entre les moyennes observées. Ce test a été fait entre les moyennes deux à deux pour un même critère. Les résultats du test sont consignés dans les tableaux 15 et 16.

L'analyse des résultats du tableau 14 montre que le dispositif amélioré d'étuvage contribue sensiblement à l'amélioration de la qualité du riz cargo, principalement à l'amélioration de sa propreté, son taux de brisures et sa couleur. Le test à été hautement significatif à 0.1% pour ces critères qui constituent (selon la hiérarchisation des critères) les principaux critères de choix des consommateurs. Ce tableau montre aussi que le dispositif amélioré permet de diminuer le nombre de grains paddy non décortiqués après usinage. Ceci tient du fait que ce riz se sèche bien avant décorticage parce que n'ayant pas absorbé de l'eau lors de l'étuvage.

L'analyse du tableau 15 montre que le dispositif amélioré d'étuvage améliore la qualité organoleptique du riz. Il augmente la capacité de gonflement du riz, améliore son goût et permet d'avoir un riz non collant après cuisson ; toute chose répondant au goût des consommateurs. En effet, l'aptitude à gonfler du riz étuvé à la vapeur a été vérifiée par Houssou (2002) au laboratoire par un test d'absorption d'eau en cours de cuisson utilisant la méthode de Juliano (1982) décrite par Godon et Loisel (1984). Les résultats de ce test sont résumés dans le tableau 16.

Tableau 16: Test d'absorption d'eau du riz cargo (pour 100 g)

Riz étuvé avec le nouveau dispositif

Riz étuvé avec le dispositif traditionnel

 

Volume d'eau absorbé : 800 #177; 71 700 #177; 50
ml/100 g

Durée de cuisson (mn) 21 #177; 5,6 15 #177; 01

Source : Houssou, 2002

A la cuisson, le riz étuvé à la vapeur a absorbé plus d'eau que le riz étuvé à l'eau. Ceci confirme les résultats du tableau 15 et prouve que les consommateurs savent bien apprécier la capacité de gonflement du riz étuvé avec le dispositif amélioré. Cette aptitude à gonfler que présente le riz étuvé avec le nouveau dispositif tient du fait que lors de l'étuvage, le riz n'avait pas absorbé de l'eau et comporte donc beaucoup plus de matière sèche que le paddy étuvé dans l'eau qui est légèrement plus humide.

Par ailleurs, l'étuvage à la vapeur allonge le temps de cuisson du riz cargo, en témoigne la signification du test de student. Ceci est le seul inconvénient noté par les consommateurs enquêtés. En réalité l'allongement de la durée de cuis son ne constitue pas un problème majeur car ce critère est marginal dans le système de préférence du consommateur.

6.4. Conclusion partielle

A l'issue des résultats obtenus, il apparaît clairement que le dispositif amélioré d'étuvage contribue à améliorer de façon significative la qualité du riz qui est bien apprécié des consommateurs : riz propre, savoureux, moins brisé et qui gonfle mieux à la cuisson.

Le seul défaut reproché au produit obtenu à partir du dispositif amélioré est sa durée de cuisson qui est plus longue. Ce défaut ne constitue pas une contrainte majeure car le critère « durée de cuisson » n'occupe pas une place importante au nombre des critères de choix du consommateur. Toutefois, une solution à cette contrainte pourrait être le trempage préalable du riz dans l'eau froide avant sa cuisson.

7. PERCEPTIONS PAYSANNES DES CARACTERISTIQUES DU DISPOSITIF AMELIORE

7.1. Introduction

Plusieurs études ont montré que les perceptions paysannes des caractéristiques d'une technologie sont déterminantes pour son adoption (Adesina et Zinnah, 1992, Adesina et Bardu-forson, 1996). Ainsi, la perception des transformatrices des caractéristiques du dispositif sera déterminante pour son adoption. L'analyse des perceptions des acteurs des attributs du dispositif amélioré permettra de savoir jusqu'à quel point telle ou telle caractéristique encourage ou décourage son adoption. Ce qui permet de mesurer la satisfaction que le dispositif proposé par les services de recherche et de vulgarisation procure aux transformatrices et éventuellement aux meuniers. Nous partons de l'hypothèse selon laquelle les transformatrices ressentent un problème, une contrainte; ce qui crée une demande. D'un autre côté, la recherche et la vulgarisation proposent une offre de technologie qui sera évaluée par les transformatrices. Le comportement d'adoption des transformatrices résultera donc du degré de compatibilité entre leurs perceptions des caractéristiques des technologies introduites et celles des technologies demandées ou recherchées.

En effet, selon Thornton et Odero, (1998), l'évaluation paysanne, basée sur la perception paysanne, permet aux paysans concernés par un projet d'exprimer leur opinion, ce qui permet de vérifier leur (in)satisfaction à son égard. Il est très important de demander l'opinion des utilisateurs afin de contribuer à l'identification des points forts et faibles d'une technique. Par exemple, Tano Kouadio (cité par Thornton et Odero, 1998) a démontré que l'évaluation subjective des paysans était un déterminant significatif de la décision d'adopter ou non une nouvelle technique. La pensée de De Bresson (1993) explicite bien l'importance de l'évaluation paysanne. Selon lui, les consommateurs (utilisateurs) sont en mesure de juger de l'utilité et des inconvénients de la technique. Même si leurs arguments paraissent subjectifs, incomplets et exprimés d'une "drôle" de façon, ils ont intuitivement raison. Le tout premier avis des utilisateurs est aussi un indice de la réaction qu'aura le reste de la société. Avec ces premiers commentaires, il devient possible d'ajuster la technique aux préférences des utilisateurs qui participent ainsi à la conception de la technique.

L'analyse de la perception des transformatrices des caractéristiques de la technologie se fera à travers leurs perceptions des atouts et contraintes inhérentes à l'utilisation de cette dernière.

7.2. Perception des atouts du dispositif.

Les atouts du dispositif regroupent tous les avantages liés à l'utilisation de ce dernier. Ces avantages peuvent être d'ordre technique, économique ou organisationnel. Les avantages du dispositif perçus par les transformatrices ainsi que leur hiérarchisation sont résumés dans le tableau 17. La hiérarchisation des caractéristiques perçues comme atouts par les transformatrices s'est faite en utilisant un indice pondéré. La formule de cet indice est mise en bas du tableau. Ce choix est motivé par le fait que lors des enquêtes, chaque enquêté (transformatrice) était libre d'indiquer les trois premières caractéristiques pouvant être considérées comme avantages (selon sa conception), après avoir cité de façon exhaustive les atouts du dispositif. Il est important de rappeler ici que les transformatrices, dans leurs appréciations, n'arrivent pas à différencier les avantages intrinsèques au dispositif des avantages liés au produit obtenu de cette technologie. Ces dernières ont donc appréciées le riz étuvé et le dispositif en même temps. Ceci traduit le fait "qu'au yeux" des transformatrices la qualité du étuvé est autant importante que les caractéristiques du dispositif.

Tableau 17: Avantages liés à l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage

Caractéristiques

Rang1

Rang2

Rang3

Somme

Indice

Ordre

Bonne qualité du riz obtenu

41

10

2

53

48,3 3

1

Séchage rapide

39

5

 

44

42,3 3

2

Transvasement du paddy facile

15

17

1

33

26,67

3

Grande capacité du bac

12

15

1

28

22,33

4

Travail moins pénible

13

 
 

13

13

5

Rendement au décorticage élevé

 

10

5

15

8,33

6

Vente de riz à bon prix

5

2

2

9

7,00

7

Cuisson homogène du riz

3

 

6

9

5,00

8

Diminution risque de mauvais séchage

 

4

 

4

2,67

9

Vannage facile

 

2

1

3

1,67

10

 

Les indices pondérés ont été calculés par la formule : [(rang1 x 3) + (rang2 x 2) + (rang3 x 1)]/3 ;

Dans les colonnes « rang 1, rang 2, rang 3 » sont inscrits le nombre de personnes ayant attribué respectivement le 1, 2 et 3 aux avantages.

Source : Enquête, 2006

Au total, neuf caractéristiques ont été perçues comme avantages liés à l'utilisation du dispositif amélioré. Il s'agit de la bonne qualité du riz obtenu, du séchage rapide du paddy étuvé, de la facilité du transvasement du paddy, de la réduction de la pénibilité du travail, du rendement au décorticage élevé, de la vente du riz à bon prix, de la cuisson homogène du riz et de la diminution du risque d'un mauvais séchage du paddy après cuisson. La hiérarchisation des caractéristiques montre que les trois premiers avantages du dispositif sont la bonne qualité du riz obtenu, la rapidité du séchage et le transvasement facile. Dans la partie suivante, nous analyserons la perception des transformatrices de ces caractéristiques après avoir présenté les innovations paysannes liées au dispositif amélioré.

7.2.1. Innovations paysannes liées au dispositif amélioré

Au cours de nos enquêtes, nous avons rencontré des femmes transformatrices qui, conscientes des avantages du dispositif, ont innové. Nous nous chargerons de présenter l'exemple de deux d'entre elles. Il s'agit de madame GG à Ouèdèmè et de madame AS à Kpakpaza.

« Madame GG est une transfomatrice du riz âgé de 57 ans; elle est veuve, animiste, n 'a aucun niveau d'instruction. L 'étuvage du riz constitue son activité secondaire après l'agriculture. Elle est la présidente du groupement Toyi : groupement de transformation du manioc et du soja en produits divers. Elle a 15 ans d 'années d 'expérience dans l 'étuvage du riz d 'où elle tire 25% de ses revenus. Elle a été formée à l 'utilisation du dispositif amélioré par le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) par le biais du CeCPA Glazoué. Elle a avoué avoir été inspiré du modèle du dispositif amélioré dont le principe est de favoriser une cuisson complète à la vapeur en séparant le paddy de l 'eau de cuisson lors de l 'étuvage.

Le dispositif de Madame GG est composé d'une marmite, d'un plateau troué et de petits morceaux de bois. En effet, au cours de l 'étuvage, les morceaux de bois bien résistants sont placés horizontalement dans la marmite contenant de l 'eau. Le plateau troué est déposé sur les morceaux de bois dans la marmite de sorte qu 'il ne soit en contact avec l 'eau. Le riz paddy trempé dans l 'eau chaude la veille est versé sur le plateau dans la marmite pour être pré-cuit à la vapeur. Le riz pré-cuit est étalé sur une bâche pour le séchage au soleil pendant 2 heures puis ramassé et séché dans la chambre pendant toute la nuit. La seule contrainte qu 'elle trouve à son innovation est la réduction de la capacité de sa marmite. Mais elle déclare être satisfaite du produit qu 'elle obtient qui selon elle compense cette contrainte ».

« Madame AS est âgé de 55 ans, marié, n 'a aucun niveau d'instruction et est membre du groupement des riziculteurs « Katshéfè Toga » où elle occupe le poste de responsable à l 'information. Elle étuve du riz juste pour la consommation de son ménage ou pour des cérémonies mais jamais pour la vente. Elle a été formée à l 'utilisation du dispositif amélioré par le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) par le biais du CeCPA Glazoué. Elle a avoué avoir été inspirée du modèle du dispositif amélioré qu 'elle a essayé de copier.

Le dispositif de madame AS est composé d'une marmite et d'un petit seau dont le fond et le tiers inférieur de son pourtour sont troués (voir photo5). Au cours de l 'étuvage, le seau troué est posé sur la marmite contenant de l 'eau. Le paddy versé dans le seau est alors précuit à la vapeur. Le paddy traité à la vapeur est séché au soleil pendant environ 2 heures puis à l 'ombre (dans la chambre) pendant toute la nuit. Le paddy est alors prêt pour le décorticage. Selon la transformatrice, la faible capacité du seau (environ 3 kg de paddy) ne constitue pas un problème car elle n 'étuve pas de grande quantité de paddy ».

Photo 5: Récipient troué pour l'étuvage (innovation de Madame AS)

Il est important de signaler que la méthode d'étuvage des deux innovatrices demeure la même que celle du dispositif amélioré. Les différences se situent au niveau des dispositifs. Ces transformatrices ont donc adoptées la méthode améliorée d'étuvage malgré leur innovation. Ceci témoigne de l'opportunité de l'innovation. Notons aussi que, les innovations de ces transformatrices constituent des formes d'adoption du dispositif.

7.2.2. Bonne qualité du riz obtenu

L'analyse du tableau 18 montre que le premier atout du dispositif perçu par la majorité des transformatrices demeure la qualité du riz cargo. En effet, selon les perceptions, le riz

cargo obtenu avec le dispositif est plus propre, blanc, présente moins de brisure comparativement au riz cargo obtenu à partir du dispositif traditionnel. Ceci montre une corrélation entre le dispositif utilisé et la qualité du riz obtenu au décorticage, toute chose étant égale par ailleurs. Cette perception des transformatrices confirme les appréciations des consommateurs (voir chapitre 6) des caractéristiques du riz étuvé avec le dispositif amélioré.

La qualité du riz cargo obtenu à partir du dispositif amélioré constitue la première source de motivation des transformatrices à utiliser le dispositif. Au marché, cette amélioration de la qualité est payante car ce riz se vend à un prix plus élevé que le riz étuvé avec le dispositif traditionnel. Pour preuve, nous prenons en témoignage la déclaration d'une transformatrice :

« Lorsque j 'étuve le riz avec le dispositif amélioré, après décorticage, le riz est propre, bien blanc, sans brisure. C 'est bien joli ! C 'est même plus bon que celui du "blanc". Lorsque je l 'amène au marché, je vends vite et mes clients sont contents du produit que je leur vends et me demande que prochainement de leur garder du riz en réserve. Même si je viens en retard au prochain marché, ils m 'attendent dans le hangar. Dans ce cas, lorsque les autres vendeuses vendent leur riz à 300 FCFA le kilogramme, même si je fixe mon prix à 350 FCFA le kilogramme, je vends plus vite qu 'elles. Il n'y a jamais de mévente avec le dispositif amélioré ».

Cette déclaration en plus de ce qu'elle prouve la qualité du riz cargo obtenu avec le dispositif amélioré, montre que les commerçantes et autres clients des transformatrices (restauratrice, consommateurs finaux) sont en quête de riz de bonne qualité et sont prêt à y mettre le prix. Elle montre aussi la satisfaction morale de la transformatrice, satisfaction d'avoir présenté un bon produit sur le marché. La présentation du riz obtenu avec le dispositif amélioré ne constitue pas ses seules qualités qui attirent les consommateurs. A coté de sa meilleure présentation, ce riz présente l'avantage d'avoir une capacité de gonflement meilleure de même que son goût comme montré dans la partie précédente (chapitre6).

Dans la bonne qualité du riz, les transformatrices mettent aussi la réduction de la quantité de grains non décortiqués après usinage. Cette réduction facilite le travail de vannage/ triage que la transformatrice devra faire après l'usinage afin de rendre le produit plus propre.

7.2.3. Le séchage rapide

Le séchage rapide du paddy est perçu comme un atout par les transformatrices pour diverses raisons. En effet, la lenteur du séchage du riz étuvé avec le dispositif traditionnel ne permet pas toujours d'avoir du paddy bien sec en temps réel au moulin surtout à des périodes de l'année où le soleil n'est pas favorable (temps peu ensoleillé). Le séchage constitue une contrainte à l'étuvage traditionnel et est la cause de nombreux problèmes rencontrés par les transformatrices. Ceci rend le travail pénible et lent, entraîne d'énormes pertes (pouvant aller jusqu'à 50%) au décorticage et par conséquent un faible rendement. Le mauvais séchage entraîne également un taux de brisure élevé entravant par ricoché la qualité du riz dont le prix chute sur le marché diminuant ainsi le revenu de la transformatrice. En conséquence, la rapidité du séchage du paddy étuvé avec le dispositif amélioré, en plus d'être un avantage technique, constitue un avantage économique important qui à juste titre est perçu par les transformatrices. La caractéristique du dispositif qui lui permet d'avoir cet avantage réside dans le fait qu'il permet une cuisson totale à la vapeur. Le riz ne beigne pas dans l'eau lors de la cuisson. Le paddy n'ayant pas absorbé d'eau se sèche vite au soleil. Selon les transformatrices, il suffit de l'étaler sur les bâches, même en absence de l'ensoleillement, le simple effet du vent suffit pour avoir du paddy sec. Ainsi le dispositif contribue à la réduction du risque d'un mauvais séchage surtout à une période de l'année où le temps est très peu ensoleillé. En effet, l'étuvage du riz avec le dispositif traditionnel nécessite un séchage au soleil avant l'étape de séchage à l'ombre. En temps moins ensoleillé, le séchage devient difficile et problématique avec risque de développement de moisissure sur les grains paddy au stockage, consomme beaucoup de temps diminuant la capacité de transformation de la petite entreprise de la transformatrice. Selon les transformatrices, le séchage à l'ombre seul suffit pour un bon séchage du paddy étuvé avec le nouveau dispositif; ce qui fait que ces dernières ne craignent pas la perturbation du séchage par les pluies perlées qui freinaient leurs activités. Selon les perceptions, le dispositif amélioré permet d'étuvé du riz en tout temps quelque soit les conditions météorologiques. A cet effet voici le témoignage de l'un de nos enquêtés, transformatrice du riz à Magoumi :

« Lorsque j 'étuve du riz avec le dispositif amélioré, au moment du séchage, je ne crains pas le mauvais temps, je sais qu 'il me suffira d'étaler mon paddy dans ma chambre. C'est vrai que dans ce cas le séchage est un peu plus lent que si cela a été en partie fait au soleil, mais le résultat reste le même: le paddy est bien sec ».

La déclaration d'une autre transformatrice à Ouèdèmè corrobore le témoignage de la transformatrice de Magoumi :

« En période de pluie nous avions des problèmes pour sécher du paddy étuvé. Des fois, le paddy n 'est pas bien sec avant de l 'amener au moulin. Conséquence, nous enregistrions beaucoup de brisure. Mais avec le nouveau dispositif, nous ne craignons plus la pluie ni le mauvais ensoleillement ».

Le dispositif amélioré permet donc de répondre aux problèmes de séchage dont faisaient face les transformatrices; séchage qui est parfois problématique en cas de mauvais temps.

7.2.4. Transvasement facile

La facilité de transfert du paddy du bac sur les bâches après cuisson permet aux femmes d'éviter de s'exposer à la chaleur dégagée par la vapeur qui s'échappe de la marmite comme c'est le cas avec le dispositif traditionnel. Ceci contribue aussi à réduire la pénibilité du travail et permet aux femmes d'éviter de s'exposer aux maladies dues à l'exposition à la chaleur.

7.2.5. La grande capacité du bac

L'avantage de la grande capacité du bac est qu'elle permet d'étuver une grande quantité de paddy en un seul tenant. Le bac peut contenir jusqu'à 50kg de paddy11 alors que les marmites utilisées par les femmes ne prennent pas plus que 3 0kg. La capacité du bac permet aux transformatrices de traiter de grande quantité de paddy augmentant ainsi leur chiffre d'affaire.

Le dispositif amélioré présente aussi l'avantage de favoriser une cuisson homogène des grains paddy. En effet, avec le dispositif traditionnel, le paddy en bas de la marmite cuit parfois trop ou se carbonise lors de l'étuvage lorsque la quantité d'eau à verser dans la marmite n'est pas bien appréciée par la transformatrice. Les conséquences de cette hétérogénéité de la cuisson sont la médiocrité du riz cargo obtenu, son prix bas sur le marché et par conséquent une perte de revenu pour la transformatrice.

En dehors de ces atouts identifier par les transformatrices, les meuniers trouvent au dispositif, l'avantage de donner du paddy facile à décortiquer leur permettant de dépenser

11 Le grand modèle

moins de gas-oil et par conséquent de réaliser des économies. Aussi, l'enlèvement de tous les corps étrangers par les lavages successifs prônés par la méthode améliorée permet d'enlever tous les petits graviers et les morceaux de métal qui risquent d'endommager la décortiqueuse, et les brins de paille qui peuvent gêner l'écoulement régulier du paddy vers la décortiqueuse.

7.3. Perception des contraintes liées au dispositif

Les contraintes liées au dispositif regroupent l'ensemble des facteurs limitant son adoption par les utilisateurs potentiels. Ces contraintes peuvent être directement ou indirectement liées au dispositif. La perception des contraintes liées au dispositif dépend de chaque transformatrice (cadre de référence) et de ses conditions socio-économiques. Ainsi, les contraintes liées au dispositif amélioré ont été diversement perçues par les transformatrices. Le tableau 18 résume les divers facteurs considérés comme contraintes pouvant freiner l'adoption du dispositif par les transformatrices.

Tableau 18: Contraintes liées au dispositif amélioré

Contraintes Pourcentage de répondant (%)

Coût d'acquisition élevé 95

Fuite de vapeur au cours de l'étuvage 25

Cuisson lente 35

Consommation élevée en bois 35

Consommation élevée en eau 40

Séchage solaire difficile 45

Source : Enquête, 2006

Ce tableau 18 montre que les contraintes liées au dispositif sont aussi bien d'ordre technique qu'économique. Les contraintes d'ordre économique sont le coût d'acquisition élevé, la consommation élevée en bois et en eau. En effet, le bois et l'eau constituent des facteurs de production limitant la transformation du riz dans la zone d'étude. Une demande élevée de ces facteurs constitue donc des contraintes importantes à prendre en compte.

7.3.1. Coût d'acquisition du dispositif élevé

La contrainte majeure liée au dispositif est son le coût d'acquisition élevé. La majorité des transformatrices (95%) l'ont exprimé. En effet on distingue deux modèles de dispositif : un petit modèle composé d'une "marmite de 25" et d'un bac pouvant contenir jusqu'à 24 kg de paddy vendu à 35000 FCFA et le grand modèle composé d'une "marmite de 30" et d'un

bac pouvant contenir jusqu'à 50 kg de paddy vendu à 45000 FCFA. Les transformatrices trouvent ces prix exorbitants par rapport au niveau de développement de leurs petites unités de transformation. Le dispositif n'est pas accessible de ce fait. En effet, le financement des activités d'étuvage du riz se fait sur fond propre chez la totalité des transformatrices enquêtés. Ces dernières ne disposent pas souvent d'assez "d'argent en cache" même pour l'achat du paddy. Certaines achètent le paddy à crédit qu'elles remboursent après la vente de leur riz cargo au marché, les mercredis.

7.3.2. Fuite de vapeur

Il a été constaté que lors de l'étuvage avec le dispositif, il y a des fuites de vapeur au niveau de la jonction du bac avec la marmite ; ce qui ralentit la cuisson si rien n'est fait. Selon 25% de nos enquêtés, cela constitue une contrainte. Mais en réalité, cela ne constitue plus une contrainte dans la mesure où les femmes elles-mêmes ont déjà trouvé un palliatif qui consiste à boucher l'alentour du bac (au niveau de sa jonction avec la marmite) de pâte. Ceci justifie la faible proportion de transformatrice l'ayant considéré comme une contrainte.

7.2.3. Consommation en bois

Pour 35% des enquêtés, l'une des contraintes du dispositif est sa consommation en bois. La cause de cette consommation en bois est la lenteur de la cuisson. En réalité, toutes celles qui évoquent cette contrainte n'étuvent pas de grande quantité de paddy (maximum 1 bassine soit un équivalent de 3 3,25 kg) de paddy. Par contre, celles qui étuvent de grande quantité trouvent la cuis son rapide mais à partir du deuxième lot, le premier lot étant lent à leur avis.

A l'analyse, la consommation élevée en bois que les transformatrices lient souvent au dispositif amélioré d'étuvage serait en partie due au type de foyer qu'elles utilisent. En effet, la plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de trois pierres. Il en résulte donc une perte considérable en énergie lors de l'étuvage et par conséquent une consommation élevée en bois.

7.3.4. Le séchage difficile

Une autre contrainte évoquée par les transformatrices est la difficulté du séchage bien que, selon elles, la rapidité du séchage serait un atout. En effet, selon les transformatrices pour réussir le séchage, il faut retourner le paddy régulièrement à la main. Un séchage trop rapide entraîne la formation de fissures très fines dans l'endosperme du grain de paddy (clivage du

grain par exposition au soleil). Ces fissures s'élargissent et donnent un fort pourcentage de brisures lors du décorticage. La rapidité du séchage demande que la transformatrice exécute beaucoup de travail de retournement que 45% de nos enquêtés trouvent contraignant. Selon ces dernières, lors du séchage "on n 'a plus de temps pour faire autre chose". Les autres transformatrice (55%) ne le trouvent pas contraignant parce que le considère comme le prix à payer pour avoir du riz cargo de bonne qualité.

7.4. Conclusion partielle

A la lumière de tout ce qui précède, il ressort que le dispositif amélioré introduit dans les zones du centre Bénin présente des avantages qui sont propres au dispositif lui-même et à sa capacité de permettre l'obtention d'un riz de bonne qualité apprécié des consommateurs. En effet, sur l'ensemble des villages enquêtés, les transformatrices s'accordent sur le fait que le dispositif favorise un séchage rapide, facilite le transvasement du paddy après cuisson et permet d'accroître le rendement au décorticage. Aussi, avec le dispositif amélioré, les femmes sont épargnées des tracasseries liées aux activités d'étuvage en même temps qu'il leur permet d'avoir du riz de meilleure qualité qui se vend à un bon prix. De plus, le dispositif permet d'étuver de grande quantité de paddy augmentant la quantité de riz traitée par unité de transformation. Toutefois, son coût élevé constitue un facteur limitant son accessibilité aux transformatrices.

Les avantages du dispositif suffisent-ils pour sous-tendre une bonne diffusion ? Si oui, pourquoi depuis l'introduction du dispositif dans la zone on n'a encore enregistré aucune commande des groupements ou des transformatrices individuelles ?

8. ACTEURS, INTERFACES ET ORGANISATION DE LA VULGARISATION

8.1. Introduction

L'activité d'étuvage du riz est menée exclusivement par les femmes et constitue une activité génératrice de revenu très importante pour ces dernières. Elle constitue pour certaines femmes leur seule et unique activité (11% des transformatrices12 enquêtées). La promotion du riz étuvé implique une série d'acteurs dont une présentation sommaire s'avère nécessaire. Ces acteurs peuvent être regroupés en quatre catégories que sont le gouvernement, les ONGs, les organisations paysannes et les individuels. Le gouvernement est représenté par les services décentralisés du MAEP tels que L'INRAB-PTAA, les CeCPA; le PSSA et le PADSA. Les ONGs peuvent être divisées en deux catégories: les ONGs internationales (Helvetas, VECO et Oxfam Québec) et les ONG locales (RABEMAR, Castor appuis-Conseils, Un Monde et LDLD). Les organisations paysannes impliquées sont le CPAC, l'UNIRIZ-C et les groupements rizicoles au niveau des villages. Les individuels sont les transformatrices individuelles, les commerçantes, les meuniers, les artisans locaux et les consommateurs.

8.2. Acteurs et interfaces

8.2.1. Le gouvernement

Le gouvernement joue un important rôle dans la promotion du riz étuvé. Son rôle part de la conception du dispositif jusqu'à sa diffusion à travers les programmes (PSSA, PADSA) impliqué dans le système de vulgarisation du dispositif amélioré. En effet, le dispositif amélioré a été conçu et testé en milieu rural par l'INRAB-PTAA pour évaluer ses performances techniques. L'INRAB est une structure de l'Etat spécialisé dans la recherche et le transfert de technologie amélioré répondant aux problèmes du monde rural. Son but est de contribuer au développement de l'agriculture béninoise.

> Le PSSA

Le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) est un programme initié par la FAO en 1994. Il est mis en oeuvre au Bénin depuis 1999 avec l'arrivée des experts et techniciens vietnamiens. Dans le cadre de l'intensification des cultures, les techniciens vietnamiens et leurs homologues béninois apportent leur appui technique à la production de

12 Aucun d'entre ces transformatrices ne sont membres des groupements de riziculteurs existants dans les villages étudiés

riz dans trois zones à savoir Dangbo (dans les villages de Yokon, Mitro et Zounguè), Kandi (village de Kassakou, Saah et Bensékou) et Glazoué (Yagbo, Ouèdèmé, Houin et Kpakpaza).

Le PSSA a financé le CeCPA Glazoué pour la formation des femmes des groupements13 avec qui il travail dans ses villages d'intervention dans la commune de Glazoué. Il a fourni à chacun des groupements un spécimen du dispositif pour les démonstrations au niveau village. Au total quatre dispositifs ont été distribués par le PSSA dans la commune de Glazoué.

> Le PADSA

Le Programme d'Appui au Développement du Secteur Agricole, est un soutien du Danemark, par l'intermédiaire de Danida, au Secteur agricole du Bénin. Ce programme est mis en oeuvre par le gouvernement béninois à travers différentes unités d'exécution nationales appuyées par un conseiller Danida : le PADSA intervient dans 22 communes. Il comprend cinq composantes : (A) appui au développement du secteur privé, (B) financement rural, (C) appui au développement communal, (D) appui institutionnel au MAEP et (E) recherchedéveloppement. Le PADSA s'est mis en relation avec le CeCPA Glazoué pour former les femmes à l'utilisation du dispositif amélioré. Sa contribution se limite au financement qu'il a alloué au CeCPA Glazoué pour la formation.

8.2.2. Les ONG

Les ONGs intervenant dans la promotion du riz étuvé dans la commune de Glazoué sont Helvetas, VECO, Oxfam- Québec et les ONGs locales : RABEMAR, Castor appuis- Conseils et Un Monde.

> Oxfam-Québec

C'est une ONG internationale d'origine canadienne qui a pour mission d'appuyer les populations défavorisées des pays en développement qui luttent pour leur survie, pour leur progrès, pour la justice sociale et pour le respect des droits humains. Sa mission vise également la mobilisation de la population du Québec afin de faciliter l'expression de sa solidarité pour un monde équitable. Elle est présente dans 22 pays dont 10 en Afrique. Le rôle de cette ONG dans la filière riz dans la commune de Glazoué se limite aux appuis techniques, logistiques et financiers qu'elle apporte à l'UNIRIZ-C par le truchement du CPAC. Elle a

13 Il s'agit du Groupement Katshéfè Toga à Kpakpaza, Minangnonnimidé à Ouèdèmè pour ce qui concerne nos villages d'étude.

joué un rôle particulier dans la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage en finançant l'UNIRZ-C pour la formation des femmes des groupements de riziculteurs disséminés dans toute la commune.

> VECO (Vredeseilamden Country Office)

VECO est une ONG internationale d'origine belge Vredeseilanden. Sa mission est de contribuer à bâtir une société harmonieuse à travers la promotion de l'agriculture durable et l'alimentation adéquate pour tous et pour toutes. Au Bénin, cette mission se concrétise par l'appui au développement de filières agricoles novatrices, le renforcement organisationnel et le développement institutionnel des partenaires : ONG/structures d'appui et organisations paysannes en vue d'offrir aux communautés rurales des services appropriés au développement des filières agricoles et en vue d'induire le changement des politiques agricoles et législations défavorables à la sécurité alimentaire et à l'agriculture durable.

> Helvétas (association suisse pour la coopération internationale)

Créée en 1955, elle travaille dans 22 pays dont 9 en Afrique, 8en Asie et 5 en Amérique Latine/Caraïbes. Ses secteurs d'interventions sont : infrastructure en milieu rural, gestion durable des ressources naturelles, formation et culture, Société civil et Etat.

Pour le développement de la filière riz dans le département des collines, ces deux ONGs internationales (VECO et Helvétas) ont crée un partenariat avec les ONGs locales cidessus citée. Les appuis qu'elles apportent aux ONGs locales sont d'ordre technique et financier. Leurs actions dans le domaine du riz concernent toutes les activités de la filière, de la production jusqu'à la commercialisation en passant par la transformation où se situe l'étuvage.

> RABEMAR (Recherche et Action pour le Bien être de la masse rurale).

C'est une ONG locale dont le siège est Glazoué. Elle a pour mission de contribuer au développement durable des communautés rurales par des appuis qui assurent l'augmentation de leurs revenus, l'amélioration des infrastructures socio-communautaires et un changement qualitatif de leur cadre de vie.

> Un Monde (Centre de Recherches et d'initiatives pour l'autopromotion et le développement communautaire).

Cette ONG a pour mission d'accompagner les communautés de base dans la gestion durable de leurs initiatives en vue de l'amélioration de la sécurité alimentaire, des revenus des productrices et producteurs et de leurs biens êtres physiques.

> Castor Appuis-conseils

Elle a pour mission d'aider les populations à la base à prendre en main la gestion durable de leur développement par la promotion agricole à travers la sécurité alimentaire, l'amélioration des revenus des productrices et producteurs ainsi que leur bien être physique et mental et leur épanouissement culturel.

En dehors des appuis que ces trois ONGs locales apportent pour impulser la production du riz, elles interviennent dans la dissémination du dispositif amélioré d'étuvage et mènent des actions de marketing du riz (local) étuvé à travers des foires et des communiqués radio diffusées sur les chaînes locales.

8.2.3. Les organisations paysannes

Les organisations paysannes identifiées sont le Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines (CPAC) et l'UNIRIZ-C. Le CPAC est une organisation faîtière qui regroupe les producteurs d'anacarde, les cuniculteurs et les producteurs de riz représenté par UNIRIZ-C. Le CPAC a joué un rôle important dans la promotion du riz étuvé à travers les formations qu'il a donné aux transformatrices. Notons que ces formations n'ont été possibles que grâce au concours financiers d'Oxfam- Québec.

D'autres acteurs très importants dans le système sont les transformatrices, les artisans locaux (forgerons), les meuniers et les commerçants. Les transformatrices sont les premiers acteurs dans le système. Leur rôle consiste à étuver le riz, à le faire décortiquer grâce aux services des meuniers, à le rendre comestible et à le mettre à la disposition des commerçantes, restauratrices ou consommateurs finaux. Les artisans locaux quant à eux se chargent de dupliquer le dispositif et de le mettre à la disposition des transformatrices (consommateurs de la technologie).

8.3. Organisation de la vulgarisation

Selon Durcker (1985) l'adoption d'une innovation ne dépend pas seulement de ses avantages techniques, mais aussi et surtout des facteurs socio-organisationnels. Le rôle de la vulgarisation est fondamental dans le processus d'adoption et de diffusion d'une innovation. C'est elle qui prend en compte l'aspect organisationnel des interventions nécessaire pour impulser le changement désiré. Nous considérons ici, la vulgarisation comme toute action visant la promotion du dispositif amélioré et comme un processus constitué d'un certain nombre d'éléments inter liés. Royen (1972) cité dans Röling (1982) a contribué à l'élaboration de la figure 7 qui donne les principaux éléments qui entrent dans ce processus de vulgarisation.

Groupe cible

Message Objectifs Méthode de communication

Organisation/ moyens

Figure 7: Moulin de Royen Source : Röling, 1982

- Les objectifs : dans le cadre de notre étude, nous considérons comme objectif la promotion du dispositif d'étuvage qui est une technologie pouvant contribuer à l'amélioration de la qualité du riz localement usiné.

- Le groupe cible est la population visée dans le milieu paysan représentée par les transformatrices du riz agissant en groupement ou individuellement.

- Le message concerne l'information (la formation) et ou les services (facilité ou octroi de crédit...) que les organismes ou institutions fournissent aux transformatrices.

- Les méthodes sont les moyens de communication utilisés pour provoquer le changement de comportement chez le groupe cible.

A l'issue des résultats précédents, nous pouvons affirmer que les transformatrices ont une bonne perception du dispositif qui présente beaucoup d'avantages sur le plan technique et économique. Dans cette partie, nous analyserons le système de vulgarisation du dispositif mis

en place par les différents acteurs concernés afin de voir jusqu'à quelle mesure cela peut soustendre une bonne diffusion. L'adoption du dispositif nécessite l'existence d'une demande durable et d'une chaîne d'offre efficiente. Les interventions représentent la jonction entre l'offre et la demande. Ainsi, nous avons réalisé un "Enterprise Web? pour le dispositif amélioré d'étuvage présenté par la figure 8. Cette figure montre l'ensemble des activités nécessaires pour l'adoption du dispositif et par conséquent pour la réussite de la vulgarisation afin de favoriser l'accès des transformatrices au dispositif. Au centre, est présenté l'activité principale qu'est l'étuvage du riz. Au-dessus de cette activité sont présenté toutes les activités nécessaires (input) pour adopter efficacement le dispositif. En dessous, sont présentés toutes les activités utilisant le produit (output).

Sélection des Transformatrices

Formation des Transformatrices

Sélection des
Villages

Etuvage du riz paddy par les femmes en groupement ou individuellement

Formation Meuniers

Vente du
dispositif par
les Forgerons

Offre de Crédit

Formation des
Forgerons

Auto
consommation

Offre du
dispositif par
ONG/CeRPA

Décorticage

Vente du riz

Offre Paddy
par
Producteurs

Offre de Crédit

Offre paddy commerçants

Figure 8: Enterprise Web pour le dispositif amélioré d'étuvage Source : Enquête, 2006

8.3.1. Sélection des villages appropriés

L'adoption du dispositif nécessite la disponibilité du matériel végétal qu'est le paddy. Dans la commune de Glazoué, tous les villages ne sont pas producteurs du riz. En conséquence, tous les villages ne peuvent pas être pris en compte pour la vulgarisation ; d'où une sélection s'avère nécessaire. Le critère "production de riz" dans le village est important pour s'assurer de la disponibilité de la matière première. Le second critère dont il faudra tenir compte est la présence dans le village de transformatrices ayant déjà leurs expériences dans l'étuvage du riz et capable d'apprécier les améliorations qualitatives induites par l'utilisation du nouveau dispositif. Ceci apparaît important pour éviter que l'innovation n'apparaisse pas trop nouveau aux yeux de la population cible. Cette orientation des interventions permettra d'atteindre à moindre coût les objectifs de la technologie qui sont d'améliorer de façon quantitative et qualitative le riz transformé par les transformatrices qui constituent la population cible. L'appréciation du village approprié à sélectionner nécessite une certaine expertise que possède les ONGs locales à cause de leurs expériences dans le domaine de la riziculture. En effet, les ONGs locales (RABEMAR, Castor appuis-Conseils, Un monde,) travaillent depuis 2002 avec l'ONG internationale VECO pour le développement de la filière riz dans les collines. A cet effet, ces ONGs ont déjà développé des partenariats avec les villages producteurs du riz dans les collines, identifié les potentialités existantes dans les autres villages afin d'impulser la production dans ces derniers. Cette expérience qu'ont les ONGs peut être mise à profit dans le cadre de la dissémination du dispositif.

8.3.2 Sélection et formation des transformatrices

La figure 8 montre que la sélection des transformatrices14 ainsi que leurs formations sont des activités nécessaires pour l'adoption du dispositif. Il est clair que la formation ne peut s'étendre à toutes les femmes pratiquant l'activité d'étuvage ; d'où une sélection des transformatrices appelée formatrice endogène est nécessaire. Ces dernières seront chargées de former leurs autres collègues. L'identification des formatrices endogènes est une activité cruciale pour assurer une bonne diffusion.

De nos enquêtes, il ressort que tous les acteurs intervenant dans la commune de Glazoué (CeCPA, ONGs locales, CPAC) prennent en charge cette activité. Mais tous ont choisi pour cible les groupements des producteurs du riz existant pour introduire le dispositif.

14 Formateurs endogènes

L'objectif était de passer par le biais de ces derniers pour atteindre les autres transformatrices. A quelles conditions l'effet de tache d'huile recherché pourra donc être atteint ?

Les groupements formés ont reçu chacun un spécimen du dispositif pour des essais au niveau village. L'occasion devrait être donnée aux membres de ces groupements (de production du riz) ainsi qu'aux non-membres d'essayer l'innovation afin qu'ils soient convaincus de ses avantages et aussi de ses inconvénients. Les groupements devront donc être des champs de démonstration pour le dispositif. L'accomplissement de ces devoirs qui incombent désormais aux groupements nécessite un bon fonctionnement de ces derniers. Ainsi, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des groupements en général et plus particulièrement au fonctionnement des groupements dont les membres ont été formés afin d'évaluer leur niveau d'implication dans la diffusion du dispositif et de voir si l'option choisie par les structures d'intervention peut sous-tendre une bonne diffusion du dispositif. L'étude des groupements s'est faite à travers les relations de pouvoir en leur sein et le degré d'implication de leurs membres dans la gestion des affaires du groupement.

Selon le projet d'intervention locale pour la sécurité alimentaire (PILSA), un groupement qui fonctionne bien doit :

- avoir une taille stable ;

- posséder au moins un statut et un règlement ;

- avoir au moins un livret d'épargne et un cahier de recette et de dépense ; - à défaut du travail collectif pratiqué au moins l'entraide ;

- posséder un bureau élu par élection (ou à défaut par consensus) périodiquement renouvelé et se réunissant au moins mensuellement ;

- organiser au moins trimestriellement une rencontre pour discuter de l'évolution des travaux et les exécuter.

Au vu de ces critères qui constituent un minimum pour garantir un bon fonctionnement du groupement, Glin (2000) a établi une grille d'évaluation du fonctionnement des groupements. Nous nous sommes servi de cette grille après en avoir assuré la validité auprès de quelques groupements. La grille d'évaluation est présenté en annexe 6. Selon cette grille, un groupement a une fonctionnalité faible lorsque sa note est inférieur à 9, une fonctionnalité moyenne si sa note est comprise entre 9 et 17 et une fonctionnalité élevé si la note est supérieure à 17. L'évaluation a pris en compte tous les groupements de producteurs du riz dans les trois villages enquêtés. Les résultats de l'évaluation sont présentés par le tableau 19.

Tableau 19: Notes d'évaluation du fonctionnement des groupements

Villages Groupements Note d'évaluation

Magoumi ITCHE LERE 04

IFEDOUN 06

OMINERA 04

KATAMARA LASHE 04

Kpakpaza KATCHEFE TOGA 07

Ouèdèmè MINANGNONIMIDE 11

GBEDOKPO 11

TOYI 13

NOUNAGNON 10

ALLOGBEYA 09

NB : les groupements en gras sont ceux dans lesquels le dispositif a été introduit Source : Enquête, 2006

L'analyse du tableau 19 montre que 60% des groupements étudiés ont une faible fonctionnalité contre 40% qui ont une fonctionnalité moyenne. Aucun groupement n'a une forte fonctionnalité. La faible fonctionnalité des groupements s'explique souvent par la non implication des membres dans la gestion du groupement, le niveau faible de concertation entre les membres du bureau, l'abandon du travail collectif et le non renouvellement du bureau. L'engagement des membres des groupements dans les actions collectives se trouve alors handicapé par le faible fonctionnement de ces derniers.

