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Le réalisme dans Mission Terminée

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par Andry RANDRIAMANGA
Université de Tuléar, MADAGASCAR - Maîtrise 2007
  

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3- Les jeunes

Comme les hommes et les femmes, les jeunes ont aussi leur mot à dire dans la société, dans le roman. N'oublions pas non plus que même s'ils sont en majeure partie dépendants de leurs parents, ce seront eux qui assureront la relève mais surtout l'avenir. Elément significatif de la société, la classe des jeunes joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la société car tout repose sur eux. Donc dans cette partie du devoir, nous allons étudier quelques jeunes dans le roman, surtout des jeunes garçons dont Petrus Fils-de-Dieu, Abraham le Désossé et Yohannès le Palmipède qui forment un trio, Endongolo, Zambo et enfin Medza.

L'adolescence est la période entre l'enfance et l'âge adulte pendant laquelle les jeunes sont en phase de transformation grâce à la découverte et l'exploration de la vie en essayant de tout faire que ce soit bon ou mauvais car c'est à partir de ce point là qu'ils forgeront leur vie future. Et dans le cas du trio, c'est-à-dire Petrus Fils-de-Dieu, Abraham le Désossé et Yohannès le Palmipède, la vie d'adolescent passe sans trop de soucis à faire. A part travailler dans les champs, la majeure partie du temps ils ne font que se divertir comme chercher des filles et/ou boire du vin de palme jusqu'à ce que tout le groupe soit ivre, ou que les réserves et les ressources soient vides, à sec. C'est à cause de cette période transitoire, c'est-à-dire l'adolescence, que les jeunes apprennent tout. C'est comme un temps où la personnalité de l'individu n'est pas (encore) bien définie puisqu'il est dans une phase de sa vie où il se détache petit à petit du passé pour construire sa vie future sans tout autant délaisser complètement le passé. C'est par ce raisonnement que nous allons

démontrer pourquoi les personnages qui composent le trio ont des noms composés mais non pas des noms simples.

Puisqu'ils sont tous dans l'adolescence, ces jeunes là ne sont encore très bien définis, que ce soit au niveau psychologique ou au niveau morphologique parce qu'ils sont en train de se métamorphoser. Tout ce qui les concerne dans cette période n'est que dérisoire et peut changer au fil du temps ; mais ce sera la base, le fondement de l'avenir. Toutefois, il est nécessaire de faire savoir que pendant cette période de l'adolescence, on a deux phases bien distinctes dont le passage de l'enfance vers l'adolescence et le passage de l'adolescence vers l'âge adulte. Dans le cas de Petrus Fils-de-Dieu, Abraham le Désossé et Yohannès le Palmipède, ils sont tous les trois dans le début de la deuxième période de l'adolescence, c'est-à-dire dans la période de passage de l'adolescence vers l'âge adulte.

Si on analyse donc les noms que portent ces trois personnages, à première vue et à partir des données dans le texte du roman, nous pouvons dire que ce ne sont pas leurs vrais noms mais des surnoms. Dans le récit du roman il est bien dit que, pour le cas de Yohannès le Palmipède, il s'appelle Albert Bidzo, mais Yohannès le Palmipède n'est qu'un surnom que les petits enfants emploient pour l'appeler (p. 54). De même pour les autres, comme Petrus Fils-de-Dieu qui n'est qu'un surnom (selon le roman) qu'on lui a attribué après des évènements qui s'étaient produits auparavant (p. 55). Pour le dernier personnage, qui est Abraham le Désossé, ce n'est pas non plus son vrai nom mais un qualificatif qui renvoie à la fois à sa personnalité et son physique (p. 57). Ces surnoms composés, bien qu'ils ne soient pas les véritables noms des individus, ne sont pas seulement de simples désignations ni de simples appellations secondaires, mais contiennent aussi des éléments significatifs qui qualifient l'individu dans un temps donné, tout en mêlant le passé avec le présent.

Concernant le personnage Petrus Fils-de-Dieu, si on analyse les éléments composant son surnom, c'est-à-dire Petrus et Fils-de-Dieu, à partir de ce que dit le roman à son propos, on aura une biographie partielle de l'individu. Globalement, ce surnom nous renvoie et nous donne un des traits

caractéristiques de la personne. La cause de ce surnom, d'après ce qui est mentionné dans le roman, est pour essayer de sauver l'individu de l'enfer et cela dû à ses mauvaises conduites d'auparavant.

Mais si on pousse encore plus loin l'analyse, on trouve que ce surnom représente la croyance en Dieu. Il sous-entend une appartenance de religion monothéiste car deux éléments nous certifient cela dans le récit du roman :

« [...] le père de garçon était catéchiste [...], je crus devoir chercher l'origine [...] dans la profession paternelle.»(p. 55) qui veut dire que ce surnom est en

partie inspiré de la carrière paternelle car cette société traditionnelle évoquée dans le roman n'est pas seulement patriarcale, mais aussi patrilinéaire. Le second élément qui nous permet de certifier l'appartenance du personnage dans une religion monothéiste est la façon d'écrire le mot Dieu. Dans le surnom, le mot débute par une lettre majuscule mais non pas en minuscule. Cela signifie donc que le Dieu dont il est question est le Dieu Créateur des religions monothéistes mais non pas une des divinités des religions polythéistes. Et pour plus de précision sur cette religion monothéiste dont le récit veut nous faire connaître, le premier élément du surnom, c'est-à-dire Petrus, et la profession du père vont nous éclaircir sur ce sujet. La profession du père peut nous donner la réponse à cette ignorance car si dans le roman il est dit que le père de Petrus Fils-de-Dieu est catéchiste, cela veut dire que le père est un chrétien parce que le mot catéchisme signifie, selon la définition du

Petit Larousse 2007, « Enseignement de la foi et de la morale chrétiennes. ». A

part la profession du père, le mot Petrus nous renvoie aussi à la religion chrétienne car il est l'équivalent du nom Pierre chez les tribus pahouins6 ; et Pierre est un des noms des apôtres de Dieu.

Pour Yohannès le Palmipède, il se fait ainsi appeler, surtout par les petits enfants qui veulent s'amuser, parce que selon le texte du roman, « [...] il avait

les pieds non seulement plats mais encore retournés vers l'extérieur. »(p.54), et

surtout parce qu'il est un très bon nageur que même Medza l'enviait, à tel point

qu'il déclara : « J'aurais donné tous les bachots du monde pour nager comme le Palmipède, [...] » (p. 88). A part cela, le surnom de ce second personnage

aurait aussi une similarité avec celui du premier, c'est-à-dire Petrus Fils-deDieu, parce que Le nom Yohannès est un nom pahouin dérivé du nom Jean qui n'est pas d'origine africaine. Ce nom nous permet aussi de savoir son appartenance religieuse car le nom Jean est issu de la civilisation chrétienne.

Le troisième et dernier personnage que nous allons étudier dans le trio est Abraham le Désossé. Selon le roman, il est appelé ainsi à cause de sa souplesse physique, comme qui dirait « [...] était complètement dépourvu d'os. »(p. 57). C'est donc la signification de le Désossé. Pour ce qui est d'Abraham, Medza lui-même ignore la cause de ce choix, et il déclare sur ce sujet : « je ne sais pas pourquoi Abraham plutôt que Moïse ou Nabuchodonosor. » (p. 57). En tout cas, le surnom que porte ce personnage ne reflète pas totalement sa personnalité car à part d'être souple, il n'a rien d'un saint homme, sauf qu'il s'y connaît un peu en religion catholique puisque autrefois il était moniteur et enseignait aux petits enfants le catéchisme.

Si telle est l'étude sur le trio, nous allons maintenant analyser le personnage Endongolo, un jeune garçon qui n'est ni dans le trio ni un ami très proche de la bande de Medza qui est composée du trio , Zambo et Medza. Endongolo lui est dans la fin de la deuxième période de l'adolescence, c'est-àdire vers la fin du passage de l'adolescence vers l'âge adulte. Si on le compare avec les autres jeunes, il est beaucoup plus âgé qu'eux puisqu'il est dans les trentaines, or le trio, Zambo et Medza sont dans les vingtaines. Tout de même, son point commun avec ces jeunes c'est son penchant pour le vin de palme, mais ceci d'une autre façon. Pour lui, le vin de palme n'est pas seulement un moyen pour oublier momentanément les problèmes de la vie quotidienne, mais c'est aussi l'équivalent de la pénicilline qui le soigne de toutes maladies et qui le rend toujours en pleine forme (p. 144).Toutefois, il est plus mature que ces jeunes puisque Medza avait non seulement remarqué qu'Endongolo assistait toujours à ses conférences mais il était très intéressé et posait même de bonnes questions, mettant quelquefois Medza dans l'embarras.

Selon le roman, Endongolo est « [...] un grand garçon un peu rustre, pas très soigné. »(p.141) encore célibataire et vivant seul avec sa petite soeur. Ils sont

6 Alexandre P., Binet J., Le groupe dit Pahouin (Fang-Boulou-Beti), Paris, Institut international africain,

orphelins de père et de mère précocement mais vivent sans l'aide de personne. Cette situation l'a poussé prématurément à devenir un homme responsable, assumant tant bien que mal ses devoirs. Toutefois, ce n'est pas seulement cela qui le rend ainsi mais c'est aussi dans sa nature. Tout ce qui est dit dans le roman caractérisant ce personnage convient réellement à son nom car si on se réfère au sens étymologique, on voit que Endongolo vient du terme pahouin endondon, signifiant svelte et élancé7. Et comme tout enfant grandissant trop vite, comme lui, les capacités physiques évoluent plus vite que les capacités mentales qu'il n'est pas du tout intelligent par rapport à ses aînés, même par rapport à ses cadets.

Concernant Zambo, il est le cousin de Medza et est le fils d'oncle Mama. C'est un jeune garçon très sportif et qui est le grand champion de Kala. Si Medza est unique en son genre, Zambo l'est aussi puisque personne ne peut l'égaler dans le domaine sportif. Tous les jeunes de Kala le considèrent comme un dieu des sports grâce à sa compétence dans ce jeu de sagaie, mais aussi parce qu'il a un corps bien fait, plein de vitalité. Et comme le dit le roman « [...], c'est cette espèce de baobab humain [...] » (p. 41). A part le fait d'être le capitaine d'équipe de Kala, il est très proche du trio et qui prend plaisir à boire du vin de palme et à se livrer à la débauche avec eux. Après le trio, il adore aussi son petit cousin Medza et ne se lasse pas de lui trouver une compagne pendant tout son séjour à Kala. Par conséquent, c'est lui qui arrangera la rencontre entre Eliza et Medza (pp. 102-107), puis entre Edima et Medza (pp. 133-137). Comme tous les hommes de son village, c'est un travailleur qui va aux champs quotidiennement, mais sans vraiment travailler comme tous les jeunes; et sur le fait de ne pas travailler sérieusement, son père dit : « [...], c'est simplement sa faute. S'il travaillait davantage, s'il ne faisait pas tout le temps le mariole, il aurait déjà fini à la cacaoyère et il serait libre d'aller où il voudrait. » (p. 219). Toutefois, lassé de la vie campagnarde et trop attaché à son cousin, il n'hésitera pas à tout abandonner pour s'échapper du village avec Medza et vivre en ville (p.249). Si dans le roman Zambo est représenté comme étant un

Puf, 1958, 152 p.

7 Alexandre P., Binet J., Le groupe dit Pahouin (Fang-Boulou-Beti), Paris, Institut international africain, Puf, 1958, 152 p.

personnage fort physiquement et moralement, c'est parce qu'il a été inspiré de la réalité. Le mot Zambo vient du nom propre pahouin Zombo signifiant résister, affronter8. Effectivement d'après ce qu'on avait dit auparavant, Zambo a ces caractéristiques. A part le fait d'être résistant physiquement qui lui permet d'affronter ses adversaires sportifs, il l'est aussi moralement. Il ne se décourage pas dans sa mission qui consiste à trouver des petites amies pour Medza.

Et à propos de Medza, c'est le personnage principal du roman. Il a suivi ses études à l'école européenne et est vraiment différent des autres personnages, surtout adolescents. Il est unique parce que même étant africain, il n'en a pas l'air que ce soit du point de vue physique que psychologique. L'explication de cette différence et de cette transformation vient du fait qu'il n'avait pas reçu l'éducation traditionnelle des Anciens mais une éducation moderne, c'est-à-dire celle des colonisateurs. De ce fait, Medza possède beaucoup plus de connaissances sur les cultures antiques comme la culture grecque et romaine que sur la civilisation africaine. A tout moment où deux circonstances sont à peu près identiques ou ressemblent au passé, il fait tout de suite une comparaison et nous renvoie dans le passé, c'est-à-dire vers les faits historiques de la civilisation, soit grecque ou romaine. Dans la page 50 du roman par exemple, Medza compare la salutation que leur font les autres à

« une ovation de César au retour de la guerre des Gaules » puisque la victoire

remportée par l'équipe de Kala est pour lui comme la victoire de César sur la Gaule. A part cela, nous constatons aussi que le personnage Medza manifeste un goût pour la discussion, or selon la tradition africaine, les enfants n'ont pas droit à la parole face aux grandes personnes, et ne doit en aucun cas les défier. Medza transgresse cette loi puisqu'il n'hésite pas à donner son point de vue, ses critiques et à étaler ses idées quelque soit son adversaire qu'il soit un Blanc comme le Grec Kritikos ou les hommes du village. Cette transgression n'est pas seulement verbale, comme Medza l'avait fait en prenant la parole au village pour défendre sa cause (p. 29) et face à son propre père pour dénoncer l'injustice qu'on lui impose (p. 245) ; elle est aussi physique. La situation qui peut très bien interpréter ce fait est le duel qui a eu lieu entre Medza et son

8 NDONGO FAME Jacques, L'esthétique romanesque de Mongo Béti, Présence Africaine, 386 p.

père qui commençait par une boxe, et qui se termina par une poursuite de Medza dans tout le village (pp. 246 - 248). Actes inadmissibles pour les grandes personnes, les agissements de Medza envers ses proches auront des impacts sur la vie traditionnelle puisque son père, par exemple, se sentira ridiculisé et humilié devant les villageois, parce que tout le monde va croire qu'il n'est pas capable de bien éduquer son propre fils. Or, c'est le fils qui est devenu un jeune moderne et qui veut, par tous les moyens s'affranchir définitivement de la tradition car cette dernière gène sa liberté personnelle. Tiré du verbe a dza signifiant faire des reproches, et des critiques9, le nom que l'auteur a donné au personnage principal ref lète ces traits caractéristiques. Mais malgré ces défauts, le fait d'avoir acquis des connaissances à l'européenne a permis à Medza d'avoir une place beaucoup plus élevée et importante dans la société. Il est considéré par les grandes personnes comme étant déjà un adulte capable de tout faire, voire surpasser ce que les autres ont entrepris.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand