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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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PREMIERE PARTIE :

PROBLEMATIQUE ET CADRE THEORIQUE

CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE

Si définir les concepts de culture et de compétence culturelle n'est pas aisé, définir celui de compétence interculturelle l'est encore plus. Pourtant, en tant qu'ensemble d'aspects intellectuels et de formes de comportements qui caractérisent une civilisation tout en permettant de développer le sens critique, le goût et le jugement, la culture devrait avoir un impact sérieux sur les autres activités de la vie quotidienne et plus précisément sur l'enseignement. Bien plus, cet impact devrait être accentué pour ce qui est particulièrement de l'enseignement de la langue qui en est précisément un aspect, celui de la culture.

Par ailleurs, à cause du caractère essentiellement évolutif de la langue, la culture qui permettrait de la comprendre est obligatoirement multidimensionnelle, multidirectionnelle et profonde, surtout quand il est question de traiter de la langue française en usage dans les pays de l'Afrique francophone subsaharienne. Dès lors, il devient indispensable pour tout enseignant de français en général et de cette région en particulier de percevoir le lien qui pourrait exister entre ses aptitudes non plus seulement culturelles, mais aussi interculturelles et l'efficacité de ses enseignements. Pour pouvoir vérifier la possibilité du lien ci-dessus évoqué, il faut d'abord justifier le choix du sujet en identifiant clairement le problème qu'il pose. Ce préalable permet ensuite de déterminer les objectifs et intérêts de l'étude et partant de circonscrire cette dernière sur les plans thématique et spatio-temporel.

I.1. LE CHOIX DU SUJET

L'enseignement des langues en général et de la langue française en particulier se fait habituellement à l'aide de corpus sélectionnés dans de textes littéraires, journalistiques et même scientifiques. Cette option est bien spécifiée dans les instructions officielles du MINEDUC (1994 :2) en ces termes :

S'agissant des contenus, l'accent est mis sur l'enseignement de la langue française au second cycle, indissociable de l'enseignement de la littérature...Ainsi, l'enseignement de la langue vise la maîtrise par l'élève de l'outil linguistique, tant en termes de compréhension (étude de textes) qu'en termes d'autonomie ( production de textes). Il s'agit d'enraciner l'apprentissage de la langue française dans le besoin d'échanges et de communication. Des activités dynamiques et ouvertes, ayant pour point de départ les textes, permettront aux élèves de s'approprier la langue, de s'initier à la culture qu'elle véhicule, de réagir, de proposer une réponse personnelle, de réfléchir seul ou en groupe.

Pour concrétiser cette option dans leurs salles de classe, les enseignants opèrent des choix multiples, tant dans les oeuvres inscrites au programme que dans les journaux pour, comme le disent encore les instructions officielles du MINEDUC (1995 :12), « donner aux élèves une capacité de lecture flexible et plurielle » . L'attestent fort heureusement les exercices proposés dans le Cahier de Département - Français langue seconde (Spécial langue) (MINEDUC, 2000) de la Sous-section de Français et Lettres Classiques de l'Inspection Générale de Pédagogie. L'atteste aussi et mieux d'ailleurs le document 30 textes pour le cours de langue (2001) qui est un corpus et davantage un répertoire de textes au sens large, littéraires ou non, et bien sûr en français moderne.

Avant que les méthodes d'approche textuelles ne se diversifient et surtout avec la critique historique, les textes littéraires étudiés en classe étaient pour la plupart des classiques. Par conséquent, ils permettaient à l'enseignant et à l'apprenant, au regard du caractère homogène du niveau et de la qualité de la langue, de les comprendre d'une part et d'être sûrs d'autre part de la transmission et de l'acquisition de la norme linguistique, de la norme standard, de la norme hexagonale de la langue française. Les classiques africains permettaient aussi d'atteindre cet objectif. Et si les exigences de la compétence interculturelle n'étaient pas totalement oubliées, il faut reconnaître qu'elles étaient autant exprimées et ressenties qu'elles le sont de nos jours.

Aujourd'hui, il n'est plus évident que les textes littéraires francophones contemporains autrement appelés nouvelles écritures africaines, essentiellement caractérisés par la « déconstruction » de la langue française, par ce que Nganang dans un entretien accordé à Mvounda Etoa (2003 :8) appelle le « décentrement » par rapport à la métropole et qui implique une nouvelle énonciation, soient d'une compréhension facile au point de rendre aisé l'enseignement et l'acquisition/appropriation de cette langue. A partir d'une telle situation, un débat diversement exprimé s'est installé au sein de la communauté scientifique avec pour objet la qualité de langue française enseignée et acquise dans les milieux scolaires de l'Afrique francophone subsaharienne et même d'ailleurs.

D'aucuns parmi lesquels Zabu cité par Kesteloot (1992 :26) faisaient du problème ci-dessus soulevé celui de l'« indigénisation » de la langue française. D'autres en font le sujet de numéros de revues et de colloques. C'est ainsi que cette question est l'un des points inscrits au programme des Etats généraux de l'enseignement du français en Afrique subsaharienne francophone tenus à Libreville au Gabon du 17 au 20 mars 2003. La même préoccupation a constitué le dossier du N°003-Volume II d'octobre 2003 de la revue Langues et communication sous-titré « Quel français parlons-nous ? ». Elle a également été au centre du Colloque international des 27, 28 et 29 octobre tenu à Yaoundé au cours de la même année 2003 sur le thème Le français écrit et parlé en Afrique : bilan et perspectives. Elle a été enfin le sujet du N°159 de la revue Notre Librairie, numéro sous-titré Langues, langages, inventions (juillet -septembre 2005), avec comme grandes articulations « les métamorphoses du français », « inventivité de la langue » et « dire et détours ».

Par ailleurs et en marge des problématiques de la norme, cette question d'indigénisation du français se situe en droite ligne des colloques organisés par l'Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education à Rabat en 1997, sur le thème « Education : Identité, altération et relations interculturelles » et en 2001 au Brésil, à Natal, sur le thème « Hétérogénéité, culture et éducation ». Au centre des travaux de ces colloques étaient débattues des questions permettant de circonscrire, au-delà des procédés et autres techniques d'expression, l'interculturel dont la maîtrise serait indispensable pour un meilleur enseignement/apprentissage des langues en général et de la langue française en particulier. Voilà qui justifie clairement l'inquiétude de la Fédération Internationale des Professeurs de Français ( www.francparler.org/dossier/interculturel) qui s'interroge sur la fait que jusqu'à présent la formation à l'interculturel, socle d'un enseignement /apprentissage réussi ne fasse pas partie des programmes de formation des enseignants.

De même, une telle inquiétude, déjà posée par Binon et Claes (1995), est reprise par celle-ci (2003 : 5) dans les termes suivants :

Si l'enseignement des langues étrangères privilégie surtout la composante linguistique, il néglige souvent les autres composantes et certainement les composantes stratégique, paralinguistique et surtout sociolinguistique et socioculturelle. Or ces composantes constituent avant tout la dimension interculturelle de la compétence de communication et s'avèrent particulièrement importantes dans un monde multiculturel et économiquement global. Une prise de conscience des différences qui peuvent exister au niveau culturel devient donc de plus en plus indispensable.

Telles sont les pistes qui ont orienté vers le choix du thème Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue. Elles guident ainsi vers la recherche de l'importance de la maîtrise de l'interculturel pour un enseignant de langue et sous-tendent le problème qui est formulé au coeur de l'étude.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote