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Gouvernance locale en Guinee Bissau

( Télécharger le fichier original )
par Quade QUINTINO
Université Mohammed V - Maitrise 2002
  

Disponible en mode multipage

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Quadé Quintino étudiant à l'at, Maroc 2007

Royaume du Maroc
Ministère de la modernisation des secteurs publics
Ecole Nationale d'Administration
Rabat

TV° promotion
Filière : Gestion Publique
Option : Gestion de développement et de l'Action sociale

Mémoire de fin d'étude présenté par Quadé QUINTINO pour l'obtention du diplôme du Cycle de

Formation en Gestion Administrative

Gouvernance locale : pour une nouvelle stratégie

de développement en Guinée-Bissau

Sous la direction de Mr. Soulaiman El HAJAM, professeur de linitiative Nationale pour le

Développement Humain

Mai 2007

Sommaire

Dédicaces 4

Remerciements 5

Introduction 7

Première partie : problématiques du développement en Guinée-Bissau 11

Chapitre I : analyse des politiques et stratégies de développement de

l'indépendance à nos jours 11

Section I : Aperçue générale sur le pays 11

Section II:Politiques et stratégies de développement adoptées 12

A/ Le cadre des politiques économiques 12

B/ Les stratégies globales de développement 14

Section III:Bilan des stratégies de développement adoptées 18

A/ L'impacts politiques et socioéconomiques des stratégies retenus 19

B/ Origine théorique de l'échec 20

Chapitre II : Local alternatif pour le développement 23

Section I: L'apport du local au développement 23

A/ Rôle du local dans le développement 23

B/ Le retour au local 25

Section II: Les nouveaux modèles de développement 27

A/ Développement local 27

B/ Le développement participatif 28

Bibliographie 30

Deuxième partie : Vers une nouvelle approche de la gouvernance locale pour le développement 32

Chapitre I : Gouvernance locale et développement 33

Section I: Cadre d'analyse de la gouvernance 33

A/ Pourquoi ce néologisme? 33

B/ La cristallisation de la gouvernance 34
Section II : Vers une définition de la gouvernance locale face au

développement 38

A/ Définition de la gouvernance locale 38

B/ Le regain d'intérêt de la gouvernance locale pour le développement 39

Chapitre II : Les conditions pour la mise en oeuvre de la gouvernance locale 41
Section I: Analyse du paysage politico administratif et des possibilités de

l'application de la gouvernance locale 42

A/ Paysage politico administratif 42

B/ Analyse pratique 43

Section II : Axes d'intervention 46

A/ Renforcement des processus de décentralisation 46

B/ Instauration de la démocratie locale et participative 48

Bibliographie 51

Conclusion 52

Bibliographie 54

Dédicaces

j4 mon père et à ma grande mère éphémères

j4 ma mère : Quint a Sanca

j4 mes oncles: j4lberto Camala et Oliveira j4ntonio Silva

j4 ma tente j4na Candida Badinca

j4 mes frères et scours

j4 mes amis (es)

Et à ma princesse Dania J. Landim

Chers (ères), il n 'existe aucune dédicace susceptible non seulement de

traduire l'intensité de l'émotion, mais également de remplacer toute

affection que j'ai pour vous.

Cette formation du gestionnaire en développement et action sociale

étant le couronnement de votre effort et ne saurait être que votre

meilleur cadeau.

Remerciements

C'est avec un graniplaisir que nous nous permettons d'exprimer

notre vive et respectueuse reconnaissance à nos chers (ères) parents dont

le concours moral et matériel tout au long de notre vie scolaire fut

important.

Notre gratitude va aussi à [Monsieur le professeur Soulaiman El

HAJA[M qui a bien voulu nous encadrer et dont l'orientation dans

l'élaboration de ce mémoire nous a été d'une utilité importante.

Des vifs remerciements s 'adressent également à [Monsieur le

professeur H. Jamak qui a tout contribué à rassembler la bibliographie

et la documentation nécessaire et, avec lesquels nous avons pu rédiger ce

travail. Nous ne voudrions pas oublier de remercier à tout ceux qui ont

participé de près ou de loin pour notre réussite scolaire.

Nous sommes très reconnaissants à nos éminents professeurs de

l'ENA dont l'expérience et les connaissances nous ont permis

d'améliorer not re formation.

« La véritable découverte du voyage
ne consiste pas à trouver de nouveaux territoires
Mais d'avoir un nouveau regard ».

Marcel Proust

Introduction

Les mots n'apparaissent jamais par hasard. Derrière des mots nouveaux s'exprime le besoin de formuler quelque chose d'inédite.1

En fait, depuis quelques décennies, la transformation des structures économiques comme préalable à la redistribution et l'amélioration des conditions de vie matérielle de la majorité de la population de par le monde, s'est effectuée en dehors des structures démocratiques et participatives.

Ce modèle de développement n'est plus viable, compte tenu de plusieurs facteurs, dont deux me semble pertinents. Le premier facteur se rapporte à la prise de conscience qu'un Etat centralisé apparaît de plus en plus comme frein au développement.

Le deuxième facteur se rapporte aux changements économiques, politiques, sociaux et culturels intervenus pendant les dix sept dernières années, et qui sont dus aux effets de la mondialisation capitaliste et de la lutte des peuples du tiers-monde aux fins de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux en tant que citoyens libres. Ces facteurs nous incitent à un nouvel examen des questions du développement dans les Pays en développement en général et en Guinée-Bissau en particulier.

En effet, la mondialisation accélérée des systèmes de production véhicule une nouvelle conception de la culture et de l'être, dans laquelle, l'avoir tend de plus en plus à prédominer. De support matériel et de cadre d'organisation social du travail humain, le marché est de plus en plus présenté comme une finalité, comme un ultime objectif.

Face à cette nouvelle réalité, la natre et l'action de l'Etat sont en cause. La conception et l'organisation du travail, de l'espace et société sont interpellées.

1 Philippe Moreau Défargues, la gouvernance éd. PUF 2003 P. 5

De même, la politique en tant qu'expression civique de la classe publique est ébranlée.

Bref, depuis son accession à l'indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a abordé toutes les questions liées au développement du Pays, sans que la population ne soit véritablement impliquée dans la dynamique d'un changement positif. Elles sont restées au niveau de courroie de transmissions des gouvernants centraux et conseillers régionaux, bien que ces derniers supposent préserver l'intérêt de la population locale qui n'a pu, malgré les velléités de changement et d'évolution perceptible, être au niveau pertinent de prise de décision en matière de développement.

Face à cette situation, les concepts de local, de proximité, de participation, de partenariat et évidemment de gouvernance s'imposent comme de nouveaux repères de modèles de développement plus égalitaires qui touche à l'ensemble de la population.

Cependant, le terme de gouvernance plonge ses origines dans l'histoire utilisée à des propos divers. En France au XII siècle, la gouvernance avait un sens très technique : la direction des baillages. Les historiens anglais du moyen âge se réfèrent à la gouvernance pour caractériser le mode d'organisation du pouvoir féodal. Ce terme resurgit, dans la langue anglaise, durant le dernier quart du XX siècle comme l'une des notions clés de l'univers des entreprises et des organisations.

Mais qu'est-ce qu'au juste la gouvernance ? Dans un monde devenu planétaire, la gouvernance serait justement ce processus d'organisation et d'administration des sociétés humaines dans le respect et épanouissement des diversités. En d'autre terme, la gouvernance permet d'affirmer haut et clair combien il est vain de vouloir régler aujourd'hui les problèmes de demain avec les solutions d'hier !2

2 Marcel Proust Le concept de la gouvernance.

Dans son sens le plus général, la gouvernance peut être définie comme l'usage de l'autorité politique, économique, ou administrative pour gérer les affaires d'une communauté. Cela implique un système de valeurs et de règles que les membres de la communauté partagent par coutume ou s'engage de respecter. Au sein des communautés politiques (locales, nationales et internationales), le système en question comprend des institutions et des règles du jeu par lesquelles la société gère ses affaires.

Il me semble donc que, la gouvernance dont il est question à cet égard, est une gouvernance locale démocratique et participative. Car, en voulant centraliser et régler toutes les questions liées au développement économique et social du Pays, l'Etat se trouve submergé et incapable de répondre aux attentes des citoyens qui doivent être les principaux acteurs de leur développement.

Cette nouvelle stratégie de gouvernance locale qui semble indispensable au développement de la Guinée-Bissau suscite un certain nombre d'interrogation, à savoir :

D'abord, quelle est la pertinence du concept de la gouvernance locale ? Ensuite, Pourquoi s'impose-t-elle comme un nouveau repère de modèles de développement en Guinée-bissau ? Comment cette nouvelle stratégie peut-elle contribuer à renforcer les bases du développement économiques et social et soutenir les initiatives locales de réduction de la pauvreté?

La mise en place de ce nouveau modèle de développement nous incite à revoir les anciennes approches ou stratégies qui n'ont pas réussi dans leur majorité à conduire le pays sur les sentiers de la croissance et du développement. Et au contraire ils ont largement participé à la marginalisation, à la dépendance et à l'appauvrissement des populations (résultat désastreux sur le plan économique et sur le plan social).

Ces différentes approches se basent sur les principes fondateurs de l'économie standard dans laquelle les rapports sociaux ne tiennent qu'une place minime, principe même qu'aujourd'hui fait l'objet de critiques importantes.

Ainsi, afin d'expliquer les interrogations citées plus haut, et de recenser les éléments possibles de réponses, nous allons dans une première partie décrire, analyser et présenter brièvement et de manière concise les stratégies de développement retenues en Guinée-Bissau qui me semblent être l'explication plausible de la persistance du sous-développement. Dans une deuxième partie, nous serons amenés à déterminer la nécessité d'une approche de la gouvernance locale qui met en évidence des relations d'interdépendances entre les différents acteurs qui forment le territoire. Enfin, se pencher sur son éventuelle mise en oeuvre dans l'objectif d'aider un décollage économique et social.

Première partie : problématiques du développement en Guinée-Bissau

Dans les pays développés, plusieurs choses sont prises pour acquises, telles qu'un gouvernement stable, l'accès à l'eau potable, aux routes et autres infrastructures. Dans les pays en développement notamment en Guinée-Bissau, la situation est carrément différente. La population est confrontée à divers problèmes dont l'accès aux infrastructures sociales de base, à l'électricité, aux infrastructures routières, etc.

Pourtant, les pouvoirs publics ont essayé d'améliorer la situation socioéconomique du pays, à travers des multiples politiques et stratégies de développement adoptées.

Nonobstant leur effort, le pays souffre encore d'un cumul du déficit économique et social. Mais comment expliquer ces déficits ? Faut-il incriminer la politique coloniale ? Ou bien, faut-il critiquer les choix sociopolitiques d'après l'indépendance ?

Afin d'apporter des éléments de réponses aux questions précitées, nous divisons cette partie en deux chapitres le premier décrit et analyse les problématiques du développement en Guinée-Bissau. Le deuxième chapitre abordera le local comme alternatif au développement.

Chapitre I : analyse des politiques et stratégies de développement de l'indépendance à nos jours

Section I : Aperçue générale sur le pays

La Guinée-Bissau est située dans la cote occidentale de l'Afrique, sa superficie étant de 36 125 km2, ave une population de près d'un million et demi d'habitant.3 Elle est baignée par l'océan atlantique, limitée au nord par la République du Sénégal et à l'est et sud-est par la République de Guinée.

3 Source : profil statistique des Pays les moins avancés Nations Unies 2005 p.27.

Apres une présence non effective de plus de cinq siècles et une occupation d'une trentaine d'années, la Guinée-Bissau s'est finalement libérée du joug colonial portugais par une longue lutte armée de libération nationale qui a duré onze ans (1963-1973) et animée par Amilcar Cabral leader révolutionnaire d'envergure nationale qui fut assassiné en 1973 à Conakry lors d'un raid portugais.

L'indépendance fut unilatéralement proclamée le 24 septembre 1973 en pleine lutte armée de libération nationale, ayant immédiatement été reconnue par la grande majorité des Pays membres de l'organisation des Nations Unies. Cette indépendance que la puissance coloniale a reconnu en octobre 1974 à la suite de la chute du régime fasciste de Salazar, ancien président du conseil du portugal.

Apres son accession à l'indépendance à l'instar des Etats nouvellement libérés du joug colonial, la Guinée-Bissau se lança aussi dans le processus de l'édification et reconversion des cadres permettant un pilotage du destin du pays. Nonobstant cet effort, il soufre encore des maux liés à l'instabilité politique, à la pauvreté, à la marginalisation et à la dépendance totale de l'aide internationale. Et le Pays compte parmi les plus pauvres de la planète.

Section IiPolitiques et stratégies de développement adoptées

A/ Le cadre des politiques économiques

La politique économique désigne un ensemble de décision prise par les pouvoirs publics afin d'atteindre grâce à l'utilisation de divers instruments certains objectifs concernant la situation économique.

Pour remédier la situation socioéconomique du Pays marquée par le chômage important, déficit d'infrastructures, la sécheresse, le secteur public en crise et la faiblesse des niveaux d'éducation et de santé, les années après guerre ont été caractérisées par une phase de nationalisation de toutes les infrastructures économiques et sociales avec la création d'un puissant secteur étatique axé sur le

développement agro-industriel et caractérisé par une intervention généralisée du gouvernement.

Les années 80 ont été marquées par la création des cabinets régionaux de planification pour coordonner la mise en place des projets retenus au niveau des huit régions administratives et du secteur autonome de Bissau.4 Ces cabinets fonctionnaient comme espace de concertation, coordination, contrôle, suivi et évaluation de façon critique des actions de développement menées dans chaque région. Celles-ci, étaient dirigées par les gouverneurs des régions et le délégué du plan en assurait le secrétariat.

De 1986 à 1989, le gouvernement a mis en place une assistance technique dans l'appareil administratif. Cette assistance technique est assez importante concentrée sur deux secteurs : santé et éducation. Elle avait comme objectif, former les cadres nationaux. Sur la base de ces orientations, la situation a évolué favorablement. De plus de nombreux cadres nouvellement formés ont été recrutés à cette époque dans la fonction publique aidant ainsi à faciliter la relève. En outre, en vue d'adapter les services publics aux impératifs du développement économique et social une étape importante a été atteinte avec la création du secrétariat d'Etat à la reforme administrative. Cette institution créée en 1990 est progressivement mis en place et agira en relation avec le comité technique de reforme.

En janvier et février 1991 se tient le deuxième congrès extraordinaire du parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert pour la « rénovation, unité nationale et la consolidation de la démocratie ». En mai, la révision constitutionnelle met fin à l'exclusivité dudit parti comme force dirigeante de la société et de l'Etat et consacre notamment la dissolution entre les forces armées et la centrale syndicale, enfin la loi cadre sur la création des partis politiques est approuvée. L'assemblée nationale populaire approuve les lois sur la presse, le

4 La Guinée-Bissau est divisée administrativement en trois provinces, huit régions et trente sept communes et un secteur autonome.

statut des journalistes, l'accès des partis politiques aux organes de communication, la liberté d'adhésion aux syndicats et le droit de grève.

Apres son adhésion en 1986 dans un processus de libéralisation économique, le Pays est entré à partir de 1991 dans un processus de démocratisation politique avec l'instauration du multipartisme et d'un régime présidentiel fort. Des élections présidentielles et législatives pluralistes d'abord prévues pour novembre 1992, ont finalement eu lieu en juillet 1994.

Toutefois, l'évolution démocratique n'était pas négligeable après les premières élections pluralistes mais, en 1998, celle-ci a été perturbée par une guerre civile qui a duré onze mois. En janvier 2000, le gouvernement issus des deuxièmes élections présidentielles et législatives avait comme priorité de son action, la politique extérieure placée sous le signe du << développement des relations d'amitiés et de coopération >> avec plusieurs Pays de par le monde. Elle a été également mise sur la base de << l'unité nationale, la reconstruction et la réhabilitation du Pays >>.

B/ Les stratégies globales de développement

La population Bissau-guinénne était de 767 000 habitant en 1979, repartie entre la capitale et 3 600 petites agglomérations.

Du point de vue de l'emploi, signalons qu'en 1986, on estimait à 395 600 les personnes actives effectivement une population virtuellement active de 668 500 personnes.5 Le secteur informel représente 80% des emplois, contre 20% au secteur moderne formalisé. Bissau la capitale est le noyau de l'économie monétaire de l'administration publique, du secteur des entreprises.

Toutefois, au niveau des qualifications, l'emploi formel fait appel à 2% du personnel hautement qualifié, le reste étant peu ou pas qualifié. Se pose de plus en plus le problème du chômage notamment des cadres hautement qualifiés,

5 Source : Etude concernant la dimension, le coût et l'efficacité de la fonction publique de la Guinée-Bissau réalisée par le département de la coopération technique au développement et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.

mais aussi des jeunes attirés par les centres urbains sans y trouver d'emploi. De plus, le secteur public étant en crise par la restructuration ou la liquidation notamment des entreprises publiques, l'Etat a pris des mesures et politiques pour faire face à cette situation.

De 1974 à 1980, on assiste à la phase de nationalisation de toutes les infrastructures économiques et sociales du Pays avec un interventionnisme remarquable du gouvernement. Mais le cadre économique du Pays présentait de très graves altérations(bas niveau de production interne, déficit du budget de l'Etat, haut niveau d'endettement extérieur) les autorités adoptèrent en 1983 un programme de stabilisation économique et financière, suivi en 1987 d'un vigoureux plan d'ajustement structurel visant un rééquilibrage des balances de payements à partir d'un développement de l'agriculture et des exploitations, la limitation de la demande interne, la réduction progressive du poids du secteur public, en faveur du développement de l'initiative privée. Ce plan impliquait outre une politique de change adéquate, une politique de libéralisation progressive des changes, une politique fiscale et monétaire, axée sur la priorité aux infrastructures de production économique et de restructuration de la dette extérieure.

En 1987, l'application de ce plan permit une augmentation notable de la production et des exportations du Pays, une ouverture à l'économie de marché et au secteur privé. Le plan, on l'a dit, a entraînées des changements très profonds dans l'économie du Pays, et presente des aspects incontestablement positif mais aussi des insuffisances au niveau macroéconomique.

Par ailleurs, la décennie 90 a été marquée par l'adoption de plusieurs stratégies de développement dont nous citons les plus importantes : la stratégie du premier gouvernement issu des premières élections pluralistes organisées dans le Pays s'appuyant sur les processus de décentralisation politique démarré en novembre 1994 avec l'objectif, concourir à la restructuration de l'économie tout en essayant de répondre à une pression politique grandissante pour une plus

grande démocratisation des institutions. De même que, renforcer les capacités d'initiative des structures administratives locales. La loi de décentralisation n'a cependant été mise en application qu'en 1997.

La période poste électorale était caractérisée par le retour à la priorité économique. C'est ainsi, qu'en 1995, un deuxième programme d'ajustement structurel a été négocié avec les institutions internationales à l'instar de la Banque Mondiale et le Fond Monétaire international, visant à prendre d'urgentes mesures sociales dans un Pays où le chômage frappait 40% de la population active.6 Cette année a été aussi marquée par un débat chaud concernant la mise en oeuvre d'un plan d'aménagement du territoire appelé plan d'occupation du sol dont l'application est encore à désirer.

En outre, la dépréciation continue du Peso guinéen (la monnaie nationale de cette époque là), non convertible a dissuadé les investisseurs étrangers, malgré les opportunités offertes par le secteur touristique, halieutique et minier. Pour remédier cette situation, le gouvernement a plaidé en faveur de son intégration au sein de la zone franc. Le principe d'une adhésion à l'union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a été acquis le 10 mai 1996, à l'issu du sommet des chefs d'Etat de cette communauté.7

Demandée depuis 1986, l'entrée a été officialisée le 31 mars 1997. Cette adhésion s'est traduite par l'admission de Bissau le 2 janvier de la même année au sein de l'UEMOA. On se demande alors quels sont les enjeux de cette intégration régionale ? Selon Mustapha Ka « en Afrique en cette aube du 21 siècle, l'heure est à la définition des alternatives aux stratégies actuelles de développement. Car, aussi bien les Etats et les peuples reconnaissent la faillite des choix opérés jusqu'ici. Faillite largement imputable à la faiblesse intrinsèque

6 Source : Afrique histoire économique et politique 1998-2001.

7 L'union économique et monétaire Ouest africaine se compose avant l'adhésion de la Guinée-Bissau de 7 Etats membres (Bénin, Burkina Faso, Cote d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

des micros nations nées des indépendances. D'où un intérêt accrû pour les modèles privilégiant l'interdépendance et le co-développement >>.8

L'intégration est un préalable au développement, car elle donne toujours le primat à la justification et aux remèdes économiques.

Dans son livre au titre évocateur « l'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ? >> Daniel Etounga Manguelle nous rappelle opportunément que c'est grâce au marché commun européen que des pays comme la Grande Bretagne ou l'ancien République Fédérale d'Allemagne ont pu augmenter de façon spectaculaire leur productivité agricole. L'intégration régionale représenterait donc pour la Guinée-bissau, un moyen de maximiser sa performance productive à l'heure de la mondialisation d'une part, et de minimiser les risques de rater les opportunités offertes par ce processus d'autre part.

Toutefois, dans le cadre des engagements pris lors de la troisième conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés à Bruxelles en mai 2000, la Guinée-Bissau a déployé des efforts particuliers en dépit d'une situation politique difficile pour définir les politiques devant contribuer à la reforme de l'administration publique, la réduction de la pauvreté et la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

La stratégie nationale de réduction de la pauvreté (DENARP) dont la version intérimaire avait été élaborée en 2001 a été finalisée en 2004. Elle a pour principaux axes renforcer la gouvernance, moderniser l'administration publique et assurer la stabilité macroéconomique, promouvoir la croissance économique et la création d'emploi, augmenter l'accès aux services sociaux et aux infrastructures de base ainsi qu'améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables.

8 Développement et société, l'intégration un préalable au développement Ethiopiques n°54 revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série volume 7 2ème semestre 1991.

Nonobstant son importance, la mise en oeuvre de cette stratégie reste compromise. Car les difficultés financières que connaît le pays depuis quelques années dues à l'instabilité politique ne l'ont pas permis jusque là de mettre à terme cette stratégie dont le financement devait reposer à plus de 80% sur les ressources extérieures.9

En somme, les différentes stratégies de développement précitées ont donné de fruit, car elles ont permis d'une part au gouvernement de renoncer depuis 1986 son dirigisme économique grâce à l'application de programme d'ajustement structurels successifs, touchant l'agriculture et accompagné d'une politique de stabilisation économique. D'autre part, elles semblent porter leurs fruits mais n'ont pas réussi à réduire l'extrême fragilité de l'économie.

Section III:Bilan des stratégies de développement adoptées

La Guinée-bissau à l'instar des jeunes Etats issus de la colonisation, a entrepris plusieurs stratégies de développement en vue d'assurer son progrès socioéconomique.

Ces stratégies ont permis le pays de pallier quelques instabilités macroéconomiques et de se lancer dans une voie de progrès et de stabilisation. Néanmoins, ces stratégies n'ont pas réalisé de grand changement et ont conduit le pays dans une situation de dépendance. Celle-ci s'explique tout d'abord par le manque d'un cadre favorable à la mise en place desdites stratégies. Ensuite, leurs limites s'expliquent par inadéquation de ces politiques aux réalités du

Pays. 10

9 Source : rapport de mise en oeuvre du programme d'action de Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010, juin 2006.

10 Source : Afrique histoire, économique, politique 1998-2001.

Pour une meilleure compréhension, nous repartirons cette section en deux volets: le premier analyse l'impact de ces stratégies sur le plan politique, économique et social. Et le deuxième analysera l'origine théorique de l'échec.

A/ L 'impacts politiques et socioéconomiques des stratégies retenus

Les stratégies adoptées notamment celles des années 1987 et 1988 ont donné des résultats considérables. Leur application a permis une augmentation notable de la production et des exportations du pays, une ouverture de l'économie de marché et au secteur privé. Le programme d'ajustement structurel a entraîné des changements très profonds dans l'économie du pays et presente des aspects incontestablement positif au niveau macroéconomique (taux de croissance compris entre 4 et 5% ; réduction de l'inflation de 65% en 1996 à 17% fin 1997 ; amélioration des avoirs extérieurs).1 1

Toutefois, la dette extérieure s'est fortement accrue au cours des dix dernières années correspondant aux phases d'ajustement structurel, le stock de la dette(moyen et long terme pour l'essentiel) passant de 424 millions de dollars en 1987 à 914 en 1996. La dette bilatérale est désormais largement supérieure à la dette multilatérale alors qu'elles étaient pratiquement identiques en 1987. Le niveau d'endettement qui atteignait prés de deux fois le PIB en 1987 et dépasse actuellement 3,5 fois celui-ci, pèse lourdement sur une économie nationale peu diversifiée où le poids du secteur primaire est prédominant.

En plus, le prix du riz a évolué en conséquence. Ajouté aux effets du désengagement de l'Etat de circuits de commercialisation et à une bonne pluviométrie, cela a permis une croissance substantielle de la production rizicole.

Cependant, ce plan presente des insuffisances, car l'inflation n'a pas pu être maîtrisée, ni la politique d'octroi des crédits au secteur privé. Il a eu des conséquences sociales négatives : une pression fiscale accentuée pour les paysans et une baisse du pouvoir d'achat pour les fonctionnaires. Ces

conséquences négatives sur le plan social, ont tout particulièrement touché la fonction publique et les entreprises publiques avec notamment le licenciement de quelques 1500 agents de la fonction publique.11

De ce fait, pour compenser les effets néfastes du plan au niveau social, les aides bilatérales ou multilatérales ont élaboré des projets visant la conversion des personnels dans des programmes de travaux publics, des petites entreprises, le marché privé de l'emploi, en ayant recours principalement à la formation professionnelle. Trois programmes sont à cet égard significatifs : le programme spécial de travaux publics, le projet cellule de reconversion, le projet banque mondiale d'aide sociale et d'infrastructure. Mais ces programmes ont eu de rendements peu nsignificatifs sur le plan de la réinsertion dans le meilleur de cas, les emplois procurés aux « déflatés » ont été des emplois temporaires et les objectifs fondamentaux des programmes n'ont pas été remplis.

Ainsi, la mise en place des politiques et stratégies de développement depuis l'accession à l'indépendance ne s'est pas traduite, au cours des décennies passées par un progrès économique et social à l'hauteur des espérances. Une analyse des insuffisances desdites stratégies serait à cet égard nécessaire en vue d'en éventuel apport d'alternatifs susceptibles de combler ces lacunes.

B/ Origine théorique de l'échec

La période coloniale suivie de onze ans de lutte armée de libération nationale a ruiné l'économie bissau-guinéenne car, le Pays était marqué par un cumul des déficits économiques et sociaux. De nombreuses causes expliquent des difficultés rencontrées dans le processus de développement : l'état général du pays à l'indépendance se caractérisa par une économie primaire peu développée, un niveau d'éducation très faible et absence de formation professionnelle et mauvaise situation sanitaire.

11 Source : étude sur la dimension coût et efficacité de la fonction publique de Guinée-Bissau PNUD..

D'autre part, le cumul des déficits économique et social peut être attribué aux choix politiques et socioéconomiques fait après l'indépendance. Car certains d'entre eux sont inappropriés notamment dans le domaine de l'industrie, inconvertibilité de la monnaie et une organisation bancaire unique. Puis au lendemain de son indépendance la Guinée-Bissau n'a pas essayé de mettre en place des stratégies de développement appuyées sur la qualité des ressources ni la mise en place des infrastructures susceptibles d'assurer un décollage économique. Il se lança aussitôt dans une voie de développement et de libéralisation économique avec le désengagement de l'Etat dans la commercialisation. Ce choix politico-économique est à la base de l'inefficacité et du sous développement du secteur privé.

Cependant, le passage rapide d'une économie fermée de type socialiste à l'économie de marché aurait du susciter la mise en oeuvre des institutions efficaces dans le secteur privé, ce qui est loin d'être le cas en Guinée-Bissau. Le secteur privé manque de ressources humaines bien formées, souffre des pouvoirs considérables subsistants dans le système administratif et qui agissent comme frein à l'initiative privée, enfin de difficultés structurelles : le secteur industriel est inexistant, le secteur agricole peu modernisé, la fraude et les marchés parallèles encore puissant, le marché national est exigu. On peut donc considérer que le secteur privé était encore en état naissant et doit se structurer rapidement pour atteindre le niveau d'efficacité nécessaire au bon accomplissement du rôle qu'il devrait jouer dans ce nouveau type d'économie.

En outre, les limites desdites stratégies s'expliquent par la prédominance du financement extérieur au détriment des efforts endogènes (le choix centralisé des politiques agricoles, absence effective de politique agricole cohérente, aucune politique d'accompagnement n'a été mis en oeuvre pour appuyer le processus de décentralisation, manque de volonté des gouvernements, etc....). Elles s'expliquent également, par le fait que, comme beaucoup de pays tiersmondistes dans leurs politiques de développement, en Guinée-Bissau aussi les

populations n'étaient pas conviées à participer dans les débats ni dans les prises de décision sur les mesures dont elles sont supposées être les principaux bénéficiaires. Les institutions impliquées étaient le gouvernement, l'assemblée nationale et la structure technique chargée de coordonner les plans c'est-à-dire, le secrétariat d'Etat au plan et de la coopération internationale et les commissions sectorielles de planification.

Le système de planification adopté alors permettait que la coordination des activités du développement soit assurée à travers un instrument, surtout en ce qui concerne l'harmonisation des politiques sectorielles avec des objectifs macroéconomiques.

Ces limites s'expliquent ainsi par l'absence de planification durant de longues années de la politique de rajustement structurelle signée avec les institutions de Bretton Wood a négativement affecté les aspects structuraux de moyen et long terme. Elle a remis en cause toute mesure susceptible de se prévenir de certaines contraintes qui pourraient découlées de cette absence de planification au niveau macroéconomique.

Toutefois, il reconnaître que les stratégies avaient aussi échouées par ce que l'économie était centralisée sans que des mécanismes plus fiables soient mis en place pour le monitoring. A ce propos il faut mentionner les quelques projets intégrateurs qui avaient bénéficiés de grandes enveloppes financières pour leur réalisation mais qui n'ont pas comblé les attentes : la charte de politique de développement, plan national du développement sanitaire, plan directeur pour l'état et l'assainissement et plan directeur de pêche. Ces stratégies étaient mal menées, cela, l'unes des principales causes de leur échec.

Selon SM le Roi Mohammed VI « on ne peut pas parvenir à un développement économique et social que par la mis en place des politiques publiques intégrées ».

En somme, les stratégies retenues en Guinée-Bissau ont été dans une large mesure conçurent en terme de polarisation. Elles se basèrent sur ce qu'il est

convenu d'appeler << le développement par le haut >>. Ce mode de développement n'a pas manqué de montrer ses limites suite aux sélections qu'il a opéré : dépendance territoriale, inégalités socioéconomiques, hiérarchie urbaine, pauvreté, exode rural, etc. D'où la nécessité d'emprunter d'autre chemin nous conduisant vers la sphère locale tout en prônant une prise de conscience et de considération des potentialités du milieu.

Chapitre II : Local alternatif pour le développement

En réponse aux problématiques citées ci-dessus, l'espace local apparaît comme l'une des solutions les meilleures adaptées à cet effet. Cela s'explique par le fait que l'espace local constitue aujourd'hui un champ privilégié pour résoudre des questions liées au développement.

Dans ce chapitre il question de démontrer l'importance de cette sphère pour le développement. Ainsi, il décrira des nouvelles approches de développement exercées sur cet espace qui constituent véritablement l'un des modèles de développement approprié à l'amélioration des conditions de vie des population surtout dans un monde de plus en plus bouleversé par le processus de mondialisation.

Section I: L'apport du local au développement

A/ Rôle du local dans le développement

Il s'agit là de défendre la thèse selon laquelle une bonne et efficiente insertion dans le système de l'économie monde nécessite une bonne préparation des ressorts du local.

Cette thèse reflète parfaitement bien cet impératif de << penser localement et agir globalement >>, penser avec les pieds, penser et entreprendre en étant enraciné dans le temps et dans l'espace. C'est bien à l'échelle locale que l'on interroge les modèles de développement actuels et les systèmes mentaux et conceptuels qui les fondent. C'est dans cette sphère que l'on peut le mieux

décrire les pathologies de notre mode actuel de développement, que l'on peut interroger la réalité des besoins que l'on prétend satisfaire, que l'on puisse esquisser des alternatives.

Si l'on revient à la subsidiarité active, cette sphère apparaît à la fois comme le point d'application de principes directeurs définis à une autre échelle, l'espace de coopération entre les différentes échelles de gouvernance, mais aussi, le lieu à partir duquel on pense, on évalue et on ouvre de nouvelles pistes.

C'est dans cet ordre d'idée que l'économiste Philippin Xito ROXAS a annoncé l'hypothèse que < les territoires, dans son esprit des communautés de 100 000 personnes environ, étaient appelés à devenir l'acteur social de demain. L'acteur le mieux adapté à la gestion des relations, l'acteur le mieux adapté à l'organisation des relations entre le local et le global, l'acteur le mieux adapté à la gestion des biens qui se multiplient en se partageant >>.

Toutefois, la redécouverte du local est pour le moins paradoxal à une époque où l'on ne parle que de mondialisation, d'interdépendance planétaire, de globalisation économique et de démocratisation. Il est vrai que le mouvement de décentralisation politique ne manque pas d'ambiguïté. Aussi faut-il commencer par lever l'hypothèque d'une conception faible du local qui vise en faire une sorte < d'annexe inodore et sans saveur >>, un accessoire nécessaire mais somme toute secondaire, du grand mouvement de globalisation économique.

Cette marginalisation du territoire local est tout entière dans l'ambiguïté de la formule <penser globalement et agir localement >>. Cette formule séduisante et séductrice est profondément perverse. Elle laisse à penser que c'est seulement à partir de données globales que l'on peut penser et, d'une certain e manière, elle invalide d'avance une pensée qui naîtrait du local et ne serait pas rattachée à des organisations internationales. Et plus grave encore, elle renvoie l'action citoyenne au niveau de l'action locale. Ce faisant, elle rejoint un courant de pensée fréquent qui consiste à dire < les grandes transformations sont portées par

des dynamiques internationales, l'évolution des sciences et des techniques, les grands acteurs de l'économie mondiale >>.12

Le citoyen moyen se résout à ne pas avoir de prise sur ces grands facteurs et ces grands acteurs. Mais on reconnaît que la << guerre économique >> fait beaucoup de victimes et il faut alors la compléter par une action locale, si possible citoyenne qui viendra prendre en charge tout ce que l'économie ne gère pas et en atténuera les défauts les plus flagrants. Cette vision cadre avec l'expression que dit : << comme les Etats n'arrivent plus à gérer les effets sociaux de la mondialisation ils en repassent la charge aux communautés locales. Voilà arrivée de des approches locales de développement.

B/ Le retour au local

Nous pouvons construire notre identité et prévenir à un développement capable d'amener la dignité de la personne, capable de rendre aussi possible la cohésion et donc le progrès social à partir de notre propre réalité. Cela suppose en effet, une valorisation de l'individu dans son milieu d'appartenance. Ce qui suppose d'emblée une nécessité de retourner au niveau local longtemps négligé, afin de construire une identité propre et une citoyenneté active permettant à tout un chacun de contribuer dans la recherche du progrès social, culturel et collectif. Ce retour se traduit dans une ère de la mondialisation par la recherche d'une réappropriation des origines et la redécouverte des racines. C'est-à-dire à un renforcement du caractère identitaire et à la sauvegarde de la mémoire collective.

Le retour à la culture locale est ainsi perçu par les sociétés comme un essai de puiser dans les racines (histoire, culture, patrimoine, identité) les éléments de force pour faire face à la globalisation envahissante et aménager une place sur

l' échiquier mondial.13

12 Le territoire brique de base de la gouvernance au 21ème siècle, Belgique le 28 Nov. 2002 par Pierre CALAME.

13 Lahsen JENNAN, prof. De géographie, Université Sidi Mohamed Ben Adelah Fès : les espaces traditionnels de solidarité au Maroc : complémentarité et régulation.

Ce retour est aussi l'expression d'un repli sur les potentialités endogènes, qui ne signifie nullement un retour au développement local autocentré et autarcique. Au contraire, ce mouvement s'insère dans une dialectique marchandisation - territorialisation que sous-tendent les mécanismes d'articulation entre globalisation et développement local.

Tout se passe comme si, devant une économie de plus en plus mondialisée qui impose la qualification et la mise à niveau des territoires et des sociétés, ces derniers s'efforcent de mobiliser et d'insérer leurs ressources propres, et s'investissent au maximum pour assurer leur survie et leur pérennité.

Ces ressources territoriales sont, d'autre part, autant d'objets susceptibles de renforcer les liens de solidarité à l'intérieur du groupe et de lui donner les moyens d'avoir une prise sur les processus qui valident des échelles de temps et d'espace d'un niveau supérieur.

Le retour au local, en tant que réconciliation du développement avec son territoire, son histoire et sa culture, a aussi des raisons internes. Le désengagement de l'Etat et l'échec de la plupart des modèles de développement centraux où prédomine une vision techniciste dirigiste, ont permis l'émergence de nouveaux acteurs de développement où la société civile occupe à travers ses diverses formes d'organisation et d'action, une place de plus en plus grande. Les ONG et le travail associatif sont, dans ce domaine, la formule la plus répandue.

En plus de la forte mobilisation qu'il peut générer, le cadre communautaire aura l'avantage de mettre en oeuvre les savoirs locaux et les acquis dont les populations ont la maîtrise.

Ainsi, l'importance du territoire local pour l'assis des stratégies de développement adaptées, nous conduit dores et déjà à une description et analyse des nouvelles stratégies de développement qui tiennent largement en considération l'être humain dans sa relation avec son milieu.

Section II: Les nouveaux modèles de développement

Dans le chapitre précédant, nous avons cités les causes majeures qu'explique l'échec de multiples stratégies de développement adoptées en guinée-Bissau. Cet échec associé aux défis de la mondialisation auxquels font face les pays en développement en général et la Guinée-Bissau en particulier, rendent une fois encore, les questions du développement plus difficiles.

En fait, la mondialisation est à l'origine de l'émergence de bon nombre de mouvements de résistance. Cette résistance est mieux connue que la construction d'alternative au néolibéralisme dominant.

Il se trouve comme réaction à travers le monde nombre d'initiatives économiques à finalité sociale qui participent à la construction d'une nouvelle façon de vivre et de penser l'économie à travers des dizaines de milliers de projets dans les pays du sud. Ces initiatives locales sont réunies en réseaux qui leur permettent de participer à des dynamiques régionales, nationales et même mondiales. C'est dans cette perspective que l'on parle des nouvelles modèles de développement à savoir : le développement local, solidaire et participatif.

A/ Développement local

Dans les années 70 les stratégies de développement d'un Etat se basées sur la grande entreprise. Or, le retournement de la conjoncture économique, au début des années 80, stimulé par les deux chocs pétroliers et le phénomène de la mondialisation accompagné du fléau des fermetures d'entreprises a forcé l'émergence d'une vision différente en matière de développement économique. Les stratégies appuyées sur les mégaprojets ont laissé place à de nouvelles avenues axées sur la petite entreprise et l'entreprenariat local. Ainsi, à grande échelle, les symptômes d'un dynamisme nouveau se manifestent à travers la mise en valeur des ressources humaines, physiques et financières des collectivités. C'est dans cette perspective que le concept développement local

s'est imposé comme nouveau modèle d'un développement harmonieux d'un territoire donné.

L'importance de cette nouveau mode de développement s'explique par le fait qu'il tient en considération les potentialités existantes du milieu et invite les différents acteurs y présents à participer dans la conception des projets de développement les concernant tout en tenant compte également des besoins et leurs aspirations.

Ce modèle de développement prône en effet, en faveur de participatif entre les différents acteurs du développement. Il fait allusion aux efforts conjugués de ces acteurs(entreprises publiques, privées, ONG, association... )où se retrouvent les fameuses forces vives sur les épaules desquelles repose la responsabilité de mettre de l'avant une stratégie de développement. Les initiatives en vue de promouvoir l'emploi prennent l'essentiel de leur appui sur des ressources locales à l'intérieur même de l'espace d'intervention auquel s'identifient les différents acteurs. Ainsi, les actions combinées de ces acteurs permettent en conséquence de créer une dynamique locale. Ce qui offrirait à la population des moyens nécessaires d'assurer leur survie. Mais pour que ces moyens soient efficaces et bénéfiques pour la population il faudrait que celle-ci soit conviée considérablement à participer dans ce processus d'où l'intérêt d'un autre modèle de développement qui complète le premier à savoir : le développement participatif.

B/ Le développement participatif

Le regain d'intérêt de ce modèle développement repose sur la prise de conscience que une stratégie ou un projet de développement ne peut être viables sans que leurs bénéficiaires ne soient véritablement invités dans cette démarche. Dans cette perspective, il convient d'ajouter que selon Hari mohan MATHUR « une opinion largement répandue dans la communauté du développement est que sans l'engagement, la créativité, l'énergie et la participation des gens, le

rythme de développement ne s'accéléra pas ».14 L'approche participative est, en effet, considérée comme le moyen le plus efficace d'obtenir un développement social et humain équitable. Car, elle réoriente le développement en faveur des pauvres, de leurs besoins, de leurs problèmes et de solutions de rechange destinée à les résoudre.

Enfin, le développement participatif est également digne de soutien en tant qu'expression d'une préoccupation de plus en plus universelle et qui concerne les droits des peuples à disposer d'eux-mêmes.

En gros, il convient de signaler que les différentes stratégies de développement retenues en Guinée-Bissau étaient mal conçues. Car d'une part, leur conception se faisait à partir du centre sans pour autant descendre sur le terrain pour voir si en réalité elles cadrent avec les besoins et aspirations des populations. Aussi, ces stratégies étaient élaborées sans tenir compte des besoins du pays à cette époque là : construction des infrastructures sociales, éducatives et sanitaires de base. Car, on ne peut pas parvenir à un développement sans créer préalablement les conditions favorables à mise en oeuvre de toute initiative destinée à cette fin. Ce qui fut juste le cas en guinée-bissau. L'Etat au lieu de penser à la préparation des cadres susceptibles d'assurer la bonne marche de ces stratégies et la destinée du Pays, il se pressa à contrario à parvenir à un développement sans mettre en oeuvre les moyens nécessaires.

Il est indispensable de garder à l'esprit que le succès des projets de développement dépend largement de la participation active et consciente de tous ceux qui devront en bénéficier, à travers le dialogue et la concertation.

Ainsi, nous avons le devoir, de ne compter que sur nous-mêmes et de nous attacher à faire l'usage le plus judicieux des potentialités dont nous disposons. Il nous incombe de mettre en place des politiques nationales efficientes, vouées à la concrétisation d'un développement global intégré. Cet objectif qui passe impérativement par la consolidation de la stabilité de la paix et de la sécurité,

14 Comment mettre en oeuvre le développement participatif, CAFRAD, p. 171.

requiert le renforcement de la démocratie, la promotion des droits de l'homme et l'application des règles de bonne gouvernance.15

Enfin, Pour améliorer l'efficacité des politiques publiques et appliquer convenablement les nouveaux modèles de développement cités ci-dessus, il faudrait qu'il soit adopté de nouvelles approches qui prennent en considération les différentes forces existantes et qui optent également, pour une vision globale, harmonieuse et intégrée du développement.

Bibliographic

· Profil statistique des Pays les moins avancés, Nations Unies 2005 p. 27.

· Etude concernant la dimension, le coût et l'efficacité de la fonction publique bissau-guinéenne réalisée par le DCTD et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.

· Afrique histoire économique et politique 1998-2001.

· Développement et société, l'intégration un préalable au développement Ethiopique n°54 Revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série volume 72ème semestre 1991.

· Rapport de mise en oeuvre du programme d'action de Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010, juin 2006.

· Le territoire brique de la gouvernance au 21ème siècle, Belgique le 28 novembre 2002 par pierre CALAME.

· Lahsen JENNAN, professeur de géographie à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdelah Fès, les espaces traditionnels de solidarité au Maroc: complémentarité et régulation.

· Comment mettre en oeuvre le développement participatif, CAFRAD, p. 171.

15 Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI, prononcé à l'occasion de la 1ème conférence africaine sur le développement humain, Rabat, le 10/04/2007.


· Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI, prononcé à l'occasion de la première conférence africaine sur le développement humain, Rabat, le 10 mars 2007.

Deuxième partie : Vers une nouvelle approche de la gouvernance locale pour le développement

Selon Jean-Pierre Gaudin la gouvernance serait le dépassement des politiques antérieures qui ont montré leurs limites et leurs insuffisances : par exemple la faible place donnée au dialogue social, ou bien le manque d'un deuxième souffle dans la décentralisation.16 Ceci, cadre en effet, avec la préoccupation de bâtir de nouvelles approches de développement harmonieux et intégré.

Cette notion qui nous conduirait vers ce développement, couvre d'autre voie et donc de nouvelles méthodes de gestion des affaires publiques. Elle prend pour base du développement la notion de local dans ses relations avec les différents niveaux du territoire.

Dans la situation où elle a abouti actuellement, la conception du développement local, va bien au-delà du modèle de développement localisé, il s'agit d'appréhender le développent d'une manière territorialisée et globalisante. Cette approche prend en considération toutes les liaisons, toutes les interactions en oeuvre dans un territoire.

C'est notamment à travers ces relations d'interdépendance que dépendra la mise en place de la gouvernance. Qu'entendons-nous alors par la gouvernance locale ? Comment regarde-t-on les phénomènes ethniques ? Pour éclaircir ces interrogations, nous allons dans le premier chapitre présenter les rapports entre la gouvernance locale et développement à travers une description de son cadre théorique. Dans un dernier chapitre, nous serons amenés à analyser les conditions de mise en oeuvre de la gouvernance.

16 Jean-Pierre Gaudin, pourquoi la gouvernance ? éd. 2002, presse de la fondation nationale des sciences politiques.

Chapitre I : Gouvernance locale et développement

Ce chapitre se divise en deux sections : la première décrira le cadre théorique de la gouvernance. La deuxième abordera la gouvernance locale face au développement.

Section I: Cadre d'analyse de la gouvernance

A/ Pourquoi ce néologisme?

On ne peut pas concevoir un développement économique sans un atmosphère politique sain, sans démocratie et sans administration efficace qui répond aux exigences de la rationalité et de la reforme de l'action de l'Etat.

Cette prise de conscience s'est manifestée dans le dernier quart du 20è me siècle après la fin de la guerre froide. Face à la complexité de l'environnement économique, social et politique liée à l'affirmation de nouveaux acteurs sur la scène internationale et face à l'enchevêtrement des niveaux local, national et international, les formes classiques de gouvernement sont mises en doute dans leurs capacités à coordonner des actions, et à faire face aux nouveaux défis de la mondialisation des échanges.

Les causes de cette crise de gouvernabilité sont multiples : crise de l'Etat providence, déstabilisation des organisations traditionnelles de médiation, complexification croissante l'organisation sociale et émergence de nouvelles exigences. On remarque dé lors, que depuis cette période, l'Etat n'est plus au centre des choses, et l'on commence alors à redéfinir le nouveau contexte et à interroger sur l'évolution du système de gouvernement. C'est dans ce contexte aux facettes incertaines qu'émerge la question de la gouvernance.

En fait, la gouvernance propose de s'interroger sur les questions fondamentales visant à un changement durable des pratiques managériales traditionnelles et recouvre trois types d'inflexions par rapport aux méthodes traditionnelles de direction : un effort de rationalisation qui vise à réduire la part d'incertitude et d'aléas inhérents à toute action collective(démarche stratégique

plus affinée, plus grande rigueur dans l'élaboration des choix et une évaluation systématique des effets des actions engagées ; une meilleure prise en compte de la diversité des pôles multiples de pouvoirs permettant de développer des procédures d'échanges, de concertation et de négociation entre ces pôles d'influences ; une volonté de développer des stratégies de participation pour impliquer les intéressés dans l'élaboration des décisions en les associant à la construction des choix collectif.

Enfin, c'est par rapport à cette vision multiple dans l'organisation, et administration des sociétés humaines dans le respect d'épanouissement des diversités que la gouvernance s'impose comme nouveau modèle de gestion.

B/ La cristaiisation de la gouvernance

Dans cette section, il n'en sera pas question de plonger dans les siècles pour chercher les origines de la gouvernance. Nous la cherchons tout simplement dans le dernier quart du 2oème siècle.

L'idée de gouvernance indique au moins deux évolutions : les frontières entre public et privé se sont effacées sous l'emprise de la globalisation. Public et privé s'interpénètrent. Le public requiert aujourd'hui, la participation du privé : par exemple, quête de parrainages, en particulier financiers. Le privé se trouve conduit à assurer des tâches publiques ; Ainsi l'entreprise dite citoyenne, assumant des actions de charité ou des opérations culturelles.

En somme, « le public, désacralisé, n'est plus au-dessus de la société, il en est une des dimensions, essentielle mais coopérer, sur une base de moins inégale, avec le privé ».17

La deuxième évolution s'explique par la transformation de l'intérêt général, car celui-ci, est devenu une construction multiforme ouverte et permanente. Ce qui justifie son passage de l'ère des gouvernements à l'ère de la gouvernance

17 Philippe Moreau DEFARGES la gouvernance, éd. PUF 2003.

(l'intérêt général se construit et circule appartenant temporairement à celui que l'exploite).

C'est dans cette perspective que J.P. Gaudin nous dit : << la gouvernance, ce serait tout bonnement de l'action publique en réseau, une pratique relationnelle de coopération non prédéfinies et toujours à réinventer, à distance des armatures hiérarchiques du passé et des procédures de négociation, l'ajustement entre acteurs n'en reste pas moins nécessaire. La négociation en réseaux apparaît comme un mode de coordination entre action, impliquant objectifs et moyens, systèmes de valeurs et logique d'intérêts. Et cela par des procédures d'interaction et de négociation systématique>>.18

Toutefois, cette construction et affirmation de la gouvernance se sont réalisées dans les différents domaines au cours de l'histoire. Le mot << gouvernance >> apparaît en 1937 dans un article << the nature of de firme >> écrit par Ronald COASE, économiste américain.

Dans les années 70, certains économistes définiront la gouvernance comme des dispositifs mis en oeuvre par l'entreprise pour mener de la coordination interne en vue de réduire les coûts de transaction que génère le marché. On parle alors de gouvernance de l'entreprise.

Aujourd'hui, la << corporate gouvernance >> a pour objet de fixer de nouvelles règles du jeu entre les dirigeants et les actionnaires. En fait, sur le triple effet de la mondialisation, de la globalisation financière et de la circulation accélérée des capitaux, les actionnaires exigent un modèle de << gouvernement d'entreprise >> prenant acte des nouvelles perspectives offertes par la globalisation financière sous l'influence de la réglementation des marchés financiers, la << corporate gouvernance >> vise à supplier les manques du droit des sociétés les devoirs des dirigeants vis-à-vis des actionnaires : loyauté, transparence, efficacité, etc.

Dans les années 80, les institutions internationales à l'instar, de la Banque Mondiale et du fond Monétaire International, s'emparent de l'expression << good

18 Gaudin J.-P. (2002), pourquoi la gouvernance ? Paris, presses des sciences PO.

gouvernance >> pour définir et préciser les critères d'une bonne administration publique applicables à des Pays fortement incités en échange de prêt à mettre en place des reformes institutionnelles utiles à la réussite de leurs programmes économiques.

Cette perspective pénètre l'espace étatique, selon une logique analogue à celle des entreprises. L'Etat n'est plus une entité fermée et souveraine, ne rendant de compte qu'à elle-me. << La souveraineté étatique, dans son sens le plus fondamental, est en plein redéfinition. Les Etats sont maintenant largement considérés comme des instruments au service de leur peuple et non l'inverse. Au même moment, la souveraineté de l'individu est renforcée par une conscience nouvelle et en plein diffusion des droits individuels >>.19

L'accord de Cotonou (juin 2000) partenariat entre l'Union européenne et 77 Pays de ACP(Afrique, Caraïbe et pacifique), définit dans son article 9, la bonne gouvernance comme << gestion transparente et responsable des ressources humaines, naturelles, économiques et financières dans des buts de développement équitable et durable>>.

En 1997, lors de la crise asiatique, la Banque Mondiale reconnaît que le marché ne peut assurer une allocation optimum des ressources et réguler les effets pervers de la globalisation.

Définir une doctrine de << gouvernance mondiale >>, c'est admettre le postulat que les pratiques traditionnelles de gouvernement fondées sur la coopération internationale entre Etats-Nations ne permettent plus de résoudre les problèmes issus de la mondialisation. Il s'agirait donc de définir un corps de valeurs universelles qu'inspirerait les bonnes pratiques tant au monde des affaires qu'aux gouvernements aux organisations chargées de la régulation de la mondialisation.

19 Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, 1999.

Par ailleurs, pour des raisons analytiques, il est souhaitable de distinguer entre trois dimensions de la gouvernance, que l'on désigne souvent comme gouvernance politique, gouvernance économique et gouvernance sociale. La gouvernance politique se rapporte au processus par lequel la société s'organise et gère ses affaires ; la gouvernance économique à l'articulation de politique, se rapporte à des procédures et mécanismes organisationnels nécessaires pour la production et la distribution des biens et des services ; et la gouvernance sociale au système valeurs et croyances sur lequel reposent les comportement sociaux et la prise de décision politique.

Ces trois dimensions sont interdépendantes. La gouvernance sociale est responsable de la base ou fondation morale de la gouvernance économique et politique. De son coté, la gouvernance économique fournit la fondation matérielle des gouvernances sociale et politique. Quant à la gouvernance politique, elle représente la dynamique organisationnelle de base pour les gouvernances sociale et économique. Elle est, par conséquent le facteur de l'ordre et de la cohésion d'une société.

Nonobstant l'importance des différentes sphères de gouvernance citées plus haut, notamment, la bonne gouvernance et la gouvernance mondiale associées aux trois dimensions que nous venons juste d'analyser, il me semble que la sphère locale qui est le terrain le mieux adapté pour renforcer des liens sociaux et maintenir la cohésion sociale afin de construire une conscience collective. Elle constitue de ce fait, une « école de formation » et de prise de conscience de la nécessité de bâtir un monde dans lequel tout être aura la possibilité de combler ses aspirations et besoins.

Conscient de l'importance de cette sphère de gouvernance, nous allons dores et déjà la définir et essayer de démontrer ses rapports avec le développement.

Section II : Vers une définition de la gouvernance locale face au développement

A/ Définition de la gouvernance locale

La gouvernance est un concept utilisé lorsque l'on discute de la réalisation de différents objectifs de développement tels que, la réduction de la pauvreté, l'amélioration des services de santé et d'éducation, ou la gestion des ressources naturelles. Les efforts de développement ont toujours échoué lorsque les ressources n'ont pas été utilisées d'une manière efficace et attentive aux besoins des bénéficiaires. Mais qu'est ce qu'au juste la gouvernance au niveau local ?

La gouvernance locale comprend un ensemble d'institutions, de mécanismes et de processus par lesquels les citoyens et leurs groupes peuvent exprimer leurs intérêts et leurs besoins, négocier leurs différences et exercer leurs droits et leurs obligations au niveau local. Elle nécessite un partenariat entre les institutions gouvernementales locales, les organisations de la société civile et le secteur privé, pour la prestation participative, responsable et équitable des services et le développement local. Elle nécessite le transfert aux collectivités locales de l'autorité et des ressources nécessaires et le renforcement de leurs capacités à fonctionner comme des institutions participatives sensibles et responsables vis-à-vis des préoccupations de tous les citoyens. En même temps elle a le souci d'oeuvrer au renforcement de la démocratie à la base et de donner aux citoyens, aux communautés et à leurs organisations telles que les organisations communautaires à la base et les ONG les moyens de participer en tant que partenaire égaux à la gouvernance et au processus de développement local.

Cet horizon démocratique de gouvernance parait donc aujourd'hui plus valorisant qu'il rejoint les propositions contemporaines du philosophe Jürgen HABEMAS, celle qui portent sur un possible approfondissement de la démocratique contemporain, recherché par biais dune libération rationnelle à laquelle chaque citoyen serait convié, par là le mandat représentatif donné aux élus. Cette idée fascine encore bien dans les veilles démocraties et parait

comme une perspective puissante dans les pays où la démocratie participative par exemple n'a pas encore vu le jour à l'instar de la Guinée-Bissau.

Cette notion de gouvernance locale est capitale pour comprendre le local. C'est avant tout une question d'approche. Celle-ci, va dans le même sens avec ce qui est convenu d'appeler << l'ère du temps collectif >> notamment celle de la mondialisation et de la démocratisation, dans laquelle le citoyen exige de plus en plus à participer dans la gestion des affaires destinées à lui servir.

Toutefois, cette échelle est primordiale dans la mesure où elle nous offre la possibilité de comprendre ce qui se passe réellement au niveau local. Car, si on reste au niveau d'évaluation de la Banque Mondiale ou des experts de passage, on ne comprend pas d'où viennent des multiples dérives qui se manifestent. Plus encore selon Jean-Pierre Olivier de SARDAN << la ligne de front des politiques publiques et du développement, c'est la gouvernance locale. C'est là que les politiques nationales, extérieures ou non gouvernementales, rencontrent les acteurs sociaux locaux>>.20

Ainsi, la gouvernance locale est un outil de gestion au même temps une approche permettant de connaître les maux dont souffrent la population au niveau local ce qui cadre avec l'objectif d'un projet de développement qui vise à répondre aux besoins et aspirations de la population.

B/ Le regain d'intérêt de la gouvernance locale pour le développement

La gouvernance implique la mise à la disposition des individus des moyens (sociaux, d'éducation de base, soins médicaux primaires, des ressources économiques) pouvant leur permettre d'améliorer leurs conditions matérielles de

vie.21.

Pour la plupart des gens qui sont pauvres, cela ne peut qu'augmenter leurs chances de lutter avec succès contre la pauvreté, le chômage et l'exclusion

20 http : google.fr Anthropologie anciennes méthodes, nouveaux objets, Jean-.Pierre Olivier DE SARDAN éd, école des hautes études en sciences sociales.

21 Amartya Sen, développement as freedom, Alfred A. Knopf, New York, 1999, p.142.

sociale. Pour que le développement soit réellement l'élargissement d'espaces de liberté et de choix pour les pauvres, ceux-ci devraient prendre part aux décisions et aux interventions dont ils sont censés être bénéficiaires. Par conséquent, ils ne peuvent le faire qu'à travers des mécanismes participatifs et d'autogestion.

De ce fait, il me semble que la gouvernance dont il est question à cet égard est gouvernance démocratique participative et locale. Cette gouvernance qui offrirait la possibilité à tout un chacun car elle est proche du citoyen, de bénéficier des fruits de la production collective de même que d'y participer. Le regain d'intérêt de celle-ci se situe principalement à deux niveaux : la promotion de la sécurité humaine et la construction et le renforcement d'un état de développement.

Un aspect important de l'impératif sécuritaire et un des objectifs majeurs de la gouvernance démocratique locale est l'institutionnalisation de l'approche au développement basée sur les droits. Il s'agit d'une démarche qui reste fidèle à la notion de démocratie comme un processus à long terme de l'expression de l'espace politique et des droits humains fondamentaux, permettant ainsi aux masses populaires de prendre part à la prise de décision. Une des conditions préalables, à la responsabilisation du peuple à cet égard un changement de paradigme sur la nature de l'Etat, lequel devrait être perçu non comme un réseau de relations construit au tour du chef et son entourage, mais comme un ensemble d'institution impersonnel oeuvrant dans l'intérêt général.

Le deuxième créneau se situe au niveau de la construction et renforcement de l'état de développement. Dans l'absence d'un Etat fort capable d'exercer ses prérogatives régaliennes sur l'ensemble du territoire national et de se faire obéir, le développement n'est pas possible. Il est donc indispensable que dans les pays pauvres comme le notre, l'Etat réussisse à exercer d'une façon efficace ses fonctions essentielles, à savoir le maintien de l'ordre et de la sécurité, le recouvrement d'impôt et des taxes fiscales et la redistribution des ressources. La

reforme de l'administration publique et le renforcement de capacité de tous les rouages de l'appareil de l'Etat s'imposent.

Cependant, pour mener à terme cette mission, l'Etat a besoin d'une société forte au sein de laquelle chacun se sentira à l'aise et motivé à participer dans l'édification d'une nation digne et prometteuse.

Comme l'indiqué plus haut les deux créneaux ont en commun une plus grande participation citoyenne aux affaires publiques, qui tient compte de la nécessité d'aller au de la des élections et des sondages d'opinion pour prendre une part active au débat politique et à la prise de décision à travers d'autres forums consultatifs, les ONG et les structures décentralisées de la vie politique et administrative. Ce qui suppose nécessairement la construction d'une sphère proche du citoyen lui permettant de jouir pleinement de ses droits et ses obligations tout en respectant les valeurs et normes coutumières et de s'engager également dans le processus de prise de décisions. Ainsi, conscient de l'importance de la gouvernance locale pour le développement et promotion de la démocratisation participative, nous allons dores et déjà analyser les conditions nécessaires pour sa mise en oeuvre.

Chapitre II : Les conditions pour la mise en oeuvre de la gouvernance locale

Au niveau de ce chapitre il est question d'analyser le cadre pratique afin de voir les possibilités nécessaires pour asseoir la gouvernance locale. Sur ce, la première section décrit et analyse le contexte global du pays dans le domaine des politiques publiques et la faisabilité de cette démarche. La deuxième section abordera les conditions pour l'assis de la gouvernance locale.

Section I: Analyse du paysage politico administratif et des possibilités de l'application de la gouvernance locale

A/ Paysage politico administratif

A l'indépendance du pays en 1974, le parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, d'orientation marxiste n'a pas pour autant supprimé le modèle d'administration indirecte, mais appliquait une administration directe et centralisatrice. Dans les années 80, une tentative de mise en place des mesures de déconcentration et de décentralisation a été initiée dans les régions, avec l'objectif de renforcer les capacités d'initiative des structures administratives locales, mais encore dans une phase très embryonnaire.

Il convient de signaler que le processus de déconcentration s'est démarré avant celui de la décentralisation. Initié dès 1986 leur forme prédominante en fait unique, a été une forte déconcentration des services centraux de l'Etat. Celle-ci, est purement formelle dans la mesure où les échelons locaux étaient complètement marginalisés.

La décentralisation malgré la place qu'elle occupait dans l'imaginaire des autorités publiques, son processus s'est démarré qu'en décembre 1994 comme un complément du processus de privatisation et de deconcentration initié dès 1986. La loi de la décentralisation n'a cependant était mise en application qu'en 1997.

Cette loi attribuait aux régions et aux secteurs de nouvelles fonctions de décision, exécution et contrôle, laissant toutefois la responsabilité de gérer le financement du développement au niveau central. La décision de décentralisation s'est révélée être plus clairement encore, une décision purement formelle dans la mesure où aussi bien le niveau intermédiaire que le niveau local n'ont reçu aucune nouvelle ressource les permettant de faire face aux nouvelles fonctions impliquées par la décentralisation. Les pouvoirs des autorités en charge des entités décentralisées sont donc quasi-inexistants.

Face à cette réalité, peut-on parler de la décentralisation ? Certes que non, car la décentralisation suppose avant tout un transfert de pouvoir aux entités décentralisées et une application de ce dernier pour assurer la gestion des affaires publiques. Aussi, elle suppose un exercice de la démocratie locale et participative. Or, tel n'est pas le cas en Guinée-Bissau. On assiste l'insuffisante volonté politique de prendre en compte les aspirations des populations dont témoigne l'inexistence d'élection communale et locale. L'absence combinée de modalité de coordination entre les trois niveaux du gouvernement, faible représentativité de la société civile et manque de tradition de participation des organes locaux dans les processus décisionnels. Face à ce constat, il n'est nullement question de parler de la décentralisation. D'où la nécessité d'envisager des possibilités susceptibles de favoriser la mise en oeuvre de la gouvernance locale.

B/ Analyse pratique

La mise en place de la gouvernance locale fait appel à l'analyse systémique dans laquelle, le territoire système productif et sociétés locales ne peuvent plus être traités séparément. Le territoire ne peut être en fait appréhendé par l'étude de ses parties prises isolement, il est appréhendé à travers tout ce qu'il englobe de densité humaine et sociale et de sédimentation historique. Dans ce nouveau cadre le spatial redevient alors une condition du développement au même titre que le politique, le social et l'économique.

Selon Bartoli « les différents niveaux du système territorial ainsi que leur mode d'organisation sont mise en évidence par le schéma suivant : sphère productive, sphère politique, sphère sociale et sphère spatiale ».22

Chacune de ces espaces est définit en fonction de la dynamique relationnelle des acteurs eux-mêmes. Chaque sphère est en effet capable d'action, selon des critères en elle- même et participe activement à l'organisation du développement

22 Bartoli, l'économie multidimensionnelle, 1991 p.75.

voire à sa désorganisation mais elle est, en même temps, contrainte dans ses marges de manoeuvre par les influences que vont déployer toutes autres. Des relations d'autorité, d'influence, de nomination, de conflit de coopération, de négociation et donc de pouvoir vont se manifester tant entre les sphères qu'à l'intérieur d'elles-mêmes et c'est de la confrontation de ces forces en présence que naîtra le territoire doté d'un développement qui lui est propre.

Toutefois, à travers l'analyse de l'enjeu des différentes sphères on essayera désormais de donner un bref éclairage sur la nature et le rôle de chacune d'entre elles.

- Enjeu de la sphère politique : cette sphère regroupe les responsables élus ou administrateurs et peut être étendue jusqu'à englober les acteurs relevant de la formation et de la culture. Elle a pour fonction spécifique d'assurer la cohésion de la société et la cohérence de l'ordre social. Mais ce rôle n'est pas à lui seul, il est partagé, néanmoins, avec les collectivités locales, les partis politiques, les groupes de pression les plus diverses, les associations sont autant de relais qui vont participer au jeu relationnel complexe de ladite sphère.

Ainsi, son enjeu confère au territoire une double fonction : celles d'améliorer l'efficacité économique et l'efficacité démocratique et d'accroître l'initiative des citoyens et leur participation à la décision publique, ce qui constitue donc, une condition indispensable pour une bonne gouvernance locale.

-Enjeu de la sphère productive : parallèlement aux évolutions de la sphere politique, les structures économiques ont également évolué. Car les dimensions et les structures de grandes unités de productive, , leurs liens avec les tissus locaux, les formes de leurs gestion, les relations interentreprises, ainsi que la place et le rôle des petites et moyennes entreprises(PME) ont subi des mutations importantes.

Longtemps négligé, aujourd'hui les PME sont considérées comme véritables acteurs de développement au même titre que les grandes entreprendre.

Ainsi la compréhension de cette transformation est une variable indispensable dans la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour assurer une dynamique économique locale.

-Enjeu de la sphere sociale : celle-ci acquiert une spécificité par le fait qu'elle s'attache à ce qui fait l'individu en tant qu'être unique. La découverte des réalités locales par rapport aux contradictions engendrée par le développement exogène a longtemps participé à reconnaître à l'individu un rôle dynamique en tant qu'acteur dans le processus de développement local.

- enjeu de la sphere spatiale : Elle donne au territoire la dimension spatiotemporelle qui lui est due. L'enjeu spatial apparaît donc, comme l'assemblage d'enjeu passés qui resurgissent au présent et auquel les actions et projets du moment doivent s'accommoder et, aux besoins intégré au coeur de leurs stratégies.

En somme, à travers la lecture de ces différentes sphères, ainsi que des liens de dépendance mutuelle entre elles, apparaît la diversité et la complexité qui existe quant à la compréhension d'une organisation locale qui suppose qui soient prise en compte tous les aspects des relations qui lient les différents acteurs intervenant sur le territoire. D'ailleurs, c'est la combinaison de ces différentes sphères qui donnent corps à la gouvernance locale.23

Par ailleurs, en Guinée-Bissau, malgré la diversité ethnique, les populations vivent dans la base de solidarité et harmonie. Mais il est aussi intéressant à signaler que la question du racisme est plutôt pratiquée par les politiciens en vue de concrétiser leurs ambitions politiques.

Ainsi, la mise en place de cette perspective qui est la gouvernance locale, nous invite donc à prendre en considération l'ensemble des relations dans le but d'optimiser toutes les actions entreprises sur le territoire et procéder également à

23 Damien TALBOT, la gouvernance locale, une forme de développement local et durable.

donner un deuxième souffle à la décentralisation et à instaurer la démocratie locale et participative.

Section II : Axes d'intervention AiRenforcement des processus de décentralisation

Le processus de décentralisation a mis en valeur la notion de gouvernance locale. Synonyme d'efficacité et de proximité puisque se déployant sur le plan local, en relation directe avec les acteurs sociaux et économiques, cette gouvernance viendrait suppléer aux carences de la gouvernance nationale centralisée et éloignée de la réalité du terrain.

La mise place de cette gouvernance locale est liée au déploiement d'un double processus : la centralisation et la décentralisation. Le premier concept a un contenu politique, alors que le second qui est son pendant a plutôt un contenu administratif et technique.24

Dans sa définition la plus élémentaire, la décentralisation désigne le transfert d'une partie du pouvoir de l'Etat national à des instances régionales ou locales. En d'autre terme, est une forme de reconnaissance de la démocratie locale s'exprimant à travers les structures de représentation adéquates.

La déconcentration qui est le pendant technique de la décentralisation viendrait apporter une rationalisation et une efficacité aux services administratifs décentrés et déployant sur le territoire national.

Cependant, nous insisterons plutôt sur le premier processus car par rapport au deuxième, il est encore en phase embryonnaire. Le regain d'intérêt pour cette forme d'organisation de l'Etat vient de la reconnaissance qu'une prise de décision moins centralisée permettrait d'améliorer l'efficacité et la responsabilité des institutions publiques nationales ainsi que la capacité des gouvernements locaux et de la société civile à gérer leurs propres affaires.

24 Mohammed El Ayadi Barcelona Monitoring suivi de l'accord de libre échange éd. 2004 p.88.

C'est dans cette perspectives que Pierre CALAME, directeur général de la fondation Charles-Leopold Mayer a-t-il souligné « décrivant les prémices de la révolution de la gouvernance j 'ai mentionné la redécouverte du local pour le fonctionnement économique lui-même, pour la gestion des ressources naturelles, pour le renforcement de la démocratie et pour la misse en place du partenariat entre acteurs. Au plan politique, cette redécouverte s'est manifestée un peu par tout dans le monde en vaste mouvement de décentralisation au fur et à mesure que l'on a pris conscience de l'importance de la gestion de la diversité et des multiples effets pervers de la centralisation administrative dès lors qu'il s'agissait de gérer un monde de plus en plus complexe».25

Conscient de l'importance de la décentralisation pour l'amélioration du degré d'implication des populations, des ONG et des organisations communautaires de base dans la gestion des affaires locales son dynamisme reste à désirer. Dans cette logique, une bonne gouvernance locale doit être sous-tendus par trois grandes séries de mesures à savoir :

a/ Amélioration du cadre institutionnel et organisationnel et renforcement des cap acités des ressources humaines

Il importe à ce niveau d'améliorer le dispositif légal en vigueur en se basant sur une évaluation de la stratégie de décentralisation en cours de réalisation pour doter cette politique d'une plus grande légitimité, de plus de solidarité, d'efficacité et d'efficience. Cette perspective doit être complété par la redynamisation des organismes de suivi et d'appui à la décentralisation au niveau central et régional, transfert des compétences autonomie financière et de gestion aux agents de l'autorité au niveau local, renforcement du personnel des collectivités locales et amélioration de la gestion administrative des collectivités décentralisées.

25 Le territoire brique de base de la gouvernance au 21 siècle, Belgique nov. 2002.

b/ Amélioration des instruments de planification locale

Il convient à ce niveau de prévoir l'amélioration des instruments de la planification à la base et les capacités locales en matières de planification et de gestion, le renforcement de mécanismes de coordination au niveau régional (encourager la création des réseaux). A ce niveau de la démarche, il faut que l'avis de la population bénéficiaire soit requis pour leur permettre d'exprimer leurs besoins en vue de s'approprier des projets et programmes qui leur sont destinés pour la dynamisation des processus de concertation et de participation, enfin la mise en oeuvre d'un partenariat dynamique avec le secteur privé.

c/ Amélioration des finances locales et décentralisation de la gestion des dépenses publiques

Pour soutenir les collectivités locales dans leurs efforts de développement et dans leur prise en charge des compétences qui leur sont transférées, l'Etat doit reformer la fiscalité locale. Il faut en outre, améliorer les instruments de mobilisation des ressources des collectivités locales, et définir les liens financiers entre l'Etat et ces dernières.

B/ Instauration de la démocratie locale et participative

Cette perspective tient en considération deux réalités : l'une est en rapport aux exigences d'un monde de plus en plus bouleversé par les processus de la mondialisation et démocratisation. L'autre tient en considération aux réalités internes du Pays en ce qui concerne l'inexistence de la démocratie locale et participative.

Face à cette situation, la politique de centralisation politique et administrative n'est plus viable car l'Etat centralisé apparaît de plus en plus comme un frein au développement local. Celui-ci est incapable de réaliser le développement économique et social et de lutter contre la pauvreté sans aucune action participative accentuée des populations.

Cependant, l'implication des différentes franges de la population à tous les niveaux (surtout dans la prise de décision des affaires les concernant) par leur

participation aux audiences publiques, qui a comme préalable l'information et la consultation, et à toutes les étapes de la réalisation de leur projet social, est-elle une règle sur laquelle la Guinée-Bissau doit s'accorder.

Il est donc opportun voire nécessaire d'harmoniser la collaboration des différents acteurs(Etat-population) par l'instauration d'un cadre participatif permettant à chaque composante de la société d'apporter sa pierre à l'édifice social en création.

Il est donc à souligner, sans retenue aucune et avec une assurance certaine, qu'aucune révolution, qu'aucune reforme, qu'aucun programme ou projet social, en somme aucun développement à travers une bonne gouvernance ne peut être un succès durable dans la lutte contre la pauvreté sans l'engagement des populations à le porter. Et, dès qu'elles cessent de l'assurer, il s'alourdit, s'essouffle et s'effondre.

La démocratie locale et participative apparaît en effet comme le mode de gouvernement et de gestion locale le mieux adapté à cette thématique.

Il convient de noter que l'expression « démocratie participative » recouvre des réalités fort différentes selon les contextes où elle est mise en place.26

L'expression démocratie participative est en réalité souvent employée pour designer l'ensemble des mécanismes de participation mis à disposition de l'ensemble des acteurs locaux pour influencer le processus décisionnel local. Il existe ainsi des mécanismes d'information, de consultation, de délibération ou bien encore de concertation.

Parmi les nouveaux acteurs de la scène politique locale, figure le citoyen qui retrouve dans l'éventail des mécanismes de participation décrits plus haut les moyens de faire connaître son opinion et influencer la prise de décision des élus locaux. Des instances spécifiques sont à créer pour permettre l'existence de cette nouvelle forme de citoyenneté : conseils de quartier, comités de citoyen etc.

26 Bherer et Collin, 2004.

Toutefois, il est important de signaler que, comme en Guinée-Bissau il n' y a pas encore eu, une politique de décentralisation dans le vrai sens du terme, associée à l'inexistence totale des élections communales et locales, l'instauration de cette démocratie locale et participative est une condition sine que non pour la réussite de cette perspective qui est la gouvernance locale.

La démocratie participative coffrerait la possibilité de créer des cadres susceptibles de favoriser la culture démocratique et participative, à titre d'exemple ; mis en place de conseils de quartier, des conseils communaux des jeunes, association d'éducation populaire et d'animation des jeunes.

L'importances de ces structures pour la promotion de la démocratie locale et participative s'explique par ce qui suit : l'initiative appelle l'initiative. Elle donne des idées, des envies et des désirs d'agir dans un territoire où on sent que les choses bougent, que des choses sont possibles. Deux conditions toutefois pour réussir : se rassembler, agir collectivement, et travailler en permanence à la démocratisation interne et externe de ce collectif (interne : prise des décisions / externe : s'ouvrir à l'ensemble des catégories pouvant être intéressés, de près ou de loin, pour l'action du collectif).

Ainsi, il importe de prendre conscience du fait que la mise en oeuvre de la démocratie participative ne s'opposera pas à la démocratie représentative. Elle la complète en permettant aux citoyens d'avoir une prise sur leur environnement local, et d'exercer un certain pouvoir sur la décision à l'échelle locale. Elle suscitera une transformation du rôle du citoyen, appelle une redéfinition de la citoyenneté et pose largement la question du pouvoir.27

En somme, pour un éventuel mis en oeuvre de la gouvernance locale en Guinée-Bissau, les pouvoirs publics doivent inscrire leurs démarches et perspectives de développement dans la logique de ce que nous avons soulignés ci-dessus. L'application de ces conseils est l'une des conditions capitale pour la mise en oeuvre et le succès de la gouvernance locale.

27 Bacqué et Sintomar, 2005.

Bibliographie

· Gaudin Jean-Pierre (2002), pourquoi la gouvernance ? Paris, presses des sciences politique.

· Philippe Moreau Déferges, la gouvernance, éd. PUF, 2003.

· http : google.fr Anthropologie anciennes méthodes, nouveaux objets, Jean-pierre Olivier de Sardan éd. Paris, école des hautes études en sciences sociales.

· Amartya Sean, développement as freedom, Alfred A. Knopf, New York, 1999, p.142.

· Bartoli, l'économie multidimensionnelle, éd. 1991, p.75.

· Damien Talbot, la gouvernance locale, une forme de développement local et durable.

· Mohammed El Ayadi, Barcelona monitoring, suivi de l'accord de libreéchange éd. Frederich Ebert Stiftung, 2004 p.88.

· Bherer et Collin, 2004.

· Bacqué et Sintomar, 2005.

Conclusion

Nous avons voulu montrer, à travers cette contribution, que le développement ne peut se faire sans tenir compte des différentes dimensions et composantes du territoire national, régional et local. Les relations d'interdépendances et les interactions entre les différents niveau du territoire implique l'adoption d'un nouveau mode de pensée l'organisation et la gestion des affaires publiques. Un mode de pensée qui tient en considération l'importance du rapprochement des services publics auprès des entités décentralisées. Ce qui offrirait aux différents acteurs y présents la possibilité de participer dans le processus de la construction d'un présent meilleur et d'un avenir prometteur.

En fait, la dimension de la gouvernance locale pour le développement s'impose plus que jamais, et cela en raison des échecs des stratégies de développement par le haut qui ne font nullement des réalités du territoire. Et, les remèdes trouvaient leurs sources aux niveaux international avec les institutions financières notamment la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International et du pouvoir central sans pour autant tenir en considération les mentalités, besoins et capacités des techniciens locaux, ainsi que des populations auxquelles ils sont destinés.

Ces modèles ont été à l'origine de la crise d'endettement qui a conduit la Guinée-Bissau à des programmes d'ajustement structurels préconisés par les institutions précitées, dont les résultats sur le plan social ont été désastreux.

Dans ce sens, la démarche poursuivie relève d'une conception systémique et propose d'associer les différentes sphères : politiques, économiques, sociales et spatiales, avec leurs logiques et leurs finalités. De même que, les différentes dimensions de la proximité : géographique, institutionnelle et organisationnelle. C'est dans la prise en considération de la complicité et des relations d'interdépendance entre ces différentes valeurs qui forment le territoire que doit s'orienter la nouvelle logique de construction locale. C'est là où se trouvent les clés de la réussite d'un développement harmonieux et efficace intégrant les

diversités régionales et les spécificités locales qui touchent l'ensemble du territoire.

En effet, une telle ambition nous permettrait de nous prendre en main et de ne compter que sur nous-mêmes. Car n'importe quel Pays dispose des moyens nécessaires à sa reconstruction, dès lors qu'il s'emploie à se reconstruire, non par référence à un quelconque modèle, mais en fonction de ce qu'il est luimême, de ce qu'est sa propre société. D'où la nécessité de descendre sur le niveau local en vue d'entreprendre une construction démocratique, économique, sociale et culturelle en partenariat avec tous les niveaux du territoire : national, régional.

Toutefois, la réussite d'une telle démarche c'est-à-dire celle de la gouvernance locale, est tributaire de quatre conditions sine qua non : il faut en GuinéeBissau : la paix, la sécurité et la démocratie ; la bonne gouvernance ; une volonté politique d'intégrer cette approche dans leurs stratégies de développement, un encadrement de départ adéquat et une coopération et intégration régionale.

Bibliographie

· Profil statistique des Pays les moins avancés, Nations Unies 2005.

· Etude concernant la dimension, le coût et l'efficacité de la fonction publique bissau-guinéenne réalisée par le DCTD et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.

· Afrique histoire économique et politique 1998-2001.

· Développement et société, l'intégration un préalable au développement Ethiopique n°54 Revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série volume 72ème semestre 1991.

· Rapport de mise en oeuvre du programme d'action de Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010, juin 2006.

· Le territoire brique de la gouvernance au 21ème siècle, Belgique le 28 novembre 2002 par pierre CALAME.

· Lahsen JENNAN, professeur de géographie à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdelah Fès, les espaces traditionnels de solidarité au Maroc: complémentarité et régulation.

· Comment mettre en oeuvre le développement participatif, CAFRAD.

· Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI, prononcé à l'occasion de la première conférence africaine sur le développement humain, Rabat, le 10 mars 2007.

· Gaudin Jean-Pierre (2002), pourquoi la gouvernance ? Paris, presses des sciences politique.

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· Bartoli, l'économie multidimensionnelle, éd. 1991.

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· Mohammed El Ayadi, Barcelona monitoring, suivi de l'accord de libreéchange éd. Frederich Ebert Stiftung, 2004.

· Bherer et Collin, 2004.

· Bacqué et Sintomar, 2005.






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