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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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d). La compétence culturelle

La compétence culturelle est, d'après Abdallah-Pretceille (1996 :32), « la connaissance des différences culturelles (dimension ethnographique), [...] une analyse en termes de structures et d'états ». A ce titre, elle est une simple connaissance des faits et des caractéristiques des cultures sans un effort de compréhension de leur manipulation réelle en situation de communication. Mais, critiquant cette première définition, sa génitrice pense que « entendue comme connaissance de l'Autre, la compétence culturelle, quelle que soit la finesse des savoirs, reste extérieure à l'acte de communication ». D'où la nécessité d'évoluer pour une conception plus pratique. C'est ainsi que pour Porcher (1988 :92),

 la compétence culturelle est la capacité de percevoir les systèmes de classement à l'aide desquels fonctionne une communauté sociale et, par conséquent, la capacité pour un étranger d'anticiper, dans une situation donnée, ce qui va se passer ( c'est-à-dire aussi quels comportements il convient d'avoir pour entretenir une relation adéquate avec les protagonistes en situation).

Par rapport à Abdallah-Pretceille, Porcher évolue sensiblement. Pour lui, la compétence culturelle n'est plus statique, mais elle est envisagée en terme plutôt évolutif, mouvant. Sa conception de la compétence culturelle (1988 : 92) est ainsi

 une approche en termes de savoir-faire, c'est-à-dire la capacité pour un individu donné de s'orienter dans la culture de l'Autre à partir d'une démarche compréhensive et non plus seulement descriptive.

Pourtant et malgré cette évolution, l'inquiétude face aux mutations culturelles de plus en plus nombreuses et accélérées demeure lancinante et préoccupante. C'est la raison pour laquelle bien que l'approche de Porcher (1988) soit celle de « la culture en acte par opposition à la culture objet », Abdallah-Pretceille (1996) pense que la valeur théorique d'une telle définition ne permet pas de sortir de l'impasse au plan pédagogique. D'où la nécessité d'envisager une approche interculturelle.

e). La compétence interculturelle

La compétence interculturelle peut être conçue comme étant la capacité du locuteur-auditeur à saisir, à comprendre, à expliquer et à exploiter positivement les données pluriculturelles ou multiculturelles dans une situation de communication donnée. Une telle définition, pense Abdallah-Pretceille (1996 : 29), n'implique pas une simple connaissance descriptive des cultures ou une simple connaissance des faits de civilisation, « mais une maîtrise de la situation de communication dans sa globalité, dans sa complexité et dans ses multiples dimensions (linguistique, sociologique, psychologique...et culturelle) ».

La compétence interculturelle déborde la compétence culturelle en ceci que

 entre la connaissance des différences culturelles (dimension ethnographique) et la compréhension de la variation culturelle (dimension anthropologique), il n'y a pas qu'une simple différence de formulation mais le passage d'une analyse en termes de structures et d'états à celle de processus, de situations mouvantes, complexes, imprévisibles et aléatoires compte tenu de l'hétérogénéisation culturelle croissante au sein même de ce que l'on appelle traditionnellement les cultures (Abdallah-Pretceille,1996 :32).  

La compétence interculturelle devrait dès lors permettre au locuteur-auditeur d'acquérir une capacité de perception et d'anticipation plus complexe. Cette capacité ne doit pas être perçue, saisie et mise en évidence essentiellement dans des situations classiques de communication, mais aussi lors des situations d'enseignement où les interactions didactiques impliquent que l'enseignant communique non seulement avec l'apprenant, mais aussi et surtout avec le texte - objet de l'enseignement - et les données culturelles qui en constituent le tissu. En effet, il s'agit pour le locuteur/enseignant de pouvoir réagir efficacement par rapport aux systèmes de classement à l'aide desquels fonctionnent, non pas une communauté, mais des communautés sociales et de pouvoir anticiper dans les situations de communication les plus complexes et les plus diversifiées, que ce soit par rapport au texte ou par rapport aux capacités d'appréhension des apprenants. Et c'est ici que la compétence interculturelle sinon déborde, du moins se rapproche de la compétence de communication telle que définie par Hymes.

Cité par Galisson et Coste (1976 : 106), Hymes

désigne sous l'expression de compétence de communication la connaissance (pratique et non nécessairement explicitée) des règles psychologiques, culturelles et sociales qui commandent l'utilisation de la parole dans un cadre social.(...) [Elle] suppose la maîtrise de codes et de variantes sociolinguistiques et des critères de passage d'un code ou d'une variante à d'autres : elle implique aussi un savoir pragmatique quant aux conventions énonciatives qui sont d'usage dans la communauté considérée.

Ainsi, la compréhension anthropologique des faits culturels prend le pas sur leur connaissance ethnographique. L'étude de faits statiques devient une analyse en termes de phénomènes qui évoluent et d'interactions langagières entre les hommes. Il faut donc comprendre que dans cette étude, le phénomène culturel est à la fois langagier et linguistique. Il est langagier parce que toute production textuelle est une communication qui vise un destinataire prêt à écouter et à interpréter. Ce fait langagier se veut par ailleurs social parce qu'il implique plusieurs instances de parole. Enfin, le fait culturel est linguistique parce qu'il se transmet par et à travers le code fait de sons et de sens qu'est la langue.

Il faudrait dès lors pouvoir distinguer dans le langage ce qui relève de la culture sociale et ce qui relève de la culture individuelle du locuteur, qu'il s'agisse de « culture cultivée » ou de « culture médiatisée ». C'est dire qu'il faudrait distinguer ce qui relève du fond culturel collectif (us et coutumes) de ce qui relève de la créativité ou de la fantaisie personnelle du sujet parlant. Mais au-delà de toutes ces analyses, il faut reconnaître avec Lê Thành Khôi (1983 :1) qu'en société, l'interculturel est identifiable à travers « le processus d'interaction verbal ou non verbal entre membres de cultures différentes » .

Et Camilleri et Vinsonneau (1996 :36) de conclure dès lors que « maintenant, c'est le contact des cultures qui devient objet de science en tant que tel, la réflexion se polarisant sur les phénomènes qui en résultent au plan de la relation» . Ce contact indiscutable est fondamentalement identifiable dans les interactions langagières verbales dont l'analyse repose sur la connaissance implicite et explicite de la culture qui se veut pluridimensionnelle. L'explicite rejoint dès lors la compétence de communication, c'est-à-dire l'usage pragmatique, effectif et efficient qui est fait des composants culturels en contexte de communication quotidienne et pourquoi pas en contexte d'enseignement/apprentissage.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote