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Le réalisme dans Mission Terminée

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par Andry RANDRIAMANGA
Université de Tuléar, MADAGASCAR - Maîtrise 2007
  

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II- Les pouvoirs en activité

Si dans le premier chapitre nous avons vu les particularités de chaque groupe de personnes, voire de chaque individu, dans ce second chapitre intitulé « les pouvoirs en activité » nous analyserons la position de chaque groupe par rapport à la société présente dans le roman. Pour cela, nous allons voir en premier lieu « La domination de l'homme », en second lieu « Le pouvoir colonial » et en dernier lieu « Le statut de la femme ».

1- La domination de l'homme

Quand on parle ici d'homme, il s'agit de tout individu de sexe masculin qualifié de grande personne, c'est-à-dire les grands-pères et pères de famille, mais non pas les jeunes garçons encore dépendants de leurs parents.

On constate tout au long du roman la domination totale de l'homme, et cela dans tous les domaines. Tout homme vieux ou ayant fondé une famille est automatiquement respecté par le village tout entier ; et pour mériter cette place honorifique, il était essentiel d'être marié parce que dans la société

9 NDONGO FAME Jacques, L'esthétique romanesque de Mongo Béti, Présence Africaine, 386 p.

traditionnelle « la femme est un signe infaillible d'aisance, comme le frigidaire ou l'automobile en Amérique » (p. 141). Sans la femme donc, l'homme n'est

rien puisqu'il n'a rien et est considéré par conséquent comme un vaurien. Mariés, les hommes deviennent pères et sont chefs de famille; ils font ce qu'ils veulent de leurs femmes et de leurs enfants. Et sur ce plan, ils ont la réputation d'être violents, des tyrans et des dictateurs. Pour se faire entendre, se respecter ou tout simplement pour éduquer quelqu'un, les hommes n'hésitaient pas à maltraiter les femmes et les enfants. Cette violence est déjà un rituel et est incluse dans la culture traditionnelle car si on se réfère à ce que le texte dit

dans la page 237, « [...] chez nous, on se tançait sans arrêt : le père tançait tout le monde, la mère tançait les enfants, [...] Quant aux enfants, les garçons tançaient les filles, et la fille aînée tançait sa cadette [...] ». Cette violence

perpétuelle, surtout au niveau des hommes s'explique par le fait que la société traditionnelle que nous étudions en ce moment s'agit des tribus pahouins. Selon les étymologistes, "pahouins" vient de "m'pawin" et signifie "sauvage". Ils existent toujours entre Gabon, Guinée équatoriale et Cameroun, mais on les appelle aujourd'hui Fang ou Beti ; et jusqu'à présent, ils vivent toujours en véritables enfants de brousse, c'est-à-dire ils passent leur temps à chasser, pêcher, . .., mais surtout aiment ou battent leurs femmes, font la guerre avec les tribus voisines. Toutefois, même avec cette manie de battre, de dominer les autres, il y a toujours le respect entre les individus du même groupe. Le patriarche comme Bikokolo par exemple est l'homme sage du village et exerce un pouvoir absolu sur tous les villageois, même sur les pères de famille. Tous doivent le respecter et lui obéir vu son âge et son statut. Il règne sur tout le village et assurent plusieurs fonctions à la fois comme dirigeant, conseillé et guérisseur, et dans tout cela, ses décisions ne sont jamais contestées par qui que ce soit. Et le pire dans tout cela c'est que cette place, c'est-à-dire chef de village ou patriarche, est exclusivement pour les hommes et se transmet de père en fils, c'est-à-dire par hérédité. Personne ne peut accéder à ce poste s'il est en dehors de la famille du chef, même s'il a le privilège d'avoir pu fréquenter l'école comme Medza (p.116). Et si le patriarche commande tout, les hommes pères de famille (qui sont aussi sous son autorité) eux sont les maîtres dans

leur foyer respectif. Pour l'oncle Mama par exemple, on voit à travers ses comportements qu'il est un homme ferme car il parlait peu et ne riait jamais. Et comme dit Medza sur ce sujet: « ces gens qui ne savent ni n'aiment parler ont un fort penchant pour la dictature » (p.89) puisque lui-même subit cette pression bien qu'il soit choyé à la maison ; l'oncle Mama, sans demander son avis ni attendre une réponse, impose des choses sans que l'autre ait le temps de pouvoir réagir (p.147). Et cette tension entre « père » et fils ne s'arrête pas seulement entre Medza et son oncle, mais continue aussi entre Medza et son vrai père. Medza accuse son père d'être autoritaire, un tyran, un dictateur puisque depuis sa tendre enfance, il ne faisait que suivre les désirs de ce dernier tels que aller à l'école non pas vraiment dans le but de l'éduquer mais pour s'en débarrasser par l'intermédiaire de l'école. Les professeurs constatent cette réalité mais le père s'obstine et défend jusqu'à la fin ses idées en disant : « Oh I De toute façon, que ferait-il à la maison ? [...] Alors qu'il reste à l'école... » (p.231) ; et la mère, plus proche du père, sentait quelque chose qui venait mais ne peut pas intervenir. « Il a une idée derrière la tête, moi je le sais bien, parce que je le connais. »(p.231) dit la mère en guise de protestation face à ce qui se passe. Tellement le père est vu de mauvais oeil par tous qu'il s'est fait qualifier « d'un dieu suprême, un dieu terrible » (p.22 1) puisque tout le monde le craint. A part cela, on sent vraiment cette place élevée de l'homme lorsqu'on analyse ce qui se passe dans la société car à chaque fois ils se mettent toujours à l'écart, de préférence dans un endroit élevé pour affirmer leur supériorité. Par exemple au moment du repas, les hommes mangent à part et ne se mélangent pas avec les femmes qui sont considérées comme des êtres inférieurs (p. 64). Le même scénario se répète aussi lors de la baignade où il est inadmissible pour les sexes masculins que les femmes aient une place en amont et eux en aval car ils doivent/veulent préserver leur statut dans tous les cas. C'est donc ce qui se passe à la page 70 quand les hommes entendirent que les femmes vont chercher une belle place en amont pour se baigner :

«Le mot « amont » produisit un effet véritablement magique.

Les garçons sortirent précipitamment de l'eau, leur visage exprimant

comme un dégoût. [...] les femmes en amont et nous ici ? Ah non, alors... ».

La domination se fait aussi sentir au niveau des jeunes garçons puisque entre Medza et Zambo par exemple Medza se fait très respecter par son cousin alors que Medza est son cadet. Or normalement cela devrait être Medza qui devrait le respecter étant donné que Zambo est son aîné. Medza confirme

même que « [...] le respect dû à un individu est directement proportionnel à son âge [...] » (p.140) mais ce n'est pas le cas ici. « Je suis heureux et surtout honoré de pouvoir te parler aujourd'hui ! Tu ne peux pas savoir. » (p.44) ; Tels

sont les mots de Zambo face à son petit cousin Medza ; des mots qui signifient tant de choses car à travers eux on perçoit la position de chacun, c'est-à-dire de Medza et de Zambo, où Zambo est dominé, tel un subalterne face à son supérieur, et cela à cause du fait que Medza vient de la ville, donc quelqu'un qui connaît beaucoup de choses. Toutefois, si l'intellectuel domine ses proches à cause de ses connaissances, le pouvoir total sera toujours détenu par les vieux puisqu'ils ont les moyens et la chance de l'appliquer vu « le système économique, juridique et coutumier » (p.140) qui les privilégient, ne laissant aucune chance aux jeunes de les rivaliser. La seule chose qu'ils peuvent faire face à cette situation est de se plier comme les autres, sinon se révolter contre le père comme Medza l'avait fait pour se libérer de ce mal. Toutefois cela ne changera rien puisque si lui est libéré, la société elle, n'a guère changé puisqu'elle restera toujours une société patriarcale où « il y a des gens qui ne perdent jamais » (p.254) qui sont les vieux, et où les plus forts voudraient toujours dominer les plus faibles et les moins âgés. Mais dans tout cela, que devient l'autorité coloniale puisque les colonisateurs ont aussi leur place dans cette société traditionnelle ?

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