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Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de glazoue

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par Gabriel LAWIN
Université d'Abomey-Calavi - diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et Communication 2006
  

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8.3.2 Sélection et formation des transformatrices

La figure 8 montre que la sélection des transformatrices14 ainsi que leurs formations sont des activités nécessaires pour l'adoption du dispositif. Il est clair que la formation ne peut s'étendre à toutes les femmes pratiquant l'activité d'étuvage ; d'où une sélection des transformatrices appelée formatrice endogène est nécessaire. Ces dernières seront chargées de former leurs autres collègues. L'identification des formatrices endogènes est une activité cruciale pour assurer une bonne diffusion.

De nos enquêtes, il ressort que tous les acteurs intervenant dans la commune de Glazoué (CeCPA, ONGs locales, CPAC) prennent en charge cette activité. Mais tous ont choisi pour cible les groupements des producteurs du riz existant pour introduire le dispositif.

14 Formateurs endogènes

L'objectif était de passer par le biais de ces derniers pour atteindre les autres transformatrices. A quelles conditions l'effet de tache d'huile recherché pourra donc être atteint ?

Les groupements formés ont reçu chacun un spécimen du dispositif pour des essais au niveau village. L'occasion devrait être donnée aux membres de ces groupements (de production du riz) ainsi qu'aux non-membres d'essayer l'innovation afin qu'ils soient convaincus de ses avantages et aussi de ses inconvénients. Les groupements devront donc être des champs de démonstration pour le dispositif. L'accomplissement de ces devoirs qui incombent désormais aux groupements nécessite un bon fonctionnement de ces derniers. Ainsi, nous nous sommes intéressés au fonctionnement des groupements en général et plus particulièrement au fonctionnement des groupements dont les membres ont été formés afin d'évaluer leur niveau d'implication dans la diffusion du dispositif et de voir si l'option choisie par les structures d'intervention peut sous-tendre une bonne diffusion du dispositif. L'étude des groupements s'est faite à travers les relations de pouvoir en leur sein et le degré d'implication de leurs membres dans la gestion des affaires du groupement.

Selon le projet d'intervention locale pour la sécurité alimentaire (PILSA), un groupement qui fonctionne bien doit :

- avoir une taille stable ;

- posséder au moins un statut et un règlement ;

- avoir au moins un livret d'épargne et un cahier de recette et de dépense ; - à défaut du travail collectif pratiqué au moins l'entraide ;

- posséder un bureau élu par élection (ou à défaut par consensus) périodiquement renouvelé et se réunissant au moins mensuellement ;

- organiser au moins trimestriellement une rencontre pour discuter de l'évolution des travaux et les exécuter.

Au vu de ces critères qui constituent un minimum pour garantir un bon fonctionnement du groupement, Glin (2000) a établi une grille d'évaluation du fonctionnement des groupements. Nous nous sommes servi de cette grille après en avoir assuré la validité auprès de quelques groupements. La grille d'évaluation est présenté en annexe 6. Selon cette grille, un groupement a une fonctionnalité faible lorsque sa note est inférieur à 9, une fonctionnalité moyenne si sa note est comprise entre 9 et 17 et une fonctionnalité élevé si la note est supérieure à 17. L'évaluation a pris en compte tous les groupements de producteurs du riz dans les trois villages enquêtés. Les résultats de l'évaluation sont présentés par le tableau 19.

Tableau 19: Notes d'évaluation du fonctionnement des groupements

Villages Groupements Note d'évaluation

Magoumi ITCHE LERE 04

IFEDOUN 06

OMINERA 04

KATAMARA LASHE 04

Kpakpaza KATCHEFE TOGA 07

Ouèdèmè MINANGNONIMIDE 11

GBEDOKPO 11

TOYI 13

NOUNAGNON 10

ALLOGBEYA 09

NB : les groupements en gras sont ceux dans lesquels le dispositif a été introduit Source : Enquête, 2006

L'analyse du tableau 19 montre que 60% des groupements étudiés ont une faible fonctionnalité contre 40% qui ont une fonctionnalité moyenne. Aucun groupement n'a une forte fonctionnalité. La faible fonctionnalité des groupements s'explique souvent par la non implication des membres dans la gestion du groupement, le niveau faible de concertation entre les membres du bureau, l'abandon du travail collectif et le non renouvellement du bureau. L'engagement des membres des groupements dans les actions collectives se trouve alors handicapé par le faible fonctionnement de ces derniers.

L'étude approfondie des groupements ayant reçu de dispositifs (Itchèléré, Katshéfè Toga et Minangnonimidé) nous a permis de comprendre la réalité cachée derrière ces notes traduisant leur faible fonctionnalité. En effet, dans le cas des trois groupements, le pouvoir se trouve concentrer dans les mains d'un individu, leader du groupe qui, avec certains membres avec qui, il entretient des relations de parenté et / ou de voisinage, gère le groupement comme une entreprise personnelle. Le statut de leader varie d'un groupement à un autre. Par exemple à Magoumi, le statut de leader revient à la secrétaire tandis qu'à Ouèdèmè il revient au président et à Kpakpaza à la trésorière. Ces leaders avec leurs alliés détiennent le monopole sur les formations. En effet, selon nos enquêtes, il apparaît que malgré l'effectif pléthorique de ces groupements, les représentants aux diverses formations sont souvent les mêmes15. Dans la plupart des cas, les simples membres ne sont pas informés de ce qui s'est passé à ces rassemblements. L'enjeu ici, ce sont les perdiems aux participants à ces formations. Mus par ce seul intérêt, les responsables et certains membres des groupements avec qui ces derniers16 entretiennent des relations de parenté et/ou d'amitié sont les seuls à participer à toutes les

15 Le choix des participants ne tient pas compte de leur profil en relation avec le contenu de la formation.

16 Les responsables

formations même si ceux-ci n'ont pas la capacité de pourvoir bien suivre ce qui s'y déroule pour venir restituer à la base. Ils jouent ainsi un rôle d'écran entre les structures d'intervention et la base, empêchant ainsi l'information d'atteindre cette dernière. Certains membres des groupements n'hésitent pas à dénoncer ce fait mais sans jamais pourvoir le faire savoir aux responsables. Nous présentons ici quelques déclarations de certains membres des groupements sur les méthodes de sélection des participants aux formations au sein des groupements :

« Dans mon groupement, c 'est souvent la secrétaire qui désigne ceux qui doivent participer aux formations et le plus souvent ce sont les membres du bureau qui y participent. Les simples membres sont rarement choisis, et ceci à cause des perdiems. Mais pour les formations gratuites qui ont lieu au village ici, on invite tout le monde pour montrer aux patrons que le groupement marche bien ».

La déclaration d'un membre de groupement dans un autre village enquêté corrobore celle du précédent :

« Le groupement, c 'est l 'affaire de la trésorière. Tu sais, pour les formations où on distribue de l'argent nous ne sommes jamais informés. Mais pour celles qui se déroulent au village ici, où on ne distribue rien c 'est là qu 'on informe tout le monde ».

Ces déclarations ne sont que des exemples parmi tant d'autres exprimées par certains membres des groupements pour dénoncer le mode de sélection des participants aux différentes formations. Nous avons procédé à la vérification de ces déclarations auprès d'au moins trois membres d'un même groupement. De cette vérification, il ressort que ces faits sont des réalités dans la mesure où l'un des groupements étudiés a bénéficié de trois formations sur l'étuvage amélioré dont deux déroulés à l'extérieur du village; et le constat est que, ce sont les mêmes membres du groupement qui ont participé aux deux formations nécessitant un voyage (payé par les formateurs). Ces derniers sont composés uniquement des membres du bureau élargi à quelques membres proche de la trésorière.

Dans la mesure où le choix des formateurs endogènes est laissé à la charge des responsables des groupements dans le cas du dispositif amélioré, il apparaît nécessaire que les structures d'intervention interviennent pour énumérer certains critères de choix des représentants aux formations en attendant la promotion des mécanismes de contre pouvoir dans ces groupements (voir Vodouhè 1996). Ce contre pouvoir peut être un comité de sélection des représentants aux formations. Il peut également s'agir de renforcer les instances

de décisions au sein des groupements, en formant les responsables en matière d'organisation, et en promouvant des commissaires formés à jouer efficacement ce rôle.

Au demeurant, le faible fonctionnement des groupements constitue un biais pour la voie d'introduction du dispositif et montre une limite à ce mode d'intervention qui tend à devenir une panacée pour les organismes d'intervention. En effet, de nos enquêtes, il ressort qu'il existe trois catégories de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les grossistes-transformateurs. Les producteurs-transformateurs représentent la catégorie de transformatrices qui sont d'abord producteurs de riz qui, transforment tout ou partie de leur production et celle de leur conjoint. L'étuvage du riz constitue pour elles une activité secondaire qu'elles pratiquent seulement pendant la grande saison sèche (Novembre-Mars) Les deux autres catégories combinent les activités de commerçants à celles de transformatrices et se distinguent de la première catégorie non pas seulement par le fait qu'elles ne sont pas productrices du riz mais aussi par leur capacité à étuver de grande quantité de paddy. Seule la première catégorie (producteurs-transformateurs) appartient aux groupements. Ainsi donc, en orientant les formations vers les groupements existants qui sont des groupements de producteurs du riz, les organismes d'intervention excluent les deux autres catégories de transformatrices que nous dénommons les professionnels de l'étuvage qui sont en réalité la première cible qui devrait être visée dans la mesure où ce sont ces dernières qui mettent la plus grande quantité du riz étuvé sur le marché. De plus, l'objectif de l'innovation est de contribuer à améliorer de façon qualitative le riz localement étuvé afin de lui permettre de concurrencer sur le marché le riz importé. Ainsi donc, on se tromperait de cible en voulant restreindre la formation au seul membre des groupements existants. De plus, dans ce cas, les premiers acteurs visés par l'innovation n'auront pas accès aux informations de première main. Il est donc nécessaire, à défaut de réorienter les formations, d'élargir la formation aux professionnels de l'étuvage. Ceci suppose l'implication des transformatrices non-membres des groupements dans les formations.

Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt focalisé sur le choix du groupe cible, il faut reconnaître que les actions de vulgarisation concernent aussi les méthodes de communication utilisées pour provoquer le changement chez le groupe cible, le contenu du message de vulgarisation et les facilités de crédit (possible) accordés au groupe cible. Les actions relatives aux facilités de crédit sont présentées en détail plus loin dans ce document. Les méthodes de communication utilisées par les acteurs ont privilégié la méthode de groupe. La formation est donnée aux transformatrices organisées en groupe. La formation se fait en

deux phases: une phase théorique et une phase pratique. La phase théorique se fait à l'aide d'un film (de 12 minutes) réalisé sur l'étuvage amélioré du riz par l'ADRAO et qui montre tout le processus d'étuvage. Selon Van den Ban et al. (1994), les aides audio-visuels peuvent remplir deux fonctions différentes :

- amélioré le processus de transmission de l'information (un processus cognitif) ;

- développer ou renforcer la motivation à changer de comportement et/ ou d'opinion (un processus émotionnel).

L'utilisation des aides audio-visuelles améliore l'efficacité de la vulgarisation. Toutefois, il est important de signaler que pour plus d'efficacité, l'association des méthodes interpersonnelles aux méthodes de formation serait nécessaire. Ceci se fera à travers les visites de terrain que les agents formateurs pourront organiser c'est-à-dire à travers l'organisation du suivi des transformatrices. Aussi, l'utilisation des masses média sera-t-elle nécessaire. Ceci passera par des communications sur les stations de radio locales sur le dispositif et aussi sur les avantages du riz étuvé. En effet, de nos enquêtes, il ressort que, la radio (en particulier la radio locale Ilèma) constitue l'une des principales sources d'information des transformatrices sur les innovations. L'utilisation de ce canal permettra d'informer un grand nombre de transformatrice.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams