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Le réalisme dans Mission Terminée

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par Andry RANDRIAMANGA
Université de Tuléar, MADAGASCAR - Maîtrise 2007
  

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2- Le pouvoir colonial

Face à cette société traditionnelle, le pouvoir colonial est très bien organisé bien que sa présence ne soit pas mentionnée directement dans le roman. Le pouvoir colonial se manifeste sous différentes formes, et tout au long du récit on ne retrouvera point un seul Blanc (à l'exception de Kritikos le grec)

qui essayera d'imposer quoi que ce soit à un Noir. La raison en est que les Blancs n'interviennent plus directement dans la vie des Noirs mais sont remplacés soit par des représentants Noirs, soit par des institutions dirigées aussi par des Noirs.

En lisant le roman, on croit avoir sous les yeux une oeuvre où l'on ne retrouve pas de conflits entre Blanc et Noir. Mais après l'analyse du contenu, nous réalisons qu'il y a bel et bien des indices qui révèlent la présence des colons. Comme dit Daniel, l'ami de Medza « Partout où il y aura un Noir, il se trouvera toujours quelque colon pour lui rôder autour. » (p.14).

Dès que l'on aborde le sujet concernant le pouvoir colonial en Afrique, la première chose qui nous vient en tête est la domination des Blancs sur les Noirs et ses conséquences sur les Noirs. Toutefois, l'arrivée des Blancs sur le continent Africain n'est pas toujours néfaste mais peut être aussi bénéfique pour les Noirs. Sans les Blancs par exemples, les pistes ne seraient pas devenues des routes goudronnées, bien que ces dernières soient en très mauvais état au Cameroun comparées à ce que les Belges ont fait au Congo (pp.15-16). Mais comme nous le savons, cette modernisation de l'Afrique traditionnelle par les colons a un but précis qui est de dominer les Noirs sur tous les plans. Et si on analyse très bien cette modernisation, nous constatons et nous nous en rendons compte qu'elle a été instaurée non pas pour aider les africains mais pour qu'ils soient dépendants des Blancs, et surtout pour mieux les maîtriser. Le pouvoir colonial est donc une machine bien rôdée où tout est planifié afin de maîtriser les Noirs. C'est le pouvoir colonial qui oblige indirectement les enfants à aller à l'école, à cesser de cultiver les cultures vivrières pour planter du cacao et du café aux paysans, hommes et femmes, et à dicter au patriarche ou chefs de village ce qu'ils devront faire.

L'instauration de l'école, plus précisément d'un Internat Indigène, est faite pour éduquer les jeunes Noirs afin qu'ils puissent avoir de nouvelles pensées, à peu près identiques à celles des Blancs, c'est-à-dire cartésiennes. Eduquer à l'école donc permet de former les africains dès leurs plus jeunes âges en leur apprenant l'idéal, en traçant leur route et en donnant le modèle qu'ils devront

suivre. Tout cela dans le seul but de faciliter leur manipulation plus tard. Eduquer n'est donc pas le mot adéquat dans ce cas parce qu'on a affaire ici à un vrai lavage de cerveau par le biais de l'éducation venant des colons. Ce lavage de cerveau exercé sur les Noirs, nous pouvons le percevoir à travers ce que Daniel a dit :

« Moi, mes ancêtres furent non point Gaulois, mais Bantous ; ils le sont d'ailleurs restés depuis. Et apparemment, il n'y a pas de raison qu'ils veuillent changer de parti aujourd'hui. » (p.14).

