WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enjeux de la coopération sino-africaine

( Télécharger le fichier original )
par Awuve Koffi Afetogbo AZILAN
Ecole Nationale d'Administration du Togo - Diplome de Cycle III de l'ENA, Option Diplomatie 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 : Les insuffisances de la coopération sino-africaine

Les faiblesses de la coopération sino-africaine se remarquent aussi bien sur le plan économique et commercial (Paragraphe I) que sur le plan diplomatique (Paragraphe II).

Paragraphe I : Sur le plan économique et commercial

La faible compétitivité de l'économie africaine constitue un véritable handicap quant à sa capacité à influencer les relations internationales (A). A cela s'ajoute l'absence de transfert de technologie chinoise à l'Afrique (B).

A- La faible compétitivité de l'économie africaine

La capacité d'un Etat ou d'un regroupement d'Etats à peser sur les relations internationales dépend de certains paramètres à savoir sa population, sa superficie, la performance de son économie, son armée et son appartenance à de grands ensembles géographiques influents75(*). L'Afrique ne semble pas répondre à tous ces critères. Sa population est négligeable76(*) de même que sa superficie77(*), elle est faible sur le plan militaire. Plus que tout, la faiblesse de l'Afrique sur la scène internationale tient à son sous-développement et partant, à la faiblesse de son économie. Que l'Afrique soit un continent économiquement faible n'est plus à démontrer. Il est désolant de constater qu'après un demi-siècle d'indépendance, les pays africains se contentent encore d'une économie de rente exclusivement tournée vers l'exportation des matières qui n'ont subi aucune transformation, donc qui sont sans réelle valeur ajoutée. Or, aucune économie ne s'est véritablement développée sans la production et l'exportation mais malheureusement, les Africains et leurs dirigeants ne semblent pas vouloir s'engager durablement sur la voie du développement. L'Afrique ne produit pas assez.

Il va sans dire que la Chine s'intéresse principalement aux matières premières africaines et elle ne le cache d'ailleurs pas. Les relations de l'Afrique avec la Chine sont des relations de coopération et dans une coopération, chacune des parties vise ses intérêts. Il est illusoire de croire que le principal objectif de la Chine est de développer l'Afrique. Reprocher à la Chine de piller les ressources africaines ne rime à rien.

D'ailleurs, la Chine pille t-elle les ressource africaines plus que ne le font les autres puissances ? Le pétrole acheté par la Chine représente 8,7% de l'exportation pétrolière africaine alors que les importations des USA et de l'UE78(*) représentent 33% et 36%. C'est aux Africains de jouer pour représenter autre chose qu'un simple territoire à piller. Lorsqu'un pays qui dispose de fer et d'alumine, opte pour une offre chinoise de transformation sur place avec en plus une voie de chemin de fer permettant l'exportation, il est claire que ce pays prépare l'avenir et tente de s'inscrire dans un segment porteur du système mondial de production. Cependant, il y a en qui refuse cette offre, préférant le montant `cash' des minerais bruts.

Pour Ekoué Amaizo, « continuer à échanger des matières premières (Pétrole, minerais et autres produits de base) sans création de valeur ajoutée et sans une maîtrise du processus de transformation, c'est aller vers un suicide collectif sur le plan économique79(*) ».

Il faut noter par ailleurs que les économies africaines mal administrées, sont encore fragilisées par la rude concurrence que leur mènent les compagnies chinoises80(*). Beaucoup de pays se sont plaints81(*). Avec la pratique du dumping commercial et le coût de production très bas, les produits chinois sont plus compétitifs. Du coup, c'est la jeune industrie africaine qui en fait les frais82(*).

La coopération sino-africaine, pour être profitable aux jeunes industries africaines doit s'accompagner d'un véritable transfert de technologie. Tel n'est pas le cas, du moins pour le moment.

B- L'absence de transfert de technologie.

La coopération de l'Afrique avec la Chine n'induit pas un transfert de technologie en sa faveur. Cette absence de transfert de technologie s'explique par deux raisons :

D'abord, il y a des barrières culturelles et surtout linguistiques. Il existe en effet de profondes disparités entre la culture chinoise et la culture africaine83(*). Cette disparité culturelle se caractérise surtout par le langage. Aucun transfert de technologie ne peut se faire sans communication ; or, sans compter le fait qu'il avait été pendant longtemps interdit aux chinois d'enseigner leur langue aux étrangers, il faut aussi relever que la langue chinoise est difficile à assimiler, étant donné qu'elle n'utilise pas les mêmes caractères graphologiques que les peuples africains.

Il manque également une réelle volonté de la part des Chinois d'assumer un transfert de technologie en faveur des africains. En effet, que ce soit dans le domaine des travaux de génie civil ou informatique ou encore de l'électronique, les sociétés chinoises font toujours venir de Chine des ingénieurs pour exécuter les tâches qui demandent une grande technicité. Pour ne donner que quelques exemples, la maintenance du Palais des Congrès de Kara (au Togo) continue d'être assurée par des techniciens chinois depuis sa construction en 1982 ; lors de la construction du stade de Kégué, des ouvriers se sont plaints de ce que les ingénieurs chinois exécutent certaines parties de l'ouvrage la nuit, ce qui dénote d'un désir de cacher les techniques utilisées. Les chinois ont dans leur nature l'art de cacher et de garder jalousement leurs secrets et surtout leur savoir faire.

Or, cette pratique non seulement contredit les discours des dirigeants chinois prônant un partenariat sincère, mais aussi nuit à l'Afrique qui, en réalité ne tire pas profit de la suprématie technologique de sa partenaire. Elle en a pourtant besoin car, pour s'industrialiser, l'Afrique ne peut pas compter que sur les savoirs endogènes. Axelle Kabou l'a si bien compris lorsqu'elle écrit que « la force des nations et des empires vient de la combinaison des créations endogènes et exogènes84(*) ». Il n'y a pas de société ayant érigé sa puissance rien qu'à partir de son génie intrinsèque. La Chine doit démontrer beaucoup plus sa volonté à aider l'Afrique à se développer.

S'il y a à redire de la coopération sino-africaine sur le plan économique et commercial, il n'en est pas moins du volet diplomatique.

* 75 UE par exemple.

* 76 906 millions d'habitants selon les données 2006 de la Banque Mondiale.

* 77 30.333 Km².

* 78 Voir Lu Shaye « La Chine, une opportunité et non une menace », www.gabrielperi.fr, consulté le 2 juin 2008.

* 79 Ekoué Amaizo, in « Pour une nouvelle coopération Afrique Chine : des erreurs à ne plus reproduire », www.afology.com, consulté le 12 septembre 2007.

* 80 Les chinois sont dans tous les domaines : des télécommunications à l'industrie lourde, sans oublier le commerce, le génie civil, etc.

* 81 L'Afrique du Sud, premier partenaire commercial de la Chine sur le continent et qui capitalise à elle seule 20% du volume des échanges entre la Chine et l'Afrique se plaint fréquemment. Au Togo, les très réputées femmes d'affaires, les nanas Benz ont du réagir énergiquement pour obtenir de l'Etat la protection du commerce des pagnes.

* 82 Il y a lieu toutefois de nuancer la critique car combien d'industries africaines compte t- on ? Peu. En fait, puisque les africains ne produisent que peu, les produits seront de toute façon importés d'Europe ou des USA si bien qu'en réalité, la concurrence est, plus faite aux compagnies occidentales qu'aux industries des pays africains.

* 83 Relativement à l'existence d'une unité culturelle de l'Afrique, voir Cheikh Anta Diop, L'unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence africaine, 1982.

* 84 Axelle Kabou, Et si l'Afrique refusait le développement ? Paris, Ed. Harmattan, 1994, p.178

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery