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Le réalisme dans Mission Terminée

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par Andry RANDRIAMANGA
Université de Tuléar, MADAGASCAR - Maîtrise 2007
  

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3- L'attrait de la ville

La présence de la ville est l'une des causes de l'acculturation. L'exode rural, c'est-à-dire la migration définitive des habitants des campagnes vers les villes accentue rapidement le phénomène d'acculturation car qui dit ville suppose modernité et nouveauté, donc s'oppose totalement à tradition et

16 « il mêlait d'une façon très curieuse les notations réalistes à la légende, (...) » Mission Terminée, p.30

campagne ou « arrière-pays » comme Kala ; or de plus en plus de personnes sont attirées par la ville pour plusieurs causes.

Dans le roman, l'une des principales causes qui oblige les paysans à se déplacer vers la ville est l'insuffisance, voire l'absence d'une infrastructure comme l'école européenne. Ceux qui veulent suivre des enseignements à l'européenne seront obligés de quitter la campagne et devront s'installer en ville car dans la majeure partie des cas, les villages sont éloignés de plusieurs kilomètres de la ville où pourrait se trouver une école. Toutefois, cette longue distance à parcourir ne découragea point les Noirs car

« Des villages de brousse, éloignés de plus de cinquante

kiomètres, arrivaient de tout jeunes enfants, conduits par leurs

parents, pour s'inscrire à une école, n'importe laquelle.» (p.23 1).

Ce voyage de l'individu Noir de la brousse vers la ville signifie tout simplement le passage du traditionnel vers la modernité, mais aussi et surtout de la culture originelle vers une déculturation17 même si son objectif est autre que d'étudier dans une école. Ce qui est sûr c'est que la vie dans cette nouvelle société moderne l'oblige à suivre certaines règles et conventions qu lui permettront de s'adapter dans ce « monde qui ne lui appartient pas, un monde qu'il n'a pas fait, un monde où il ne comprend rien. »(pp.250-251). Plus l'individu a été introduit très tôt dans ce nouvel univers comme le cas des enfants livrés à l'école dès leur plus jeune âge, et y restera longtemps, plus il s'habituera à cette nouvelle vie et l'adoptera pour ne plus rien retenir et/ou se souvenir de sa vie antérieure à la fin ; nous assistons alors à un cas d'assimilation18 que l'on peut retrouver dans les comportements de Medza qui diffèrent beaucoup de ceux qui n'ont pas été en contact avec la ville, ici Ongola, et qui sont restés dans les villages lointains comme Kala. Toutefois, nous ne pouvons pas dire que le village natal de Medza est aussi un village identique à Kala qui suit encore les traditions sans trop de déformations car ce n'est plus un village isolé mais un village rural que l'on appelle milieu détribalisé c'est-à-dire un village qui ne suit plus les règles des tribus, donc plus avancé que Kala.

17 Dégradation culturelle sous l'influence d'une culture dominante

18 Abandon de son identité culturelle pour adopter la culture dominante

Si la recherche d'une école est l'une des raisons qui attire les paysans vers la ville, la ville est aussi le dernier lieu de refuge pour fuir les durs travaux des champs à très faible rendement et les mauvaises conditions de vie. Tous veulent quitter la campagne pour avoir une vie meilleure en ville car cet endroit est pour eux signe de richesse et de réussite, et ils croient surtout que la ville va leur procurer facilement leurs bonheurs ; or ce n'est pas le cas parce que tous paysans n'ayant pas étudié à l'école européenne ignoreront des règles à suivre dans cette nouvelle culture moderne pour avoir un peu de respect envers les autres et afin de vivre sans trop de difficulté. Par conséquent, ils seront voués à un échec et n'auront aucune chance de survivre. Ils seront écrasés car ils sont tout simplement des ignorants aux yeux des Blancs qui détiennent le pouvoir, mais aussi des Noirs éduqués à l'européenne qui veulent aussi avoir une bonne place dans la société. A leur arrivée en ville alors, ils seront tout simplement rejetés, ignorés et mis à l'écart par ce nouveau monde civilisé. Devenu individualistes par la vie en ville, plus aucun lien que ce soit familial ou fraternel ne pourra réunir les Noirs entre eux en ville ; « la communauté du sang » qui depuis toujours liait en bloc tous les Noirs dans une grande et même famille n'existe plus. Tout de même, certains, comme les amis de Medza doutent déjà ce qui pourra leur arriver quand un jour, à l'improviste, ils le rendront visite en vi l le.

Dans le roman, si seul le personnage principal, Medza, est attiré par le charme de la campagne qui est encore pure, intacte, calme, ..., tous les autres que ce soit les grandes personnes ou les jeunes, les hommes ou les femmes sont fascinés par la ville et veulent fuir la campagne. Pour les femmes, cette envie de découvrir la ville est seulement annoncée par la petite amie de Medza, Edima, qui le questionne sur son départ, pour en arriver au but : la ville (p.150). Si cette envie des femmes d'aller en ville s'exprimait par la parole et se faisait indirectement, dans une stricte intimité, chez les hommes, ce désir se manifestait surtout par les multiples invitations et fêtes organisées par les chefs de famille, et aussi par les amis de Medza (le Palmipède, le Désossé, Fils-deDieu et Endongolo) afin de créer ou renforcer les liens qui les unit avec Medza pour qu'ils ne soient pas oubliés par ce dernier. Il y a aussi le cousin Zambo,

qui pour manifester son désir de voir la ville, rendait service à Medza tout au long de son séjour à Kala. Et toujours dans le but de lui rendre service, il décida, sans attendre l'approbation de Medza, de le suivre à Ongola en disant

simplement : « Je viens avec toi, petit cousin ? Je ne peux pas rester seul avec

les vieux. » (p.249) juste après la brouille entre Medza et son père.

La ville attire donc tout le monde, tous sont sûr que là-bas ils vont gagner leur vie. L'arrivée de Medza à Kala est comme qui dirait une sorte de preuve de réussite pour les villageois. Pour devenir comme lui alors, il était impératif de quitter la campagne pour la ville. Tous sont alors désintéressés par la campagne et interrogent Medza sur les boulots que l'on peut faire en ville et s'ils pourraient rapporter beaucoup d'argents (pp.117-118). A partir du moment donc que quelqu'un s'intéresse à la ville, automatiquement il ne pensera plus qu'à gagner de l'argent. Or l'argent est l'une des choses qui détruit l'unité des Noirs puisque même la « communauté du sang » (p.125) n'existera plus car ce sera chacun pour soi. Même en revenant de la ville, la personne ne sera plus la même puisqu'elle a perdu toutes les sagesses ancestrales à cause de toutes les vicissitudes de la vie moderne menée en ville ; cette vie qui transforme quiconque ose s'en aventurer ne serais-ce que pour une simple visite car il suffit juste de voir le contraste entre la ville et la campagne pour être transformé une bonne fois pour toute. Et lorsqu'on a pris goût, il est très difficile, voire impossible de rebrousser chemin car on voit en la ville l'idéal.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci