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Quel questionnement philosophique sur les conflits en Afrique ?

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par Emmanuel MOUTI NDONGO
Grand seminaire - Fin cycle de philosophie 2006
  

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II.4.2. L'ingérence des grandes puissances

Les soubresauts qui agitent l'Afrique, s'expliquent aussi par la tendance des grandes puissances à dominer les Etats pauvres du continent africain. L'Afrique se trouve alors happée par plusieurs puissances aux volontés expansionnistes avouées et à l'hégémonie établie. Avec des appétits aiguisés, ces grandes puissances s'affrontent très farouchement sur le sol africain avec pour seul objectif, contrôler leurs positions et satisfaire leur instinct de conservation.

Cette insidieuse immixtion des grandes puissances se manifeste aussi par des politiques dangereuses que sont l'impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme. Toutes ces politiques visent à réaliser la dépendance des Etats africains, à les contrôler et à transformer les dirigeants « en marionnettes ou en toupies entre les mains des manipulateurs »25(*) occidentaux. Retrouvant en face des Etats africains qui se refusent à être des nations saprophytes, la situation ne peut que se tuméfier. Conscients aussi que « la souveraineté est inaliénable, et indivisible »26(*), les Etats d'Afrique seront contraints de défendre leur autonomie arrachée à l'envahisseur Blanc au prix du sang. Ceci va dégénérer en tensions violentes car d'un côté il y a cette volonté des grandes puissances d'asservir les jeunes Etats africains ; et de l'autre les pays africains qui jaloux de leur indépendance veulent plutôt fonder leurs relations avec les nations occidentales sur le principe de la souveraineté qui est le fondement de tout Etat.

Si cette menace à la stabilité du continent africain est externe à celui-ci, il faut dire qu'il existe aussi au sein même du continent une autre menace tout aussi grave. Celle-ci est liée à l'organisation du pouvoir.

II.4.3. Le déficit démocratique et la régionalisation du pouvoir

Une autre source de conflit en Afrique apparaît dans l'exclusion du peuple de la gestion des affaires de la société et la confiscation du pouvoir par un clan ou une région. Dans de nombreux Etats africains, les dirigeants règnent sans partage et en usurpateurs de l'autorité souveraine. Leurs Etats sont régis par des régimes où la volonté du chef vaut la loi, « c'est le règne de la subjectivité, de l'arbitraire d'une conscience qui agit dans son seul intérêt, au mépris du bien commun »27(*), et celui de la cité.

En l'absence de toute volonté générale, les dirigeants africains ne rendent les comptes de leur gestion du pouvoir à personne. Les hommes dont le gouvernement leur revient sont considérés comme des esclaves. Ces chefs concentrent entre leurs mains tous les pouvoirs. L'apparente distinction de ceux-ci est superficielle et de l'ordre du simulacre. Avec des leaders « exigeant une obéissance extrême, sans négociation ni accordement »28(*), les Etats africains sont des lieux d'oppressions, de bestialité, du déni d'humanité et du refus de toute liberté.

Il y a peut-être lieux de se rebeller en Afrique lorsque ceux qui tiennent les rênes du pouvoir ne garantissent pas les libertés liées à la personne humaine et lui refusent la dignité relative à tout homme. Dans ces conditions, les dirigeants s'approprient le pouvoir non pour le bonheur des citoyens mais pour les avantages qu'il leur confère (honneurs et richesses). Et en l'absence de toute vertu, les leaders africains gouvernent sans amour de la patrie, de la justice et de la frugalité. C'est alors que les hommes assoiffés de justice et se reconnaissant égaux quant aux facultés du corps et de l'esprit, et désireux d'exprimer leur opinion vont prendre d'assaut les régimes liberticides.

Quand ce n'est pas un seul individu qui confisque le pouvoir, c'est une minorité d'individus qui dirige. Or dans une société, pour que règne l'harmonie, il est nécessaire « que toutes les voix soient comptées ; toute exclusion formelle rompt la généralité »29(*). Une large proportion de l'Etat est ainsi mise en marge du pouvoir puisque réduite à obéir à une infime minorité qui « tient tous les autres sous sa dépendance et veut garder le pouvoir absolu, qu'il a déjà acquis et sans restriction de l'utiliser. Il régente les autres, les exploite, les pille »30(*). Cette minorité détient la réalité et l'exclusivité du pouvoir. Récupérée par un leader charismatique, cette injustice dégénère très vite en des antagonismes épouvantables.

Ce schéma des causes politiques des violences en Afrique influe inéluctablement sur la vie en société dans le continent. Là aussi d'autres facteurs sont à l'origine des différends.

* 25 E. MVENG, Op. cit., p. 115.

* 26 J. J. ROUSSEAU, Op. cit., p. 34.

* 27 C. SPECTOR, Le pouvoir, Paris, GF Flammarion, 1997, p. 212.

* 28 Id., p. 213.

* 29 J.J ROUSSEAU, Op. cit., p. 34.

* 30 J. OTO, Le drame d'un pays, Yaoundé, CLÉ, 1979, p. 104.

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