L'étude approfondie des groupements ayant reçu de dispositifs (Itchèléré, Katshéfè Toga et Minangnonimidé) nous a permis de comprendre la réalité cachée derrière ces notes traduisant leur faible fonctionnalité. En effet, dans le cas des trois groupements, le pouvoir se trouve concentrer dans les mains d'un individu, leader du groupe qui, avec certains membres avec qui, il entretient des relations de parenté et / ou de voisinage, gère le groupement comme une entreprise personnelle. Le statut de leader varie d'un groupement à un autre. Par exemple à Magoumi, le statut de leader revient à la secrétaire tandis qu'à Ouèdèmè il revient au président et à Kpakpaza à la trésorière. Ces leaders avec leurs alliés détiennent le monopole sur les formations. En effet, selon nos enquêtes, il apparaît que malgré l'effectif pléthorique de ces groupements, les représentants aux diverses formations sont souvent les mêmes15. Dans la plupart des cas, les simples membres ne sont pas informés de ce qui s'est passé à ces rassemblements. L'enjeu ici, ce sont les perdiems aux participants à ces formations. Mus par ce seul intérêt, les responsables et certains membres des groupements avec qui ces derniers16 entretiennent des relations de parenté et/ou d'amitié sont les seuls à participer à toutes les

15 Le choix des participants ne tient pas compte de leur profil en relation avec le contenu de la formation.

16 Les responsables

formations même si ceux-ci n'ont pas la capacité de pourvoir bien suivre ce qui s'y déroule pour venir restituer à la base. Ils jouent ainsi un rôle d'écran entre les structures d'intervention et la base, empêchant ainsi l'information d'atteindre cette dernière. Certains membres des groupements n'hésitent pas à dénoncer ce fait mais sans jamais pourvoir le faire savoir aux responsables. Nous présentons ici quelques déclarations de certains membres des groupements sur les méthodes de sélection des participants aux formations au sein des groupements :

« Dans mon groupement, c 'est souvent la secrétaire qui désigne ceux qui doivent participer aux formations et le plus souvent ce sont les membres du bureau qui y participent. Les simples membres sont rarement choisis, et ceci à cause des perdiems. Mais pour les formations gratuites qui ont lieu au village ici, on invite tout le monde pour montrer aux patrons que le groupement marche bien ».

La déclaration d'un membre de groupement dans un autre village enquêté corrobore celle du précédent :

« Le groupement, c 'est l 'affaire de la trésorière. Tu sais, pour les formations où on distribue de l'argent nous ne sommes jamais informés. Mais pour celles qui se déroulent au village ici, où on ne distribue rien c 'est là qu 'on informe tout le monde ».

Ces déclarations ne sont que des exemples parmi tant d'autres exprimées par certains membres des groupements pour dénoncer le mode de sélection des participants aux différentes formations. Nous avons procédé à la vérification de ces déclarations auprès d'au moins trois membres d'un même groupement. De cette vérification, il ressort que ces faits sont des réalités dans la mesure où l'un des groupements étudiés a bénéficié de trois formations sur l'étuvage amélioré dont deux déroulés à l'extérieur du village; et le constat est que, ce sont les mêmes membres du groupement qui ont participé aux deux formations nécessitant un voyage (payé par les formateurs). Ces derniers sont composés uniquement des membres du bureau élargi à quelques membres proche de la trésorière.

Dans la mesure où le choix des formateurs endogènes est laissé à la charge des responsables des groupements dans le cas du dispositif amélioré, il apparaît nécessaire que les structures d'intervention interviennent pour énumérer certains critères de choix des représentants aux formations en attendant la promotion des mécanismes de contre pouvoir dans ces groupements (voir Vodouhè 1996). Ce contre pouvoir peut être un comité de sélection des représentants aux formations. Il peut également s'agir de renforcer les instances

de décisions au sein des groupements, en formant les responsables en matière d'organisation, et en promouvant des commissaires formés à jouer efficacement ce rôle.

Au demeurant, le faible fonctionnement des groupements constitue un biais pour la voie d'introduction du dispositif et montre une limite à ce mode d'intervention qui tend à devenir une panacée pour les organismes d'intervention. En effet, de nos enquêtes, il ressort qu'il existe trois catégories de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les grossistes-transformateurs. Les producteurs-transformateurs représentent la catégorie de transformatrices qui sont d'abord producteurs de riz qui, transforment tout ou partie de leur production et celle de leur conjoint. L'étuvage du riz constitue pour elles une activité secondaire qu'elles pratiquent seulement pendant la grande saison sèche (Novembre-Mars) Les deux autres catégories combinent les activités de commerçants à celles de transformatrices et se distinguent de la première catégorie non pas seulement par le fait qu'elles ne sont pas productrices du riz mais aussi par leur capacité à étuver de grande quantité de paddy. Seule la première catégorie (producteurs-transformateurs) appartient aux groupements. Ainsi donc, en orientant les formations vers les groupements existants qui sont des groupements de producteurs du riz, les organismes d'intervention excluent les deux autres catégories de transformatrices que nous dénommons les professionnels de l'étuvage qui sont en réalité la première cible qui devrait être visée dans la mesure où ce sont ces dernières qui mettent la plus grande quantité du riz étuvé sur le marché. De plus, l'objectif de l'innovation est de contribuer à améliorer de façon qualitative le riz localement étuvé afin de lui permettre de concurrencer sur le marché le riz importé. Ainsi donc, on se tromperait de cible en voulant restreindre la formation au seul membre des groupements existants. De plus, dans ce cas, les premiers acteurs visés par l'innovation n'auront pas accès aux informations de première main. Il est donc nécessaire, à défaut de réorienter les formations, d'élargir la formation aux professionnels de l'étuvage. Ceci suppose l'implication des transformatrices non-membres des groupements dans les formations.

Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt focalisé sur le choix du groupe cible, il faut reconnaître que les actions de vulgarisation concernent aussi les méthodes de communication utilisées pour provoquer le changement chez le groupe cible, le contenu du message de vulgarisation et les facilités de crédit (possible) accordés au groupe cible. Les actions relatives aux facilités de crédit sont présentées en détail plus loin dans ce document. Les méthodes de communication utilisées par les acteurs ont privilégié la méthode de groupe. La formation est donnée aux transformatrices organisées en groupe. La formation se fait en

deux phases: une phase théorique et une phase pratique. La phase théorique se fait à l'aide d'un film (de 12 minutes) réalisé sur l'étuvage amélioré du riz par l'ADRAO et qui montre tout le processus d'étuvage. Selon Van den Ban et al. (1994), les aides audio-visuels peuvent remplir deux fonctions différentes :

- amélioré le processus de transmission de l'information (un processus cognitif) ;

- développer ou renforcer la motivation à changer de comportement et/ ou d'opinion (un processus émotionnel).

L'utilisation des aides audio-visuelles améliore l'efficacité de la vulgarisation. Toutefois, il est important de signaler que pour plus d'efficacité, l'association des méthodes interpersonnelles aux méthodes de formation serait nécessaire. Ceci se fera à travers les visites de terrain que les agents formateurs pourront organiser c'est-à-dire à travers l'organisation du suivi des transformatrices. Aussi, l'utilisation des masses média sera-t-elle nécessaire. Ceci passera par des communications sur les stations de radio locales sur le dispositif et aussi sur les avantages du riz étuvé. En effet, de nos enquêtes, il ressort que, la radio (en particulier la radio locale Ilèma) constitue l'une des principales sources d'information des transformatrices sur les innovations. L'utilisation de ce canal permettra d'informer un grand nombre de transformatrice.

8.3.3. Formation des artisans locaux

Dans le but de rapprocher les artisans locaux fournisseur du dispositif des utilisateurs (transformatrices), deux forgerons ont été formés à Glazoué par le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) dans le cadre de ses appuis au développement du Système post-récolte. La Formation des forgerons est nécessaire pour garantir la qualité des dispositifs qui seront mis à la disposition des transformatrices. Ceci constitue un gage pour une offre adéquate du matériel. Selon les forgerons, l'activité de duplication du dispositif est rentable. Elle permet de dégager une marge brute de 5000 Fcfa par dispositif pour une quantité de travail de 3 hommes/j ours. Notons que les forgerons participent à la promotion du dispositif par son exposition dans leur atelier.

Dans la commune de Glazoué, au total 22 dispositifs ont déjà été dupliqués par les forgerons et vendu aux ONGs locales. De ces 22 dispositifs, 16 ont été fabriqués par un forgeron non formé et les 6 autres par l'un des deux forgerons formés. Le deuxième forgeron formé n'ayant pas jusque là reçu de commande. Il est important de noter que le forgeron nonformé ayant dupliqué le dispositif avoue avoir des difficultés pour réaliser le bac pouvant bien

s'ajuster à la marmite mais que le forgeron formé le réussi bien. Ceci montre l'intérêt à étendre la formation à d'autres forgerons. Mais suffit-il de former les forgerons ? Ne faudraiton pas prêter beaucoup plus d'attention aux critères de sélections des forgerons à former ? En tout cas, l'exemple d'un forgeron formé est édifiant.

« Il s 'agit de Mr HE, forgeron à Glazoué, homme d'affaire, ne reste pas souvent à son atelier qui est dirigé de ce fait par son apprenti "sous patrons?. Mr. H. Ernest a été formé pour la duplication du dispositif, mais n 'a pas transmis la connaissance à ses apprentis qui eux sont souvent à l'atelier et souvent à la tâche. Le connaissant ainsi, les ONGs, de peur que ses apprentis n 'arrivent pas à réussir la duplication du bac, ne lui en commande pas. De même, les transformatrices enquêtés à qui nous leur avons situé l 'atelier de Mr. HE, rejettent l 'idée de lancer des commandes du dispositif auprès de ce forgeron, le connaissant bien sûr ».

Cette description montre que les forgerons formés ne peuvent touj ours pas être les patrons des ateliers. Ils peuvent bien être aussi des apprentis.

8.3.4. Formation des meuniers

Les résultats de nos enquêtes montrent que la qualité du riz cargo dépend aussi de la qualité du riz paddy, de la réussite de l'étuvage que de la maîtrise du réglage de la décortiqueuse par le meunier. En effet un mauvais réglage de la décortiqueuse entraîne un fort taux de brisure et une quantité importante de grains non décortiqués dans le produit final. Ce qui déprécie la qualité du riz cargo et le rend indésiré des consommateurs parce que ne répondant pas à leurs préférences. La perception des avantages du dispositif (performances techniques) peut dépendre de la maîtrise du réglage moulin par l'opérateur (meunier). Les décortiqueuses disponibles dans notre zone d'étude sont de type Engelbert adapté pour le décorticage du riz étuvé. Au cours du décorticage, le meunier est amené à régler de temps en temps la machine. Un bon réglage nécessite une certaine compétence de la part du meunier. De nos enquêtes, il ressort que tous les meuniers n'ont pas cette aptitude et les transformatrices se plaignent souvent du mauvais réglage de la décortiqueuse qui occasionne beaucoup de brisure à leur riz. Il sera donc nécessaire de prêter beaucoup plus d'attention à la formation des meuniers afin de s'assurer de la maîtrise du décorticage par ces acteurs.

8.3.5. Relations et communication entre acteurs

La promotion du dispositif amélioré d'étuvage nécessite une synergie d'action entre les acteurs impliqués à tous les niveaux. L'analyse des relations entre les acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du dispositif amélioré d'étuvage dans la zone d'étude nous permet de distinguer au niveau des structures d'intervention trois réseaux d'acteurs. On distingue d'un côté, l'ONG internationale VECO avec ses partenaires : les ONGs locales RABEMAR, Castor appuis-Conseil et Un Monde; d'un autre côté, l'ONG Oxfam Québec et les organisations paysannes: CPAC et UNIRIZ et enfin le réseau constitué par le PSSA, le PADSA et le CeCPA Glazoué. A l'intérieur de chaque réseau existe une certaine coordination des actions et une relation verticale entre les acteurs. Chaque réseau est en relation directe avec les transformatrices (les producteurs-transformateurs) appartenant aux groupements de riziculteurs existant dans chaque village. La figure 9 montre la schématisation du cluster dans l'étuvage amélioré du riz. Cette figure montre clairement que les transformatrices nonmembres des groupements (les collecteurs et grossistes-transformateurs) ne bénéficient pas des formations. Or, c'est au rang de ces dernières qu'on compte les plus grandes transformatrices17. Ces dernières sont donc les oubliés de la vulgarisation alors que c'est elles qui mettent sur le marché la plus grande quantité de riz étuvé. De ce fait, l'implication des celles-ci dans les formations serait nécessaire pour leur permettre d'avoir les informations de première main sur l'innovation qui pourrait plus les motiver à adopter le dispositif.

17 Grande transformatrice en terme de quantité de riz étuvé et mise sur le marché.

VECO
Helvetas

 

PSSA
PADSA

 

Oxfam- Québec

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 

ONGs locales :
RABEMAR, Castor, Un
Monde

 
 
 

CPAC UNIRIZ

 
 
 

CeCPA

 
 

Artisans

 
 
 
 
 
 
 
 

Collecteurs et grossistes
transformateurs

 
 

Producteurs
transformateurs

 

Meuniers

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Commerçantes Consommateurs

Figure 9: Schématisation du cluster dans l'étuvage amélioré Source : Enquête, 2006

Légende : Formations Vente du dispositif

Financement Décorticage

Faible lien Relation Vente du riz

8.3.5.1. Relations entre les ONGs locales, les organisations paysannes et le CeCPA

Il n'existe aucune relation entre les organisations paysannes (CPAC & UNIRIZ) et le CeCPA, ni entre elles et les ONGs locales. La conséquence de cette absence de relation entre ces acteurs est qu'il n'existe pas une véritable délimitation des zones d'interventions de chacun. Ainsi, on note sur le terrain que plusieurs acteurs donnent la même formation à un

même groupement alors que dans le même temps, il existe dans le village des groupements dont les membres n'ont jamais été formés. Le lien entre les ONGs locales et le CeCPA est faible. En effet, dans le cadre de la vulgarisation du dispositif amélioré, ces ONGs n'ont fait recours au CeCPA que pour la formation de leurs animateurs. Il serait donc nécessaire de renforcer ce lien pour permettre aux ONGs de bénéficier de l'expertise du CeCPA en matière de vulgarisation.

Il est important de rappeler ici que les ONGs locales, bénéficiant du financement du même bailleur, définissent des stratégies communes d'intervention et se répartissent les zones.

8.3.5.2. Relations entre les artisans locaux et les transformatrices

Comme le montre la figure 7, il n'existe pas de lien entre les artisans locaux et les transformatrices. Ceci a pour conséquence une manque d'information des transformatrices sur les lieux d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une partie de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir à la réduction du coût d'adoption. Il serait alors nécessaire pour l'adoption du dispositif de mettre les transformatrices directement en relation avec les artisans. Cette mise en relation facilitera le développement d'un réseau local de circulation du dispositif. La mise en relation de ces acteurs incombe aux structures d'intervention.

8.3.5.3. Relations entre les Meuniers et les transformatrices

Les meuniers ont pour rôle de décortiquer le riz étuvé afin de le rendre comestible. Ainsi l'atelier du meunier devient un terrain d'échange entre les transformatrices sur le dispositif. Dans certain cas, la maison du meunier constitue un champ de démonstration du dispositif. L'exemple du meunier de Magoumi constitue un cas édifiant. En effet à Magoumi existe un seul meunier dont ses deux femmes et trois de ses filles adultes sont des transformatrices du riz. Ces derniers ont à leur disposition un dispositif amélioré qu'elles ont eu du meunier qui lui l'avait reçu de l'ADRAO à l'occasion de sa participation à la formation des forgerons organisé par l'ADRAO en 2005. Ainsi, l'utilisation du dispositif par ces transformatrices offre l'occasion aux autres transformatrices venant décortiquées du riz (les clients du meuniers) d'apprendre à utiliser le dispositifs. Ces relations informelles entre les acteurs locaux peuvent être mise à profit pour la vulgarisation du dispositif. Il serait nécessaire, partant de ce cas, que les structures d'intervention mènent des actions spécifiques et intentionnelles à partir des ateliers de décorticage pour la diffusion du dispositif.

8.3.6. La micro finance

Les résultats présentés au chapitre 7 montrent que le dispositif amélioré est avantageux sur le plan technique et économique pour les transformatrices. Toutefois son coût élevé limite son accessibilité à ces derniers qui n'ont pas de l'argent en cache pour l'acquérir. En effet, le financement des activités de l'étuvage du riz se fait sur fond propre. Ceci ne permet pas aux femmes de profiter de la chute des prix du paddy en période de récolte. Cependant il n'existe pas de relation entre les transformatrices et les institutions formelles de crédit. Les transformatrices se considèrent comme les oubliés système de crédit qu'elles jugent inadéquat et scélérate. Les conditions d'accès aux crédits sont jugées trop contraignantes : délai de remboursement inadéquat, taux d'intérêt élevé, demande de garantie inopportune, etc.

L'acquisition du dispositif nécessite des moyens. De même, son utilisation optimale nécessite la disponibilité du paddy. Ainsi, pour favoriser son adoption, il sera utile d'octroyer du crédit aux transformatrices non seulement pour l'acquisition du dispositif mais aussi pour l'achat du paddy. Le financement de l'étuvage devient donc une activité nécessaire à l'adoption et la diffusion du dispositif. Dans la commune de Glazoué, aucune structure n'a encore pris en compte cet aspect. L'implication des structures de crédits (mais à des conditions révisées) dans la diffusion/vulgarisation du dispositif est alors nécessaire. Les ONGs locales peuvent dans ce cas faciliter la liaison entre les transformatrices et ces structures compte tenu de leurs expériences dans ce domaine avec les producteurs du riz.

8.4. Conclusion partielle

Au terme de ce chapitre, nous pouvons affirmer que plusieurs acteurs sont impliqués dans la vulgarisation du dispositif. Toutefois, il n'existe pas une synergie d'action entre ces derniers. Ainsi, on note sur le terrain que plusieurs acteurs donnent la même formation à un même groupement alors que dans le même temps, il existe dans le village des groupements dont les membres n'ont jamais été formés. Aussi, tous les acteurs ont-ils choisi les groupements des riziculteurs existant dans les villages pour diffuser le dispositif. La réussite de cette option est tributaire du bon fonctionnement des groupements qui doivent jouer le rôle de relais. Mais le constat est que la plupart de ces groupements ne sont représentés que par leurs leaders. La notion du bien collectif a déserté le forum. Ainsi, l'approche par organisation paysanne choisie par les structures d'intervention constitue un biais dans le cas de la diffusion du dispositif amélioré et montre que cette option n'est pas une panacée, un modèle passe partout. Le mauvais fonctionnement des groupements ne constitue pas la seule cause de ce

biais. L'autre raison est que dans la zone d'étude, il existe trois catégories de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les grossistes-transformateurs. Seule une partie des producteurs-transformateurs sont membres des groupements. Or, ces derniers n'étuvent que de petites quantités de paddy. Ceci voudra dire que la vulgarisation est jusque là orientée vers les petites transformatrices mettant de coté les grandes transformatrices, les professionnels en la matière.

L'utilisation de l'outil Enterprise Web a fait ressortir certaines activités clés nécessaires pour l'adoption du dispositif et qui jusque là n'ont pas encore été prise en compte par les structures d'intervention. Il s'agit de la formation des meuniers et de l'approvisionnement des transformatrices en crédit non seulement pour l'achat du dispositif mais aussi pour le paddy surtout en période d'abondance. Le renforcement de la formation des artisans locaux ainsi que leur mise en relation avec les transformatrices seraient aussi nécessaire.

9. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS

9.1. Conclusion générale

Cette étude sur les déterminants de l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de Glazoué est une contribution à une meilleure connaissance des perceptions des transformatrices sur ses atouts et contraintes. Elle a l'avantage d'identifier les facteurs d'ordre technique, économique et organisationnel pouvant constituer un frein ou un catalyseur pour l'adoption du dispositif tout en contribuant à la connaissance du système postrécolte du riz dans la commune de Glazoué.

Dans la commune de Glazoué, la quasi-totalité du riz local consommé et commercialisé est étuvé. L'étuvage est réalisé traditionnellement par les femmes dont beaucoup jouent le rôle de commerçantes. La transformation artisanale est presque exclusivement réalisée au moyen de décortiqueuses de type "Engelberg", entraînés pour la plupart par des moteurs diesels.

Après l'analyse des résultats obtenus, il apparaît évident que la qualité du riz cargo dépend principalement de la conduite des opérations post-récoltes notamment celles de l'étuvage. En effet, la méthode traditionnelle d'étuvage qui jusque là est pratiquée par les transformatrices de la commune de Glazoué n'est pas performante et ne favorise pas l'obtention d'un riz de bonne qualité répondant au goût des consommateurs locaux. Les consommateurs choisissent leur riz principalement en fonction de la propreté, du taux de brisure et de la couleur pour le riz non cuit, du pouvoir gonflant, du goût et de la texture pour le riz cuit. Ces déterminants de choix constituent autant de critères de préférence dont le riz étuvé avec la méthode traditionnelle n'arrive pas à satisfaire. Le dispositif amélioré d'étuvage permet d'obtenir du riz cargo répondant aux préférences des consommateurs, en témoigne les notes supérieures à quatre donnés à ce riz par les consommateurs tous critères confondus. Ainsi, la qualité du riz obtenu au décorticage constitue le premier avantage lié à l'utilisation du dispositif amélioré exprimé par la totalité des transformatrices enquêtées. En plus de ceci, le dispositif amélioré présente aussi l'avantage de favoriser un séchage rapide du paddy, le transvasement facile du paddy après cuisson et rend moins pénible le travail d'étuvage du riz. L'utilisation du dispositif contribue à la réduction du risque lié à un mauvais séchage du paddy après étuvage qui constitue une contrainte majeure à l'étuvage traditionnel surtout en période de pluie où selon les perceptions, l'activité d'étuvage du riz devient plus rentable.

Malgré ces avantages du dispositif, il présente bien des contraintes. Les contraintes majeures liées au dispositif amélioré sont : son coût d'acquisition élevé et sa consommation élevée en bois pour les petites transformatrices. Les transformatrices ne perçoivent pas la rapidité de la cuisson et par conséquent la réduction de la consommation en bois qu'à partir de plusieurs (au moins 2) lots de paddy étuvés. Ceci pourra constituer un frein pour l'adoption du dispositif par les petites transformatrice qui n'étuvent que de très petites quantités de paddy. Les observations sur le terrain montrent qu'il existe une corrélation entre le type de foyer utilisé par la transformatrice et sa perception de la durée de cuisson et par conséquent de la consommation en bois. En effet la plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de trois pierres. Ce qui fait qu'au cours de la cuisson, il en résulte une perte énorme en énergie, allongeant le temps de cuisson et par conséquent la consommation en bois.

L'analyses des acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du dispositif montre que plusieurs acteurs interviennent directement dans la vulgarisation du dispositif. Au rang de ces acteurs qui vulgarisent le dispositif, on distingue trois réseaux : le réseau des ONGs, du CeCPA et des organisations paysannes. A l'intérieur de chaque réseau, les acteurs agissent en synergie. Mais cette coordination d'action n'existe pas entre les réseaux. Ceci a pour conséquence une mauvaise organisation des interventions qui ne permet pas à tous les groupements de bénéficier des formations alors que dans le même temps d'autres en reçoivent plusieurs.

Aussi, le choix des groupements comme pôle de démonstration du dispositif constituet-il un biais pour sa diffusion dans la mesure où le niveau de fonctionnement de ces derniers n'offre pas la possibilité d'essai du dispositif à la masse. Or, selon Rogers (1983), la possibilité d'essai est une caractéristique importante déterminant l'adoption d'une innovation. De plus, les professionnels de l'étuvage que nous pouvons assimiler aux " paysans progressistes" n'appartiennent pas aux groupements. L'orientation de la vulgarisation vers les groupements ne permet donc pas à ces derniers d'avoir accès aux informations de première main sur le dispositif. Et, nul n'ignore la déformation de l'information lorsqu'elle passe d'une main à une autre. C'est là que se trouve le biais. Dans le cas d'espèce, la vulgarisation s'adresse prioritairement aux petites transformatrices au détriment des grandes transformatrices au lieu d'une combinaison des deux. Ceci montre les limites de ce mode d'intervention qui tend d'ailleurs à devenir une panacée au niveau des structures d'intervention et surtout des ONGs. Par ailleurs, nous avons remarqué qu'il n'existe pas de relation entre les artisans formés pour la duplication du dispositif et les transformatrices

(utilisateurs potentiels) ; conséquence, ces dernières n'ont pas souvent d'information sur le lieu d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une partie de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir à la réduction du coût d'adoption.

9.2. Suggestions

À la lumière des résultats de cette étude, il nous apparaît important de procéder à quelques suggestions pour améliorer la diffusion du dispositif. Il s'agira de :

> Renforcer la capacité fonctionnelle et organisationnelle des groupements.

Ce renforcement de capacité est important pour assurer un bon fonctionnement des groupements pouvant permettre à chaque membre de jouir de son appartenance au groupement. Ceci permettra une bonne circulation des informations au sein des membres du groupement et éventuellement à l'extérieur du groupement. Le bon fonctionnement des groupements leur permettra de jouer efficacement le rôle d'intermédiaire qui leur est dévolu dans la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage.

> élargir la formation des transformatrices aux non-m em bres des groupements ;

La formation telle que organisée jusque là ne permet pas aux transformatrices nonmembres des groupements d'avoir accès aux informations de première main sur l'innovation. Or, ce sont ces dernières qui mettent sur le marché les plus grandes quantités de riz étuvé. Pour répondre au but de l'innovation qui est d'améliorer la qualité du riz locale mise sur le marché afin de permettre à ce dernier de concurrencer le riz importé, il sera nécessaire d'orienter les actions de vulgarisation vers cette catégorie de transformatrice pour impulser le changement à leur niveau.

> Mettre en place un système de suivi des formations.

Il est important que chaque structure d'intervention suive les transformatrices formées. Ce suivi permettra à ces derniers d'avoir des informations sur le niveau d'adoption du dispositif et de procéder éventuellement au recyclage des transformatrices.

> Avoir une synergie d'action entre les structures d'intervention ;

Le manque de concertation entre les structures d'intervention crée des "excès de formation" dans certains groupements pendant que dans le même temps d'autres n'en reçoivent pas. Une concertation entre les structures d'intervention pourra leur permettre de se répartir les zones d'intervention et aussi de définir des stratégies d'intervention communes.

> Faciliter l 'accès des transformatrices aux crédits

Au regard des exigences financières que requiert la transformation du riz, il urge de trouver des crédits aux transformatrices. Ces crédits permettront l'acquisition du riz paddy (pour le stockage) en période de récolte où les prix sont bas et faciliterons l'acquisition du dispositif par les traansformatrices. Selon les voeux des transformatrices, de tels crédits doivent provenir de structures à modalités de remboursement intéressantes, c'est-à-dire un taux d'intérêt faible de l'ordre de 5%. Dans l'état actuel des choses, pour faciliter la récupération de ces crédits, nous suggérons que ces crédits soient remis non pas directement aux désireux mais par le biais soit des transformatrices pilotes ciblés dans chaque village, soit des groupements des transformatrices qui pourront être crées à ce effet. Ceci est d'autan plus important lorsqu'on sait que certaines transformatrices peuvent utiliser le crédit qui leur est alloué pour d'autres fins.

> Former les femmes à la construction de foyer amélioré.

Afin de réduire les besoins en bois de chauffe pour l'étuvage, il apparaît recommandable de chercher à former les femmes à la construction de foyer amélioré en matériaux locaux. Aussi, pour diminuer les risques de déforestation, on devrait étudier la mise au point de foyers améliorés fonctionnant avec les sous-produits de la transformation et notamment les balles de riz.

> Mettre les artisans locaux formés directement en relation avec les transform atrices.

La mise en relation des artisans locaux formés avec les transformatrices permettra à ces dernières de négocier directement des modalités d'achat du dispositif et surtout des possibilités d'achat d'une partie de l'ensemble. Ceci favorisera aussi la construction d'un véritable réseau local de circulation de la technologie.

> Encourager la formation des artisans locaux

La formation des artisans locaux permettra d'assurer une offre efficiente en dispositif pouvant répondre à une grande demande future.

> Initier la formation des meuniers à la maîtrise du réglage de la décortiqueuse.

La formation des meuniers permettra d'éviter la détérioration de la qualité du riz dû au mauvais réglage de la décortiqueuse. Cette détérioration de la qualité du riz peut constituer un bais pour l'adoption du dispositif dans la mesure où certaine transformatrices pourront la lier

au dispositif. De plus, la qualité du riz constitue le premier avantage que les transformatrices trouvent au dispositif.

> Combiner les formations avec des informations sur les chaînes de radio locale. Il sera utile d'utiliser le canal de communication que représentent les stations de radio en vue d'une large diffusion des informations sur le dispositif. A cet effet, les stations de radio locale pourront être mises à profit.

10. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Abiassi, E. & S. D. Eclou, 2006. Etude sur les instruments de régulation des importations commerciales de riz au Bénin. Rapport d'expertise, CCR. 80p.

Adams, M. E., 1982. Agricultural extension in developing countries. Longman Harlow.

Adégbidi, A., 1992. Les déterminants socio-économiques de l 'adoption de technologies nouvelles : cas du maïs sélectionné dans le département de l 'Atacora en république du Bénin. Thèse de doctorat de troisième cycle en Sciences Economiques (Economie Rurale), Université Nationale de Côte d'Ivoire, 169p.

Adégbola, P.Y. et E. Sodjinou, 2003. Analyse de la filière de riz au Bénin, PAPA/INRAB, Porto-Novo, 246p.

Adégbola, Y. P. & E. Sodjinou, 2003. Etude de la compétitivité de la riziculture béninoise. Rapport définitif, INRAB et ADRAO, Porto-Novo, Bénin, 54p.

Adégbola, Y. P., 2005. Facteurs socio-économiques déterminants l'adoption et la diffusion des nouvelles variétés NERICA du riz au Bénin. Rapport technique, INRAB/ PAPA et ADRAO, 23P.

Adesina, A. A & M. M. Zinnah, 1992. Technology characteristics, farmers' perceptions and adoption decisions: a tobit model application in Sierra Leone. Agricultural Economics 9: 297- 311.

Adesina, A. A. & J. Baidu-Forson, 1996. Farmers' perception and adoption of new agricultural technology: evidence from analysis in Burkina Faso and Guinea, West Africa. Agricultural Economics 13: 1-9.

Bartz, F-J., K.J. Peters & W. Janssen, 1999. The influence of technology characteristics on the rate and speed of adoption. Agricultural Economics 21: 121-130.

Boom, A. & J. Brouwers, 1990. Polycopie de vulgarisation. Publication interne. Version provisoire ; projet UNB/LUN/SVR.

Broutin, C., 2001. Le riz usiné - technologie en Afrique. GRET, 25p.

CCR, 2004. Initiatives de transformation et de commercialisation du riz au Sud- Bénin. Rapport forum « accès au marché des produits agricoles », Bénin, octobre 2004, 20 P.

CIMMYT Economics program, 1993. The adoption of agricultural technology: a guide for survey design. DF: CIMMYT, Mexico.

COMPAS, 2006. Joint leaning about cosmovision. http:// www.leisa.info/index.php

Daane, J. R., R. Mongbo & R. Schamhart, 1992. Méthodologie de la recherché socioéconomique en milieu rural africain. Projet UNB/LUW/SVR, 290p.

De Bresson, C. 1993. Comprendre le changement technique. Les Presses de l'Université d'Ottawa/Editions de l'Université de Bruxelles, Ottawa. 386 p.

De Sardan, O.J. P., 1995. Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social. Karthala, Paris.

DPP, 2000. Annuaire statistique. MDR, Cotonou, Bénin DPP, 2005. Annuaire statistique. MAEP, Cotonou, Bénin.

Drucker, P. F., 1985. Innovation and Entrepreneurship: Practice and principles. Heinemann, London.

Dukworth, R. B., 1975. Water relations of foods. Academy press. London.

Ekong, E. E., 1988. An introduction to rural sociology. Jumak publishers, Ibadan, Ilé, Ifè, Lagos, 439p.

FAO, 1997. Annuaire statistique. Rome, Italie.

FAO, 1997. Elaboration d'un plan national de relance de la filière riz. Rapport définitif, volumes 1 et 2, FAO/Projet TCP/BEN/5613 (A), Cotonou, 1997.

FAO, 1999. Annuaire statistique. Rome, Italie.

Feder, G. & D. L. Umali, 1993. The adoption of agricultural innovation: A review. Technol. Forecast. Soc. Change 43, 215-239.

Feder, G. R., R. E. Just & D. Zilbermann, 1985. Adoption of agricultural innovation in development countries: A survey. Economic development and cultural change Vol. 33, pp 255-298.

Gariboldi, F., 1986. L'étuvage du riz. Bulletin des services agricoles de la FAO n° 56, FAO, Rome.

Ghadim, A. K. & D. J. Pannell, 1999. A conceptual framework of adoption of an agricultural innovation. Agricultural Economics, 21, 145-154.

Glin, L. C., 2000. Pour une gestion participative durable des ressources naturelles au Bénin : Etude de la viabilité des groupements forestiers de la forêt de Tchaourou - Toui - Kilibo. Thèse d'ingénieur Agronome, FSA/UNB, 152p.

Greenwald, D., 1984. Encyclopédie économique. pp 520-530.

Gur-Arieh, C., A. Nelson, M. Steinberg & L. Wei, 1967. Moisture adsorption by weat flours and their cake baking performance. Food technology, 21: 94-97.

Houndékon, V. & A. Gogan, 1996. Adoption d'une technologie nouvelle de jachère courte à base de mucuna. Cas du département du Mono-Couffo dans le Sud Bénin. INRAB-IITA, Bénin.

Houndékon, V.A., 1996. Analyse économique des systèmes de production du riz dans le Nord Bénin. Thèse de Doctorat de 3è cycle en Sciences Economiques (Economie Rurale), Côte d'Ivoire, Janvier 1996.

Hounhouigan, J., 2006. Qualité de quelques types de riz vendus au Bénin. Rapport d'expertise, CCR, 23p.

Houssou, P. et E. Amoussou, 2003. Contribution à la connaissance du système post-récolte du riz au Bénin. INRAB/PTAA, Porto-Novo, Bénin. 10p.

Houssou, P., 2005. Valorisation des céréales au Bénin. INRAB/PTAA, Porto-Novo, Benin. 5p.

Houssou, P., 2002. Développement de l'étuvage du riz au Bénin. In Jamin J. Y., Seiny Boukar L. et al (eds). Savanes africaines: des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis. Actes du colloque, mai 2002, Garoua, Cameroun. Prasac, N'djamena, Tchad - CIRAD, Montpellier, France.

Houssou, P., 2004. Development on improved equipment for paddy rice in Benin. Unganda journal of agricultural sciences n°9, pp 617-620.

Houssou, P., 2005. Development and test of improved parboiling equipment for paddy rice in Benin, INRAB/PTAA, Porto-Novo, Benin. 5p.

INSAE, 2002. Troisième recensement générale de la population et de l'habitat de février 2002 : Résultats provisoires. Cotonou, Bénin.

INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de villes. Département des collines. Direction des études démographiques. RGPH3. PP 14-15.

Jonson, D. E., 1997. Les adventices en riziculture en Afrique de l'ouest. ADRAO/WARDA, 312p

Kossou, D. K. & N. Aho, 1993. Stockage et conservation des grains alimentaires tropicaux. Principes et pratiques. Les éditions du flamboyant, Bénin, 125p.

LARES & UDP Mono/Couffo, 2003. Le marché de riz à Cotonou. Rapport technique, 31p.

Leathers, H. D. & M. Smale, 1992. A Bayesian approach in explaining sequential adoption of components of a technological package. Am. J. Econ. 68, 519-52 7.

Leewis, C. & A. Van Den Band, 2003. Communication for innovation in agriculture and rural resource management. Building on the tradition of agricultural extension. Blackwell Science, Oxford.

Lindner, R. K. & P. G. Jarrett, 1982. Distance to information source and time lag to early adoption of trace element fertilisers. Aust. J. Agricultural Economics, 26, pp 98-113.

Lindner, R. K., 1987. Adoption and diffusion of technology: an overview, In: Champ, B. R., E. Highly & J. V. Remenyi (eds) Technological change in post harvest handling and transportation of grains in humid tropics. ACIAR proceedings n°19, Australian centre for international Agricultural Research, Canberra, pp. 144-151.

MAEP, 2005. Politiques et stratégies mises en place par le MAEP pour promouvoir la production du riz et la sécurité alimentaire en République du Bénin. Présentation du MAEP à l'atelier sur les « Politiques et stratégies pour promouvoir la production du riz et la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne (ASS). Cotonou 7 au 9 Novembre 2005-11-01

ONASA, 1999. Atlas de sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin. LARES/PILSA, Cotonou, 107p.

Roberts, E. H., 1972. Storage environment and the control of variability. In: Viability of seeds Chapman an Hall

Rogers, E. M., 1983. Diffusion of innovation. Third edition, the free press, New York.

Röling, N., 1982. Alternative approaches in extension. In : progress in rural extension and community development. Vol. 1, edited by Jone and M. J. Rolls, John Wiley and Sons, New York.

Thornton, P.K. & Odero, A.N. (Eds), 1998. Compendium of International Livestock Research Institute (ILRI) Research Impact and Adoption, 1975-1998. ILRI Impact Assessment Series 1. ILRI, Nairobi. 134 p.

Troudé, F., 1997. Elaboration d'un plan national de relance de la filière : rapport du consultant en après récolte, usinage du riz. FAO Projet TCP/BEN/56135 (A). Cotonou, 60p.

Tsur, Y. ; M. Sternberg & E. Hochman, 1990. Dynamic modelling of innovation process adoption with risk aversion and leaning. Oxford Econ. Paper 42, pp 33 6-355.

Van den ban, A. W., 1984. Les courants de pensées en matière de théorie de la diffusion des innovations. Economie rurale, n°159, pp 31- 36.

Van den ban, A. W., H. S. Hawkins, J. H. M. Brouwers & C. A. M. Boon, 1994. La vulgarisation rurale en Afrique. Edition CTA- Karthala, Wageningen, 383p

Vodouhè, D. S., 1996. Making rural development work, cultural hybridation of farmers' organization: the Adja case of Benin. Wagenengen.

WARDA, 2005. Test de performance du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans le département des collines. www .warda.org/aw2005/presentation/be2.etuvage

ANNEXES

Annexe 1 : Liste des variétés de riz NERICA et leurs caractéristiques

Variété

Hauteur du plant (cm)

Potentiel de rendement (Kg)

Durée du cycle (jours)

Taille du grain (cm)

NERICA 1

100

4,50

95

8,6

NERICA 2

105

4,00

100

9,3

NERICA 3

110

4,50

93

9,5

NERICA 4

120

5,00

96

9,4

NERICA 5

 
 
 
 

NERICA 6

130

5,00

100

8,4

NERICA 7

130

5,00

100

9,9

NERICA 8

101

8,29

86

10

NERICA 9

110

8,13

86

10

NERICA 10

110

6,65

93

9

NERICA 11

105

9,28

85

10

NERICA 12

105

8,26

94

10

NERICA 13

124

9,86

94

10

NERICA 14

110

5,62

82

10

NERICA 15

129

7,01

97

9

NERICA 16

131

7,72

93

9

NERICA 17

117

8,96

94

9

NERICA 18

112

5,72

97

10

Source : Programme ARI, 2006

Annexe2 : Evolution de la pluviométrie dans la commune de Glazoué (1996-2005)

Mois

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Janvier

 
 
 
 
 
 

8,5

 

46

 

Février

 
 

2,2

20,6

 

20,2

 
 

15

18,2

Mars

 

118,2

9,3

75,5

30,4

34,9

70,1

 

19,4

14,3

Avril

 

137,7

78,7

65,1

 

41,4

91,4

72,3

80

53,9

Mai

 

115,5

26,4

51,5

58,5

70,9

88,6

43,1

91,8

37,24

Juin

 

151,5

79,1

93,2

91,55

137,2

75,25

130,64

36,9

74,5

Juillet

130,3

118,2

73,8

246

48,5

24,3

103,1

158,4

93,5

21,4

Août

211,3

87,1

157,2

155,6

62,5

16,6

81,1

139,8

77,8

58,3

Septembre

224,5

172,3

68,1

100,9

163,7

176

39,6

226,7

110,9

144,9

Octobre

141,8

122,6

122,5

135,5

78,2

26,2

119,67

77,7

69,8

37,1

Novembre

 

5,35

34,4

20,6

 
 
 

12,6

 
 

Décembre

 

20,4

 
 
 
 
 
 
 
 

Total

707,9

1048,85

651,7

964,5

533,35

547,7

677,32

861,24

641,1

459,84

Source : CeCPA, Glazoué, 2006

Annexe3 : calendrier agricole du village de Magoumi

Cultures

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Maïs

 
 
 

Semis

 

Entretien

 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Semis

 

Entretien

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 

Igname

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 

Labour

2ème

récolte

Semis

 

1 ere Récolte

Défrichage

 

Entretien

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Riz

 
 
 
 
 

Préparation du sol

 
 
 
 
 
 
 

Entretien

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 

Soja

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 

Entretien

 

Récolte

 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 

Niébé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 
 
 
 

Récolte

Semis

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 

Entretien

 
 
 
 
 

Entretien

 
 
 
 
 
 
 
 

Annexe 4 : Calendrier agricole du village de Kpakpaza

Cultures

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Maïs

 
 
 

Semis

 

Entretien

 

Récolte

 
 
 
 
 
 

Semis

 

Entretien

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 

Igname

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 

Labour

2ème

récolte

Semis

 

1 ere Récolte

Défrichage

 

Entretien

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Riz

 
 
 
 

Préparati on du sol

 
 
 
 
 
 
 
 

Entretien

 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 
 

Soja

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 

Entretien

 

Récolte

 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 

Niébé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 

Récolte

 

Semis

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 

Entretien

 
 
 
 

Entretien

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Annexe 5 : Calendrier agricole du village de Ouèdèmè

Cultures

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Maïs

 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 
 

Entretien

 

Récolte

 
 
 
 

Semis

 

Entretien

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Igname

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 

Labour

 

Semis

 

Entretien

 
 

1 ere Récolte

 

Défrichage

 
 
 
 
 

2ème

récolte

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Riz

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Préparation du sol

 

Entretien

 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 

Soja

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Labour

 
 

Entretien

 

Récolte

 
 
 

Semis

 
 
 
 
 
 
 

Niébé

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Semis

 
 

Récolte

 

Semis

 
 
 
 

Récolte

 
 
 
 
 
 
 

Entretien

 
 
 

Entretien

 
 
 
 
 

Annexe 6: Grille d'évaluation du fonctionnement des groupements

critères

Valeurs alternatives

importance

Valeur minimum

Valeur maximum

 

augmentation

2

 
 

Evolution de la taille

stabilité

1

0

2

 

diminution

0

 
 

Existence de

Oui

1

 
 

règlement intérieur

 
 

0

1

 

Non

0

 
 

Formes

Travail collectif uniquement

4

 
 

d'organisation du travail

Travail collectif et individuel

2

0

4

 

Travail individuel uniquement

0

 
 

Niveau d'organisation de la

Cahier de réunion Cahier de

1

 
 

gestion

dépense/recette

1

0

4

 

Cahier de pointage

1

 
 
 

Carnet de compte

1

 
 

Existence de bureau

Oui

1

 
 
 

Non

0

0

1

 

Election

2

 
 

Mode d'élection

consensus

1

0

2

 

désignation

0

 
 

Niveau de

Renouvelé

2

0

2

renouvellement

Non renouvelé

0

 
 

Niveau de

hebdomadaire

3

 
 

concertation au sein

Par quinzaine

2

 
 

du bureau

Mensuel

1

0

3

 

Rarement ou sporadique

0

 
 

Niveau d'implication

Mensuel

3

 
 

des membres

bimensuel

2

0

3

 

Trimestriel

1

 
 
 

rare

0

 
 

Total

0

22

Fonctionnalité Faible si note < 9 Fonctionnalité moyenne 9<x<1 7 Fonctionnalité élevé x> 17






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery