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La conception du monde dans le Tractatus Logico-philosophicus de Wittgenstein

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par Médih CHAAL
Université de Tunis - Maitrise 2008
  

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2. Le monde comme condition de possibilité du langage.

« Loin de tirer son origine du Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein [...], l'idée de considérer le langage, les symbolismes et les moyens d'expression de toute espèce comme nous donnant des « représentations » [Darstellungen] ou des « images » [Bilder] était devenue autour de 1910 un lieu commun dans tous les secteurs du débat culturel viennois. Parmi les scientifiques, cette notion avait été en circulation au moins depuis l'époque de Hertz, qui avait caractérisé les théories physiques comme fournissant justement ce genre de Bild ou de Darstellung des phénomènes naturels. A l'autre extrémité, elle était pareillement familière chez les artistes et les musiciens ; Arnold Schoenberg, par exemple, a écrit un essai sur la pensée musicale, avec comme titre, Der musikalische Gedanke und die Logik, Technik und Kunst seiner Darstellung»10(*)

D

e prime abord, il faut bien mentionner que Wittgenstein, dans le Tractatus logico-philosophicus, remet le langage à ses composantes les plus ultimes ; les propositions. Une proposition élémentaire, c'est-à-dire qui n'est pas constituée d'autres propositions (primaire), a un sens si et seulement si elle est image du monde/de la réalité, celle-ci composée de faits.11(*)

Une image du monde est une « phrase »12(*) qui décrit ou qui exprime un fait de la réalité. La totalité des faits constitue le monde et la totalité des propositions (images de la réalité) constitue le langage.

Un fait de la réalité est constitué par un ensemble d'objets en connexion existante. Si cette connexion n'est pas existante/mais elle est possible, elle est appelée un état de chose.

Pour pouvoir assurer la « figurabilité» l'image doit avoir la même forme logique et la même multiplicité13(*) logique pour qu'elle puisse représenter ou bien une connexion existante d'objets ou bien une non-existante.

Pour expliquer, faut-il dire que le nombre de signes simples dans la proposition et le mode de leur connexion doit correspondre au nombre d'objets dans le fait et le mode de leur connexion.

Ainsi, le langage parle du monde, le monde est son objet. Un langage qui ne parle pas du monde n'a pas d'objet et par voie de conséquence doit garder le silence.

C'est alors qu'on parvient à comprendre le monde comme condition de possibilité du langage dans le Tractatus logico-philosophicus.

Dès le premier aphorisme du livre, Wittgenstein nous présente la première définition du monde « Die Welt ist alles, was der Fall ist ». On peut comprendre que, depuis le début, Wittgenstein nous enseigne le monde en nous fournissant la connaissance de la décomposition de la réalité en ses constituants ultimes. Ce monde, qui se décompose en faits, rompt avec la conception qui prétend que le monde est la totalité des objets, ce qui n'empêche d'ôter à Wittgenstein le mérite d'avoir cherché à fonder une ontologie innovatrice.

Ainsi, si Russell pense que les objets sont les composantes primaires du monde, Wittgenstein montre, par l'analyse logique, qu'il est impossible d'aller au-delà des faits, sans nier l'existence des objets qui est postulée, parce que réellement les objets du monde ne peuvent aucunement se trouver isolément les uns des autres : un objet est toujours en connexion, il est défini par son occurrence dans un état de chose. L'objet est simple, fixe et non contingent, et ces caractéristiques lui sont essentielles puisqu'il constitue la substance du monde. La substance est par définition fixe, permanente et inchangeable, et c'est pour ce fait que les objets qui la constituent doivent l'être aussi.

Mais la question qui se pose est la suivant ; comment peut-on comprendre que les objets constituent la substance du monde mais non pas le monde ?

Pour répondre à cette question, il faut mentionner que connaître le monde réfute l'abstraction. Le monde de Wittgenstein est réel, il a des propriétés matérielles et descriptibles. Ces propriétés sont données par les connexions réelles d'objets qui génèrent ce qui a lieu et ce qui n'a pas lieu. Le monde réel est le monde de la contingence ce qui contredit la supposition de sa constitution par des objets fixes et permanents.

Pour dire le monde, Wittgenstein établit alors une relation correspondantiste entre le langage et la réalité. Ce lien se manifeste sur deux niveaux :

Une relation descriptive, celle de dire les faits (la proposition) et celle de nommer les objets (les noms).

Par analogie, le langage suit le même schème de l'analyse du monde, les noms d'objets (qui dénotent des objets) sont simples, fixes et inchangeables, et ainsi ils constituent la substance du langage. Les propositions, qui disent les faits - ou les états de choses - sont les constituants du langage.

Cette conception bipolaire, monde/langage, représente la plateforme de la philosophie de Wittgenstein. Néanmoins, elle se manifeste comme outil de détermination du sens, fin intime de l'ouvrage, et c'est pour cela qu'on traitera la question du sens dans Tractatus Logico-philosophicus.

* 10 Allan Janik & Stephen Toulmin, Wittgenstein's Vienna, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1973, p31 (trad. Jaqueline Bernard, 1978, PUF).

* 11 « Les faits dans l'espace logique sont le monde » TLP 1.13.

* 12 En grammaire scolaire, une proposition est un syntagme articulé autour d'un verbe. Cette notion est surtout utilisée dans l'apprentissage des langues. Une proposition dit quelque chose d'un être ou d'un objet (Le ciel est gris. Cet homme est méchant). Elle comprend, la plupart du temps, soit un sujet et un verbe (Pierre mange), soit un sujet, un verbe d'attribution, un attribut (Cet homme est médecin), soit encore un sujet, un verbe, un complément (Pierre mange la soupe). (Dictionnaire SYNAPSE).

* 13 « Dans la proposition, il doit y avoir exactement autant d'éléments que dans la situation qu'elle
présente » TLP 4.04.

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