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Hong Kong - Hollywood

( Télécharger le fichier original )
par Edouard Mutez
ESRA - DESRA 2006
  

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Tsui Hark, le savant fou.

Retour en arrière.

Avant de parler de l'arrivée de Tsui Hark aux Etats-Unis, il convient d'en dresser un portait et de souligner son importance.

En effet, sa trajectoire pourrait à elle seule résumer vingt ans de cinéma hongkongais. C'est certainement le plus grand créateur et expérimentateur à tel point qu'on peut affirmer sans peine qu'il est un visionnaire, totalement inclassable.

Il suffit de regarder ses films. Il commence par Butterfly murders (1979) dont le titre résume le film. Il se fera remarquer en 1980 avec L'enfer des armes, un film politique, social et anarchiste. Il devient le fer de lance de la nouvelle génération de réalisateurs rebelles, on parle de « nouvelle vague ». Mais il se trahira aussitôt en signant Zu, les guerriers de la montagne magique en 83, un pur divertissement noyé sous un déluge d'effets spéciaux. Le succès est là et Tsui Hark crée alors son propre studio de production, dévoilant son mauvais côté, celui du producteur despotique. Il force ainsi John Woo à réaliser une suite au Syndicat du crime avant d'en réaliser lui-même le troisième et dernier épisode en 89.

Tel un savant fou, il est prêt à abandonner tout ce qu'il a pu construire dans sa carrière dès qu'il a une nouvelle idée. Il se met à transgresser toutes les lois, du cinéma mais aussi de la nature : ses personnages se mettent à exécuter des action improbables, des sauts démesurés. Tsui Hark s'en moque complètement et on peut le voir dans l'excellent Once upon a time in China (Il était une fois en Chine, 1991) dans lequel il ressuscite Wong Fei-hung, personnage mythique de la Chine traditionnelle, sous les traits de Jet Li.

Mais après plus de quinze ans de succès et l'approche de la rétrocession, Tsui Hark n'arrive plus combler les attentes de son public, l'échec de The Blade en 95 en est la preuve flagrante.

Tsui Hark va alors traverser le Pacifique en 1997, encore une fois suite aux propositions de Jean-Claude Van Damme, qui voit à Hong Kong un vivier inépuisable de réalisateurs de talent.

Double team (1997).

Et voila, une fois de plus, il semblerait que les réalisateurs hongkongais ne puisse pas échapper à cet espèce de bizutage qui les force à tourner leur premier film américain avec Jean-Claude Van Damme, ce fut également le cas de Ringo Lam l'année précédente avec Maximum risk (Risque maximum) dont nous reparlerons plus tard.

Mais tout comme John Woo, Tsui Hark n'a pas l'intention de se faire marcher sur les pieds par les studios, lui qui, dans son pays, régnait quasiment seul sur toute l'industrie cinématographique.

Le résultat est un bras d'honneur gigantesque, un ovni du cinéma. On y croise pêle-mêle le basketteur (mais très mauvais acteur) Dennis Rodman, un tigre, l'île du Prisonnier, Van Damme avec une perruque, des prêtres high-tech, le faux come-back de Mickey Rourke et le Colysée de Rome qui explose ! Le tout avec une narration improbable et un Tsui Hark qui se moque éperdument des conventions et ne cherche jamais à donner à son film une quelconque explication. Il ne fait qu'expérimenter, encore et encore, mais il le fait cette fois ci avec un budget américain. « ...je n'ai réussi à tourner que 30% de ce que j'avais en tête, simplement parce que certaines personnes estimaient que mon story-board n'était pas réalisable. » déclare-t-il, tout de même satisfait de son expérience.

Le film sort la même année que Volte/face et il est amusant de constater les nombreux points communs entre les deux. Ils racontent l'histoire d'un affrontement entre un flic et un terroriste, dont l'origine remonte à la mort d'un enfant (celui de Travolta dans Volte/face et celui de Mickey Rourke dans Double team). Le héros est envoyé dans une prison en pleine mer et on retrouve le thème de la destruction du noyau familial. Bien entendu, ce ne sont que des coïncidences, les deux films ayant été tournés à peu près en même temps, mais c'est le résultat qui est intéressant : d'un côté, le film cynique et foutraque de Tsui Hark qui a lutté contre les studios, et de l'autre, le film de Woo qui a su intelligemment aller dans le sens du système hollywoodien pour mieux le détourner.

Mais cela n'enlève rien au plaisir coupable que procure Double team, film unique à l'encontre de tout formatage dont les mille (mauvaises) idées par seconde parviennent à conserver toute l'attention du spectateur motivé.

A l'arrivé, le film peine à se rembourser mais cela n'empêchera pas Tsui Hark de récidiver l'année suivante, toujours avec Jean-Claude Van Damme, toujours produit par la Columbia, mais cette fois-ci, dans son pays d'origine.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams