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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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b). Le français standard : la norme hexagonale de la langue

La langue française est la langue nationale et officielle de la France. Elle est ainsi le code de communication commun à la communauté française. Il s'agit d'un code fait de sons particuliers associés à des sens particuliers qu'utilisent les Français pour communiquer. C'est ici qu'on parle du français comme langue maternelle (des Français) avec sa norme hexagonale caractéristique, comme le précise Minyono Nkodo (2003 :37), d' « une langue homogène obéissant aux exigences métropolitaines »,une norme issue de la langue latine. En tant que norme standard, Onguéné Essono (2003 : 57) la définit comme étant

la prescription linguistique [...] une convention établie par une autorité institutionnelle, pour uniformiser et harmoniser les usages et les utilisations des activités discursives de la société qui accepte de s'y conformer .Dans tous les milieux, on s'accommode de la norme.

Cette norme standard est aussi celle qu'utilisent les Français pour communiquer avec d'autres peuples, même si au-delà du contexte spécifiquement français, d'« autres langues françaises » existent hors de la France. C'est le cas au Québec qui est une province du Canada et même en Suisse. On parle alors du français québécois ou de Suisse. C'est également le cas de l'Afrique en général et plus précisément celui de l'Afrique francophone subsaharienne où la langue française se crée de plus en plus une identité spécifique.

c). Le français en Afrique francophone subsaharienne

Il est question ici de la langue telle qu'elle est utilisée et parlée dans les communications quotidiennes dans les pays francophones de l'Afrique au sud du Sahara. Il s'agit d'une langue française qui respecte globalement la norme standard ou hexagonale surtout dans les occasions et discours officiels, mais aussi d'une langue peu orthodoxe, métissée ou « frelatée » quand il faut exprimer dans leur complétude les réalités fondamentalement africaines.

En Afrique francophone subsaharienne, la langue française a plusieurs dénominations que reflètent ses multiples statuts. Elle est à la fois langue officielle, langue véhiculaire, langue vernaculaire, langue des médias, langue de scolarisation, langue de travail, langue seconde, langue étrangère, langue maternelle même. Tous ces statuts impliquent des évolutions, des modifications à appréhender par rapport au français standard et à sa norme dite exogène.

Le français de l'Afrique francophone subsaharienne a par conséquent ses caractéristiques et normes qui sont dites endogènes. Ce français extrêmement hétérogène se caractérise, comme le dit Nissim (2001 :49-50) parlant de l'oeuvre de Kourouma, par

[des] infractions syntaxiques, la désagrégation des structures, bref, toutes les innovations de langue et de style, qui, seulement après coup, seront reconnues comme un maniement exceptionnel de la langue.

Ainsi, si la langue française de Kourouma, prototype de celle(s) de beaucoup d'Africains s'explique comme le dit Ngalasso (1985 : 13) par le fait que  « à chaque niveau d'analyse (lexical, sémantique, morphosyntaxique et discursif), on se trouve face à une démarche résolument volontariste de déconstruction-reconstruction des systèmes établis », celle des autres auteurs ou sujets-parlant peut s'expliquer par un apprentissage imparfait, la non-maîtrise de la norme et les latitudes langagières qu'offre l'oralité. Toutes ces raisons débouchent inéluctablement sur la création de normes endogènes internes à l'Afrique.

En effet, les normes endogènes sont une réalité indéniable, une réalité bien différente de la norme hexagonale standard, ne serait-ce que par les effets de productivité et d'appropriation linguistiques constatées dans les interactions communicatives quotidiennes en société. Une telle situation, écrit Manessy (1994 :11-12), est révélatrice du fait que

la langue importée est devenue commune (en droit sinon en fait) à l'ensemble de la population des pays concernés(...) elle cesse d'être un objet de compétence individuelle pour devenir un bien de la communauté ; en d'autres termes, elle passe du statut de savoir spécialisé à celui d'outil langagier et se trouve dès lors incluse dans un réseau diffus de lignes de force socioculturelles.

Ainsi, l'appropriation du français par les francophones de l'Afrique subsaharienne est passée de sa phase spécialisée et fonctionnelle permettant « de satisfaire aux exigences d'une société en mutation socioéconomique et sociopolitique »  (Manessy ;1994 :12) à une appropriation vernaculaire intégrant outre les premières exigences, les besoins langagiers les plus naturels de ses utilisateurs et partant les paramètres de l'interculturel. L'évolution vers une option interculturelle se justifie alors, comme le pense si bien Mendo Ze (1999), par le fait que le français au fil du temps est devenu une « langue africaine ». Et pour les tenants de cette thèse parmi lesquels Manessy (1994 : 11), ce français local à l'africaine ne serait « ni sabir, ni créole, ni pidgin mais un français régional, avec ses registres de langues, ses formes écrites et orales, mais aussi ses néologismes, ses emprunts ».

Voilà totalement décrit le contexte dans lequel « le français langue africaine », le français à l'africaine, le français africain et plus proche de nous le français camerounais ont vu le jour. Ce sont les variétés de cette réalité aux multiples facettes qui sont découvertes dans les nouvelles écritures africaines, réalité dont il faudrait envisager la possibilité de prise en compte didactique. Il s'agit de la situer au centre des préoccupations pédagogiques et didactiques fondamentales dont les grands axes demeurent la prise en charge réelle dans les curricula et les démarches méthodologiques. Une telle démarche permettrait d'en mesurer le poids au sein de la pensée scientifique.

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