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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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3.3 L'évolution de Songhaï

Nzamujo nous décrit Songhaï comme étant son acte de foi en la valeur du travail et de la discipline. Songhaï est un projet de société qui doit englober toutes les sphères de la vie humaine telles le social, l'économique, et le spirituel, car pour le fondateur, la vie en société repose sur ces trois piliers. Celui-ci disait aussi que dans la sphère de l'agriculture la synergie doit primer.

Songhaï a, dès le début de son existence, mis l'accent sur les grandes relations systémiques. Son existence elle-même résulte de la construction d'un système où des activités traditionnellement séparées sont mises en relation. Songhaï est le résultat d'un système « énergie-agriculture-élevage » que nous appelons « système intégré de Songhaï ». Ce système a été mis en place dès 1985 (Nzamujo, 2002, p.54).

En effet, Songhaï est né modestement, en 1985, avec dix hectares de terrain à Ouando en banlieue de Porto-Novo, donné par le gouvernement béninois et une équipe de six jeunes déscolarisés. Après avoir défrichés le terrain et construits six bassins piscicoles, ce sont des amis, nommés le support group, qui ont financé l'achat de 32 oeufs de cailles, 12 canards, 100 poulets, 10 truies et 20 ovins et caprins. Ces animaux donnèrent un bon rendement et un an plus tard ils permirent à Songhaï, d'après les résultats obtenus sur le terrain, d'obtenir un premier engagement financier avec l'ADF (Africain Development Foundation). Ces fonds permirent la construction de 84 bassins de pisciculture et celle d'une porcherie.

C'est en 1987 que, pour la première fois, Songhaï accueillit 28 étudiants. Avec autant de personnes qui travaillent en apprenant, le projet Songhaï prend de l'expansion et donne des récoltes très abondantes ; ce sont ces récoltes qui mirent sur pied un système de vente et de livraison afin de ne pas perdre les denrées. Le volet formation devint de plus en plus important et structuré en donnant des promotions de 15 étudiants tous les six mois. C'est en 1988, lors de la remise des premiers diplômes que de nouveaux partenaires vinrent collaborer et renforcer l'équipe de Songhaï.

Par la suite, en 1989, un second centre, le Centre de Tchi-Ahomadegbé, fut construit dans la région du Mono sur un terrain, beaucoup plus vaste que le précédent. C'est à ce moment que l'expérience dut s'adapter selon un nouveau contexte ; celui d'un village qui préexistait sur les 125 hectares. Des jeunes allèrent s'y installer pour construire les bassins de pisciculture et les infrastructures et peu à peu d'autres jeunes du village demandèrent à être formés et à participer au projet Songhaï. De cette expérience sept coopératives se constituèrent sur le site et le FED (Fonds européen pour le développement) se joignit au projet par son financement.

En 1989, un premier colloque fut organisé à Ouando pour faire connaître la philosophie, ce qu'on nomme comme le modèle de développement de Songhaï, et la théologie du mouvement Songhaï. Ce colloque permit la rencontre entre les praticiens, les théologiens, les élèves, les intellectuels et les gens du Nord et du Sud. La conception du développement de Songhaï était maintenant connue et avait de plus en plus de support des populations et des bailleurs de fonds.

Par la suite, Songhaï ouvre un magasin de vente de ses produits à Cotonou en 1991. L'année qui suit, des activités de transformation agricoles vont débuter avec la mise sur pied d'une charcuterie, d'une industrie de jus, de confiture et de farine de manioc. Un restaurant et une formation en restauration et en hôtellerie suivirent en 1993, et tout cela était pour mettre en valeur les produits agrobiologiques de la ferme de Ouando. De plus, un atelier de mécanique, un abattoir et une unité de réfrigération sont mis en place la même année.

Songhaï ne fait pas que créer des projets il est aussi appelé à en soutenir et c'est dans cet esprit qu'un réseau de fermiers fut mis en place dès 1995. Ce réseau servait avant tout à donner de l'assistance technique, de la formation et du crédit afin de stimuler le milieu. Par la suite, un point de vente Songhaï fut créé à Lakossa pour permettre au réseau des fermiers de commercialiser leurs produits.

En 1996 Songhaï se retire du centre de Tchi-Ahomadegbé tout en restant une équipe-conseil. Songhaï confiera la ferme-école à une coopérative villageoise qui poursuivra ce qui a été commencé et qui obtiendra le prix de la productivité de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) en 1999. Le gouvernement du Bénin avait demandé à Songhaï de faire de nouveaux projets plus au Nord, à Savalou et à Parakou. Ces projets furent réalisés sur deux années à cause des travaux d'aménagement très importants.

Parallèlement, l'IFED (Institut de formation des entrepreneurs en développement) fut créé en 1997 pour assurer une formation continue aux anciens élèves, mais aussi pour organiser des colloques et des séminaires. De plus, un autre atelier de mécanique s'est mis sur pied pour fabriquer des machines agricoles adaptées aux besoins des sols, et des cultures.

C'est en 1999 que l'USAID (United States Aid for International Development) s'est joint au projet Songhaï pour développer un réseau de télé-services communautaires et financer en partie les centres de Savalou et Parakou. Pour ce qui est du réseau de télé-services, il permit à la population et aux fermiers d'avoir accès aux nouvelles technologies de l'information. Le premier télécentre a été construit à Porto-Novo et il peut accueillir une centaine de personnes par jour ; les télécentres de Savalou, Parakou et Lakossa sont aussi opérationnels, mais offrant un peu moins de services que celui de Porto-Novo. De plus, un système de communication par radio relie les centres de Ouando, Parakou et Savalou de façon à ce que les informations en tout genre soient toujours disponibles aux populations et aux fermiers. Les centres de Parakou et de Savalou furent inaugurés cette même année et un centre de réfugiés à Kpomassè fut confié à Songhaï afin d'y faire une ferme agropastorale en lien avec la ferme et la coopérative de Ouando. Cette dernière initiative ayant eu un grand succès, permit le réinvestissement des surplus des activités agricoles dans la création d'une route, d'une clinique et d'une école pour les réfugiés et la population locale.

L'USAID répond à un nouveau projet en chantier depuis 2002, celui d'un réseau de vente par filières qui allierait les fermiers de Songhaï à des partenaires privés pour le transport des marchandises ou la transformation des produits. Songhaï est toujours en mouvement et permet l'innovation et l'adaptation à tous les contextes. Songhaï n'est pas une structure rigide, c'est un vaste mouvement chapeauté par un modèle de développement où le travail et l'entrepreneuriat sont au rendez-vous et la synergie est un élément clé comme le dit si bien Nzamujo :

Un développement social seul n'apporte rien. Un développement économique seul n'apporte rien, pourtant on a beaucoup travaillé dans ce sens - hélas !- oubliant les autres dimensions de la vie. Pour promouvoir le développement d'une société, il est nécessaire que le social, l'économique et le spirituel travaillent ensemble. La crise en Afrique est une crise morale et spirituelle plus qu'économique au sens strict. Dans ces trois domaines- social, économique et spirituel-, qui est valorisé. C'est l'effet de synergie qui explique le succès des économies asiatiques car elles reposent sur de solides valeurs culturelles et sociales qui permettent à l'économie d'atteindre des performances supérieures à ce que peut atteindre l'Occident (Nzamujo, 2002, p.55).

Songhaï est selon son fondateur, le résultat d'une dynamique économique et institutionnelle, mais aussi d'une dynamique interpersonnelle, car ce sont les membres de Songhaï, les formateurs et les formés, qui font de Songhaï ce qu'il est maintenant.

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