Le bureau administratif, le commissariat de police et la prison (p.18) sont réservés pour ceux qui n'ont pas été transformés par l'éducation coloniale ou qui ne veulent pas suivre ou se soumettre aux normes imposées. La présence de ces institutions à Vimili n'est donc pas seulement d'ordre esthétique pour moderniser le paysage mais a une fonction ré éducationnelle des Noirs afin de préserver l'ordre imposé par les Blancs. Tous ceux qui ont échappé au lavage de cerveau de l'école seront donc corrigés et « normalisés » par ces établissements coloniaux. Ceux des petites villes comme Vimili seront alors sur la bonne voie comme ceux qui ont suivi des études à l'école parce qu'ils ont la police, la prison, et le bureau administratif comme équivalences de l'école. Par contre dans la brousse où il n'y a ni école, ni commissariat de police, ni prison pour marquer la présence coloniale, les Blancs sont remplacés par des Noirs. Ils ont pour tâche de représenter l'autorité coloniale, surveiller, voire espionner leurs proches et surtout faire régner l'ordre selon les lois en vigueur dans le village où ils sont établis. Dans le roman, ces représentants coloniaux Noirs ne sont rien d'autres que le chef de canton pour le village natal de Medza, et le chef de village à Kala. Que ce soit le chef de canton ou le chef de village, tous les deux détiennent une place symbolique dans la société traditionnelle parce que même le patriarche du village comme Bikokolo est sous leur autorité et doit se plier devant eux. Ils sont au sommet de la pyramide et n'ont plus rien à voir avec la vie traditionnelle des villageois. Ils mènent une vie aisée due aux privilèges donnés par les colons comme habitant dans des villas imposantes, mais surtout parce qu'ils se sont affranchis et ne respectent plus la hiérarchie traditionnelle de la tribu (p.34). Ayant donc l'appui des colons et affranchis des

traditions, ils se permettent de tout faire jusqu'à en abuser. Ainsi, ils n'arrêtaient d'harceler un homme que lorsque celui-ci leur aurait fait la promesse formelle de venir à leur rescousse, soit ils vont directement à l'intimidation administrative si les chantages basés sur les sentiments ne passent plus (p.178). Et s'il y a encore quelqu'un qui doute du pouvoir réel de ces gens là, c'est-à-dire du chef de canton et du chef de village, si leur bel habitat et leurs nombreuses femmes ne suffisent pas à affirmer leur richesse et leur supériorité, ils sont prêts à laisser tomber les costumes traditionnels en échange d'un uniforme de chef de groupement avec les galons aux épaules et les décorations sur la poitrine pour faire bien savoir à tout le monde que c'est lui le chef suprême du village (p.183). En tout cas, ils sont là pour remplacer et prendre la place des colons pour les aider à tenir la population bien en main et cela par tous les moyens.

Mais si l'école et la force ne fonctionnent pas à faire convertir les Noirs en de bons citoyens, il reste toujours la religion chrétienne qui est elle aussi importée par les colons et qui est devenue une arme efficace pour transformer l'individu. Toute personne ayant été en contact avec cette nouvelle religion se voit transformé psychologiquement et devient facilement obéissant. Il suffit juste d'attribuer quelque chose avec Dieu pour avoir un résultat immédiat. Nous constatons cela par exemple pour le cas de Fils-de-Dieu qui, s'il veut mériter le ciel devait exécuter strictement les ordres venant de Yohannès le Palmipède comme accourir chaque fois qu'il l'appelle, remplir le verre de Medza chaque fois qu'il sera vide (p.56). Ceux qui ont des connaissances sur la religion catholique seront donc amenés à diriger les autres vers le droit et bon chemin. C'est donc ce qui se passe quand Zambo fut accusé de voler le vin de Le Palmipède. Et afin de convaincre qu'il a tort de voler les biens des autres, le Désossé, le seul qui s'y connaît en terme de religion catholique, fût désigné pour lui faire la morale en usant de son savoir (pp.161 -1 62). La dernière chose importée par les étrangers Blancs et qui pourrait être aussi un instrument pour désorienter les Noirs est l'alcool. Dans le roman, nous avons deux sortes d'alcool dont le vin de palme traditionnel et le whisky américain. Si le vin de palme est pour les Noirs une sorte de médicament équivalent de la pénicilline et pouvant guérir les maladies (p.144), le whisky américain par contre est un

refuge contre les problèmes difficiles à surmonter comme vaincre sa timidité face à la fille que l'on aime (p.190). Mais le pire c'est qu'il peut servir à dévoiler ce qui est enfoui dans la tête puisqu'il rend les gens à demi conscients et leur fait délier la langue petit à petit (p.120).

Mais comment est donc la femme dans cette société où les hommes règnent en maître et où tout le monde est soumis aux exigences coloniales?

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius