WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le réalisme dans Mission Terminée

( Télécharger le fichier original )
par Andry RANDRIAMANGA
Université de Tuléar, MADAGASCAR - Maîtrise 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3-Le statut de la femme

Dans le roman, nous assistons à une soumission totale de la femme. Elles n'ont pas les mêmes droits que les hommes, et sont réduites à n'obéir et à ne servir qu'aux hommes. Dans une société où les hommes dominent, la place de la femme est très réduite. Epousées très jeunes, comme la femme de l'oncle Mama et comme toutes les femmes, elles vieillissent précocement à cause des maternités successives et des durs travaux des champs (pp.63-64) ; elles sont donc comme des machines agricoles et de procréation. Cependant cette société traditionnelle a vraiment besoin de femmes car ce sont elles qui font les travaux des champs et en même temps elles s'occupent du foyer : le repas, les enfants et surtout le mari à qui elles doivent une totale soumission au risque de se faire battre ; par conséquent la femme joue un rôle important dans la vie de l'homme puisqu'un homme sans une femme à ses côtés n'est rien aux yeux de tout le monde et ne sera pas estimé. L'accaparation d'une femme est donc nécessaire pour l'homme afin qu'il soit estimé et considéré par tous. Elle est alors un bien essentiel pour l'homme mais aussi pour la société (p.141). C'est donc un être précieux bien qu'elle soit marginalisée puisqu'elle est tout et fait tout en même temps. C'est pourquoi le phénomène de polygamie est bien accepté et persiste toujours dans la société car plus un homme possède de femmes, plus il est considéré comme riche et se sent plus puissant ; c'est le cas du chef de canton qui d'après le roman « possédait les six plus belles femmes de la région et s'apprêtait à en acquérir d'autres » (p.34), mais aussi du chef de village de Kala qui est à sa septième femme (p.177). Bien qu'il s'agisse ici d'une union entre deux êtres, on peut dire que leur unification n'est pas le fruit de l'amour parce que tout se passe entre le futur mari et la famille de la fille. Il

suffit que la famille accepte la somme donnée en signe de dot pour acquérir la femme. On peut dire alors qu'une femme est une sorte de marchandise que l'on peut s'acquérir en échange d'une somme d'argent. Plus elles sont belles et bonnes plus elles sont coûteuses, et plus elles sont vieilles et moches, plus elles sont moins valeureuses (p.217). Toutefois si les hommes ont le droit d'avoir plusieurs femmes en sa possession pour son épanouissement, il est interdit de pratiquer la polyandrie et être frivole est lourdement sanctionné. C'est donc le cas de l'épouse Niam qui a décidé de quitter son mari pour aller chez un autre homme. Bien que la cause de son départ soit due aux maltraitances qu'inflige son mari, cette cause n'est pas valable par toute la société puisque une femme doit respecter son mari quelles que soient les circonstances. Par conséquent, si la femme voudrait quitter définitivement son mari pour aller chez un autre, elle doit rembourser toute la dot à son mari, sinon elle doit retourner chez celui-ci et cela par tous les moyens.

La présence de la femme est donc très importante dans la société, mais elle reste toujours un sujet de discussion. Parfois on associe la femme à de mauvaises choses. Tel est le point de vue du père de Medza qui accuse les femmes d'être la source de l'échec de Medza dans ses études. Mais si le père condamne la femme globalement, les autres hommes peuvent trouver des détails sur la femme pour la dévaloriser totalement. Si se parfumer est une coquetterie, une manière de se mettre en valeur pour les femmes, cet acte est perçu et traduit autrement par les hommes. Le fait qu'une femme se parfume est signe qu'elle cache ses mauvaises odeurs pour les hommes. Ils sont même convaincus que derrière ces mauvaises odeurs se cache une maladie vénérienne, maladie la plus grave et la plus crainte de tous (p.106). Donc ici on est en face d'une mauvaise interprétation des choses où une fois encore c'est la femme qui en est victime, et dans le roman cette personne féminine est la fille venant de la ville qui n'est rien d'autre qu'Eliza. Le sort réservé à Eliza est donc la mise en écart, mais ceci est aussi valable pour toutes les femmes bien qu'elles ne soient pas malades. En effet, la séparation de l'homme avec la femme ne s'arrête pas seulement au moment du repas comme nous l'avons dit auparavant, mais elle continue bien plus qu'au-delà. Après une lecture

minutieuse, nous avons constaté que les femmes et les hommes ne dorment pas ensemble dans la même case mais dorment séparément, d'où l'existence de ce qu'on appelle « une case de femme » (p.133) où est entassé le sexe féminin, que ce soit la mère, la grand-mère ou les petites filles. On a donc ici affaire à une ségrégation, voire à du sexisme si on synthétise tout ce qui a été dit au sujet de la femme face à l'homme et une société qui lui donne toujours tort, c'est-à-dire la femme. L'homme n'a aucune estime pour la femme bien que leur sort dépende d'elle. Même à partir des mots employés par l'auteur, on ressent ce mépris envers la femme. L'utilisation du terme coucherie à la page 21 du roman par exemple donne une très mauvaise image et qui sous-entend une perversion totale de la femme ; or ici on a affaire à une simple tromperie, que l'on appelle adultère puisque dans le texte il n'y a jamais eu question de sexe mais juste une femme qui s'était fait charmée par les offrandes d'un « market-boy » (p.21). Ici donc le terme est poussé à l'extrême pour aggraver la situation et discréditer la femme. La femme est donc réduite à accepter sans discuter dans la vie traditionnelle ; celle qui veut protester le fait en silence sous peine d'être battue par son mari. Elle doit donc faire de « l'opposition silencieuse » (p.230) et se réfugier à la cuisine qui est le seul endroit où elle se sentira un peu en sécurité car le mari ne viendra jamais la chercher là-bas pour la corriger (p.246). Toute femme de la brousse est donc condamnée à une perpétuelle soumission mais sera qualifiée de bonne femme, tandis que celles revenant de la ville sont libérées et seront toujours mal vues part tous. Mais que ce soit homme, femme ou enfant, tous doivent faire face à un grand problème qui est en train de toucher leur monde traditionnel : c'est l'acculturation.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand