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Le pronom personnel de la troisième personne: Place et référence en français classique et en français moderne

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par Rose SENE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2006
  

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Ou encore dans cet exemple du français moderne

(72) Haase (A), 1898, Syntaxe française du XVIIe siècle, ed. Traduite et remaniée par M.Obert Paris, Delagrave, 1971. p 22

« Il maniait les spécimens étalés, en discutait la forme, la couleur, la bordure ; et Frédéric se sentait de plus en plus irrité par son air de méditation. »

(Flaubert, Educ. Sent. p.51)

Le pronom en a aussi été employé en français classique à la place des pronoms personnels à référent humain avec de (de moi, de toi, de lui, etc....)

« (...) La politique l'obligeait d'approcher cette duchesse de sa personne afin d'en approcher aussi le roi. » 

(La Fayette, Pr. de Clèves, p.130)

« Ils trouvèrent enfin qu'ils la (Mlle de Chartres) louaient trop, et ils cessèrent de dire ce qu'ils en pensaient ; mais ils furent contraints d'en parler les jours suivants partout où ils se rencontrèrent. »

(Id. ib. p.140)

« Il aimait une des plus belles femmes de la cour et en était aimé. »

(Id. ib. p.160)

« Elle se mit un jour à parler de lui, elle lui en dit du bien et y mêla beaucoup de louanges empoisonnées sur la sagesse qu'il avait d'être incapable de devenir amoureux... »

(Id. ib. p.168)

Ce type d'emploi est toujours en usage dans la langue moderne malgré les restrictions faites sur la référence du pronom en. En effet, Wagner et Pinchon reconnaissent que « le pronom en peut évoquer une personne, surtout avec un verbe qui admet pour complément un substantif évoquant aussi bien un animé qu'un inanimé (dire de, faire de, obtenir de, parler de etc....) » 73

(73) Wagner (RL) à Pinchon (J) Grammaire du français classique et moderne, Paris, Hachette 1962- p.184-5.

« Enfin, un jour elle (la Maréchale) répondit qu'elle n'acceptait pas les restes d'une autre.

-Quelle autre

-Eh oui ! Va retrouver Mme Arnoux.

Car Frédéric en parlait souvent ; »

(Flaubert, Educ sent. p.175)

Le pronom en représente dans cet exemple Mme Arnoux qui doit être repris régulièrement par d'elle.

En français moderne l'usage de en référant à une collectivité est également fréquent :

« -Ce soir je dîne en ville

- Chez les Dambreuse ? Pourquoi ne m'en parles-tu jamais. »

(Id. ib. p.53)

« Représentant la compagnie près les ouvriers, il s'en ferait adorer, naturellement, ce qui lui permettrait, plus tard, de se pousser au conseil général, à la députation ».

(Id. ib. p.222)

Dans ces exemples-ci en reprend successivement les Dambreuses et les ouvriers et peut être remplacé par d'eux.

Ces emplois exceptionnels du pronom en à référent humain témoignent des écarts qu'il y a toujours entre la règle et l'usage de la langue. Quant à Georges et Robert Lebidois, ils considèrent cet emploi comme une faute de grammaire.

* Le pronom y :

Tout comme le pronom en, le pronom y a gardé dans les textes classiques son emploi pour représenter des personnes. Dans  Les femmes savantes  y est souvent employé à la place du personnel lui précédé de la proposition à.

« - Votre visée au moins n'est pas mise à Clitandre

- et par quelle raison n'y serait-elle pas ? »

(V 88-9)

Y anaphorise un nom propre humain Clitandre

Ensuite aux vers 99-100

« Ainsi, n'ayant au coeur nul dessein pour Clitandre,

Que vous importe-t-il qu'on y puisse prétendre »

Ou encore aux vers 1026-7

« - oui, oui, je te renvoie à l'auteur des Satires

- je t'y renvoies aussi »

« (...) c'est ma faute de lui avoir caché que j'aimais Mme de Tournon ; sil l'eût su il ne s'y serait peut être pas attaché... »

(La Fayette, Pr. de Clèves, p.185-6)

Le pronom y réfère à l'auteur des Satires qui est également un antécédent humain.

En français moderne le pronom lui précédé de à conviendrait plus à la place du pronom y.

Ces emplois de y représentant une personne sont hérités de la syntaxe ancienne puisqu'au XVIIe siècle ce pronom s'est spécialisé dans la représentation des choses. Cependant l'emploi de y à la place de lui a été parfois conservé dans l'usage par les écrivains jusque dans la langue moderne.

« -Tu m'y présenteras plus tard, n'est ce pas, mon vieux ?

- Certainement, dit Frédéric. »

(Flaubert, Educ sent p.63)

Le pronom y anaphorise ici un humain, il reprend Arnoux et l'équivalent de à lui.

De même que les pronoms soi, en et y qui ont, en français classique, eu un antécédent humain à la place de lui, elle et eux, ceux-ci aussi, ont pu dans les textes du XVIIe siècle représenter des noms de choses.

3-2 - Les pronoms lui, elle(s), eux représentant des noms de choses à la place de soi, en, et y

Bien qu'au XVIIe siècle lui, elle et eux ont été (en position accentuée) spécialisé dans la représentation humaine, on constate dans l'usage qu'ils ont continué à cette période à prendre la place des pronoms soi, en, y. Cela est stimulé sans doute par l'extension donnée à leur emploi (ils remplacent soi dans la représentation des personnes définies) au détriment des restrictions faites sur ceux des pronoms soi, en et y qui sont réduits à la représentation des choses dans la plupart de leurs emplois.

3-2-1- Le pronom lui à la place du réfléchi soi :

En français classique et en français moderne, les grammairiens ont établi que le pronom soi devait être employé pour marquer la réflexion des noms de chose et des noms de personne indéfinis (ou pronoms indéfinis).

En effet Brunot confirme : « soi est aujourd'hui exclusivement employé pour marquer la réflexion là où le sujet est indéterminé.74 

Cependant cette règle qui était récente à l'époque classique avait crée la confusion chez les écrivains qui ont employé les deux pronoms l'un pour l'autre. Et lui a été utilisé pour représenter un antécédent humain indéfini à la place de soi.

 « On répugne à se faire immoler ce qu'on aime

Et l'on veut n'obtenir un coeur que par lui-même »

(Molière, Fem. sav v.1509-10)

Ici lui-même assure la réflexion du pronom indéfini on. Cet emploi n'est plus admis en français moderne où le pronom soi prendrait la place de lui dans cet exemple.

3.2.2 Le pronom lui à la place de en et y ou représentant une chose :

En français classique, les pronoms lui, elle et eux ont parfois référé à des noms de choses alors que la règle les réservait à la référence humaine.

En effet après leur spécialisation ces pronoms ont continué à servir dans l'usage dans des cas où la norme exigeait l'emploi des adverbiaux en et y.

Ces quelques exemples montrent des emplois irréguliers des pronoms lui, elle, eux.

« Ne concevez-vous point ce que, dès qu'on l'entend,

Un tel mot à l'esprit offre de dégoûtant,

De quelle étrange image on est par lui blessée »

(Molière Fem. sav v.9-11)

(74) Brunot (F), La pensée et la langue, Paris, Masson et Cie, 1936. p.329

Le pronom lui dans cet exemple reprend mal un nom de chose un tel mot. L'emploi du pronom en serait plus approprié selon la règle : de quelle étrange image on en est blessé.

Il en est de même l'exemple :

« - Mon plus solide espoir, c'est votre coeur, Madame

- Pour mon coeur, vous pouvez vous assurer de lui »

(Id. ib.v.1450)

Lui anaphorise dans ce passage-ci le groupe nominal mon coeur alors que l'emploi du pronom en est plus régulier : Vous pouvez vous en assurer.

En français moderne ces emplois du pronom à référent humain ne sont possibles que dans les cas où le nom de chose qu'il reprend est personnifié. On peut voir ce genre d'emploi dans l'exemple :

« Vous en voulez beaucoup à cette pauvre cour.

Et son malheur est grand de voir que chaque jour

Vous autres, beaux esprits, vous déclamiez contre elle

(Molière, Fem. sav. v.1331-3)

Le pronom elle représente la cour parce que Clitandre en parle comme d'une personne.

Le français moderne n'emploie plus ces pronoms à référent humain pour reprendre des noms de chose, il utilise à leur place d'autres pronoms ou groupes nominaux équivalents comme, celui-ci, ce (s) dernier (s), ceux-la, etc. C'est ce qui fait que des exemples comme :

« Je ne puis consentir, pour gagner suffrages,

A me déshonorer en prisant ses ouvrages ;

C'est par eux qu'à mes yeux, il a d'abord paru »

(Id. ib v.247-9)

ne s'aurait être en règle dans la langue actuelle qui n'emploie ces pronoms pour référer à par des choses que lorsque cet emploi sont strictement nécessaire. En effet, Haase rapporte à ce sujet, qu'au XVIIe siècle, « Th. Corneille exige l'emploi qui prévaut aujourd'hui et consiste à éviter autant que possible le pronom tonique de la troisième personne en parlant de choses. »75

Après l'étude de cette partie de notre travail, nous avons constaté que la référence du pronom personnel est un thème qui a beaucoup suscité l'intérêt des remarqueurs classiques (Vaugelas, Le père Bouhours, Andry de Bois-Regard etc.) Cela est du au fait que le XVIIe siècle est l'époque où, les règles visant la stabilité et la clarté dans la représentation pronominale ont été instaurés. Ces règles classiques ont cependant connu plus de succès en français moderne. En effet à cette première période, les pronoms personnels ont eu, pour la plupart, des emplois qui n'ont pas survécu dans la langue moderne, soit à cause :

* de la norme de clairvoyance qui a condamné certaines tournures ambiguës ou

*de la spécialisation des pronoms qui a limité les capacités référentielles de certains d'entre eux.

(75) Haase (A) Syntaxe française du XVIIème siècle éd. Traduite et remaniée par Monsieur Obert, Paris, Delagrave, p29

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand