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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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3.2 Le modèle de développement de Songhaï

Le fondateur Nzamujo mise fortement sur les relations entre différents axes ou facettes du monde socio-économique, de l'agriculture, du politique et même du spirituel. Le système holistique est privilégié et il passe par les institutions sociales ou spirituelles, qui produisent des valeurs, celle du travail ou du bien commun par exemple, et cette synergie permettra au système économique de devenir plus performant. L'être et l'avoir ne s'opposent pas, mais doivent s'enrichir mutuellement pour créer richesse personnelle et conscience collective. D'ailleurs, selon Nzamujo,

Une grande part de la pauvreté de l'Afrique vient de ce que les valeurs du bien commun ne sont pas solidement ancrées : chacun cherche son intérêt individuel. Si le bien commun était central, il fournirait le cadre de la dynamique économique collective, du véritable développement au service de chacun et de tous. C'est là un défi que veut relever Songhaï : associer la dynamique de marché à la dynamique culturelle et sociale, car les valeurs économiques et éthiques sont liées et ne peuvent aller les unes sans les autres (Nzamujo, 2002, p.55).

Les valeurs du bien commun doivent aussi transparaître dans la relation entre le Nord et le Sud. Il est crucial pour Nzamujo qu'un véritable partenariat s'établisse pour que puisse se rétablir un équilibre essentiel au bon fonctionnement de la communauté internationale et pour ce faire les pays industrialisés devraient accroître leur aide aux pays en développement afin de leur permettre de faire face à leurs engagements financiers. De plus, si des capitaux sont investis au Sud et que des partenariats sont établis entre les pôles certains problèmes au Nord, comme le chômage, pourront trouver des solutions avec le partage des expertises et des technologies.

Mais le processus de l'évaluation du projet Songhaï est une préoccupation plus immédiate. Il est nécessaire pour le projet Songhaï, comme tout projet qui veut s'épanouir, d'avoir une évaluation constante des « façons de faire » et des acteurs qui participent au projet pour que « l'excellence », devise de Songhaï, ne soit pas un simple slogan. Par ailleurs, le problème est que les outils traditionnels d'évaluation sont souvent inadéquats, car le projet Songhaï est imbriqué dans la culture locale et africaine et un évaluateur externe qui ne tient pas compte de ce paramètre risque de passer à côté de la réalité.

surtout quand l'évaluateur joue à l'inquisiteur soupçonneux croyant être le défenseur des intérêts des bailleurs de fonds. L'évaluation - dont le but est normalement de progresser ensemble -, devient alors un élément de destruction plutôt que de construction. Dans ce cas, elle est non seulement inutile mais un mécanisme d'agression et induit de la fraude, du mensonge (idem, p.77).

Songhaï met l'accent sur les processus et non les résultats ; c'est le trajet suivi et les potentialités éveillées qui sont les vrais fruits du travail. C'est le développement des capacités à faire face aux problèmes et à les résoudre qui est privilégié afin de relever des défis toujours plus importants. Les variables de l'économie, du social et des valeurs spirituelles doivent faire partie de l'évaluation. Cette évaluation globale doit permettre à chaque personne de se situer elle-même dans le projet. Les qualités tels que le leadership, la participation à la recherche du bien commun, le sens du devoir, où des qualités telles que les savoirs comptables et agricoles sont aussi importants et doivent faire partie de l'évaluation. Pourtant, l'évaluation n'est pas chose facile, car en tenant compte des paramètres culturels la communication n'est pas toujours claire. Nzamujo décrit clairement cette difficulté de communication et l'explique par le fait que, quand on n'a pas l'habitude de se dire la vérité en face, de se regarder, de porter un jugement les relations interpersonnelles deviennent plus délicates. Et pourtant, reconnaît - il on ne peut que travailler dans ce contexte de codépendance. Il reste donc à faire passer aux formateurs et aux responsables l'étape de respect du contrat moral qui lie chaque membre à la mission.

Ce contexte interne s'observe au plan international, dans la relation Nord-Sud. L'évaluation par les bailleurs de fonds est aussi un des aspects centraux selon Nzamujo, afin que le partenariat soit clair et efficace.

Mais ce qui préoccupe encore davantage Nzamujo c'est comment le projet Songhaï pourrait passer du micro au macro. Songhaï est un projet de développement qui a des résultats enviables et qui opère des transformations locales. Mais peut-il transformer toute l'Afrique à partir du Bénin? Comment aller plus loin que le lancement d'un lieu expérimental, se demande-t-on déjà à Songhaï. En effet, le défi du développement aujourd'hui se trouve à ce niveau : il faut pouvoir passer des exceptions à la généralisation des réussites locales, pour que les efforts servent véritablement à changer les choses. C'est une urgence en Afrique aux dires du Fondateur.

Nzamujo se préoccupe d'un ensemble de facteurs qui sont tous imbriqués les uns dans les autres. On ne peut soustraire le modèle de développement de Songhaï de son financement et de son évaluation. Ce modèle de développement est directement lié à un projet plus large que celui du développement local, c'est le développement de l'Afrique dont il est question pour l'auteur. Ce développement aura besoin d'un appui majeur en financement et en évaluation, mais surtout en dialogue pour que chaque acteur, population, gouvernement et bailleur de fonds, soit à même de prendre une direction commune malgré leurs intérêts divergents.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault